Ad Infinitum : Nous avons pu reposer les mains sur ce futur mélange entre reconstitution historique et délire névrotique
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Rédigé par Florian
Malgré un développement un peu chaotique et sa première présentation au public en 2018, Ad Infinitum a poursuivi sa gestation après sa récupération par Nacon, qui a signé un contrat d’édition avec le studio allemand Hekate. Prévu dès lors pour fin avril sur PC, PlayStation 4, PlayStation 5, Xbox One et Xbox Series X|S, le jeu s’est vu récemment repoussé au 14 septembre 2023, en basculant désormais uniquement sur PC et consoles de la génération actuelle. A l’heure de la BigBen Week 2023, l’occasion était toute trouvée pour nous permettre de reposer longuement les mains sur le jeu, après un premier contact prometteur l’an passé. Alors, tenons-nous là une future masterpiece de l’horreur psychologique ? Premiers éléments de réponse.
Glaçante. Voilà comment pourrait être décrite l’ambiance vécue durant notre session d’environ 2h30 manette en mains sur Ad Infinitum. Une prise en main assez longue, qui nous a permis d’entrapercevoir tout le prologue du jeu ainsi que l’intégralité de son premier chapitre, sur PC via Steam, avec une manette Xbox Series X|S. À noter qu’il s’agit bien évidemment d’une version en cours de développement, mais que le doublage audio et les documents étaient bien présents en français.
Cachez-moi ce corps que je ne saurai voir
Si vous n’avez pas suivi de près le développement de ce jeu d’horreur narratif psychologique associé à de la reconstitution historique, sachez que celui-ci nous met dans la peau d’un jeune soldat allemand, coincé entre deux réalités parmi lesquelles il ne parvient pas à distinguer le vrai du faux. Soldat mort au combat coincé dans un monde parallèle ? Jeune homme victime d’expériences glauques à souhait ? Nous n’en saurons trop rien, du moins durant ces premières heures.
Nous vous disions que l’ambiance d’Ad Infinitum était glaçante, mais c’est un euphémisme. Contrairement à bon nombre de jeux d’horreur sortis ces dernières années, nous vous confirmons que le titre du studio berlinois Hekate jouera davantage avec votre psychologie et la représentation de vos peurs, qu’avec les jumpscares télécommandés, et c’est plutôt une bonne nouvelle.
La séquence de jeu débutant dans des tranchées en plein affrontement de la première guerre mondiale, vous êtes rapidement plongés dans le bain de l’enfer sur Terre. Arraché de votre poste de communication plutôt rangé, vous voici arme en main direction le front pour une mort certaine. Salves de balles sifflant près de vos oreilles, explosions meurtrières, on y est, et c’est plutôt saisissant.
Vous vous réveillez dans un vieux manoir, sur un lit confortable, tandis que des voix lointaines vous extirpent d’un sommeil peut-être pas si naturel que cela, sans trop savoir où vous êtes ni pourquoi. Beaucoup de portes demeurent verrouillées, pendant le parcours fluide et finalement très balisé, en direction d’un salon où vous devez rallumer une gigantesque boite à musique avec des objets trouvés en chemin. La résolution de cette énigme simple vous permet d’accéder à une pièce où vous attend un mannequin assis devant une table, prêt pour une magnifique séquence de spiritisme des plus terrifiantes.
Une des grandes forces du prologue d’Ad Infinitum est de vous procurer diverses sensations, les principales étant les frissons, en vous suggérant, plus qu’en vous montrant directement, les différentes créatures que vous allez devoir affronter plus tard. Tout en complétant son lore à la lecture de très (trop) nombreuses lettres disséminées absolument partout sur le terrain de jeu, certaines étant lues à voix haute et en français s’il vous plait.
On apprend dès lors que notre personnage, Paul Von Schmitt, a été envoyé sur le champ de bataille en tant que lieutenant dès ses 18 ans, pour suivre les traces de son illustre grand-père. Son propre père, Karl, s’est vu en effet brisé en plein envol pour un poste important à cause de la polio qui l’a cloué au second plan. Voulant vivre par procuration la gloire et la fierté de servir sa nation, il enverra ses deux fils, Paul et Johannes, sur le front, avec un destin funeste. Sa femme, Madeleine, vouée corps et âme à ses enfants depuis leur naissance, sombrera ainsi dans la folie et ne se remettra jamais réellement de la disparition de ses deux bébés. Vous le sentez, l’ambiance est infiniment pesante et lourde, et est formidablement dépeinte dans les lettres et extraits audios qui assaillent votre périple.
Tout le reste de notre partie s’est déroulée sur place, près du champ de bataille, au coeur des tranchées du nord-est de la France, où vous attendent de bien étranges et effrayants événements, allant de la visite furtive d’une église abandonnée, à un baraquement infesté de créatures diverses. Nous en avons rencontré deux : la Faim, une créature aveugle mais à l’ouïe très fine et qui vous réduira en bouillie si vous ne fuyez pas assez vite, ainsi qu’une représentation matriarcale, que le joueur rencontrera sous plusieurs formes à divers moments dans le jeu, avant un affrontement final décidant de la fin obtenue.
Nous avons pu donc nous frotter à l’une d’elles, dans une séquence de course-poursuite intéressante bien que manquant de dynamisme, tandis que son énigme finale était intéressante sans transcender le genre. Et c’est un peu le défaut que l’on pourrait faire au produit global à date.
Une ambiance d’outre-tombe
En effet, bien que la mise en image et sonore soit de très haute volée, nous ne pourrions pas en dire autant du gameplay du titre qui demeure un peu trop classique mais surtout pas très dynamique. Voulant délaisser le côté action au détriment d’une expérience basée sur la réflexion et la narration, notre personnage en oublie d’être « paniqué » et ne gagne pas en dynamisme lors des phases plus corsées. Le protagoniste ne veut par ailleurs pas sauter non plus, se contentant de courir ou de se baisser à l’envie.
À noter que nous disposons à un certain moment d’une hache, capable de découper des planches ou des briques nous barrant le chemin, mais qui devrait à terme être utilisée pour se défendre, du moins on l’espère. Vous l’aurez compris, l’infiltration et la prudence sont de mise, tandis que des lits de camp seront disponibles régulièrement sous forme de checkpoints. Des techniques de diversion seront également de la partie avec des sirènes à activer pour attirer les Faims notamment. Les deux autres ennemis communs n’ont pas été rencontrés, il s’agit du Chaos et de la Rage, tout un programme.
Nous vous en parlions plus haut, l’atmosphère sonore est tout simplement incroyable. Casque vissé sur les oreilles, il n’en faudrait pas moins pour qu’une mouche provoque un arrêt cardiaque. Sans trop exagérer, nous avons été conquis par l’ambiance sonore et visuelle qu’il nous a été permis de voir, notamment grâce à une modélisation des décors, des effets volumétriques (type brouillard notamment) et lumineux au poil, rendant clairement hommage aux plus beaux moteurs graphiques qui pourraient pâlir devant un tel rendu.
En effet, durant le périple, nous avons rencontré divers panoramas absolument magnifiques certes, mais nous avons été soufflés par la qualité des textures utilisées, notamment celles de notre personnage principal entre autre. À noter tout de même que plusieurs bugs de sauvegarde ont été rencontrés, et que certaines textures sont apparues subitement durant nos pérégrinations, associés à quelques rares chutes de framerate, mais rien de catastrophique à quelques mois d’une sortie globale.
Les développeurs ont tenu absolument à reproduire un environnement et des conditions de vie proches de la réalité, en poussant les reconstitutions historiques à leur paroxysme. Il en est de même pour les objets, armes et décorations représentés, inspirés d’objets réels, tandis que les captations sonores ont parfois été réalisées avec de véritables outils ou des reconstitution, pour toujours plus de réalisme.
Ad Infinitum parvient une seconde fois à nous donner envie de rentrer dans son univers. Soigné visuellement et auditivement parlant, l’épopée signée Hekate a tout pour devenir un très bon jeu d’horreur psychologique, si tant est qu’il parvienne à renouveler ses situations et énigmes, tout en gardant son atmosphère détestable. Nous attendons de lui plus d’informations concernant le lore du jeu et des personnages, ainsi qu’un rythme plus soutenu qui pourrait être salvateur pour cette expérience qui s’annonce autrement un peu trop sage. Réponse définitive en septembre prochain.
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Date de sortie : 14/09/2023