Quelles alternatives aux TCG n’en veulent pas (trop) à votre porte monnaie ?
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Rédigé par Nathan Champion
Peu importe comment vous les appelez, les TCG (pour Trading Card Games) ou JCC (pour Jeux de Cartes à Collectionner) sont, c’est un fait indéniable, d’onéreux hobbys, demandant par ailleurs du temps. Deux ressources que tous les joueurs potentiels, ou simples curieux, ne possèdent pas forcément, ce qui s’entend parfaitement. Apprendre Yu-Gi-Oh! de A à Z, se lancer dedans et monter un deck compétitif, c’est long, fastidieux, et coûteux. Et il en va de même chez la concurrence, à plus ou moins grande échelle selon l’âge du jeu concerné, sa complexité et l’attrait de ses cartes sur le marché de la revente.
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Heureusement, il existe des alternatives parfaitement viables. Des jeux originaux, moins coûteux, voire entièrement gratuits, qui ne demandent qu’à être découverts et essayés. Et si certaines propositions vont vous paraître évidentes, cette liste comprend aussi quelques titres méconnus, oubliés ou à paraître, qui pourraient bien vous donner envie de vous y investir ponctuellement, ou même durablement. Cet article n’ayant pas vocation à être exhaustif, ce serait présomptueux, n’hésitez pas à le compléter de vos propositions personnelles. Nous pourrions, nous aussi, faire de belles découvertes.
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ToggleKeyforge, le TCG sans collectionnite
Conçu par nul autre que l’illustre créateur de Magic the Gathering, Richard Garfield, comme beaucoup d’autres jeux de cartes d’ailleurs, Keyforge est un cas à part dans le paysage du TCG et du jeu de plateau. Ni vraiment à ranger dans l’un, ni ne trouvant vraiment sa place dans l’autre. En cela que son concept, à base de decks uniques à acheter sous forme de boites ou de boosters est assez inédit dans le paysage du jeu sur table.
Keyforge vous propose d’acquérir, pour des sommes relativement modestes, des paquets de cartes indissociables. Impossible de mélanger les cartes d’un paquet avec celles d’un autre pour former une composition de votre cru : le jeu n’est tout simplement pas fait pour cela. Rien ne vous empêche, en revanche, de vous lancer dans la collection de decks, comme nous l’avons personnellement fait. Un deck est vendu en moyenne moins de 15 euros, et plusieurs boîtes contenant tout le nécessaire pour jouer à plusieurs sont disponibles, entre 25 et 40 euros.
Mais cet aspect unique n’est pas la seule particularité de Keyforge. Pourvu d’un lore et de sept factions, le jeu de Richard Garfield fonctionne sur un système de ressources à collecter, l’Aombre, permettant de forger des clés. Le premier joueur à atteindre trois clés forgées remporte la partie. Pas de système de points de vie ou autre similaire ici, même si, pour le reste, on retrouve beaucoup de règles et de détails ressemblant aux TCG du style de Magic.
On trouve par exemple quatre types de cartes : les monstres, les artefacts, les améliorations, et enfin les cartes d’action. Au début du jeu, le joueur commençant la partie pioche sept cartes, et son adversaire en pioche six. On y retrouve une mécanique de Mulligan, comme dans Magic. À chaque fin de tour, les joueurs piochent jusqu’à avoir un total de six cartes. On évite ainsi la frustration causée par le manque de ressources en main. Un jeu d’une grande richesse, qui ne se joue malheureusement qu’à un contre un, mais qu’on recommande malgré tout chaudement, d’autant qu’il est autant abordable sur le plan financier qu’en matière d’apprentissage.
Android : Netrunner, un TCG entièrement gratuit ?
Autre jeu, mais même créateur. Quand on vous disait que Richard Garfield était à l’origine de beaucoup de jeux différents, on ne mentait pas, au point que deux d’entre eux trouvent leur place dans cette liste, et ce pour des raisons différentes de surcroît. Netrunner, c’est à première vue un TCG tout ce qui se fait de plus classique, avec une composante deckbuilding et collectionnite qui prend les mêmes proportions que partout ailleurs. Et son univers, bien qu’éloigné de la Fantasy d’un Magic ou d’un Keyforge, demeure toutefois assez « classique », puisque se situant dans le monde de Cyberpunk 2020. Sa vraie particularité, il faut la chercher ailleurs.
En vérité, Netrunner ce n’est pas un, mais deux jeux bien distincts. Le premier, Netrunner, a définitivement cessé d’exister passé 2010, excepté chez certains fans qui continuent d’y jouer. En 2012, Wizards of the Coast et Richard Garfield cèdent les droits d’exploitation à l’entreprise Fantasy Flight Games, qui lance alors Android : Netrunner, une nouvelle version du jeu. Celle-ci poursuivra son chemin classique, et donc mercantile, jusqu’en 2018, année pendant laquelle le détenteur des droits arrête la production, et laisse les rênes à une communauté qui n’a pas dit son dernier mot. Cette dernière, décidée à continuer de faire vivre ce jeu de carte singulier, va se lancer dans un projet inédit.
Ce projet, il consiste d’abord en une association faisant perdurer la scène compétitive pour Android : Netrunner, ce qui est toujours le cas aujourd’hui. Mais le plus important, c’est que ces fans vont décider de publier de nouvelles extensions eux-mêmes, entièrement gratuites et disponibles virtuellement pour tous. Ces cartes n’étant pas imprimées officiellement, et le jeu étant d’une certaine façon devenu « non officiel » par la même occasion, il est désormais entièrement possible de jouer à Android : Netrunner avec des versions amateurs des cartes. Autrement appelées proxys, ces versions peuvent aller de cartes cartonnées assez similaires aux originales, à des bouts de papier grossièrement réalisées via l’imprimante familiale.
Et c’est là toute la force, à l’heure actuelle, de ce jeu : il est parfaitement possible de se lancer en compétitif, ou même de jouer entre amis, en ne possédant qu’une ramette de papier et une imprimante fonctionnelle. Finis les boosters à gogo, les cartes hors de prix et les opérations commerciales onéreuses. D’une certaine façon, Android : Netrunner est devenu un free-to-play, même sur sa scène compétitive, ce qui en fait un cas unique dans le paysage du TCG, a fortiori dans la mesure où la publication d’extensions est désormais entre les mains de fans. Une évolution qui l’honore. Et si vous aimez les « vraies » cartes, il est toujours possible d’en trouver pour des prix abordables sur le net.
Draconis 8, des boosters de 8 cartes jouables dès ouverture
Celui-ci, on ne va pas vous mentir, il est à l’origine même de l’idée de cet article. Projet lancé via un financement participatif, sur la plateforme Kickstarter, ayant récolté pas loin de dix fois le montant qu’il demandait, Draconis 8 est assurément un jeu à part. Il est imaginé par Robert Dougherty, l’une des figures marquantes de la scène compétitive Magic the Gathering, et CEO de l’entreprise Wise Wizard Games, déjà à l’œuvre sur l’excellent Star Realms, un Deck Builder sur table. Pas encore disponible officiellement, mais prévu pour une impression dans le courant du printemps 2025, avec une sortie à suivre rapidement, Draconis 8 a déjà de solides arguments à faire valoir.
Avec en tête de liste son prix dérisoire. Puisque Draconis 8, selon les termes de son créateur, peut autant être vu comme un jeu de plateau jouable de suite, que comme un TCG. En cela que chaque booster de 8 cartes (annoncé à 5 dollars), comprenant aussi un terrain, est un deck à part entière, pouvant être utilisé dès qu’il a été déballé. Mais qu’il est aussi possible de réaliser ses propres decks en mélangeant des cartes de plusieurs boosters. Attention toutefois à respecter certaines règles de base, notamment concernant la taille de votre deck. Celui-ci ne doit pas contenir plus de huit cartes au total, sans compter votre terrain.
La promesse est plutôt alléchante, surtout mise en corrélation avec les intentions du créateur, qui a aussi participé au développement d’une application entièrement dédiée au jeu, permettant des combats entre joueurs du monde entier, mais offrant aussi une aventure solo. Comme chez Keyforge, chaque booster est unique, et la composition des cartes (ainsi que les cartes elles-mêmes) est générée aléatoirement en fonction d’un algorithme conçu par Robert Dougherty et ses collaborateurs. Impossible donc que vous ayez le même deck qu’un autre joueur.
À noter toutefois que ce jeu est assez singulier. Plus proche du Triple Triad de Final Fantasy VIII que de Magic the Gathering, avec ses cartes de forme carrée qui comportent des chiffres sur chaque côté, il met en avant l’aléatoire, chaque joueur jouant leurs cartes en même temps, et le gain de points. En effet, pas de barre de vie ici, mais un compteur de points qui, une fois la partie arrivée à son terme, détermine le gagnant. Le jeu aura bien sûr ses spécificités, comme la possibilité de tourner les cartes adverses pour s’avantager. Nous avons personnellement hâte de voir ce à quoi cela ressemblera une fois commercialisé !
Les challengers 2.0
Avec la démocratisation d’internet, qui fait maintenant partie intégrante de nos vies au point que la plupart des occidentaux l’emporte chaque jour dans leur poche, le jeu de cartes s’est remis en question. Si nous avons vu apparaître quelques nouveaux modèles économiques fumeux, certains s’en sont toutefois bien tiré, au point de devenir de nouvelles références dans le genre, mais cette fois-ci exclusivement en virtuel. C’est le cas de Hearthstone, assurément le plus connu et le plus populaire, mais aussi de Legends of Runeterra, déroulant le lore de League of Legends, ou encore de Shadowverse et Marvel Snap.
À chacun son univers, ses mécaniques et son système économique. Puisque ces jeux sont, tous sans exception, des free-to-play, il fallait s’attendre à ce que leurs boutiques respectives en veuillent à notre argent. Pourtant, force est de reconnaître que le résultat, au global, est plutôt efficace, et ne nécessite pas l’utilisation d’argent réel pour s’amuser. Bien sûr, pour augmenter ses chances d’acquérir les cartes les plus rares, ou accélérer la complétion de classeurs virtuels, il est souvent possible de passer à la caisse. Mais personne ne vous y force, et de manière générale la proposition mercantile demeure assez en retrait, moins toxique qu’ailleurs.
Restent des mécaniques qui sont souvent plus accessibles que chez les TCG sur table, puisque se destinant à un plus vaste panel de joueurs. Le nombre de smartphones vendus chaque année en est un bon indicateur : tout le monde peut potentiellement mettre le doigt dans l’engrenage du TCG virtuel. La facilité d’apprentissage est donc un argument de choix, qui déterminera si les joueurs ayant téléchargé l’application par curiosité s’engageront sur la durée, ou non. Mais n’allez pas croire que la profondeur est absente de ces jeux, qui possèdent tous une dimension compétitive développée.
C’est bien sûr Hearthstone qui remporte la palme à ce niveau, avec une scène compétitive assez étendue et des prix intéressants à remporter aux championnats du monde. Mais il existe des classements chez chacun des titres que nous avons nommé, avec une marge de progression similaire à ce que l’on trouve chez les TCG sur table. Si l’on perd évidemment le plaisir de jouer de vraies cartes, ces alternatives demeurent toutefois extrêmement solides dans leurs propositions, avec de surcroît des univers et designs réfléchis et singuliers.
À chacun son application
Pour finir, difficile de ne pas aborder l’éléphant dans la pièce : le marché du simulateur officiel. Parce que c’est devenu une véritable norme, autant pour aider la scène compétitive que pour appâter de nouveaux joueurs, les géants du TCG sur table se sont tous mis à créer leurs propres applications, avec plus ou moins de succès. Magic Arena, Yu-Gi-Oh! Master Duel ou Pokémon TCG Live sont autant de portes d’entrée gratuites pour ces jeux de cartes colossaux.
Alors évidemment, on ne peut que renvoyer à notre article plus exhaustif sur le sujet du TCG à choisir si vous débutez pour plus d’informations, parce qu’il y a beaucoup à dire. À titre plutôt personnel, Yu-Gi-Oh! Master Duel a notre préférence, autant parce qu’il est clair et joliment réalisé, que parce qu’il propose une vaste quantité de contenus solo pour les néophytes, expliquant en détail toutes les mécaniques de ce jeu de carte très complexe (pour en savoir plus, on vous renvoie à notre test). Mais aussi parce qu’il vit bien, avec de nombreux joueurs, des saisons de deux mois qui apportent leur lot de récompenses, ainsi qu’une économie interne plutôt bien pensée, loin d’être prédatrice.
À l’inverse, nous avons plus de mal avec Pokémon TCG Live, qui pose plusieurs problèmes, notamment celui d’avoir complètement remplacé la précédente application du genre, parfaitement fonctionnelle, sans avoir offert aux joueurs de récupérer leur progression. Mais on y trouve aussi un design global assez peu agréable. Reste Magic the Gathering : Arena, très fonctionnel, qui a ses détracteurs, certes, mais sur lequel il est difficile de cracher une fois débuté : tout y est, et ça marche diablement bien.
On se répète, mais cet article n’a pas vocation à être exhaustif, mais plutôt à ouvrir des portes à ceux qui souhaitent se lancer dans le TCG mais n’ont pas l’envie ou les moyens d’y mettre de grosses sommes. Parce que c’est un hobby souvent onéreux, le jeu de cartes peut faire peur, et se détourne de toute une frange de joueurs. Des joueurs qui, nous venons de le voir, ont toutefois pléthore de solutions pour se lancer, sans forcément casser leur tirelire. N’hésitez pas à compléter cette courte liste avec d’autres propositions, nous serions ravis de faire de nouvelles découvertes.
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