Anno 1800 – Notre avis sur la version consoles du jeu de gestion
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Rédigé par Nathan Champion
Si les jeux de gestion étaient, il n’y a encore pas si longtemps, strictement réservés au PC, à l’exception de quelques ambitieuses mais téméraires tentatives (notamment sur Nintendo DS), depuis quelques années, tout le monde semble vouloir gagner le marché consoles. Et c’est parfaitement compréhensible, entendons-nous bien. D’autant que les machines actuelles, ainsi que l’évolution dans la manière de concevoir le média, permettent quelques prouesses d’adaptation, encore impensables une vingtaine d’années dans le passé.
C’est ainsi que, récemment, le très bon Age of Empire II Definitive Edition nous revenait sur Xbox, dans une version entièrement adaptée à la manette, faisait le choix, au cas où, d’une compatibilité au clavier. Adaptation non seulement ambitieuse, mais de surcroît très réussie, s’inspirant, c’est indéniable, de tout ce que la concurrence a pu mettre en œuvre au fil de la décennie venant de s’écouler. On retrouvait donc des mécaniques similaires, voire identiques, aux ténors que sont Tropico 6, Planet Coaster, ou encore Civilizations VI.
On en arrive finalement à Anno 1800, qui débarque sur consoles de salon quatre ans après sa version PC. Une version peu médiatisée, tarifée à un peu moins de quarante euros, exclusivement en dématérialisé, promettant tout le contenu et les possibilités de la version PC (à laquelle nous attribuions une note excellente) exclusivement jouable sur TV, au pad. Comme toujours, difficile de se prononcer sur la qualité du portage avant d’avoir posé les mains dessus, ce que nous avons pris le temps de faire pour cet article.
Conditions de test : Nous avons passé environ huit heures sur la version Xbox Series X, pour laquelle un code nous a été fourni.
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ToggleAnno, ou l’un des mastodontes de la gestion
Ce serait inutile de le nier, Anno représente un gros morceau parmi l’offre pourtant pléthorique de jeux de gestion sur PC. Il n’y aurait pas assez de doigts sur vos deux mains pour compter l’intégralité de ses itérations, c’est dire. La franchise d’Ubisoft a même pris le pari de s’essayer au marché console, il y a plus de quinze ans, avec l’excellent Anno 1701 qui s’est offert un portage sur DS. Fort de cette première tentative réussie, l’entreprise a par la suite mis en chantier un volet qui ne verrait jamais le jour sur PC, entièrement dédié à la portable aux deux écrans de Nintendo, et à sa Wii très en vogue, Anno : Créez votre Monde.
Depuis, pourtant, l’éditeur n’a pas retenté l’expérience, se concentrant sur une évolution de la série à petits pas, uniquement sur PC. C’est ainsi que débarquait Anno 1800 il y a près de quatre ans, un opus très bien accueilli, ne renouvelant guère la formule, mais pouvant se targuer de compiler tout ce que la franchise a fait de bon. On y retrouvait donc un mode scénarisé d’une petite quinzaine d’heures de durée, sorte de mise en bouche pour le Bac à Sable, pensé comme l’attrait principal de cet épisode (et de nombre d’autres avant lui, du reste) au même titre que le multijoueur.
Et sur le papier, effectivement, on retrouve l’intégralité du contenu de la version PC, dans ce portage à destination des consoles. Le mode scénarisé est bien là, toujours fidèle au poste, avec son histoire convenue mais fonctionnelle, et sa progression lente mais utile à l’apprentissage des mécaniques. Quant au Bac à Sable et au multijoueur, ils ne manquent pas à l’appel, et proposent un grand nombre de caractéristiques à définir, afin que chacun puisse se forger la partie de ses envies. Oui, sur le papier tout est là, mais Ubisoft semble avoir oublié un point crucial, qui fait malheureusement défaut à ce portage de Anno 1800.
En effet, le titre a été porté tel quel, ce qui est une grossière erreur. Pas que sa technique soit insultante pour les machines actuelles, loin s’en faut, même s’il est vrai que le titre accuse son âge par moments. Notamment avec quelques baisses de framerate, rares mais notables, ou encore un sérieux retard d’affichage lorsque l’on zoome un peu trop vite vers nos terres, dont les textures se chargent assez lentement. Rien de rédhibitoire, bien entendu, mais il faut malgré tout le souligner : cette version ne fera pas transpirer vos consoles, et ne risque pas de flatter votre rétine, que vous soyez connaisseur ou non.
Le débutant lésé
Nonobstant, là où votre degré de connaissance sur le genre aura toute son importance, c’est dans la manière qu’a le titre de distiller toutes ses mécaniques. Malheureusement, contrairement au remaster de Age of Empire II, dont nous vous parlions récemment, l’édition PC de Anno 1800 a fait le choix de laisser aux joueurs la peine de découvrir par eux-mêmes les mécaniques et contrôles. Si le titre propose bien deux options distinctes au lancement d’une nouvelle partie, vous offrant plus ou moins d’informations selon votre degré de connaissance de la série ou du genre, le résultat laisse, quoi qu’il arrive, dans un certain flou.
Un flou que les joueurs peuvent, il est vrai, effacer lentement, à grand renfort de lectures fastidieuses dans l’Annopedia, un recueil de tout ce qu’il faut savoir sur le soft, dans lequel il n’est pas forcément évident de se retrouver. Or, c’est finalement fort dommageable de constater que les néophytes seront lésés face aux connaisseurs, en particulier sur cette version consoles. Parce que si l’on se doute qu’une partie des joueurs ayant découvert le titre sur PC ont déjà touché à un ou plusieurs des opus précédents, le fait est qu’une édition consoles ne peut que se destiner à ceux qui ne connaissent pas, ou peu, la franchise d’Ubisoft.
Ainsi, le néophyte sera rapidement perdu, et pourra pester en constatant qu’on ne lui tend jamais vraiment la main, que nombre d’objectifs ne sont que vaguement expliqués, pas assez en tout cas pour faire comprendre à coup sûr la marche à suivre. Ce qui aurait posé moins problème sur PC, donc, mais se révèle doublement handicapant ici, où l’adaptation des contrôles n’est pas optimale, malgré des inspirations évidentes, et une bonne volonté qu’on ne remet nullement en cause. Le fait est que, si Anno 1800 reprend le système de roue d’actions (et de constructions) que l’on retrouve chez nombre d’autres adaptations consoles, sa proposition est un peu trop riche pour rendre le tout parfaitement clair aux yeux du débutant.
Il existe bien une vidéo, sur le menu principal, expliquant globalement comment commencer son aventure… mais l’effort est vraiment minimum. De surcroît, qui aurait envie de regarder une longue vidéo explicative, plutôt que de jouer un véritable tutoriel, bien plus efficace pour apprendre les mécaniques, et le jeu de manière générale ? C’est dommage, car les néophytes peineront à trouver leurs marques, risquant ainsi d’abandonner rapidement une aventure qui, pourtant, possède une liste de qualités longue comme le bras.
Parce qu’en dehors de ce détail, qui fait toute la différence sur une version consoles, il faut le dire, Anno 1800 demeure un très bon jeu de gestion. Un opus généreusement garni en contenu, s’offrant un cadre rarement évoqué dans le média, et des mécaniques complètes, intéressantes, évolutives. S’il n’est plus au top niveau, rapport aux titres sortis depuis 2019, il faut bien reconnaître qu’il n’a pas vieilli, et que tout amoureux de la franchise ne peut que passer un bon moment, une fois acclimaté au gameplay à la manette.
En conclusion
Anno 1800 conserve, dans l’ensemble, ses qualités d’origine dans ce portage consoles. Riche, plutôt joli et s’offrant une durée de vie quasiment infinie grâce à son mode Bac à Sable et son multijoueur, le titre d’Ubisoft ne souffre finalement que d’une technique qui aurait mérité un petit coup de chiffon. Mais surtout, c’est difficile de passer à coté, de l’absence d’un didacticiel plus clair, plus efficace, pour les joueurs ne connaissant pas la série, ou le jeu d’origine. Parce qu’on s’en doute, avec sa sortie sur consoles, il risque d’attirer un nouveau public, n’ayant jamais pris en main de jeu de gestion sur PC, et n’ayant ainsi pas les bases pour pleinement rentrer dans une aventure aussi complexe.
Ainsi, si vous êtes néophyte, alors on vous recommande plutôt de passer votre chemin, sans quoi vous risqueriez de passer un trop long moment à démêler les mécaniques pour parvenir à avancer, ou d’enchaîner trop de pages de l’Annopedia. Néanmoins, si vous connaissez la série, et recherchez finalement une version plus casual du titre, alors vous frappez à la bonne porte. Puisque, à condition d’avancer en terrain connu, cette édition consoles fait un très bon travail d’adaptation.
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Date de sortie : 16/04/2019