Aperçu Disney Dreamlight Valley – Comme un arrière-goût désagréable ?
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Rédigé par Nathan Champion
Les Wholesome Games accueillent un nouveau représentant ce mois-ci, un certain Disney Dreamlight Valley, qui entrait en phase d’accès anticipé le 6 septembre. D’abord payant, puis prévu pour devenir free-to-play à sa sortie définitive, le titre est développé par Gameloft, une entreprise que l’on connaît presque exclusivement pour ses jeux mobiles. Un premier point qui n’a rien de rassurant. Mais on parle de Disney, de moyens faramineux, et de licences fortes à la longévité insolente. Est-ce vraiment possible de rater un jeu vidéo s’inscrivant dans cet univers magique ?
Conditions de l’aperçu : Nous avons testé le titre sur PlayStation 4, via la version payante de l’accès anticipé. Nous avons mis une grosse quinzaine d’heures dedans, ce qui fut suffisant pour faire un tour du contenu disponible pour le moment, et pour entrevoir les limites du système économique qui n’est, rappelons-le, pas encore complètement en place.
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ToggleFree-to-play, ou pay-to-like ?
S’il y a une dizaine d’années, le terme free-to-play faisait rêver de nombreux joueurs, se disant qu’ils n’avaient pas à débourser le moindre denier pour accéder à une expérience complète, depuis on a vu une ligne directrice moins aguicheuse se démarquer de ce modèle économique. Parce que, tout jeu gratuit qu’il est, un free-to-play a malgré tout pour but de faire gagner de l’argent à ses créateurs. Cela passe souvent par des micro-transactions in-game, des éléments cosmétiques à acheter avec de l’argent réel, voire, dans le pire des cas, des améliorations. On ne compte plus les pay-to-win, autrement dit des jeux dans lesquels payer vous fait devenir meilleur, plus fort que les autres.
Alors avant même de parler de gameplay et de contenu, il semblait évident qu’un point sur le modèle économique de Disney Dreamlight Valley s’imposait. Histoire de déterminer, du moins pour le moment, de quel coté de la force se situe le jeu de Gameloft. Bien sûr, comme nous ne parlons pas de compétition, puisque nous sommes devant un véritable simulateur de vie à la Animal Crossing : New Horizons ou Harvest Moon : Un Monde à Cultiver, le terme pay-to-win n’a pas lieu d’être cité. Malgré tout, on connaît d’autres dérives qui pourraient toucher un titre du genre. Ce qui nous inquiétait en premier lieu était la durabilité de l’expérience gratuite.
Et dans les faits, du moins pour le moment (rappelons que nous jouons sur une version payante et non définitive), nous ne sommes guère déçus. Sur notre grosse quinzaine d’heures de jeu, nous ne nous sommes que rarement heurtés aux limitations de ce modèle économique. Comprenez que nous avons pu jouer sans être rattrapés par un système de progression irritant. Celui-ci nous a semblé plutôt calibré, en vérité. Alors évidemment, il arrive un moment où, free-to-play oblige, la progression ralentit drastiquement, nous poussant à engranger différentes ressources d’une manière fastidieuse, notamment, pour accéder à de nouvelles zones ou personnages.
Mais nous n’avons pas noté de véritable point mort, de moment où sortir la carte bleue deviendrait obligatoire pour continuer à s’amuser sur le jeu. Et ça, c’est une bonne chose. D’autant que le public ciblé nous semble être assez jeune. Personne n’a envie de connaître un second effet Fortnite, avec des pré-adolescents qui piquent la carte bleue de leurs parents pour se payer des éléments cosmétiques in-game. Mais rappelons-le une dernière fois : nous sommes sur l’accès anticipé. Et de ce fait, le magasin n’est pas encore ouvert. Il reste donc difficile de savoir à quoi s’attendre sur le long terme. Enfin, on ne comprend toujours pas pourquoi cet accès anticipé est payant, pour une expérience finale gratuite… Allez savoir !
Le Animal Crossing du pauvre ?
On peut le dire, nos premières impressions sur Disney Dreamlight Valley n’ont pas été très positives. Le jeu débute sur un éditeur de personnage pas franchement réussi, assez limité de surcroît, et dont nous sommes ressortis plutôt déçus. Ce qui est quand même dommage pour un avatar censé durer dans le temps (qu’il est toutefois possible de retravailler à tout moment dans le menu). Et une fois catapulté dans le monde de Dreamlight Valey, rien ne s’est vraiment arrangé. Les décors sont laids, le design général profondément générique, plat… Seuls les modèles de personnages Disney sont jolis à ce niveau. Tout ressemble un peu trop à un jeu mobile, et pas un bon de surcroît.
Une impression que n’ont pas réussi à nous enlever nos premiers pas dans cet environnement limité, dans lequel on se sent cruellement cloisonné, malgré une invitation au voyage plutôt ostensible. Tout est trop géométrique, le village tel qu’il se présente au début de l’aventure n’a rien de magique, contrairement à ce à quoi on était en droit de s’attendre. Bref, nous n’avons pas eu l’impression d’atterrir dans un jeu Disney, mais plutôt dans un quelconque titre pour enfant, au budget assez limité. Et ce n’est pas la présence de quatre personnages de la firme américaine qui y a changé grand-chose, malheureusement.
Avec le temps, on est amené à voyager un peu plus profondément dans l’univers, qui se dévoile petit à petit et nous permet d’aller rendre visite à différents personnages de Disney dans leur monde d’origine. Enfin pour le moment, le contenu accessible reste chiche. Mais surtout, c’est chaque fois assez décevant, car lesdits mondes sont eux aussi terriblement limités, que rien n’y est joli, que tout y est profondément générique. Enfin le pire dans cet habillage demeure probablement notre propre avatar, dont les animations sont infâmes et qui, même habillé différemment, ne devient pas un seul instant agréable à l’œil.
Comment s’identifier à un truc aussi laid, se mouvant comme un PNJ mal codé dans un jeu mobile de seconde zone ? Surtout quand celui-ci est affublé d’une atroce barre d’endurance, courte comme celle d’un asthmatique sous pression. Une barre que vous allez vite détester, puisqu’il va constamment vous falloir rentrer chez vous pour la voir grimper, ou manger différents plats cuisinés à l’avance.
Heure du décès, 2h30, mort par ennui
Mais alors qu’en est-il du cœur du jeu ? Eh bien, là encore nous sommes un peu déçus pour le moment. Quoique, « partagés » serait peut-être plus adapté. Pour commencer, on est sur une expérience qui ressemble, comme prévu, à du Animal Crossing, acoquiné à du Harvest Moon, avec peut-être une petite touche de Sims. Ce que cela signifie, plus concrètement, c’est que dans Disney Dreamlight Valley, il va falloir se faire des amis, leur trouver des cadeaux, mais aussi jardiner, pêcher, et décorer tout ce qui nous entoure. Le tout sur fond de malédiction, qui toucherait ce monde prétendument merveilleux, et que nous serions le seul à pouvoir contrer…
Coté originalité on repassera, donc, mais force est de reconnaître que si l’on accroche à l’univers Disney, alors sur le papier tout est réuni pour que l’on passe un agréable moment. Et dans les faits, c’est vrai que le titre a quelques arguments vendeurs. Certes, les personnages ne sont pas entièrement doublés, et c’est bien dommage, mais ils ont tous leur petit caractère propre. Mention spéciale pour WALL-E, le petit robot timide, qui s’avère vraiment attendrissant, même s’il ne raconte pas grand-chose. Par ailleurs, on peut leur demander de nous suivre dans nos pérégrinations, ce qui permet aussi de faire grimper notre niveau d’amitié, et de débloquer différents bonus.
Et il est vrai que pouvoir se balader avec ses personnages favoris de l’univers de Disney a quelque chose d’assez cool, même si dans les faits c’est encore assez limité. Ce qui l’est un peu moins, c’est tout l’aspect financier autour, puisqu’il nous est par trop souvent demandé de dépenser des points ou des pièces durement acquis pour progresser. Pire, toutes les quêtes, à de rares exceptions près, s’apparentent à du bête Fedex. En d’autres termes, il va vous falloir aller chercher tel objet puis parler à personnage B pour que personnage A accepte de vous donner une autre quête, qui ressemblera dangereusement à la précédente…
Et c’est peut-être là le plus gros défaut du jeu ! D’accord, l’habillage est un raté. D’ailleurs, on ne compte plus les bugs qui nous ont agacés, notamment notre curseur qui ne nous permet pas de ramasser les objets au sol. Ou même un problème plus profond qui a nécessité que l’on relance le jeu pour pouvoir terminer une quête. Mais on se doute que ces soucis techniques sont dus à l’accès anticipé, et on finit par se faire à l’aspect visuel très moyen. Mais ce qui passe moins, sur la durée, c’est la construction de toutes les quêtes, qui se révèlent trop similaires et surtout d’un ennui mortel. Chose qui aurait peut-être moins posé de problème si le jeu proposait plus de gameplay.
Parce que dans les faits, il n’y a pas tant à faire dans Disney Dreamlight Valley. Comparé à un Animal Crossing : New Horizons, par exemple, le jeu de Gameloft peut aller se rhabiller, et ce quel que soit l’aspect passé à la loupe. Par ailleurs, il parvient à rater quelques détails pourtant on ne peut plus basiques. Par exemple, ouvrir un coffre ne propulse pas son contenu dans votre inventaire, mais le déverse par terre à quelques centimètres de là. Et ça paraît tout bête, dit comme ça, mais c’est agaçant de devoir sans cesse courir après les items balancés au sol par lesdits coffres, ou lorsque l’on creuse à des points d’intérêts brillants. D’autant que notre personnage se traîne terriblement, et que cela n’a rien d’amusant de diriger ce 36 tonnes sur pattes.
Pour le moment, Disney Dreamlight Valley n’a pas grand-chose de bon à offrir. Il souffre d’une réalisation graphique décevante, seulement rattrapée par une modélisation irréprochable des personnages (excepté notre avatar). Mais aussi de quêtes furieusement ennuyeuses et répétitives, à l’arrière goût de Fedex. Enfin, le gameplay n’est pas pleinement calibré, et quelques bugs ou choix étranges de la part des développeurs rendent agaçantes des actions basiques. C’est dommage, parce que l’on sent bien que le titre a du potentiel. Il est possible de faire quelque chose de vraiment chouette avec ce concept et ces personnages, tout en conservant ce modèle économique qui, pour le moment tout du moins, est l’une des rares choses nous semblant réussies. Affaire à suivre à la sortie définitive de Disney Dreamlight Valley !
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Date de sortie : 06/09/2022