Arkane T01 – La Désolation : Présentation et avis sur le livre de Bragelonne
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Rédigé par Nathan Champion

On associe trop souvent, à tord, la Fantasy aux œuvres très inspirées par Tolkien ou aux récits destinés aux plus jeunes, parlant de héros combattant une engeance pratiquement à coup sûr magique. Mais ce serait l’insulter que de réduire ce genre très vaste à ces deux seuls types d’histoires. N’oublions pas, par exemple, que Game of Thrones rentre dans cette catégorie ! Bragelonne a par ailleurs édité plusieurs ouvrages marquants se détachant de l’archétype commun, comme Le Sang des Quatre, ou encore l’intégrale du Sorceleur, ayant inspiré la série de jeux The Witcher.
Remettons le couvert cette semaine avec Arkane : La désolation, premier tome d’une série de Pierre Bordage, lui aussi édité par Bragelonne. Un opus très inspiré, sombre, mature, mais n’oubliant pas d’être accessible. Voyons ensemble ce que vaut ce roman, et surtout s’il faut s’intéresser, ou non, à sa suite déjà disponible !
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ToggleUn univers à part ?
On connaît autant Pierre Bordage pour ses récits de Science-Fiction que de Fantasy. Il faut dire que ce prolifique auteur français fait partie des plus influents du pays dans les années 90, grâce à sa saga de Space Opera nommée Les Guerriers du Silence. Ce n’est qu’il y a vingt ans, quasiment jour pour jour, qu’il publie sa première histoire reliée au genre de la Fantasy. Mais force est de constater que monsieur Bordage excelle dans tout ce qu’il touche. Ses récentes séries sont elles aussi de petits succès. Enfin, avant de couper contact avec l’auteur pour se focaliser sur Arkane, notez que celui-ci a travaillé sur l’univers étendu de Métro 2033, avec deux tomes d’une histoire se déroulant dans les souterrains de Paris.
Revenons donc à Arkane : La Désolation, qui nous intéresse présentement. Un premier roman qui connut, après une petite année, une suite que nous ne manquerons pas de traiter plus tard. Là encore, il semble évident que l’auteur est très cultivé, puisque l’univers qui nous est dépeint sonne à bien des égards comme un melting pot astucieux de plusieurs mondes que l’on a pu explorer grâce à diverses autres plumes. Notamment Game of Thrones, pour citer le plus évident. Le tout lui permet néanmoins de se forger une mythologie qui lui est propre, et qui appellerait d’une certaine façon d’autres récits pour l’extrapoler. Enfin, c’est en tout cas une perspective qui nous plairait bien, après la lecture de ce tome.
Le roman nous plonge tout d’abord au cœur de la ville d’Arkane. Une extraordinaire bâtisse construite à flanc de montagne, laquelle aurait été le seul rempart contre la crue du fleuve l’Odivir il y a plusieurs générations, selon la légende. La même fable explique pourquoi sept familles se partagent les pleins pouvoirs au sein de la cité, mais aussi du pays au dehors. Ce sont les déesses du fleuve qui auraient choisi ceux qui survivraient à ce véritable cataclysme, les élevant par la même occasion au rang d’élus aux yeux du peuple. Une mythologie qui trouvera à de nombreuses reprises écho dans les aventures de trois personnages, que l’on suivra par intermittence au cours du récit.
Avec pour commencer Oziel, jeune femme issue de la maison du Drac, dont le domaine est saccagé et la famille exterminée pendant son absence. Animée pas son désir de vengeance, elle va néanmoins découvrir qu’elle est promise à un avenir bien différent de ce qu’elle imagine en premier lieu. Vient ensuite Renn, jeune homme confié par ses parents à un vieux sorcier aux pouvoirs agissant sur la pierre. Perdu dans les montagnes depuis deux ans, il se voit embarqué dans un voyage qui le dépasse lorsqu’un guerrier débarque, lui annonçant la venue d’une armée sanguinaire. Enfin, Noy, garçon désinvolte de la famille du Corridan, se retrouve contraint à un mariage forcé. Mais son périple ne sera pas de tout repos non plus !
De riches idées, et une exécution sans bavure
Avec son expérience hors du commun, Pierre Bordage n’a visiblement plus de mal à trouver sa voie dans le milieu du roman. Et il le prouve une nouvelle fois avec Arkane. En effet, à défaut d’être pleinement original, malgré sa mythologie propre, ce premier tome bénéficie néanmoins d’une qualité d’écriture remarquable, ainsi que d’un rythme qui prend aux tripes. L’histoire de vengeance de l’une, la découverte du monde du second, et les pérégrinations du dernier des trois protagonistes sont traités de la même manière par l’auteur : à toute allure ! En effet, ce qui frappe avant tout dans le récit, c’est son rythme effréné, et la facilité avec laquelle il parvient à nous emmener avec lui. Peu de romans peuvent se targuer de rendre une course à la montre aussi captivante. Voici à quoi pourrait ressembler une adaptation littéraire du film Hyper Tension !
Autre qualité sur laquelle il est bon de mettre le doigt : la phase d’exposition des intrigues et des personnages tient en trois chapitres, un par protagoniste, mais surtout parvient à être à la fois efficace et à nous happer dans la trame sans nous laisser de porte de sortie. Pierre Bordage maîtrise par ailleurs à merveille les ficelles du suspens, parvenant avec une facilité déconcertante à nous donner une irrésistible envie d’enchaîner les chapitres. Chacun d’entre eux se termine en effet sur un petit bouleversement que l’on peine à laisser sans précision lorsque le sommeil nous gagne, ou qu’il est temps de lâcher le roman. Notez par ailleurs que les chapitres sont assez courts, ce qui contribue à cette sensation que l’histoire va vite. On passe d’un personnage à l’autre sans oublier ce que l’on a pu lire sur le précédent.
Enfin Arkane T1 jouit d’autres qualités, moins évidentes, mais tout aussi importantes à souligner. Pour commencer sa maturité certaine. Bien que le roman ne fasse qu’effleurer les quelques passages à tendances sexuelles (peut-être parce que le consentement n’est pas toujours présent), un parti pris intéressant qui permet de se concentrer sur ce qui est important dans la trame, il n’en oublie pas d’être sanglant. Voire, par moments, parfaitement intransigeant avec certains personnages. On ne compte pas les morts, les décapitations et les effusions de sang, le tout servant à merveille une intrigue qui n’a de cesse de s’assombrir à mesure que l’on tourne les pages. Bien que, d’un autre coté, le courage et l’espoir soient aussi des éléments importants de l’histoire, raccrochant Arkane à l’Heroic Fantasy.
Malgré tout, ce premier tome reste très accessible. Ce qu’il doit autant à l’écriture très aérée et compréhensible de l’auteur (qui use toutefois d’un vocabulaire parfois soutenu), qu’au fait que les protagonistes soient jeunes. On reste, d’une certaine façon, dans l’esprit d’adolescents, et on suit leur douloureux apprentissage qui les fera grandir malgré eux. Il y a quelque chose d’assez grisant dans le fait de les voir évoluer. Enfin surtout pour Oziel et Renn, que l’on retrouvera bien plus souvent que Noy, et qui connaissent des aventures plus ébouriffantes. Notez qu’à la manière de tout le récit, le roman se termine en laissant en suspend de nombreuses questions. De quoi nous faire mourir d’envie de commencer dans la foulée le tome 2 !
Faut-il craquer pour le premier tome d’Arkane ?
Bien sûr, certains seront plus réceptifs à ce genre de récits que d’autres. La Fantasy a ses détracteurs, au même titre que la Science-Fiction d’ailleurs. Mais avec la qualité de ces trois aventures que l’on suit par intermittence, et malgré le fait que l’histoire se poursuive dans un second tome, on ne peut que vous conseiller de donner sa chance au roman de Pierre Bordage.
Acheter Arkane - Tome 1 sur AmazonArkane : La Désolation est une œuvre à la fois accessible, inspirée, sombre, et bénéficie par ailleurs d’un rythme soutenu parfaitement bien ficelé. S’il ne jouit pas d’une originalité extraordinaire, on lui reconnaîtra néanmoins une grande liste de qualités, suffisantes pour vous faire passer un très agréable moment en compagnie de personnages fort attachants.
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