Assassin’s Creed : The Ezio Collection – Notre avis sur la version Switch
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Rédigé par Nathan Champion
On ne présente plus Assassin’s Creed, l’une des licences les plus lucratives d’Ubisoft, et plus généralement du monde du jeu vidéo en lui-même. Si le premier opus n’a pas fait l’unanimité, faute de répétitivité notamment, c’est avec le second que l’entreprise française va véritablement marquer les esprits. Cet épisode aura d’ailleurs tellement bien marché, qu’il engendrera plusieurs suites et DLC, qui ne déméritent pas non plus.
Il y a six ans, Ubisoft regroupait tout ce beau monde dans une compilation nommée Assassin’s Creed : The Ezio Collection, sur PlayStation 4, Xbox One et PC. Une occasion intéressante, à l’époque, de découvrir ou redécouvrir ce gros morceau de la septième génération de consoles. Mais qu’en est-il aujourd’hui, alors que l’éditeur et développeur se décident à porter ces trois jeux et leurs DLC sur Nintendo Switch ?
Conditions de test : Nous avons joué une petite quinzaine d’heures à cette compilation, autant sur TV qu’en mode portable. Nous avons aussi pris environ une demie-heure pour tester la jouabilité sur Switch Lite.
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TogglePetit tour d’horizon
Si vous avez un jour possédé une Xbox 360 ou une PlayStation 3, alors il y a fort à parier que vous ayez déjà eu entre les mains Assassin’s Creed II. Il faut dire qu’il est l’un des best sellers de cette génération, participant à asseoir la domination d’Ubisoft sur le marché du jeu vidéo solo. On peut par ailleurs noter que cet opus, ainsi que Far Cry 3, ont constitué la principale source d’inspiration pour tous les projets qui ont suivi chez l’entreprise française, au moins pendant une dizaine d’années. Si vous avez joué à un titre développé par Ubisoft sur la septième génération de consoles, ou même sur la huitième, alors il y a beaucoup de chances pour qu’il s’agisse d’un monde ouvert avec des notions de RPG dissimulées derrière un arbre de compétences très codifié.
Eh bien sachez que cela provient en premier lieu de Assassin’s Creed II, qui fut en quelque sorte le crash test de la recette made in Ubisoft qu’on a bouffé à tour de bras au cours des treize dernières années. Une recette que, trois ans plus tard, Far Cry 3 peaufinera et étoffera de quelques éléments qui deviendront eux aussi récurrents. Pour le plus grand bonheur des complétionnistes, et parfois le malheur des autres !
L’une des raisons du succès de cet opus et de ses deux suites, c’est bien évidemment leurs mondes ouverts, incarnations d’un véritable fantasme des joueurs de l’époque, rendu possible par la puissance des consoles de Sony et Microsoft. De grands environnements, détaillés, reproduisant une vision très personnelle de villes comme Constantinople, Rome, ou encore Florence. Le tout avec une longue liste d’activités à y entreprendre, à commencer par la recherche de tours plus hautes que les autres, afin de pouvoir dévoiler les points d’intérêt sur une map gigantesque d’un simple coup d’œil vers le bas.
Autre raison de ce succès, Assassin’s Creed II, Brotherhood et Revelations disposent chacun d’un contenu très respectable, ce qui pousse évidemment cette compilation à l’indécence à ce niveau. Mettez bout à bout chaque aventure principale, chaque quête annexe, chaque défi, et vous obtenez une durée de vie globale tout simplement énorme, dépassant de loin la centaine d’heures.
Bien qu’il soit impossible de s’incliner devant le scénario de chacun des jeux, quoique certains pans de leur histoire ne manquent pas d’intérêt, c’est surtout l’univers et les personnages qui sont à saluer. Loin de la fresque historique qu’on pourrait s’imaginer au premier abord, le tout s’articule autour d’un Ezio Auditore jeune et fragile, malgré son amour pour les rixes, qui va se retrouver embringué dans un complot qui le dépasse totalement, menant à la mort de son père et ses frères. Bien sûr, puisqu’il s’agit d’une suite directe du Assassin’s Creed de 2007, on y retrouve toute sa mythologie autour des templiers et de l’ordre des assassins, qui apporte une véritable bouffée d’air frais, du moins à l’époque.
Quid de cette version Switch ?
Ubisoft n’est pas le dernier à sortir des portages faciles sur Nintendo Switch. La machine hybride a déjà eu droit à Assassin’s Creed III, Rogue, Black Flag ou encore Rayman Legends. Une liste qui va continuer à s’agrandir, et que la Ezio Collection complète donc ce mois-ci. Et on aimerait vous dire que c’est une bonne chose, qu’il n’y a franchement rien à redire sur le sujet, et surtout que l’entreprise française réalise un travail consciencieux, à la hauteur des éventuelles attentes autour de ces portages.
L’ennui, c’est que la Ezio Collection faisait déjà peine à voir en 2016, lorsqu’elle débarquait sur PlayStation 4 et Xbox One. La technique était complètement à revoir, des textures datées et parfois particulièrement immondes, aux animations risibles, en passant par une IA complètement à la ramasse, une distance d’affichage décevante et un clipping à pleurer. Et vous le voyez venir, ce n’est pas cette version Switch qui améliore les choses ! Six ans plus tard, nous voilà donc avec le même contenu, les mêmes qualités, mais aussi et surtout les mêmes défauts.
Des défauts qu’on peinera encore plus à laisser passer maintenant que la série s’est émancipée de sa numérotation, avec des opus qui revisitent les codes établis par un Assassin’s Creed II sacrément vieillot. Si vous avez touché à Origins, Odyssey ou Valhalla et que vous souhaitez découvrir la genèse de la série, alors vous frappez évidemment à la bonne porte. Néanmoins, préparez vous à une douche froide comme vous en avez rarement pris avant cela. Notamment parce que l’aspect graphique est déplorable, certes, et que de nombreux bugs présents sur Xbox 360 et PlayStation 3 sont encore de la partie ici. Mais la bande son fait aussi peine à entendre, avec des doublages anglais et français très moyens.
Quant aux mécaniques de gameplay, elles ont elles aussi pris un sacré coup de vieux. À commencer par l’escalade, qui manque cruellement de précision, et par extension la course libre qui nous envoie un peu trop rapidement dans le décors pour la même raison. Les combats manquent cruellement de sensations, et la caméra s’emballe parfois en plein affrontement, sans trop qu’on puisse expliquer pourquoi… un problème récurrent sur les jeux Ubisoft de l’ère 360 / PS3. Reste un système de progression qui passe encore pas trop mal.
En définitive, si vous avez apprécié la saga d’Ezio à l’époque, alors vous serez peut-être heureux de la redécouvrir en 2022, sur une console nomade qui vous permettra de passer un temps fou à explorer les toits de villes au level design encore plutôt réussi. Si vous souhaitez découvrir la jeunesse de la série par ce biais, par contre, ce sera plus compliqué à avaler. Pas impossible, ne soyons pas mauvaises langues, mais il faut avouer qu’il n’y a rien d’engageant dans l’expérience que propose Ubisoft sur Switch aujourd’hui. Si ce n’est un contenu énorme.
En conclusion
Difficile d’en vouloir à Assassin’s Creed II et ses suites pour leurs errances à l’époque de leur sortie initiale, tant ces jeux nous ont fait passer du bon temps. Mais c’est totalement différent en ce qui concerne Ubisoft et ce portage fatigué, qui nous arrive sans aucune amélioration depuis sa version de 2016, le tout au prix fort. Certes, les titres sont toujours jouables, et suivre leur histoire n’est pas déplaisant, à condition de faire abstraction des animations complètement risibles des personnages pendant les dialogues, ou d’une mise en scène qui accuse son âge.
Néanmoins, il est véritablement difficile de rentrer pleinement dans leurs ambiances, la faute à cet aspect graphique qui n’a de cesse de nous rappeler à la raison. On conseillera donc cette compilation à celles et ceux qui savent où ils mettent les pieds, tout en conseillant aux novices désireux de découvrir ce morceau d’histoire du jeu vidéo de passer leur chemin.
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Date de sortie : 17/11/2016