Atelier Yumia: L’Alchimiste des Souvenirs et la Terre Rêvée – Premier avis après 4 heures de jeu sur PS5 (et en français)
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Rédigé par Quentin
Avec sa volonté de miser davantage sur les sorties de jeux consoles, Koei Tecmo fait évoluer ses licences en les orientant vers un plus grand standing. Un pari jusqu’ici gagnant, si l’on se fie aux retours positifs sur les récentes sorties de Dynasty Warriors Origins et Ninja Gaiden 2 Black. Atelier Yumia: L’Alchimiste des Souvenirs et la Terre Rêvée semble suivre la même voie en proposant un RPG nettement plus ambitieux qu’à l’accoutumée. Grâce à un événement organisé pour la presse, nous avons pu jouer plus de quatre heures à ce nouveau volet de la franchise, qui s’annonce particulièrement riche.

La série Atelier n’avait plus bénéficié de textes en français depuis Atelier Ryza 2, et nous sommes ravis de confirmer que ce nouveau volet proposera bien des sous-titres dans la langue de Molière. Nous avons d’ailleurs pu jouer en français, avec les voix japonaises, sur une PS5 standard. Autre nouveauté de taille : c’est la première fois qu’un jeu Atelier sera édité sur consoles Xbox.
Même si en Occident, la série Atelier reste encore assez niche par rapport aux grands noms du genre, sa popularité n’a cessé de croître. La dernière trilogie centrée sur Ryza a d’ailleurs beaucoup contribué à cet essor. Pour en savoir davantage sur cette nouvelle orientation, n’hésitez pas à consulter notre interview de Junso Hosoi, producteur du jeu.
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ToggleVers un RPG au ton plus sombre ?
Atelier Yumia: L’Alchimiste des Souvenirs et la Terre Rêvée est le 26e opus de la série, dont le premier épisode, Atelier Marie, est sorti en 1997 (et a même eu droit à un remake en 2023). Au fil des ans, la licence a su innover et introduire de nombreuses héroïnes, tout en restant fidèle à ce qui la rend unique : un système d’alchimie au cœur du gameplay, soutenu par une synthèse très poussée, directement liée à l’exploration et aux combats.
La série se distingue aussi par ses ambiances empreintes d’optimisme et centrées sur l’apprentissage et l’amitié. Bien loin des JRPG classiques où l’on sauve le monde, on y découvre plutôt des mystères, généralement liés à l’alchimie ou à l’héroïne elle-même. Avec cet opus, le studio Gust ose une approche un peu plus audacieuse. En effet, Atelier Yumia arbore une tonalité plus sombre et mature que les précédents jeux, sans toutefois rompre radicalement avec la formule habituelle.
Cette ambiance plus grave s’explique principalement par la place de l’alchimie dans le monde d’Atelier Yumia, où elle est considérée comme un art tabou, mal perçu par la majorité de la population. Afin de percer les mystères de l’Empire Aladissien, jadis prospère grâce à l’alchimie, les autorités locales sollicitent notre héroïne pour faire la lumière sur ce passé enfoui. Le RPG met ainsi l’accent sur la thématique des souvenirs, qui concerne aussi bien Yumia que l’univers dans lequel elle évolue.
La maturité de l’opus se reflète également dans la personnalité de l’héroïne, un paramètre central pour tout Atelier, car elle en devient littéralement la figure de proue. Chaque protagoniste bénéficie d’un soin tout particulier de la part des développeurs, et peut parfois être à l’origine du succès d’un titre (l’exemple le plus marquant étant Ryza). Selon nous, Yumia Liessfeld est une protagoniste particulièrement réussie, qui épouse parfaitement cette nouvelle orientation. Son design, aux vêtements et cheveux plutôt sombres, traduit cette ambiance plus grave, tout comme sa personnalité. Il s’agit en effet d’une jeune adulte de 21 ans, déjà dotée d’un minimum d’expérience.
L’exploration met les gaz
Bien qu’elle éprouve une certaine gêne et une forme de retenue dans ses relations avec les autres, du fait de l’image négative de l’alchimie, Yumia conserve l’audace, la curiosité et l’optimisme propres à la plupart des héroïnes précédentes. Le studio Gust n’a pas non plus cédé à la facilité en lui attribuant un design trop proche de celui de Ryza. Avec ses longues jambes, c’est avant tout la grâce qui est ici mise en avant. Que ce soit lors des poses de fin de combat, pendant la pratique de l’alchimie ou lors du déblocage de stèles, Yumia effectue toujours des mouvements élégants et stylisés.
Pour ce qui est du reste du casting et des relations entre personnages, il faudra attendre notre test final pour disposer d’une vision plus globale de la narration. Toutefois, l’intrigue semble prometteuse, notamment grâce à plusieurs véritables antagonistes qui paraissent particulièrement soignés, un fait plutôt rare dans la série. En outre, nous disposons de choix de parcours qui devraient avoir une incidence sur le déroulement de l’aventure (plus d’informations dans notre interview). Par ailleurs, on note diverses améliorations dans la boucle de gameplay, en commençant par l’exploration, qui gagne encore en fluidité grâce à de vastes zones ouvertes. Malgré le retard graphique évident dont souffre toujours la licence, elle propose des décors agréables grâce à une direction artistique qui flatte l’œil.
Si cela n’est pas flagrant en début d’aventure, la variété des environnements se perçoit davantage lorsqu’on joue sur une sauvegarde plus avancée, comme ce fut le cas durant notre dernière heure de preview. Gust peaufine ainsi la transition vers un quasi-monde ouvert, amorcée avec Atelier Ryza 3, en rendant la récolte d’ingrédients plus fluide et les déplacements moins contraignants. Fini les murs invisibles ou les blocages non intuitifs, Yumia peut désormais effectuer des doubles sauts et même prendre appui sur les parois. Les dégâts de chute sont toutefois pris en compte, mais peuvent être compensés via le nouveau système d’ »Énergie », une ressource que l’on récupère un peu partout et qui possède plusieurs utilités. L’une d’elles consiste à réaliser de petites synthèses. Avec un peu d’Énergie et quelques matériaux, Yumia peut créer à la volée des objets servant principalement à l’exploration (des munitions pour son fusil, des gants pour emprunter des tyroliennes, des bandages pour soigner l’équipe, etc.).
On ressent un véritable effort pour diversifier l’exploration, grâce à des énigmes à résoudre, des quêtes de chasse aux monstres aléatoire, des coffres à dénicher et de multiples ruines cachées. La taille plus importante des environnements justifie aussi la présence de nombreux points de voyage rapide, mais on peut tout aussi bien s’en passer une fois qu’on dispose d’une moto particulièrement véloce. Il est même possible d’installer un campement pour cuisiner différents plats et discuter avec ses compagnons.
Une recette gagnante ?
Comme à chaque nouvel épisode, l’alchimie subit de légères modifications, sans pour autant dénaturer la formule de base. Dans Atelier Yumia: L’Alchimiste des Souvenirs et la Terre Rêvée, elle repose sur l’utilisation du mana. Chaque objet synthétisable possède jusqu’à cinq Cœurs d’Alchimie, qui représentent ses caractéristiques, décomposées en « Effet 1 », « Effet 2 », « Effet 3 », « Qualité » et « Traits ». Lorsqu’un ingrédient est ajouté à l’un de ces cœurs, celui-ci s’active. On peut ensuite passer de cœur en cœur pour créer des objets toujours plus puissants. Il est encore trop tôt pour évaluer pleinement le système sans y consacrer davantage d’heures, mais la base semble solide et devrait satisfaire autant les amateurs d’optimisation que ceux qui préfèrent aller vite avec la synthèse automatique.
Quant au système de combat, il nous faudra là aussi un temps de jeu plus long pour en cerner toute l’évolution sur la durée. Globalement, on retrouve des affrontements tactiques en temps réel, dans une version revisitée d’Atelier Ryza 3. En fonction des ennemis et de leurs attaques, les personnages peuvent combattre au corps à corps ou à distance. Ils peuvent également esquiver et réaliser des parades parfaites pour contre-attaquer. On contrôle trois personnages actifs et trois en soutien, et il est relativement facile de basculer d’un combattant à l’autre en pleine action.
Comme souvent dans la série, ce sont les objets créés via l’alchimie qui feront la différence, permettant d’alterner entre les compétences propres aux personnages et les effets spectaculaires des objets équipés. Enfin, lorsqu’un adversaire est étourdi, les personnages peuvent déclencher une attaque coopérative très puissante. Pour résumer, les combats sont dynamiques et s’enchaînent bien, même si l’on craint un certain risque de répétitivité sur le long terme.
La dernière grande nouveauté d’Atelier Yumia réside dans la possibilité de créer son propre atelier à certains endroits précis. Un ajout logique, compte tenu de la dimension « cozy » de la franchise ; dans les épisodes précédents, on pouvait déjà personnaliser son atelier, mais jamais de manière aussi poussée. Il est désormais possible de construire l’atelier de zéro, ou de choisir parmi des modèles préconçus disponibles dans un catalogue.
Même s’il n’est pas aisé de passer après l’excellente trilogie Atelier Ryza, Atelier Yumia: L’Alchimiste des Souvenirs et la Terre Rêvée est bien parti pour nous livrer un nouveau départ convaincant et prometteur. Certes, le moteur graphique accuse un certain retard par rapport aux standards actuels et il y a un risque que les combat se répètent un peu, mais les ambitions rehaussées, les améliorations en termes d’exploration et une alchimie toujours aussi ingénieusement mise en avant laissent augurer le meilleur pour les fans, ainsi que pour ceux qui découvriront la série avec cet épisode. En particulier les joueurs Xbox, qui pourront enfin goûter à la licence.