Batman Arkham Trilogy – Notre avis sur cette collection exclusive à la Nintendo Switch
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Rédigé par Nathan Champion
Du haut de ses 130 millions, et des poussières, de copies écoulées à travers le monde, la Nintendo Switch nargue tranquillement la concurrence, à qui elle pique, de temps à autres, certaines de ses sorties les plus marquantes. Borderlands 3, DOOM Eternal ou encore Hogwarts Legacy, la console hybride n’a peut-être pas la puissance de ses consœurs, mais elle peut malgré tout se targuer d’un catalogue surprenant, régulièrement fourni en portages. L’un des plus récents, et assurément l’un des plus attendus de ces derniers mois, n’est autre qu’une collection entièrement dédiée à ce cher homme chauve-souris, et ses aventures imaginées par Rocksteady.
Un studio qui s’apprête, par ailleurs, à sortir un certain Suicide Squad : Kill the Justice League, titre orienté service et multijoueur, qu’une grosse partie de la planète jeu vidéo semble déjà dénigrer sans même avoir posé les mains dessus. Comble de l’ironie, Warner Bros. renvoie les fans du développeur à ses travaux les plus méritants et appréciés, à savoir la trilogie Arkham. Une riche idée qui rempli encore un peu plus le catalogue extrêmement bien fourni de portages en tous genres que propose la Nintendo Switch. Le tout pour un prix un peu en dessous de la moyenne des grosses sorties. Que demander de plus finalement ?
D’autant que le tout débarque non seulement avec la totalité des contenus téléchargeables des trois jeux embarqués, mais aussi avec un atout non négligeable : la portabilité. Alors certes, nous n’aurions pas été contre quelques nouveautés sympathiques, comme la possibilité de changer la langue des doublages sans modifier par la même celle des écrits dans les deux premiers jeux. Et l’absence du moins apprécié Batman Arkham Origins se fait malgré tout ressentir. Faut-il pour autant bouder son plaisir, et délaisser cette bien nommée Batman Arkham Trilogy ? C’est ce que nous allons tâcher de voir ensemble à travers ces quelques lignes empruntes d’une nostalgie de rigueur… jusqu’à un certain point.
Conditions de test : Nous avons mis la main sur une version physique achetée par nos soins, sur laquelle nous avons passé près de 25 heures. Ce fut suffisant pour arriver au terme du premier jeu, voir une bonne partie du second, et surtout pour découvrir l’état du troisième. Ce test est garanti sans spoiler majeur. Nous en profitons également pour remercier notre partenaire pour des Escape Game Batman à Paris.
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ToggleTrois grands jeux pour le prix d’un petit ?
Bien qu’il s’agisse généralement de titres que tout le monde, ou presque, a déjà bouclé, trouvables pour une poignée d’euros sur Steam ou dans les bacs d’occasion sur leurs supports originels, les quelques collections proposés sur Switch ne manquent pas d’attrait. Parce qu’un Borderlands 2 ou un Bioshock Infinite, accompagné de l’ensemble de ses DLC, a quand même une autre saveur sur une console que l’on peut embarquer partout, d’autant que le travail de portage est admirable dans les deux cas. Et il en va finalement de même pour Batman Arkham Asylum ainsi que sa suite directe. Deux titres d’un autre temps, respectivement sortis en 2009 et 2011, qui ont malgré tout particulièrement bien vieilli.
Ce qu’il doivent avant toute chose à leur esthétique fort réussie, plus sombre que ce à quoi l’homme chauve-souris nous avait habitués à l’époque, et une technique jamais vacillante. Constat qui trouve son écho sur Nintendo Switch, où les deux jeux initialement parus sur PS3 et 360 tournent comme des charmes, avec leur rendu d’époque. Ce qui est la moindre des choses, quand on y pense, dans la mesure où plus de dix ans séparent ces sorties, mais aussi où Batman Arkham City avait déjà connu son heure sur Wii U en 2012, dans une version fort appréciable. Bref, à première vue, si l’on décide de se la jouer « nouveau venu » en les faisant dans l’ordre, tout semble aller pour le mieux. D’autant que le framerate de City est plus constant que sur Wii U.
Difficile de ne pas remarquer que ces deux aventures n’ont pas pris une ride sur le plan du scénario, jouissant d’intrigues principales et secondaires intéressantes, prenantes, qui caressent les fans de Batman dans le sens du poil ; malgré une mise en scène qui a pris un petit coup de vieux, elle. Que le système de combat, bien qu’éprouvé depuis par un paquet d’autres jeux d’action, fonctionne toujours à merveille. Mais aussi que tout ce qui tourne autour de l’exploration de leurs environnements est une franche réussite. Certes, Arkham Asylum est plus linéaire, moins permissif, que ce que propose Arkham City. Quant à ce dernier, il est vrai que sa map n’est pas bien grande. Mais la richesse de leurs propositions respectives les honore, et il y a de quoi s’occuper un long moment si l’on décide de jouer le jeu, ne serait-ce qu’avec les missions de l’homme mystère.
Restent des graphismes qui n’ont donc pas bougé d’un iota, ce qui pourra être perçu comme un défaut, mais a ses avantages, notamment en ce qui concerne le framerate. La Nintendo Switch n’est pas un cheval de course, et il est bon de la ménager pour éviter des accidents industriels tels que The Outer Worlds. À côté de cela, le gameplay et le mapping des touches est repris tel quel, lui aussi. Quelques lourdeurs se font ressentir, certes, et il faut un petit temps d’adaptation pour prendre l’homme chauve-souris bien en mains. Mais il faut remettre les choses dans leur contexte : cette collection n’a jamais promis d’améliorations. Juste l’intégralité d’un contenu conséquent, et d’aventures acclamées par la critique et les joueurs. Aventures présentes au nombre de trois, cela ne vous a pas échappé.
Le désastre n’est jamais loin
Parce que si vous avez lu attentivement cet article jusqu’ici, vous n’avez probablement pas tardé à remarquer que nous évitions systématiquement le sujet de Batman Arkham Knight, le troisième volet. Un titre plus ambitieux que ses prédécesseurs, paru en 2015 sur PlayStation 4 et Xbox One (mais aussi sur PC, dans une version dispensable rapidement retirée de la vente), lui aussi particulièrement bien reçu. Notamment parce qu’il était fort joli, encore plus sombre et bien écrit que les deux aventures précédentes, et toujours aussi jouissif, en plus de proposer de nouvelles manières d’aborder sa map bien plus vaste que celle de City… C’était finalement le seul des trois jeux sur lequel reposaient quelques doutes, se concrétisant à peine la campagne lancée…
Difficile de comprendre ce qu’il s’est passé. Un peu comme quand la version Switch de ARK Survival est sortie si laide et saccadée qu’elle en était pratiquement injouable (n’hésitez pas à nous dire si cela a changé dans les commentaires), ou quand le portage de Pillars of Eternity a été abandonné par son développeur alors qu’il souffrait de tant de bugs et de crashs qu’il était impossible d’y jouer plus de vingt minutes sans virer à la rupture d’anévrisme. La Nintendo Switch a ses avantages, il est vrai, mais de temps à autres une véritable catastrophe tombe entre les mains de ses possesseurs les moins avertis, ou les plus optimistes. Batman Arkham Knight est de ces expériences complètement ruinées, tellement qu’on ne sait pas vraiment par quel bout la prendre pour commencer à décortiquer son naufrage.
Mais puisqu’il faut bien débuter quelque part, alors abordons le plus évident : c’est moche. Tellement moche en fait, qu’on a un peu l’impression d’assister à une tentative de portage avortée sur Iphone 4. L’aspect graphique catastrophique n’est pas sans rappeler les infâmes versions de Devil May Cry 4 ou Resident Evil 4 sorties sur mobiles il y a plus d’une quinzaine d’années. Les textures sont baveuses, certaines manquent carrément à l’appel, et la plupart du temps elles ne daignent se charger qu’après un temps d’attente conséquent. Les modèles 3D ont perdu énormément en finesse, ce qu’ils ont gagné en aliasing. Quant aux effets de lumière, particulièrement réussis dans la version d’origine, cessez simplement d’espérer les voir arriver sur Switch un jour.
Mais s’il n’y avait que cela, alors le titre serait malgré tout jouable, un peu comme The Outer Worlds ou XCOM 2, à condition de se faire à l’idée que cette version Switch a nécessité des concessions. Seulement, en fait de concessions, on trouve ici plusieurs détails qui empêchent purement et simplement au jeu d’être apprécié. Le visuel atroce est accompagné d’un framerate intolérable, poussant régulièrement à la faute involontaire lorsque l’on explore la ville de Gotham. Mais c’est encore pire lorsque l’on monte dans la sainte Batmobile, qui transformerait presque le jeu en diaporama tant le nombre d’images par seconde est ridicule. Les combats ne sont évidemment pas en reste, d’autant qu’ils souffrent d’un autre gros problème : la disparition de toute sensation.
Ce que le jeu doit en premier lieu à une « révision » de son sound design, faisant disparaître tout ce qui n’était, visiblement, pas jugé absolument indispensable. Donc, les musiques restent, et les doublages aussi. Même si l’on ne peut pas s’empêcher de se demander si ces deux contenus audios n’ont pas été bizarrement compressés, le rendu à l’oreille n’étant pas toujours très gracieux. Quoique c’est peut-être une simple impression. Mais pour ce qui est des bruitages, le doute n’est pas permis : certains ont disparu, d’autres sonnent faux. Ajoutez à cela un game feeling qui a perdu toute sa saveur, en conservant à l’esprit que le framerate en combat est extrêmement bas, et vous comprendrez pourquoi certains qualifient le jeu d’injouable… à raison.
En conclusion
Quel désastre. Et nous pesons nos mots. La déception est grande, et pourtant il semblait difficile de faire fonctionner à son plein potentiel Batman Arkham Knight sur Nintendo Switch. Pas impossible, seulement difficile. On s’imaginait bien sûr quelques coupes, d’autant que le titre ne pèse « que » 27go à lui seul. Ce qui représente tout de même près de 20go de moins que les versions originelles sur PS4 et One. Mais le résultat est absolument imbuvable.
C’est dommage, parce qu’à côté de cela, Batman Arkham Asylum et Arkham City fonctionnent à merveille sur la console hybride, autant sur TV qu’en portable. Tout semble conforme, les sensations d’époque sont parfaitement retranscrites, et le contenu intégral est un vrai cadeau du ciel… mais pourquoi débourser 50 euros pour une collection dont seulement les deux-tiers sont jouables ? On se le demande encore…
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Date de sortie : 01/12/2023