Brexit : Quel impact aura le départ du Royaume-Uni sur le marché du jeu vidéo ?
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Rédigé par Julien Blary
C’est un peu l’actualité du moment, nos amis anglais viennent de voter pour quitter l’Union Européenne, une décision historique qui fera ainsi sortir le pays de notre « regroupement ».
Mais si nous ne sommes pas là pour parler politique ou même pour juger si ce choix est justifié ou non, cela pourrait avoir une incidence sur l’industrie du jeu vidéo, au Royaume Uni premièrement, mais également des conséquences et retombées sur les autres pays, dont la France.
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ToggleLe Brexit, une décision historique
Qu’on se le dise, ce genre de décision est unique. Si nos confrères britanniques ont toujours montré leur réticence à appartenir à l’Union Européenne, cela reste une solution aux conséquences importantes.
Depuis son entrée en 1973, le Royaume-Uni a toujours été sur le derrière de la scène, hésitant à approuver la majeure partie des directives imposées par l’UE. En juin 1975, le gouvernement britannique avait organisé un référendum sur le maintien du pays avec déjà, un premier risque de Brexit. Le oui l’emporte, et nos voisins d’Outre-Manche restent ainsi dans l’Union, mais avec un résultat déjà bien serré.
En 85 et 91, le pays avait refusé de signer respectivement les accords de Shengen (pour la libre circulation dans la zone européenne) et le traité de Maastrich qui prévoyait une monnaie unique. Ainsi, et depuis 2014, la montée de la pensée que l’on surnomme, « eurosceptique », grimpe et David Cameron promet ainsi un nouveau référundum, celui-ci ayant été réalisé il y a peu.
De ce fait, en étudiant un peu le passif de l’île Britannique, on comprends comment nous en sommes arrivés là, sans que cela soit vraiment surprenant, et confirme la volonté du pays que de redevenir plus ou moins libre.
Ce départ aura t-il un impact sur le marché du jeu vidéo ?
Le Royaume-Uni abrite un joli collectif d’éditeurs et de studios de développement de jeux vidéo, dont beaucoup vont exporter leurs jeux dans le monde entier. Mais ce n’est pas tout, puisque la plupart des entreprises britanniques embauchent du personnel à travers le monde.
Bien évidemment, ce Brexit vient principalement ajouter un doute et une place d’incertitude aux professionnels du milieu, celui-ci étant déjà bien troublé.
Pour comprendre un peu, il faut savoir que ce départ va potentiellement troubler les échanges de talents. Le Royaume-Uni, ne faisant plus partie de l’Europe, ne pourra plus bénéficier autant de travailleurs qualifiés et résidents dans l’UE.
Pour le moment, aucun compromis n’a été établi. Mais beaucoup de firmes multinationales ou de PME, appuient et espèrent pouvoir trouver un accord de Libre Echange entre nos deux pays. Veolia, notamment, a déclaré à TF1 qu’ils « n’arrêteraient pas d’investir pour autant » et qu’ils restent « confiants ». L’entreprise compte 14.000 salariés là-bas.
Un Libre Echange permettrait entre autre, d’alléger les exportations et importations entre les deux parties, et permettrait ainsi de garder une stabilité économique intéressante.
Quelles sont les conséquences directes sur le secteur culturel du jeu vidéo ?
Premièrement et c’est sans doute le point qui nous concerna en premier lieu, l’achat de jeu vidéo au Royaume-Uni pourrait fluctuer, notamment avec l’introduction de nouvelles taxes.
Si la Livre Sterling est en train de dévaluer et que le taux de conversion a toujours été intéressant pour nous, en matière d’import jeu vidéo (beaucoup comptaient sur Game.co.uk par exemple), il ne serait pas étonnant que des frais de douanes viennent désormais s’ajouter à notre commande initiale.
Comme pour l’import japonais, on devra ainsi penser à ce qu’apporteront ces pseudos nouvelles frontières, avec tout d’abord, cette taxe douanière, mais également un délai supplémentaire pour la livraison. Bien évidemment, ici, nous sommes dans l’hypothèse qu’un accord de libre échange convenable n’ait pas été trouvé mais nul doute que nous serons dans tous les cas impactés.
Dans tous les cas, on notera que le prix des jeux a toujours été très compétitif là-bas, et qu’ils seront davantage revus à la baisse avec la dévaluation de la monnaie.
On pourrait également se demander s’il n’y a pas de soucis au niveau de la localisation. Je pousse certainement un peu le vice, mais si je vous dis « Espérons que les versions UK restent Européennes », vous voyez où je veux en venir ? Question de zonage, m’voyez…
Mais plus important encore, nous devons nous tourner vers les professionnels du milieu.
Des sociétés telles que Ubisoft, Microsoft ou encore Sony, ont tous investi dans la création de studios de développement Outre-Manche. Londres abritent de nombreux bureaux, tout comme à Cambridge et Guildford. Pour les anglais, cela pourrait avoir des répercussions sur leur compétitivité par rapport aux autres parties majeures et centres de développement du milieu.
Des problèmes de talents et de qualifications pourront rapidement se poser, et si le soucis n’arrivera pas à court terme, il y a une véritable interrogation de ce qu’il en adviendra sur du long terme.
Andy Payne, fondateur de AppyNation a notamment déclaré à Eurogamer :
« Nous sommes dans une période incertaine et difficile de toute façon. Quitter l’Union Européenne ajoute juste une nouvelle dose d’incertitude dans la balance et ce n’est bon pour personne, vraiment. Ajoutons à cela la libre circulation des travailleurs qualifiés, dont ont bénéficié les résidents de l’UE pendant des années, et cela pourrait signifier que nous aurons un déficit de qualification jusqu’à ce que nous pouvons former les notre vers le haut. »
On n’oubliera pas bien évidemment la réticence que pourront avoir les investisseurs étrangers, à vouloir se lancer sur un marché où la valeur de la Livre est en déclin. Paradoxe non ? Puisque cela deviendrait plus intéressant pour eux d’investir sur une monnaie moins forte mais moins confiants pour l’avenir du pays.
Plusieurs studios de développement songent ainsi déjà à bouger et ne savent pas vraiment s’ils vont rester sur l’archipel.
Et maintenant ? Les changements en tant que joueurs ?
A vrai dire, c’est nous, en tant que joueurs, qui en sommes les plus éloignés. Si bien évidemment, cela pourrait changer quelques petites habitudes, nous n’en serons pas impactés directement.
Les studios continueront toujours à produire du contenu culturel, et nous ne verrons pas – ou peu de changements au niveau des prix en général et plus particulièrement au niveau de l’import.
Phil Harrison a déclaré à nos confrères de Polygon :
« C’est une nouvelle délicate et je pense que cela dépend de l’endroit où vous êtes dans la chaîne de valeur. Pour les joueurs, je ne pense pas que cela fera une grande différence. Il pourrait y avoir un changement dans la tarification d’un jeu mais je trouve cela peu probable. »
Cependant, si en tant que joueurs cela n’aura pas d’impact majeur – espérons tout de même qu’aucun projet ne soit annulé à cause de cette sale période – ce sont principalement les studios londoniens et du pays qui seront impactés.
Le marché britannique va donc rentrer dans une période d’incertitude, et nous en connaîtrons les véritables conséquences qu’au fil de ce qui se passera les prochaines semaines, entre les nouvelles réglementations qui entreront en vigueur, la confiance qu’auront les investisseurs et les moyens techniques qu’auront les entreprises locales.
On terminera sur le tweet de Média Molécule (Dreams, LittleBigPlanet) qui a fait hier un énorme clin d’œil sur la diversité de leur équipe et les nombreuses origines de leur talentueuse équipe. Au final, tout cela résume bien…
Et vous, qu’en pensez-vous ? Quel est votre avis sur la question ?
Today we're having a BBQ to celebrate the amazing diversity of the Media Molecule Team and all their families. ❤️ pic.twitter.com/4Dz2QXPXo4
— Media Molecule (@mediamolecule) June 24, 2016
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