Pourquoi on aimerait un retour de Medal of Honor : Airborne ?
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Rédigé par Nathan Champion
Si je vous parle de jeux de guerre en 2023, je vous imagine mal penser à d’autres noms que Call of Duty ou Battlefield. À la rigueur, pour la blague, Fortnite ou PUBG. Pourtant, c’est oublier bien vite l’ancien ténor du genre, Medal of Honor. Une licence qui mettait tout le monde d’accord au début des années 2000, et même avant cela sur PlayStation première du nom, mais qui a pourtant totalement disparu après une vaine tentative de reboot (et non, on ne parlera pas du jeu en VR sorti deux ans plus tôt). Une histoire compliquée, teintée de déception, que l’on pourrait résumer en deux mots : Modern Warfare.
Il faut dire qu’à compter de Medal of Honor : En première ligne, l’épisode qui a le plus marqué les esprits, asseyant la série comme une référence, Electronic Arts n’a pas vraiment laissé le temps à ses développeurs de souffler. Ce qui, l’histoire en connaît quelques exemples, n’est que rarement gage de qualité. Ainsi, les réceptions critiques sont en dents de scie, jusqu’à un certain Medal of Honor : Airborne, paru en septembre 2007 sur consoles de nouvelle génération, autrement dit Xbox 360 et PlayStation 3, qui fit directement concurrence au mastodonte Call of Duty 4.
Pourquoi vous parler de cet épisode en particulier, plutôt que faire le choix le plus évident, à savoir En Première Ligne ? Eh bien pour plusieurs raisons. D’abord parce qu’il s’agit d’un cas d’école dans le milieu de la concurrence vidéoludique. Ensuite, parce que malgré sa réception critique très moyenne, et ses ventes en chute libre, il bénéficie de riches idées de gameplay et de mise en scène. Enfin, parce que, en toute honnêteté, je l’ai simplement lancé sur le Game Pass un après-midi pluvieux, bien loin de me douter que j’irais au bout sans voir le temps passer.
Note : Les screenshots que vous trouverez dans cet article ont été capturés sur Xbox Series X, via la version Xbox 360 disponible dans le Game Pass Ultimate.
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Il y a beaucoup de choses à dire sur la licence, et je n’ai pas l’intention de faire un compte rendu exhaustif de son histoire, d’autres l’ayant fait avant moi. Cela étant, dans les grandes lignes, on peut dire que Medal of Honor ne connaît pas vraiment de concurrence jusqu’à la PlayStation 2. En Première Ligne met tout le monde d’accord en 2002, avec sa relecture du débarquement, puis de la libération alliée, sur une bande son divine, qui aurait pu coller avec un film de Spielberg. Au hasard, Il Faut Sauver le Soldat Ryan. C’est peu après que les choses se gâtent pour la licence de Electronic Arts, bien loin de se douter que sa poule aux œufs d’or ne pondra pas éternellement.
En 2003 sort Call of Duty sur PC, une expérience très proche de ce que proposait Medal of Honor jusque-là. Autrement dit, du tir en vue à la première personne, résolument porté sur une vision cinématographique de la guerre. Et entendons-nous bien, on parle évidemment de la Seconde Guerre mondiale, qui sera le théâtre de grand nombre de jeux du genre sur les années qui suivirent… mais aussi au cours de celles qui précédèrent. Les nazis font de bonnes cibles, à n’en point douter. Il faut dire aussi que le cinéma a aidé à glorifier les exploits alliés au cœur de cette boucherie, et à diaboliser l’armée allemande.
En 2005, puis en 2006, Activision embraye avec deux nouveaux opus de Call of Duty, dans la veine du précédent, investissant cette fois-ci les consoles de salon. Notamment, concernant En Marche Vers Paris, celles de nouvelle génération, ainsi que la Nintendo Wii. La licence entend bien enterrer Medal of Honor, et elle semble bien partie, au moins pour lui tenir tête. En terme de qualité, en tout cas, on est sur quelque chose de très similaire. COD emprunte le charme des bandes son façon John Williams de MOH, mais se révèle moins immersif, gagnant en contrepartie des environnements beaucoup plus léchés. Un mal pour un bien.
Dans le même temps, l’autre grosse licence de jeux de guerre de Electronic Arts évolue sur PC. Battlefield finit par débarquer sur consoles de salon en 2005, une grande année pour le genre, avec Modern Combat. Une expérience réussie, qui s’offre par ailleurs un cadre plus contemporain, mais aussi un mode multijoueur de bonne facture… de quoi désarçonner la concurrence pendant un temps. Et ça tombe mal pour Medal of Honor, qui reviendra deux ans plus tard avec une expérience, certes plus originale que de coutume, mais une nouvelle fois placée sous le signe de la Seconde Guerre mondiale, quand Call of Duty 4 visera, à contrario, la guerre moderne.
La chute du faucon noir
Et c’est là que je m’attends à quelques sursauts de la part du lecteur. Pourquoi parler de cet épisode alors ? Pourquoi aborder le début de la fin, quand la concurrence faisait objectivement mieux, et plus moderne ? Et puis, pourquoi ne pas avoir pris En Première Ligne ? Eh bien en partie parce que Medal of Honor : Airborne, paru en septembre 2007 sur Xbox 360, PlayStation 3 et PC, conserve un certain charme qu’il est difficile de lui enlever. Ce petit je ne sais quoi, qui en fait un jeu à la fois cohérent avec ce que proposait la licence jusque-là, et dans le même temps une expérience un brin innovante. Un chant du cygne qui a, il faut le reconnaître, malgré de nombreux écueils, une certaine saveur.
Medal of Honor : Airborne n’est pas foncièrement beau pour l’époque. Initialement prévu pour une parution cross-génération, il porte les stigmates d’un développement pour PlayStation 2 et Xbox. Ce qui signifie, plus concrètement, que sa technique est globalement décevante, ses textures particulièrement baveuses, et ses différents effets visuels font peine à voir. Cela étant, ses maps relativement ouvertes sont plutôt bien pensées, et jolies, ce qu’il doit à un souci du détail qui fait mouche… difficile à discerner aujourd’hui derrière une bouillie de pixel qui a de quoi refroidir de nombreux joueur, j’en conviens aisément.
Mais ses plus gros problèmes, sans le comparer à la concurrence, ce sont finalement son intelligence artificielle ahurissante de débilité, et son contenu d’une maigreur affligeante. Le solo de Airborne se compose de cinq missions, autrement dit de cinq maps, proposant chacune plusieurs objectifs à éliminer dans l’ordre que l’on souhaite. Le tout pour une durée de vie d’environ 5h. C’est très peu, d’autant qu’il faudra compter avec le même matériau pour le multijoueur. Et dans le feu de l’action, il est vrai qu’il y a quelque chose d’agaçant à voir l’ennemi faire n’importe quoi, ou nos camarades se ruer sous nos tirs.
Cela étant, il y a quelque chose de grisant dans la manière dont la campagne s’organise. S’il est possible de réaliser les objectifs dans l’ordre de notre choix, c’est parce que l’on est littéralement parachuté au dessus des maps, et qu’il est alors possible de se diriger jusqu’à l’atterrissage. Ainsi, malgré le fait que notre palette de mouvements soit très limitée (impossible de grimper à une corniche comme dans un Mirror’s Edge par exemple), ou que les développeurs n’aient pas prévu que l’on passe par dessus les objets du décor (devenant de véritables barrières visibles mais souvent risibles), on démarre virtuellement où l’on veut sur chaque map.
Or, ce concept qui rappelle beaucoup ce que proposent nos chers Battle Royale contemporains apporte une vraie plus-value aux combats, qui en dehors de ça proposent de bonnes sensations. L’arsenal n’est pas excessivement varié, mais suffisamment pour se renouveler au cours des cinq heures que dure la campagne. Quant à l’ambiance, elle est inimitable. On est bien sur du Medal of Honor, avec une bande son excellente, signée Michael Giacchino (officiant sur nombre d’opus de la série) et une mise en scène léchée qui met l’accent sur l’héroïsme. On ressent la guerre, et malgré leur débilité, on est avec nos camarades jusqu’au bout. Un beau tour de force pour ce titre reçu si froidement.
L’espoir fait-il vivre ?
En 2007, tout amateur de jeu de tir en vue subjective attend de pied ferme Call of Duty 4 : Modern Warfare. D’une part, parce qu’il sera épique, réaliste, et prévoit un mode multijoueur solide sur consoles, et sur PC. Mais surtout parce qu’il s’annonce comme une véritable révolution technique. Les plus jeunes d’entre vous ne l’ont certainement pas connu, ou ne s’en rappellent peut-être pas, mais ce jeu a fait couler énormément d’encre. Il était, à son époque, ce qui se faisait de mieux sur le marché, en terme de visuels et de fluidité, et a acquis un véritable statut culte grâce à sa campagne immersive, sortant du cadre de la Seconde Guerre mondiale, et son multi d’une grande richesse.
Or, Medal of Honor : Airborne a énormément pâti de la comparaison, c’est un fait qu’il ne convient plus de démontrer. Sortant deux mois plus tôt, le titre de Electronic Arts était déjà daté techniquement, et son contenu rachitique traduisait d’un développement en catastrophe, comme si l’éditeur avait commandé son jeu dans l’urgence pour faire face à COD 4. Ce qui est vraiment dommage, car il est loin d’être mauvais et, comme nous le voyions plus haut, bénéficie de quelques riches idées qu’il aurait été bon de mettre mieux en valeur. Pire, puisqu’il s’agit du dernier épisode avant le reboot de 2010, il est le dernier Medal of Honor qui ne cherche pas à faire du Call of Duty…
Si Electronic Arts décidait de le faire revenir d’entre les morts, il faudrait, pour commencer, laisser le temps aux développeurs de faire leur travail. Reprendre un moteur déjà existant, pourquoi pas celui d’un Battlefield récent, serait une riche idée. Afin de faire gagner du temps aux équipes, d’une part, et de conserver assez de piécettes pour s’offrir les services d’un compositeur prestigieux, ainsi qu’une mise en scène léchée. Et puis, malgré les déboires que connaît Battlefield 2042, on ne peut pas lui enlever sa technique à la pointe, comme ce fut toujours le cas pour la série. Ça laisserait aussi le temps aux développeurs de concevoir un contenu plus solide, et de revoir de zéro leur copie niveau multijoueur.
Parce que ce qu’il manquerait à Medal of Honor : Airborne, si on le sortait aujourd’hui avec des graphismes nouvelle génération, c’est clairement du contenu. Restons bien évidemment sur ce concept de parachutage en zone hostile, mais offrons lui des maps plus grandes, plus ouvertes, et peut-être plus variées aussi. Quitte à ne conserver que cinq environnements, mais qu’ils soient d’une richesse imprenable, et proposent, en solo, des objectifs se renouvelant de manière satisfaisante. Il ne serait pas bête de s’inspirer de titres multijoueurs pour axer cette campagne solo sur des prises de position, qui pourraient être évolutives, à condition que l’intelligence artificielle soit qualitative.
Il serait bon, par ailleurs, d’étoffer l’arsenal, quitte à s’écarter un brin du contexte, ce que peu de joueurs relèveront vraiment. Et puis, ce que l’on perdrait en rigueur historique, on le gagnerait en fun, il faut y penser. Quant au multijoueur, parce qu’il n’est plus possible de concevoir un jeu de guerre sans en inclure un, il ne faudrait pas chercher bien loin : reprendre les cartes de la campagne solo, en les redécoupant un brin. Ce qui permettrait d’avoir plus de maps, mais aussi que celles-ci ne soient pas trop grandes, pour que l’on trouve facilement l’ennemi. On pourrait aussi imaginer de la guerre de position, avec un système d’attaquants et de défenseurs, qui permettrait de conserver le parachutage dans les rixes à plusieurs. Quant aux modes de jeu, là encore, inutile de chercher loin. Tout ce que faisait Battlefield 3 en 2011 fonctionne encore du feu de Dieu.
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