Pourquoi on aimerait un retour de Panzer Dragoon ?
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Rédigé par Nathan Champion
Bien que l’arrivée de la PlayStation ait bouleversé l’industrie du jeu vidéo, au point que la première console de Sony explosa littéralement tous les records, avant de se faire dépasser royalement par la seconde, jusqu’à lors c’était Nintendo qui dominait le marché. Et sans véritable effort, soit dit en passant. Avec ses licences phares, et quelques sorties absolument cultes, la Nes et la Super Nes se sont assuré un catalogue immense, favorisant la suprématie du constructeur japonais. Pourtant, chez SEGA on planche activement à concurrencer le plombier moustachu, et il faut reconnaître que Sonic fait vendre… Malheureusement, avec l’avènement de la 3D, la firme au hérisson sera lentement mais sûrement reléguée à l’édition et au développement, à défaut d’innovations.
Pourtant, cela partait bien avec la SEGA Saturn. Une console puissante, à l’architecture un brin différente de ses concurrentes, la PlayStation et la Nintendo 64, s’offrant quelques sorties remarquées parmi les licences exclusives à l’entreprise. Malheureusement, Sonic bat sévèrement de l’aile, ne sortant qu’un jeu de course très mal reçu, et une compilation de vieux épisodes, alors que tous les fans attendaient de pied ferme un vrai nouvel opus en 3D. Un Mario 64 killer, en somme. Or, celui-ci n’arriva que trop tardivement. Sonic Adventure paru sur Dreamcast, console vouée à un échec cuisant. Pour autant, SEGA ne s’est pas laissé abattre, et nous avons eu droit à plusieurs nouvelles franchises très prometteuses sur ses deux dernières machines.
Bien sûr, il est impossible d’écrire cela sans, ensuite, citer le nom de Shenmue. Mais on pourrait aussi parler de Skies of Arcadia, de Nights into Dreams, Clockwork Knight, ou encore Burning Rangers. Autant de licences qui ont fait sensation à l’époque, et qui, pourtant, ont disparu des radars. À l’exception, c’est vrai, de Shenmue, qui s’offrit un troisième épisode en 2019, grâce à la volonté indéfectible d’un créateur de génie, mais aussi au soutien financier de nombreux fans. Reste un certain Panzer Dragoon, dont le cas est un peu particulier. Parce que si la franchise était bien partie pour revenir sur le devant de la scène, avec l’arrivée d’un remake du premier volet, et d’un nouvel opus destiné à la VR, il semblerait pourtant que tout projet soit désormais abandonné.
Note : Trouver des images convenable des trois premiers jeux et/ou de Saga était chose complexe, ainsi nous avons fait avec les moyens du bord, et avons privilégié des images de Panzer Dragoon Remake.
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Si la SEGA Saturn sort plus tôt que la PlayStation, et est relativement attendue par les fans de Sonic et de la marque nippone, l’histoire retiendra malheureusement des ventes quelque peu risibles. Moins de dix millions d’exemplaires vont trouver preneur à travers le monde, ce qui explique en bonne partie le prix de la machine à l’heure actuelle. C’est trois fois moins que son concurrent historique, qui écoule un peu plus de trente millions de Nintendo 64. Mais surtout, c’est dix fois moins que la première console de Sony, qui a pourtant fait, elle aussi, le choix du support CD. En cause, une communication déplorable, un prix élevé, et une ludothèque peu attrayante.
Il faut dire que, bien que le nombre de ventes au lancement se révèle plutôt correct sur le sol japonais, atteignant le demi million d’unités écoulées en à peine deux mois, malheureusement le line up fait peine à voir. Qu’à cela ne tienne, au moins la console fait preuve d’une puissance surprenante. Certains titres se révèlent très beaux pour l’époque, et même assez impressionnants. C’est le cas de Clockwork Knight, dont le style en 2,5D exploite parfaitement les capacités de la machine, pour qui la vraie 3D est assez compliquée à faire tourner. En témoignent des portages de jeux de course arcades qui font rapidement pâle figure face à la concurrence.
Cela ne signifie pas que SEGA ne va pas s’essayer à de la 3D pure et dure sur sa nouvelle console. Notamment grâce à Yu Suzuki, créateur de Shenmue, qui planche sur une version adaptée de son mythique Virtua Fighter. Le résultat est très convaincant, mais se fera rapidement mettre à l’amende par Sony, proposant en face des portages très complets et jolis de Tekken, Tekken 2, et Tekken 3. Heureusement, la firme au hérisson bleu garde une carte secrète dans sa manche, un certain Panzer Dragoon. Un titre ambitieux sortant en 1995, véritable héritier du Shoot’em Up, faisant le pari d’une 3D intégrale, d’environnements profonds et d’effets visuels multiples.
Une véritable baffe visuelle à l’époque, et un carton critique pour cette nouvelle franchise, qui ne tarde pas à annoncer un second volet débarquant l’année suivante. Les deux jeux sont salués pour leur gameplay simple d’accès et plutôt grisant, leur bande son exceptionnelle, et leurs qualités visuelles. Néanmoins, en bon héritiers de l’arcade qu’ils sont, leur durée de vie est pointée du doigt. Il faut à peine une heure pour voir le bout de chacun d’eux, ce qui ne justifie guère un achat plein pot. D’autant que le joueur n’est guère encouragé à revenir sur ces deux aventures une fois terminées, si ce n’est pour s’essayer à des modes de difficulté différents.
Restent deux projets à venir. Le premier, un RPG nommé Panzer Dragoon Saga, particulièrement bien reçu par la critique, mais s’étant écoulé à bien trop peu d’exemplaires à travers le monde. Un excellent jeu Saturn, à l’ambition surprenante, mais que l’histoire ne retiendra malheureusement pas, puisque malgré sa technique impressionnante, il tombe en pleine Final Fantasy VII mania… Enfin, c’est sur Xbox que l’histoire se terminera, avec Panzer Dragoon Orta. On revient au gameplay des deux premier volets, en étoffant le contenu, et en tâchant d’apporter un brin plus de consistance niveau scénario… là encore, l’échec commercial est notable.
Une transition qui n’aura jamais lieu
Au cours des deux dernières saisons de cette chronique, nous avons déjà eu l’occasion d’aborder le Shoot’em Up, avec Sin and Punishment. Franchise made in Nintendo, qui reprenait la recette de Starfox et Lylat Wars, ou avant eux de Space Harrier, pour l’arranger à sa sauce, jouant avec un goût du spectacle absolument remarquable. Et le parallèle avec Panzer Dragon est évident : en termes de gameplay, nous sommes face à deux licences très similaires. Elles s’écartent néanmoins sur plusieurs points, à commencer par leur ambiance et leur univers très distincts, mais aussi leur volonté. Contrairement au jeu de Big N, Panzer Dragoon veut rester simple et lisible.
Ainsi, bien que visuellement les deux premiers jeux soient de véritables claques, ils font néanmoins preuve d’un certain minimalisme. Il fallait bien cela pour que les joueurs puissent apprécier le gameplay, qui s’étoffe d’une dimension spatiale supérieure, puisqu’il est possible de déterminer l’angle de la caméra parmi quatre orientations. Vous pouvez bien entendu regarder devant votre dragon, et viser ce qui arrive en face de vous. Mais il vous est aussi possible de tourner la tête à gauche et à droite, ou de carrément vous retourner sur votre monture, pour tirer sur les ennemis arrivant par derrière. Tout un programme qui fait vite chauffer les méninges.
Il faut reconnaître que les deux jeux ne sont pas particulièrement faciles. En mode normal, il faudra s’accrocher un brin pour venir à bout de ces aventures, et en difficile la promenade est très mouvementée. C’est encore plus vrai sur Orta, troisième épisode canonique qui utilise à bon escient les capacités nouvelles de la première Xbox, pour rapidement submerger le joueur de monstres, robots et projectiles. Le résultat, c’est le meilleur Shooter de la série (et l’un des meilleurs de la console), s’offrant même un contenu plus conséquent, une aventure plus longue, en n’oubliant pas de profiter de graphismes léchés qui ont beaucoup mieux vieilli que ceux des deux premier opus.
Il y a bien assez à dire sur ces trois jeux, inutile d’aborder en plus Panzer Dragoon Saga, qui mériterait amplement sa propre chronique. Parce que parmi les pépites oubliées, il figure en bonne place, et fait de surcroît partie de ces trésors du rétro-gaming dont les prix se sont envolés. Ajoutez à cela le prix d’une Saturn en bon état, et d’une carte mémoire… vous obtenez l’une des expériences vidéoludiques les plus coûteuses à relancer aujourd’hui. À titre personnel j’aimerai beaucoup pouvoir en parler dans ces colonnes un jour, mais je n’envisage pas de débourser un millier d’euros pour avoir matière à écrire… L’avenir nous dira si je gagne au loto.
En attendant, je peux vous dire que le modèle imaginé par Nintendo pour Starfox, et avant cela par Yu Suzuki (encore lui) pour Space Harrier, avait de bonnes chances de faire de nombreux émules. Parmi lesquels on compte quelques pépites, notamment Rez, et bien sûr Panzer Dragoon. Pourtant, au même titre que le Shoot’em up classique, le genre s’est essoufflé, et nous n’avons jamais eu droit à une véritable révolution. Malgré quelques tentatives éparses, il est vrai, comme avec Chorus ou Everspace 2. À la place, ses représentants historiques ont disparu, lentement mais sûrement, du paysage vidéoludique. À l’exception de Panzer Dragoon, qui s’offrait un remake il y a trois ans, et aurait dû avoir droit à une expérience en VR, qui ne donne plus de nouvelles.
Pourquoi un retour ?
Mais pourquoi militer pour un retour de Panzer Dragoon, alors que le premier épisode avait récemment droit à un remake ? Pour plusieurs raisons, à commencer par la qualité dudit remake. Celui-ci ne corrige pas la durée de vie originelle, ni la rejouabilité abyssale. Et il suffit d’un petit tour sur Metacritic pour se rendre compte que la presse l’a mal vendu, ce qui est aussi valable dans nos colonnes, en raison de multiples limitations. Ce qui préfigurait une réussite commerciale très incertaine, peut-être à l’origine du mutisme qui englobe désormais le projet Panzer Dragoon Voyage Record, n’ayant pas donné signe de vie depuis 2021… année qui devait accueillir sa sortie.
Bref, malgré un soubresaut en 2020, on peut imaginer sans peine que SEGA arrête les frais, en mettant pour de bon Panzer Dragoon au placard. Bien sûr, j’espère me tromper, et qu’un projet ambitieux sommeille chez quelque développeur affilié à l’entreprise nippone. Mais j’ose croire que celle-ci a bien plus important à faire, notamment avec sa mascotte phare, qui se remet à peine de vingt ans de jeux décevants, après la récente sortie du très sympathique Sonic Frontiers. Rien ne semble justifier de placer des billes sur un projet qui ne parlera, de toute façon, qu’à une poignée de fans vieillissants, qui gardent de bons souvenirs d’une console dont l’échec fut retentissant.
Les choses auraient été différentes si Panzer Dragoon Remake n’avait pas été ce qu’il est. Il y avait moyen d’en faire quelque chose de beau, de complet même. Il était possible d’en faire une compilation regroupant Panzer Dragoon premier et second, ainsi que Orta. C’eût été un moyen excellent de faire revenir la licence sur le devant de la scène, d’offrir un os à ronger aux fans, et d’engranger un peu de maille pour préparer la suite. Malheureusement, nous sommes dans une réalité parallèle, où l’ambition ne semblait pas de mise. Dommage, car il se peut que cela ait sonné le glas de la franchise.
Mais si j’avais à me tromper, et que Panzer Dragoon était sur le chemin du retour, alors j’aimerai qu’il revienne avec une nouvelle aventure. Certes, les trois jeux précédemment cités sont cultes, et demeurent d’excellentes expériences. Mais il est temps de tourner la page et d’avancer. Ce sera un bon moyen de faire évoluer la recette un brin vieillissante, et de parler aux nouveaux joueurs. Mais aussi de proposer quelque chose de neuf sans risquer de se faire taper sur les doigts par des fans qui n’aiment pas la réécriture de jeux de leur enfance. Tout le monde y gagnerait, et il serait enfin possible de s’ouvrir à un scénario flambant neuf, racontant quelque chose.
Enfin, évidemment, si Panzer Dragoon devait revenir, alors c’est au niveau des graphismes et du gameplay qu’on l’attendrait au tournant. Il lui faudrait une réalisation satisfaisante, suffisamment fouillée pour que ses décors et ses effets visuels marquent la rétine autant que ceux des premiers jeux, à leur époque. Et une prise en main plus moderne, mieux maîtrisée, supprimant la frustration que pouvaient imposer les précédents, surtout Panzer Dragoon Orta dont l’exigence menait à une surchauffe nerveuse inévitable. Quant au contenu, il est inutile de préciser qu’il doit être revu à la hausse, quitte à apporter une dimension scénaristique plus vaste, un hub à explorer à dos de dragon, ou encore différents défis supplémentaires à base de scoring.
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Date de sortie : 26/03/2020