Pourquoi on aimerait voir un reboot de Golden Sun ?
Publié le :
1 commentaire
Rédigé par Nathan Champion
Tout possesseur de Game Boy Advance ayant une affinité avec le jeu de rôle nippon ne peut qu’avoir entendu parler, voire eu entre les mains le très apprécié Golden Sun. Un RPG d’exception qui engendra deux suites. Une sur le même support, bouclant l’histoire débutée par la première compagnie de héros. La seconde sur Nintendo DS, ouvrant un nouvel arc scénaristique… qui ne trouvera probablement jamais de fin d’ailleurs.
Pour cette chronique, nous nous attarderons sur les deux premiers volets. De véritables indispensables de la GBA, qui ont su gagner le statut de jeux cultes avec les années. Au point qu’ils sont très souvent cités parmi les tout meilleurs titres de la console portable de Big N, aux côtés des Pokémon et autres Fire Emblem. Après vous avoir parlé de Tenchu, voyons ensemble comment l’œuvre du studio Camelot est parvenue à obtenir ses lettres de noblesse, et pourquoi elle mériterait de revenir sur le devant de la scène !
Sommaire
TogglePetite plongée dans le contexte d’époque
Golden Sun premier du nom débarque sur Game Boy Advance en 2001 au Japon et en Amérique du Nord, puis en février 2002 en Europe. La console est alors âgée de moins d’un an, et les sorties marquantes dans son catalogue ne sont pas légion. On notera évidemment l’incroyable Advance Wars, premier opus de la série Nintendo Wars à traverser la frontière nippone. Ou encore Castlevania : Circle of the Moon, l’un des épisodes 2D les plus appréciés des fans de la série, disponible au lancement de la GBA chez nous. Il convient aussi de noter le très bon Wario Land 4, second jeu de plateforme de l’univers de Mario à débarquer sur le support.
Cela étant, vous noterez qu’il n’y a aucun véritable RPG dans cette courte liste. Si ce n’est Castlevania : Circle of the Moon, qui ne peut pas foncièrement être considéré comme tel malgré certaines composantes dans son gameplay. Tandis que le Japon et l’Amérique du Nord profitent déjà de plusieurs sorties majeures, comme le portage de Breath of Fire, ou encore Tactics Ogre : The Knight of Lodis, qui ne foulera jamais le sol européen. Même l’excellent Zone of the Enders : The Fist of Mars ne se posera en Europe qu’en juin 2002, alors qu’il sortait courant 2001 au Japon et en Amérique du Nord.
Autrement dit, Golden Sun est le premier véritable jeu de rôle à voir le jour sur Game Boy Advance en Europe. Une sortie qui avait d’ailleurs de quoi enthousiasmer les fans du genre au regard du développeur derrière le projet : Camelot. Un studio que l’on connaît peu par chez nous, à l’époque tout du moins, mais qui est à l’origine de l’intégralité de la série Shining Force. Un gage certain de talent, quand on sait qu’elle compte parmi les licences de RPG majeures des années 90, au même titre que Final Fantasy ou Phantasy Star. Dans un autre registre, le studio est aussi derrière Mario Golf et ses suites. Aussi étrange que cela puisse paraître.
L’essor du jeu de rôle nippon est alors assez jeune sur le territoire européen. On accorde à Final Fantasy VII la démocratisation du genre sur le vieux continent, et il est vrai que c’est suite à sa sortie en 1997 que les éditeurs ont lâché du leste. Grâce à cela, nous avons pu toucher à la suite de la licence de Squaresoft, qui ne tardera pas à devenir Square Enix. Mais aussi à des titres comme Vagrant Story, Grandia ou encore Skies of Arcadia. D’une certaine manière, sans Final Fantasy VII, il y a fort à parier que Golden Sun ne serait jamais arrivé jusqu’à nos GBA. Ou bien qu’il aurait pris un retard monstrueux, l’empêchant d’avoir le même impact chez nous.
Golden Sun, une réussite sur tous les plans
C’est donc le 22 février 2001 que Golden Sun sort sur Game Boy Advance en Europe. Une date qui tombe à pic, un mois avant l’arrivée de Breath of Fire, que les joueurs du vieux continent découvriront avec cette version portable. Et autant être clair, ce premier opus de la série de Camelot reçoit un accueil critique des plus chaleureux. Les avis sont dithyrambiques, mettant en avant son aspect graphique très réussi, ainsi que son histoire bien ficelée et ses mécaniques classiques mais diablement efficaces. Seule la fin de l’aventure aura finalement déçue, puisque trop abrupte et contraignant à attendre plus d’un an l’arrivée du second volet.
Le titre s’inspire beaucoup de la mythologie nordique, remplaçant Midgard (le monde des hommes) par Weyard. Dans cet univers mystérieux, certains parviennent à utiliser une magie élémentaire, nommée psynergie. C’est le cas d’un certain nombre d’habitants du village de Val. Une bourgade perdue dans les montagnes, gardant l’entrée d’un temple ancien renfermant les secrets des mystiques. Autrement dit les hommes pouvant contrôler la psynergie. Un cataclysme va avoir lieu, faisant plusieurs morts et disparus au sein du village. Quelques années plus tard, deux enfants prennent la route, condamnés à l’exil pour avoir foulé le sol du temple de Val.
Ainsi débute cette longue aventure, qui nous amène à voyager au sein d’un monde relativement ouvert, et à rencontrer des personnages hauts en couleurs. Parmi eux, deux mystiques de feu qui enlèvent un vieillard et une camarade de Vlad et de Garet, les enfants condamnés à l’exil. Ceux-ci décident bien sûr de partir à la recherche des mécréants, et de sauver leurs amis. S’en suit une histoire un brin mièvre, portée par des dialogues parfois un peu longuets, mais captivante malgré tout. Au point qu’une fois arrivé à la fin, lorsque l’écran affiche un « to be continued » frustrant au possible, on ne peut qu’en redemander.
Au rayon des mécaniques de gameplay, on retrouve tout ce qui compose un J-RPG classique. Nous sommes sur des combats au tour par tour avec des affinités élémentaires, des points de magie, et des statistiques dépendant de chaque personnage. La nouveauté, c’est l’utilisation de Djinn. De petites créatures élémentaires, qui peuvent faire varier les capacités de nos combattants ainsi que leurs affinités, et nous permettent par ailleurs l’utilisation de puissantes invocations. Un outil complexe et très intéressant qui permet des compositions d’équipes variées. Enfin, la psynergie peut être utilisée en dehors des combats pour résoudre diverses petites énigmes disséminées à travers le monde de Weyard.
Golden Sun 2, ou le meilleur J-RPG de la GBA ?
Difficile de se prononcer quant au meilleur jeu de rôle de la console de Nintendo. C’est une notion très subjective, qui n’engage que ceux qui l’utilisent. Mais il est vrai, malgré tout, que lorsque l’on évoque les meilleurs RPG de la GBA, il n’y a pas légion de noms qui reviennent. Bien sûr, Pokémon Version Émeraude n’est jamais bien loin. Les versions portables de Final Fantasy 4, 5 et 6 non plus. Idem pour Final Fantasy Tactics Advance d’ailleurs, ou encore Fire Emblem. Mais Golden Sun 2 : L’âge Perdu est tout aussi récurrent, si ce n’est plus. Bien que de nombreux joueurs s’accordent à dire que les deux épisodes de la GBA sont indissociables.
Sorti le 19 septembre 2003 chez nous, ce second épisode fait directement suite au premier. Laissant Vlad et son équipe de coté pour un temps, au profit de Pavel, Lina et Cylia. Trois personnages qui seront accompagnés par Thélos, le vieil alchimiste précédemment aux mains des mystiques de feu. Alors que dans le premier volet il était question d’arrêter lesdits mystiques, qui avaient pour projet d’allumer les phares élémentaires disséminés en Weyard, le second nous place dans la position inverse : poursuivre l’œuvre des deux défunts pour faire s’élever le Soleil d’Or. Bien sûr, Vlad ne le voyant pas de cet œil, Pavel et sa troupe finiront tôt ou tard par s’y confronter.
L’histoire de L’âge Perdu est moins enfantine que celle de Golden Sun, et les relations entre les personnages sont mieux développées. Par ailleurs, sa réalisation graphique est une grande réussite, une nouvelle fois, et sa bande-son est exceptionnelle. Mais surtout, l’ouverture induite par cette nouvelle aventure, qui nous laisse rapidement une liberté de mouvement certaine grâce à l’apparition d’un bateau, lui confère un regain d’intérêt. Car si la trame est captivante, le titre ne se limite plus désormais à elle, offrant un vaste monde à découvrir et des quêtes annexes beaucoup plus nombreuses et intéressantes que dans le premier épisode.
Enfin, au niveau des mécaniques, rien ne change vraiment. On retrouve les Djinn, dont le nombre a beaucoup grossi. Sans compter qu’il est possible de transférer son équipe de Golden Sun dans L’Age Perdu, et donc d’obtenir la totalité des créatures capturées dans ce premier volet. Avec leur nombre accru, les possibilités explosent, et les invocations sont légion. Par ailleurs, la durée de vie de ce second épisode a drastiquement augmenté. Quant au final, il répond à de nombreuses questions que l’on se posait depuis Golden Sun premier du nom, mais ouvre aussi de nouvelles interrogations. Il n’en demeure pas moins que cette fin est excellente.
Pourquoi un remake / reboot ?
Et alors, pourquoi un remake ou un reboot ? La Game Boy Advance n’est pas une console si vieille, d’une certaine façon, et de nombreux amoureux de RPG à l’ancienne (et plus généralement de rétro gaming) pratiquent encore la console. Le souci, c’est que bien que ce support ne soit pas particulièrement onéreux (pour le moment), certains jeux commencent quant à eux à chiffrer. Comptez plus de 50 euros pour L’Age Perdu en boite, et une centaine pour Golden Sun, lui aussi en boite. En loose, les prix sont plus abordables, il est vrai. Mais la profusion de contrefaçons rend l’achat de jeux GBA périlleux. Quand ce ne sont pas les piles de sauvegarde qui faillissent.
Reste la solution de l’emulation, à laquelle nous ne pouvons évidemment pas vous inciter. Et cela ne change rien au vieillissement certain de ces jeux GBA. Entendons nous bien, cela n’en fait pas moins des jeux exceptionnels, auxquels tout amateur de rétro gaming pourra s’adonner sans problème. Cependant Golden Sun et sa suite méritent amplement une remise aux goûts du jour. Ne serait-ce que pour permettre aux joueurs réfractaires au rétro de découvrir ces aventures extraordinaires. Un remake des deux jeux, regroupés dans la même cartouche sur Switch (par exemple), serait une riche idée. Permettant par la même occasion de supprimer la frustration du « to be continued ».
Mais surtout, un remake ou un reboot serait une façon efficace de relancer l’engouement autour de la licence, et peut-être enfin de lui offrir une suite digne de ce nom, voire une fin. Notamment parce que les fans n’ont, en globalité, pas apprécié Obscure Aurore, le troisième volet paru sur DS. Par ailleurs, celui-ci était probablement prévu pour faire partie d’un duo, lui aussi, puisqu’il ouvre plus de portes qu’il n’en ferme avec son aventure. On aurait par exemple apprécié savoir ce que devient Alex, le grand méchant de l’histoire, et en connaître davantage sur ses motivations qui le mènent depuis le premier volet.
Avec le statut culte des épisodes GBA, il ne faudrait pas grand-chose pour exciter les fans. Même l’apparition d’un esprit aux couleurs de Golden Sun dans Super Smash Bros. Ultimate a suffit a faire naître les plus vastes conjectures. Il y a donc fort à parier que le succès commercial serait au rendez-vous, le J-RPG étant par ailleurs particulièrement en vogue ces derniers temps. Au point que Atlus prévoit carrément une sortie mondiale de Shin Megami Tensei V. Golden Sun n’a peut-être pas apporté grand-chose au J-RPG tel qu’on le connaît. Si ce ne sont des dizaines d’heures de jeu magiques. Mais son univers est original et intéressant, au point qu’il reste encore de nombreuses histoire à y raconter avant d’en avoir épuisé le potentiel. L’espoir d’en voir débarquer un épisode (véritablement nouveau ou non) reste permis, avec le dépôt du nom Golden Sun réalisé en 2018 par Nintendo. Bien que l’on pourra facilement l’associer à la sortie, peu après, de Super Smash Bros. Ultimate.
Enfin, si reboot il y a, nous aimerions y voir plusieurs choses. Pour commencer, nul besoin de se départir des protagonistes des deux premiers volets, auxquels tout fan s’est forcément attaché. Il serait par ailleurs pertinent de reprendre le système de Djinn, aussi complexe que sur GBA, tout en offrant aux joueurs un véritable tutoriel à leur sujet. Parce qu’il est vrai que comprendre les possibilités offertes par ces petites créatures n’est pas chose aisée. On aimerait aussi pouvoir visiter le monde de Weyard en profondeur, pouvoir redécouvrir les différents villages et lieux clés sous un jour nouveau. Ainsi, la structure du second volet, plus ouvert, nous semble être une bonne piste à exploiter dans le cadre d’un nouvel épisode. Tout en conservant un fil rouge scénaristique épais, des personnages forts et l’amour du retournement de situation.
Et puis, on peut toujours rêver, il serait intéressant de revoir Camelot à la barre, histoire de conserver une cohérence complète, autant du coté de la direction artistique et de la bande son, que de celui du scénario. Parce que, mine de rien, au fil des trois titres l’univers s’est grandement étoffé, et il serait dommage de rendre partiellement caduque ce qu’ils ont pu nous apprendre sur Weyard et la psynergie. Pour finir, pourquoi pas le retour du mode arène du second volet ? Histoire de permettre aux joueurs de tester leurs compositions d’équipes face à des hordes de monstres, mais en y ajoutant un enjeu. Mais aussi, la possibilité de se tataner entre joueurs, comme dans un Pokémon par exemple.
Cet article peut contenir des liens affiliés
Date de sortie : 22/02/2002