Pourquoi on aimerait un retour de Sleeping Dogs ?
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Rédigé par Neomantis Dee
Le monde ouvert est quelque chose que l’on voit de plus en plus, et à toutes les sauces. Au point qu’il est facile d’en faire une overdose, tant la recette peine à corriger des défauts qui, à titre personnel, deviennent difficilement digérables. Forcément, j’esquive aisément ce genre de propositions depuis pas mal de temps maintenant, si ce n’est pour de rares exceptions. Comme avec les projets de Rockstar qui m’ont toujours ravi sur ce terrain.
Saint Row est un parti pris qui ne démérite pas, cependant je n’ai pris de réel plaisir qu’avec le troisième opus, moment où j’ai senti que la licence parvenaient à s’émanciper du maître pour trouver sa personnalité. Puis, c’est parti trop loin, la fusée a dérivé on ne sait où… Pour revenir récemment, dans un atterrissage forcé et dénué de la folie qui allait si bien à The Third. Néanmoins, il reste une œuvre qui a réussi à me faire décrocher de GTA. L’incroyable Sleeping Dogs.
Un soft souvent oublié des classements et des discussions mais qui, encore à ce jour, reste pour moi la meilleure option dans le genre de monde ouvert popularisé par les frères Houser. Certains penseront aussi à Yakuza, mais les similitudes sont finalement moindre, à la différence de Sleeping Dogs et son affiliation directe avec True Crime, du GTA-Like dans la pure traduction. Le titre de Ryu Ga Gotoku étant clairement plus proche des Shenmue de Yu Suzuki.
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Avant d’être connu sous le nom de Sleeping Dogs, le jeu développé par les canadiens d’United Front Games devait être True Crime : Hong Kong. Un nouvel opus de la franchise née en 2003 et dont le modèle n’était autre que Rockstar. Si le cadre américain n’a pas aidé à se démarquer, le principe d’incarner un flic infiltré avait le mérite d’être assez intéressant pour venir se placer dans l’ombre du géant.
En puisant dans les films policiers et de gangsters, il faisait sens, pour relancer la série après un deuxième opus peu convaincant, d’aller trouver l’inspiration dans un cinéma hongkongais réputé pour ses polars musclés. Une ville qui, au sortir des années 90 et de sa rétrocession à la Chine en 1997, a marqué le monde par la violence de ses polars aux chorégraphies époustouflantes, entre autres, et dont John Woo est le plus célèbre représentant.
Une délocalisation de l’action qui sera le moteur de cet ambitieux projet. Malheureusement, Activision va rapidement tout annuler, en plus de congédier les deux tiers du personnel des studios. Ce n’est que grâce à Square Enix, désireux de ne pas laisser sombrer un projet aussi prometteur, que le soft sera sauvé, devenant alors Sleeping Dogs et s’émancipant de la franchise True Crime. Motivées à réaliser une œuvre hors norme, les équipes souhaitent se positionner comme alternative à GTA IV.
Sans pour autant se voir comme un concurrent. Conscient de leur position et de leur moyen, ils miseront sur le dépaysement culturel ainsi que sur certaines priorités du game design. Sleeping Dogs devait exister par lui-même, ne pas être qu’une suite de bonnes idées, mais une licence à part entière. Trouver son identité. En partie chinoise. Le jeu transpire la Chine, il suffit d’arpenter le marché du début d’aventure pour s’en convaincre.
Men From The Gutter
Le dépaysement est total grâce à une reconstruction relativement fidèle et convaincante de Hong Kong. Certes ce n’est pas une folie technique, mais à l’instar d’un Deus Ex, la direction artistique contrebalance cela et n’empêche aucunement l’immersion. On est agréablement surpris de découvrir des PNJs capables de vaquer à de banales occupations de façon plus convaincante que dans les rues de Night City.
Si la structure et les principales mécaniques reprennent les bases d’un GTA-Like, il suffit de réaliser ses premières interventions musclés pour la triade pour comprendre une vérité. Vous êtes Wei Shen, et vous vivez à Hong Kong, pas à New-York ou L.A. Les arts martiaux font parties intégrante de la culture de la ville, et les facéties cinématographique d’un John Woo n’ont que peu en commun avec les films de Michael Mann et Scorsese qui peuvent irriguer les productions Rockstar.
En effet, le gameplay de Sleeping Dogs est un morceau important du game design et structure l’idée générale de faire du soft un condensé de l’imaginaire entourant la ville, véhiculé par le cinéma. La très bonne maniabilité du protagoniste est couplée à un système de parkour automatisé qui fluidifie les déplacements et offrent de prenantes courses-poursuites. En plus de retrouver des sensations héritées des films de Jackie Chan ou Donnie Yen notamment.
Le super flic implacable aussi dévoué à son métier qu’à la violence. En tant qu’infiltré, vous allez faire des missions pour les deux camps, alimentant un scénario riche en rebondissements. Sans atteindre la maîtrise d’un GTA IV sur l’écriture, lesdits rebondissements viennent sans cesse dynamiser une intrigue qui ne fléchit jamais en rythme. De quoi nous maintenir en haleine sur les 15 à 20 heures nécessaires pour en voir le bout.
Made in Hong Kong
L’influence d’œuvres comme The Killer, Infernal Affairs, Flashpoint, etc, est indéniable. Dès lors, difficile de ne pas proposer un gameplay au service de ces dernières. Profitant de développeurs fans de l’acteur Donnie Yen, qui s’est illustré dans quelques polars survitaminés, mais aussi du soutien de la légende du MMA, George St-Pierre, pour gérer les chorégraphies de combats, Sleeping Dogs va en mettre plein la vue avec ses animations.
Techniques de kung fu, mais aussi prises de judo et saisies dignes d’un guerrier de l’octogone, le plaisir ressenti sur les confrontations à mains nues est certain. Possibilité de combos, coups à débloquer, sans parler des multiples costumes disponibles et pouvant donner des bonus de dégâts, voir changer littéralement notre style de combat, il y a de quoi s’amuser. D’autant que c’est fluide et qu’il y a de très bons feedbacks.
Le titre n’hésitera pas à mettre en avant cela avec les arènes de combat. Une idée qui fonctionne et qui aurait pu être bien plus poussée encore. Les valeurs inhérentes aux arts martiaux ne sont jamais vraiment mises en avant. Un accent que j’aurai souhaité plus présent, bien que cela reste logique dans un Hong Kong aussi imprégné de l’imaginaire cinématographique. N’en reste que le gameplay est une grande réussite.
Sans doute en partie dû au savoir faire de Square Enix, fort de leurs expériences sur Just Cause 2, entre autres. Sleeping Dogs reprend par ailleurs le système de combat d’un Batman Arkham Asylum pour se l’approprier. Plus souple, relativement punchy, c’est un régal manette en mains tout en se montrant suffisamment engageant. Puis, les animations en jettent clairement. On ne peut que regretter la profondeur limitée du gameplay, au même titre que sa simplicité, bien que ce soit cohérent avec les talents martiaux de Wei.
A Hero Never Dies
Il est également possible d’utiliser les décors pour dégommer nos adversaires, ajoutant un plaisir non négligeable aux affrontements. Ce qui semble tout droit sorti du méconnu Rise To Honour, jeu de PS2 mettant en scène Jet Li et rendant hommage à divers longs-métrages dans lesquels il apparaît. Malgré de nombreux défauts, le soft avait le mérite de proposer un hommage sincère à l’acteur et son cinéma, en plus de fournir un gameplay assez atypique.
En plus tout de munir le jeu d’un système de combat intéressant et de gunfights gonflés au bullet-time. Sans parler des multiples interactions avec l’environnement, jouissives pour l’époque. Rise To Honour arborait déjà plusieurs systèmes que l’on va retrouver dans notre pseudo True Crime. Difficile de rendre hommage aux polars HK de John Woo et consort sans un bullet-time et des animations réalistes. Qui plus est au vu du potentiel ludique de cette mécanique. Replongez-vous dans Stranglehold ou Max Payne si vous en doutez.
Encensé par la majorité des critiques, bien que pas suffisamment vendu pour être une réussite, Sleeping Dogs n’aura pas eu le succès mérité. Des projets pour une suite, en gestation depuis 2013, un Square Enix peu enclin à soutenir une autre aventure aussi ambitieuse, c’est ainsi qu’apparaîtra l’oubliable Triad Wars. Un spin-off reprenant des idées autours du multijoueur, élément central de la vision qu’avait United Front Games pour un second volet, mais afin d’alimenter un jeu service.
Echec total qui enterrera tout espoir pour les fans. De surcroît les studios fermèrent leurs portes en 2016. Pourtant, il y a un prototype ambitieux qui existe. C’est pourquoi je veux un retour de la licence mais pour une suite, dans une sortie conjointe avec le film adapté devant mettre en scène Donnie Yen et qui n’arrive pas à se concrétiser. Et ce malgré les désirs de l’acteur. Peut-être qu’un Sleeping Dogs oblige à voir les choses en grand, sinon rien… Je l’accepte. Je ne veux pas d’une suite si elle n’est pas plus ambitieuse.
Pourquoi on aimerait un retour de Sleeping Dogs ?
Nous pouvons trouver que la période actuelle est possiblement plus propice à un retour. L’Asie prend une place non négligeable culturellement, c’est visible dans le jeu vidéo, et si ce n’est pour GTA VI, les places sont vacantes. Il va sans dire que l’ambition est indissociable de l’œuvre. De fait, il paraît évident qu’il faille aller plus loin sur tous les aspects déjà exploités. Par ailleurs, hormis Sifu, rien ne semble plus convaincant dans la retranscription fidèle des arts martiaux, si l’on excepte les jeux de Versus Fighting.
J’ose croire que, si suite il y a, nous aurions bien plus de possibilités de coups à utiliser et débloquer, avec toujours plus de variété dans les styles de combat comme des costumes. Les tentatives d’explorer les mythes chinois dans les DLCs, comme avec la chasse aux fantômes ou encore la quête secondaire reprenant l’intrigue d’Opération Dragon, le soft peut s’ancrer davantage dans la culture chinoise. Explorer autre chose qu’Hong Kong, amener du surnaturel, cela me plait.
S’inspirer de ce que fait Ryu Ga Gotoku en mettant en scène pléthore de références à la culture japonaise, aussi absurdes et grandiloquentes soient-elles. Evidemment, je compte sur les studios pour garder la retenue et l’aspect viscéral propre à Sleeping Dogs. Néanmoins, pour ce qui est de l’action over the top, il ne faut pas lésiner sur les meilleures chorégraphies possibles. Sans la Shaw Brothers ou un John Woo, pas de Matrix ni de Devil May Cry, pas même de Max Payne.
Quant aux ambitions coopératives des équipes, à l’heure actuelle il y a des choses à tenter. Sur ce point, le travail de Rockstar sur le suivi de GTA V est le meilleur modèle à suivre. Enfin, s’il y a un point qui vient à manquer, c’est le manque d’activité à faire. Il y a encore de la marge pour agrémenter la map de divers points d’intérêt, toujours dans l’esprit Yakuza et sa générosité sans faille. De quoi découvrir des activités chinoises atypiques, ainsi que s’impliquer davantage dans l’univers du jeu avec, toujours, les arts martiaux et le cinéma comme appui.
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