Pourquoi on aimerait un retour de Star Wars Racer ?
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Rédigé par Nathan Champion
Associer Star Wars et le jeu vidéo n’a rien de bien compliqué. En témoigne une quantité absolument astronomique de titres sur un nombre de supports qu’on ne s’amusera pas à compter ici. Non contente d’avoir investi toutes les consoles du marché, mais aussi les mobiles et le PC, la franchise de Lucas s’est par ailleurs essayée à tous les genres, ou presque. De la stratégie en temps réel au jeu de combat, en n’oubliant pas le Doom-like et le RPG… tout semble y être passé. Même le jeu de course, alors que c’était pourtant loin d’être la première chose à laquelle les jeunes joueurs pensaient en imaginant un jeu vidéo Star Wars à la fin des années 90.
Ce qui va tout changer, c’est une séquence particulièrement marquante dans Star Wars Episode I : La Menace Fantôme, sur laquelle la communication autour du film va fortement appuyer. Tellement même, que Star Wars Episode I : Racer, de son petit nom, va carrément sortir cinq mois avant l’arrivée du film dans les salles obscures européennes. Une vérité qui fait sourire aujourd’hui, mais n’est pas si surprenante que cela à l’époque, où les sorties ciné pouvaient différer de plusieurs mois (si ce n’est plus) entre les États-Unis et le vieux continent. Et d’ailleurs, cela n’empêche pas le jeu de se vendre très convenablement, et d’être plutôt bien accueilli par la critique.
Fort de son succès, le jeu de 1999 s’offrira rapidement une suite, nommée Star Wars Racer : Revenge, arrivant au début de l’année 2002. Moins appréciée que son prédécesseur, et se vendant probablement moins bien par ailleurs puisque aucun chiffre n’est annoncé, elle sonnera malheureusement le glas de cette nouvelle série qui avait pourtant du potentiel. Parce que l’on parle d’un concurrent très sérieux aux franchises indétrônables qu’étaient Wipeout et F-Zero (on reviendra bien assez tôt sur le second) s’appuyant sur l’une des plus grandes licences cinématographiques jamais créées. Autant de raisons d’en souhaiter un retour.
Note : Les images que vous trouverez dans cet article ont été capturées sur la version Nintendo Switch de Star Wars Episode I : Racer.
Sommaire
ToggleSimplicité, rapidité, efficacité
En débarquant au début de l’année 1999, le jeu développé par Ubisoft s’offre une sortie sur tous les supports d’alors, à savoir la Nintendo 64, la PlayStation, la Dreamcast et le PC. Même la Game Boy Color aura droit à son adaptation très sommaire, de laquelle on ne retiendra rien de plus que de la déception. En même temps, rares sont les jeux de course à se démarquer sur portable à l’époque, la faute à une limitation technique évidente. Sur les autres consoles, il a forte concurrence, puisqu’il marche sur les plates bandes de F-Zero, mais aussi de Wipeout. Deux très grosses licences qui s’offraient trois nouveaux et excellents opus à quelques mois de différence.
En 1998, deux jeux de course futuristes mettant la vitesse au cœur de leur gameplay débarquent sur Nintendo 64. Il s’agit de Wipeout 64, plutôt bien accueilli, et de F-Zero X, une véritable pépite, indispensable de la console. Si l’histoire retiendra le second, notamment parce que sa regrettée série s’est arrêté brutalement, le premier se fera éclipser, l’année suivante, par Wipeout 3 sur PlayStation. Un titre en tout point plus joli, plus rapide, plus agréable à prendre en main… bref, un véritable must-have de la console de Sony. Entre temps, vous l’avez deviné, sortait notre fameux Star Wars Episode I : Racer. Un titre qui, vu de loin, n’a rien pour inquiéter la concurrence.
Parce que sur le plan visuel, pour commencer, ses circuits ne sont guère impressionnants, et manquent cruellement de détails. Qu’au niveau du contenu, il fait pâle figure face à la concurrence, avec une poignée de tracés et des coureurs de pods que personne ne connaît (que vous ayez vu le film ou non). Mais surtout parce que Star Wars Racer (on va abréger à compter de maintenant) manque cruellement de technicité. Son gameplay est simple, et certains le trouvent fade en comparaison avec ce qui se fait ailleurs. Puisque traverser ses circuits se fait sans encombre, la plupart du temps, et sans avoir à relâcher la touche d’accélération.
Pourtant, le jeu ne peine guère à trouver son public. Alors évidemment, il faut avoir conscience que c’est en partie dû à sa licence qui, à l’époque, met en émoi une quantité astronomique de cinéphiles de tous les âges. Parce que les trois premiers Star Wars ont eu le temps de devenir de véritables œuvres cultes, et que la hype autour du prochain film à venir est palpable. La franchise de Georges Lucas n’est pas encore tombée entre les mains sales de Disney, qui s’amusera dès 2015 à torturer les fans, mais ceci est une autre histoire. Bref, l’arrivée de Star Wars : La Menace Fantôme aura fait vendre du jeu vidéo par cargos entiers, c’est évident.
Mais ce n’est pas la seule raison, sinon nous n’aurions pas choisi d’aborder le jeu ici. Le fait est que Star Wars Racer, s’il manque de profondeur, met en contrepartie l’accent sur les sensations qu’il offre au joueur. Avec sa vitesse impressionnante, pour commencer, qui n’a absolument rien à envier à F-Zero. On comprend vite, manette en mains, que le manque de détails sur les circuits, et les tracés un peu trop simplistes, sont des résultants de la volonté du développeur de conserver une action claire, et une sensation de vitesse intacte. Et d’ailleurs, contrairement à F-Zero X, nous ne sommes jamais perdus, et le jeu est d’une fluidité inattaquable, même sur N64.
Le Sebulba qui blesse
Ce qui manque à Star Wars Racer, finalement, c’est un concept fort. Parce que dans les faits, s’il emprunte l’esthétique des Podracers de La Menace Fantôme, et reprend le visuel de la course de Tatooine pour l’un de ses tracés, il lui manque une idée de gameplay marquante. Chez F-Zero X, on a un mélange de technicité dans les contrôles, et de stratégie dans l’utilisation du boost, qui grignote la barre d’état de notre bolide. Quant à Wipeout, on conserve la complexité de la prise en main, à laquelle on ajoute la récupération d’armes et de bonus à la Mario Kart, le tout sur des tracés bien pensés. Star Wars Racer n’a finalement qu’un habillage et de la vitesse. Même s’il tente de nous faire croire à une complexité rehaussée en affichant une barre d’état correspondant aux deux réacteurs de notre Podracer, et la possibilité de réparer ces derniers, ce qui ralenti considérablement notre bolide.
C’est déjà pas mal, entendons nous bien, et suffisant d’ailleurs pour lui permettre d’offrir des sensations fortes aux joueurs de tous les âges, même parmi ceux qui n’auraient pas vu le film. Comme dit plus haut, le titre brille par sa fluidité, et l’impression de vitesse est saisissante. Ce qui est par ailleurs encore valable aujourd’hui. Et ce qui explique probablement, en partie, l’absence d’une mécanique de boost. On se doute aussi que les développeurs ont souhaité réaliser un titre très accessible, jouable avec le moins de touches possible. Même si certains pensent plutôt qu’il s’agit d’une adaptation bas du front, développée rapidement dans l’espoir de gratter quelques billets en surfant sur la hype.
Difficile de leur donner tort, quelque part, puisqu’il est vrai que le titre a ses défauts, et qu’on sent qu’il n’a effectivement pas demandé des ressources extraordinaires pour être mis sur pieds. Notamment parce que les différents circuits ne marquent pas pour leur diversité visuelle. Cela étant, il a un petit quelque chose de plus. Une ambiance, pour commencer, bien à lui. Qu’il doit en partie à sa bande son irréprochable, il est vrai, autant au niveau des musiques tirées du film que des bruitages très convaincants. Il habille aussi ses tournois de courtes cinématiques doublées, qui offrent un rapide coup d’œil sur les planètes qui accueillent les hostilités, et font dans l’ensemble leur petit effet. On ressent bien l’étrangeté de l’univers de Georges Lucas.
Reste enfin une difficulté qui n’est malheureusement pas paramétrable, et demeure tout du long du jeu bien trop en retrait. Malgré tout, Star Wars Racer nous propose de modifier nos bolides en cours de tournoi, afin d’améliorer leurs caractéristiques, ce qui peut avoir un impact assez important manette en mains. Appréciable, ce système nécessite une monnaie que l’on engrange en terminant des courses, et est finalement la seule raison poussant le joueur à poursuivre l’aventure une fois les tournois bouclés. Hormis un mode à deux joueurs en écran splitté qui fonctionne vraiment très bien, notamment grâce au manque de détail des tracés, qui leur permet de rester lisibles en toutes circonstances, même sur un petit écran cathodique.
Quant à la suite, débarquant en exclusivité sur PlayStation 2 en 2002, quelques temps avant la sortie de L’Attaque des Clones, elle s’offre une poignée de nouveautés. De nouveaux personnages pour commencer, avec plusieurs têtes marquantes des anciens films (qui n’ont rien à faire là, théoriquement, mais passons), mais aussi et surtout une IA plus énervée qui n’hésitera pas à vous rentrer dedans. Le jeu est donc plus corsé et encourage à avoir une conduite musclée, car chaque Pod envoyé dans le décors octroie une quantité supplémentaire de crédits à la fin d’une course. De quoi améliorer plus efficacement et plus rapidement votre bolide. Dommage que le contenu ne soit pas au rendez-vous…
Pourquoi un retour ?
Il y a tant de séries issues de l’univers de Georges Lucas que nous pourrions aborder dans cette chronique. Il arrivera un moment où nous parlerons de Battlefront, qui s’est fait charcuter par Electronic Arts, pour un résultat qui n’a plus rien à voir avec les épisodes originaux. J’aimerais beaucoup que l’on discute de The Force Unleashed aussi, un Beat’em All très sympathique qui s’offrait un protagoniste et une trame qui s’inscrivaient parfaitement entre le troisième et le quatrième film. Ou encore les Jedi Knight, dont le gameplay a malheureusement pris un énorme coup de vieux. Idem pour Republic Commando d’ailleurs, ou même Bounty Hunter… les exemples ne manquent pas !
Mais si j’ai choisi d’aborder, en premier lieu, le cas de Star Wars Racer, c’est parce que la franchise déborde de jeux d’action et d’expériences solo. Or, tout porte à croire que cette courte série de jeux de courses ne sortira plus jamais du profond tiroir dans lequel elle a été rangée. Et c’est bien dommage, parce que si les deux premier opus accusent une quantité certaine de limitations, qui sait à quoi pourrait ressembler un Star Wars Racer sur les consoles actuelles ? Dans un registre différent, Star Wars Squadrons était une franche réussite, et jolie avec ça. Et une qualité de production telle pour un nouveau jeu de course pourrait nous offrir quelques belles sessions à plusieurs.
Parce qu’il me semble plutôt évident que, s’il y devait y avoir un retour de Star Wars Racer, il faudrait axer son concept et son contenu autour du multi. Pas qu’un mode solo soit de trop, loin s’en faut, et à titre personnel j’adorerai qu’on m’offre l’opportunité d’incarner un coureur de Podracer, anonyme ou non, dont je pourrai faire croître la notoriété. Un peu comme dans un Need for Speed Unbound, d’une certaine manière, le monde ouvert en moins évidemment. Mais il me semble que tout jeu de course gagne énormément en intérêt lorsqu’il est jouable en multijoueur. Et j’irai même plus loin : l’absence de multi dans un jeu de course est une hérésie.
Ainsi, avec la démocratisation du jeu en ligne, il serait possible de proposer une expérience ultra complète, avec plusieurs modes de jeu, et des tournois réguliers. Un modèle actuel, en somme, assez proche de ce qu’ont pu proposer les développeurs de Dirt Rally par exemple, avec des challenges hebdomadaires ou mensuels, et un scoring mis en avant pour pousser chaque joueur à se dépasser en se comparant au voisin. Mais il ne faudrait pas oublier ceux qui préfèrent jouer dans leur canapé, cela me semble indispensable (et trop souvent mis de côté malheureusement). Ainsi, un mode (ou plusieurs) à deux voire à quatre sur le même écran serait une excellente idée.
Enfin, il me semble plutôt évident aussi que le gameplay devrait être creusé. Parce qu’elle est finie l’époque où un jeu de course pouvait se contenter d’un skin pour se différencier de la concurrence. Aujourd’hui, ce qui prime ce sont les sensations et la technique. Ainsi, un nouveau Star Wars Racer se devrait de complexifier un brin le contrôle de ses bolides, tout en conservant cette volonté de vitesse extrême qui fait tout le charme des originaux. Le tout afin que les courses soient plus difficiles, qu’elles poussent à jouer plus dangereusement, afin d’impliquer plus aisément le joueur, et d’offrir par ailleurs une progression marquée dans la prise en main, à mesure que les heures passent.
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Date de sortie : 12/05/2020