Pourquoi on aimerait un retour de The House of the Dead ?
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Rédigé par Nathan Champion
Je n’ai pas la prétention de savoir tout sur tout, mais je sais au moins une chose, c’est que le Rail Shooter c’est cool. Alors oui, on dirait une phrase de gosse, dénuée de sens profond, et quelque part, je suis autant guidé par l’émotion que par la vérité. Parce que je suis un grand amoureux du genre, cela va de soi, et que son déclin m’est aussi amical que la mort des licences cinématographiques achetées par Disney. Autrement dit, comme beaucoup d’autres, je pleure des larmes de sang devant un The House of the Dead Remake, qui a comme déféqué sur la tombe de sa regrettée franchise.
Parce qu’il faut savoir que ce n’était pas rien, The House of the Dead, en 1996. L’arcade commençait lentement à décliner, avec l’importance que revêtait désormais la console de jeu personnelle, pourtant le genre et quelques uns de ses représentants vont lui accorder un nouveau souffle, au même titre que certains jeux de combat. Bien vite, des versions consoles sont mises en chantier, et c’est ainsi que le grand public découvrit quelques titres mythiques. Notamment The House of the Dead 2 sur Dreamcast, ou encore Time Crisis sur PlayStation.
Mais nous sommes en 2022, et cela fait un moment que le genre a perdu de sa superbe. The House of the Dead aussi. Les mauvaises langues diront que c’est dû à la mort de la Wii, et elles n’auraient pas tort, mais la série a perduré un brin sur PlayStation 3 par la suite. Avant de s’offrir un épisode qui a peut-être scellé le sort de la franchise pour toujours. Du moins, c’est un peu comme ça que je le vois, et je suis sûr de ne pas être le seul, tant ce remake a reçu des critiques moyennes et mauvaises, comme la nôtre qui n’était pas tendre. L’espoir se meurt, mais l’envie d’un retour est bien là…
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ToggleLe Rail Shooter est mort, vive le Rail Shooter
Parmi les genres vidéoludiques à l’agonie, outre le casse-briques et le jeu d’énigmes qui ont leur public sur smartphones, on trouve le Rail Shooter. Une catégorie qui a fait les beaux jours des bornes d’arcade, dans les années 90 principalement, avec des licences qui ont ensuite investi la console, portées par des accessoires divers. Et si l’on parle d’agonie, c’est bien parce que le Rail Shooter, aussi populaire était-il vingt-deux ans dans le passé, est mort.
Alors entendons-nous bien, plusieurs jeux sortent encore sur consoles, et même sur mobiles. Et certains ne sont pas d’énormes étrons. Mais le genre n’évolue plus, les sorties sont excessivement rares, et plus personne, dans l’industrie, ne souhaite s’y intéresser sérieusement. C’est à croire que la mort de la Nintendo Wii a définitivement fermé la porte à de nouveaux Rail Shooters dignes de ce nom. En même temps, cette petite console blanche en avait un beau catalogue et s’y prêtait à merveille…
Et les raisons qui freinent le retour de ce genre sont légion. D’une part, il n’a pas excellente presse. Les sorties furent nombreuses sur Wii, console qui en verra naître le plus, mais les retours critiques sont en dents de scie. Le contenu est souvent à blâmer, le Rail Shooter ayant pour objectif récurrent la rejouabilité par le biais du score. Un concept qui fonctionnait bien sur bornes, mais qui perd beaucoup de son sens sur consoles. Mais le principal argument qui joue en sa défaveur, de manière générale, c’est la nécessité de posséder un accessoire pour pouvoir en profiter pleinement.
D’où l’apparition d’un aussi grand nombre de Shooters sur Wii, qui évitait l’achat d’un accessoire avec son Motion Gaming relativement confortable. Et certains d’entre eux sont vraiment très chouettes. On pourra vous citer les classiques The House of the Dead 2 & 3, Resident Evil : The Umbrella Chronicles et sa suite, ou encore Ghost Squad. Mais s’il ne faillait en retenir que deux, alors on vous parlerait bien sûr de l’hilarant The House of the Dead : Overkill, absolument jubilatoire, et de l’exceptionnel Sin and Punishment : Successor of the Skies, un chef d’œuvre absolu. Petit clin d’œil à la dernière chronique en date.
Aucun accessoire permettant le Rail Shooter n’existe sur les consoles actuelles, et pour cause, elles ne comptent pratiquement aucun représentant du genre dans leurs bibliothèques. Aucun qui vaille vraiment le détour, pour le moment, et ce n’est pas The House of the Dead Remake qui dira le contraire. Son Motion Gaming, sur la version Switch, fonctionne très mal, et le gameplay à la manette, chez Sony et Microsoft, est terriblement frustrant. Ce qui sera toujours le cas, tant que le Rail Shooter ira plus dans le sens d’un Time Crisis que d’un Star Fox.
Il est peut-être là, le plus gros boulon qui bloque la progression du genre. Sa volonté à reproduire une recette typée arcade, l’empêchant de pleinement toucher le public console. Certains ont préféré opter pour le gameplay d’un Space Harrier, permettant de contrôler les déplacements de son personnage et sa visée, sorte d’évolution du Shoot’em Up. Un concept que reprendra Star Fox sur Super Nintendo, avant d’être embelli par Sin and Punishment à la mort de la Nintendo 64. Or, qui voudrait jouer à un jeu pensé pour le flingue en plastique creux de l’arcade avec une simple manette, au joystick ? Personne de censé…
The House of the Dead, coincé dans le passé
Si The House of the Dead possède une telle aura, que ne démentiront pas ses adaptations cinématographiques opportunistes et détestables, c’est en grande partie parce que son premier opus frappe fort. C’est pas super beau, il faut bien le reconnaître, mais c’est fluide, gore et jouissif. On démembre des zombies par paquets de six, on fait péter de petits éléments du décor pour récupérer des bonus ou des items, et on affronte de gros boss au design soigné. Même la direction artistique du soft lui confère un certain charme.
Et coté gameplay, c’est super simple, pour une prise en main immédiate. Chaque borne d’arcade possède deux flingues, signifiant que deux joueurs peuvent coopérer. Sur ce gros accessoire un peu cheap, seulement deux touches : une pour recharger, et une gâchette pour tirer. Le reste se fera au moyen du pointeur, autrement dit en visant. Le petit twist, c’est le découpage des niveaux en différentes routes à explorer. Certains embranchements se débloqueront sous certaines conditions, demandant souvent rapidité et adresse.
Une recette que reprendront trait pour trait The House of the Dead 2 et The House of the Dead 3, toujours sur bornes d’arcade, en incorporant encore plus de gore. Mais qu’en est-il des versions consoles, me direz-vous ? Eh bien c’est là qu’interviennent les accessoires de mauvaise qualité des années 90. Sur Saturn, le premier opus est porté convenablement, et fonctionne à la manette. La console ayant eu droit à au moins un gun en plastique, il est aussi possible d’y jouer dans des conditions plus proches de ce que propose la borne d’arcade originale.
C’est la même chose pour The House of the Dead 2 sur Dreamcast et The House of the Dead 3 sur Xbox. Mais là où la série décolle sérieusement sur console, c’est évidemment à la ressortie de ces deux opus sur Wii, sur le même DVD. Une aubaine pour tout amoureux de la licence et du genre, et une occasion rêvée pour Sega de faire découvrir sa franchise à un plus large public. Et il faut croire que ça a payé, puisque un an plus tard, le géant japonais publiait The House of the Dead : Overkill, considéré par beaucoup comme le meilleur épisode de la série, en dépit de la distance qu’il prend avec la recette originale.
Je me permets un petit aparté sur ce jeu, et ce pour deux raisons. La première, parce qu’il est vraiment très bon, et qu’il n’a pas l’air d’avoir si bien fonctionné que cela. C’est dommage, parce qu’en plus d’être jouissif, le titre raconte une histoire agréable à suivre, mais surtout teintée d’un humour à la fois second degré et trash qui fonctionne très bien avec le grain de son image lui donnant un aspect Grindhouse très chouette. La seconde, parce que c’est une version pensée pour la console. Tout est adapté à la consommation du jeu vidéo dans son canapé, de l’interface à la manière qu’il a de raconter son histoire, en passant par la possibilité d’acheter et améliorer une petite galerie d’armes. Une belle reconversion !
Enfin, la série a échoué sur le banc des remakes ces derniers mois, avec le sobrement intitulé The House of the Dead Remake sur tous les supports du marché. Une version remise aux goûts du jour, du moins sur le papier, car en pratique on a plutôt l’impression d’avoir perdu en qualité malgré le lifting un brin douteux. Or, par les temps qui courent, une licence comme celle-ci n’a pas besoin d’un épisode décevant pour terminer au placard, peut-être définitivement. Et on est en droit de se demander ce que va devenir The House of the Dead après un tel échec critique. Ça sent mauvais.
Pétition pour une Wii 2.0
On ne va pas se mentir, ça ne sent pas bon pour le Rail Shooter. L’industrie du jeu vidéo délaisse le genre lentement mais sûrement, après lui avoir accordé un brin de crédit sur Nintendo Wii (et un peu sur PlayStation 2 aussi). Et c’est vraiment dommage, parce que ça met d’office au placard un paquet de licences vraiment chouettes, comme Time Crisis ou The House of the Dead. Et même certaines expériences bien japonaises, comme Resident Evil : Dead Aim. Pendant qu’on y est, saviez-vous que même Dead Space avait eu droit à son Rail Shooter ? Une expérience assez rafraîchissante, disponible sur Wii et sur PS3 (jouable au PS Move).
Messieurs de chez Sega, bien que vous ayez peu de chance de tomber sur ces quelques lignes griffonnées sur un coup de tête un lundi après midi, je tiens à vous crier mon amour de la série, et mon mécontentement face au futur froid qui semble l’attendre. Alors ok, n’est pas Guitar Hero qui veut. C’est loin d’être évident de sortir un titre accompagné d’un accessoire aujourd’hui. Ça demanderait une communication coûteuse, pour un produit lui-même onéreux qui ne serait pas certain de rentrer dans ses frais. Le calcul est vite fait.
Mais puisque c’est le concept de cette chronique, on va quand même vous dire ce qu’on aimerait voir dans un potentiel nouvel opus. Pour commencer, il faudrait reprendre le ton de The House of the Dead : Overkill, et idéalement son Agent Special G qui est à mourir de rire. Il lui faudrait aussi une direction artistique reconnaissable, pourquoi pas un truc un peu crayonné, tout en n’oubliant pas de représenter le gore d’une manière exagérée, au point que ce soit ridicule. Et il faudrait penser sa progression et sa rejouabilité pour qu’elles conviennent à la console.
En d’autres termes, ne pas tout miser sur le scoring, mais penser à incorporer un fil rouge scénaristique, avec des cinématiques n’en racontant pas trop sur le lore, mais mettant en lumière un certain humour. Ajouter quelques mécaniques donnant envie de revenir sur le jeu, comme un système d’amélioration des armes, des objets à collectionner, différents bonus. Et bien sûr, il ne faut pas oublier la coopération à deux joueurs (minimum) sur le même écran. Sans ça, le genre perd beaucoup de sa saveur, vous ne trouvez pas ?
Pour finir, on aimerait que, pour une fois, Sega sorte son jeu sur consoles avec un accessoire dédié. Un beau flingue bien cheap, avec les soudures apparentes et une gâchette qui fait clic clic, comme à l’époque. Un truc moche, qu’importe, qui ne coûte pas grand-chose à l’éditeur, mais qui nous permet à nous, joueurs et joueuses, de passer un excellent moment à dégommer tout ce qui bouge dans un nouveau jeu. On ferait d’une pierre deux coups : offrir aux fans un nouveau The House of the Dead, et ouvrir la voie aux autres licences du genre.
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Date de sortie : 07/04/2022