Pourquoi on aimerait un retour de Xenoblade Chronicles X ?
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Rédigé par Nathan Champion
Cet été, vous avez certainement été nombreux à parcourir le monde d’Aionios, dans un Xenoblade Chronicles 3 aux arguments de vente particulièrement solides, attendu par bon nombre et de toute évidence parti pour être le J-RPG de l’année sur Switch. Pendant ce temps là, puisqu’il fallait bien que notre petite chronique poursuive son chemin, j’ai personnellement rebranché ma Wii U. Une console qui prenait la poussière, pour ainsi dire, depuis le lendemain de son achat. Il faut dire que tout est bon pour éviter de lancer cet échec retentissant de Nintendo.
Pourtant, les bons jeux ne manquent pas sur la console au Gamepad. Alors évidemment, les exclusivités se comptent sur les doigts de la main, ce que n’ont pas arrangé quelques portages ces dernières années, notamment ceux de Pikmin 3 ou de Super Mario 3D World. Parmi les titres qui n’ont toujours pas eu droit à une nouvelle sortie sur Nintendo Switch, on trouve un J-RPG de renom, auquel trop peu de monde aura eu la chance de goûter : Xenoblade Chronicles X. Un jeu à part dans la bibliothèque de pépites que Monolith Software a publiées ces dix dernières années.
À part, mais surtout incroyablement riche. Xenoblade Chronicles X est en effet le meilleur jeu de rôle de la machine, haut la main. Mais il arrive aussi dans le top des meilleurs RPG de l’année 2015, pourtant généreuse en grosses sorties, comptant notamment The Witcher 3 : Wild Hunt ou encore Undertale. Au delà de cette considération somme toute subjective, Xenoblade Chronicles X est surtout un jeu important. Une de ces œuvres dont on ne ressort pas complètement indemne, et ce pour de nombreuses raisons. Un de ces jeux qui posent de nouvelles bases pour la suite. Autant de raisons d’en souhaiter un retour.
Note : Ne disposant pas du matériel pour réaliser de la capture sur Wii U, les images que nous avons intégrées dans cet article n’ont pas été réalisées par nos soins.
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ToggleMonolith Soft, géant parmi les géants
Nous avions rapidement abordé le cas de Monolith Soft dans notre chronique sur le très bon Dragon Ball Z : Attack of the Saiyans. Mais une piqûre de rappel ne peut pas vous faire de mal, n’est-ce pas ? De toute façon, si vous êtes un amoureux de J-RPG, alors vous pouvez sauter cette partie, puisque vous savez déjà qui ils sont. Tout simplement parce que non contents d’être à l’origine de l’une des séries de jeu de rôle les plus importantes de la décennie précédente, les nippons ont bossé sur une grosse poignée d’autres titres majeurs du genre.
Fondé par Tetsuya Takahashi, créateur de Xenogears chez Square Enix (qui aura peut-être droit à sa chronique un jour, d’ailleurs), le studio Monolith Soft a démarré sa carrière avec l’excellent Xenosaga Episode 1 sur PlayStation 2. Première sortie, et déjà le studio est dans le futur, annonçant rien que dans le nom de son jeu qu’il aura droit à des suites. Et quelles suites ! Bien que l’Europe n’ait eu droit qu’au second volet, une véritable injustice, il n’est pas compliqué de se renseigner sur la qualité de la trilogie. En deux clics, on apprend que chacun des jeux a reçu un accueil critique très chaleureux.
Mais ce n’est rien comparé à leur second jeu, j’ai nommé Baten Kaitos : Les Ailes Éternelles et l’Océan Perdu (qui aura sûrement droit à sa chronique, vous voilà prévenus). Un véritable jeu culte, probablement le meilleur RPG de la Nintendo Gamecube. Non content d’être bien écrit et de disposer d’un système de cartes très intéressant et original, le titre est d’une beauté inégalée sur la machine, avec ses décors entièrement faits main. Il aura droit à une préquelle, Baten Kaitos Origins, qui ne verra le jour qu’au Japon et en Amérique du Nord. Là encore, une sacrée injustice, et une raison à lui tout seul de se procurer une Gamecube US…
Enfin, alors que le talent du studio n’était déjà plus à prouver depuis pas loin d’une décennie, Monolith Soft offrit au monde l’exceptionnel Xenoblade Chronicles sur Nintendo Wii. Un titre qui faisait cracher ses poumons à la petite console de Big N qui n’avait, jusque là, rien accueillit d’aussi vorace et grandiose. Ce n’est pas pour rien si le titre a eu droit à sa version New 3DS, puis à son remaster sur Switch : il s’agit d’une pierre angulaire du J-RPG actuel, désormais indissociable du paysage vidéoludique. Un jeu d’une richesse qui surprend encore aujourd’hui, alors que le développeur n’a eu de cesse de repousser les limites avec ses trois suites.
Une sortie sur Wii U, quelle riche idée !
Sortie en 2012 partout à travers le monde, la Nintendo Wii U s’annonçait comme un renouveau de la formule « jouez différemment », initiée par Big N avec la DS puis la Wii, deux succès retentissants dans le monde du divertissement. Seulement voilà, personne ne comprend trop les ambitions de cette machine, ou l’intérêt de sa tablette d’ailleurs. Est-ce que c’est le Gamepad la console ? Ou est-ce que c’est juste une Wii un peu plus puissante ? Et pourquoi lit-elle les jeux Wii, mais plus les CD Gamecube ? Autant d’interrogations qui, couplées à une communication catastrophique, poussèrent lentement mais sûrement cette machine pourtant prometteuse vers la débâcle la plus totale.
C’est pourtant sur Wii U que sortira le très ambitieux et attendu Xenoblade Chronicles X. Une suite qui n’en est pas vraiment une, puisqu’elle ne reprend aucun élément du scénario du premier, et s’écarte drastiquement de son univers pour opter pour une formule originale et efficace à base de Science-Fiction et de lutte pour la survie sur un monde hostile. D’emblée, en lançant le titre, on comprend que ses ambitions sont très différentes de celles du premier volet. Il n’est pas question de capitaliser sur cette licence déjà culte, mais de repousser les limites de ce qu’il est possible de faire avec le jeu vidéo.
La map est gargantuesque, et perd en grande partie l’aspect linéaire de celle de Xenoblade Chronicles, tout en conservant sa propension au gigantisme. Plus riche que son prédécesseur sur tous les plans, il est aussi plus vertical, encourageant d’autant plus l’exploration qui offre des panoramas extraordinaires, et ce malgré une technique vieillissante. Le titre sort neuf mois après The Witcher 3, sur une console bien moins puissante que la PlayStation 4 et la Xbox One, pourtant les joueurs prennent une véritable claque en découvrant cet univers magnifique. Xenoblade Chronicles X fait souffrir votre Wii U, qui semble à deux doigts de vomir ses tripes sur le carrelage du salon.
Quant à son contenu, cet opus à part reprend globalement tout ce qui composait la recette du premier volet : un système de combat hérité des MMO-RPG, des quêtes annexes par centaines, une exploration grisante et récompensée, et pour finir un scénario à enjeux puissants. Le tout accompagné d’une durée de vie tout bonnement énorme. Bref, la recette d’un succès assuré. Les critiques sont dithyrambiques, mais nombreux sont ceux à s’accorder sur ce point problématique : sortir un titre aussi ambitieux et riche sur une console déjà en fin de carrière n’était pas le meilleur des choix. Et ce qui devait arriver arriva, Xenoblade Chronicles X ne sauva pas la Wii U de la noyade, malgré sa qualité renversante.
Pas parfait, mais pas loin ?
Pour entrer un peu plus en détail dans les raisons du succès d’estime de cette suite, j’ai choisi d’aller crescendo dans la description de ses qualités, en commençant par son gameplay. Xenoblade Chronicles X reprend trait pour trait la jouabilité de son prédécesseur. On est donc sur un système de combat qui ressemble beaucoup à ce que l’on trouve sur du MMO-RPG, faisant la part belle aux attaques de positionnement, le tout avec une difficulté relevée, mettant rapidement le joueur en défaut au moindre faux pas.
Cette exigence est cependant amoindrie par la nécessité de piocher dans des quêtes annexes pour débloquer l’accès aux principales, qui peut s’apparenter à du grinding plutôt bien déguisé. Il était même possible, avant l’arrêt des serveurs, de jouer en coopération en ligne, de quoi donner un bon coup de pouce à ceux qui avait du mal à passer une séquence.
Coté scénario, le titre est plus décousu que ce que proposait le précédent, mais ne manque pas de qualités. L’humanité a été contrainte de fuir la Terre à cause d’une guerre opposant deux races extraterrestres. On ne sait rien des arches qui ont quitté la planète, si ce n’est que certaines ont tout simplement été détruites avant même de pouvoir s’extirper de l’atmosphère. Mais l’équipage de la Grande Blanche, vaisseau américain, est arrivé sain et sauf sur une planète habitable que l’on nomme Mira, malgré un atterrissage forcé suite à une attaque d’une force alien. La suite, je me garderais bien de vous la dévoiler, puisqu’elle contient quelques évolutions plutôt intéressantes.
Mais la plus grande qualité de Xenoblade Chronicles X, et de bien loin, réside dans son monde. Celui-ci est beau, nous vous le disions plus haut, mais surtout il regorge d’une vie organique plutôt crédible. Un bestiaire très réussi qui offre une cohérence parfaite à cette planète. Et s’il ne fallait retenir qu’une chose, c’est bien sûr ce level design exceptionnel, vertical et profond, qui offre un sentiment grisant à l’exploration. Dès que l’on est lâché dans ces vastes plaines, l’envie de tout découvrir se fait pressante. Et cela tombe bien, puisque l’on peut rapidement partir à l’aventure, bien qu’il faille évidemment faire attention aux monstres de niveau supérieur, cela va de soi.
Le titre n’est pas parfait, bien évidemment. Et au rayon des défauts, certains sautent plus aux yeux que d’autres, comme le cruel manque de lisibilité en combat, la faute à un écran surchargé en informations et en jauges. Son contenu est certes gargantuesque, mais ses quêtes annexes n’ont que peu d’intérêt, bien qu’elles s’inscrivent dans cette volonté de reconstruire la civilisation humaine, qui leur offre un contexte pas déplaisant. On pourra aussi pester contre des mécaniques trop riches, trop nombreuses, qui demandent un apprentissage méthodique. Comme chez un Dark Souls, difficile de reprendre la manette après une longue pause…
Quelques problèmes d’équilibrage aussi, notamment du coté du niveau des ennemis pas toujours adapté au nôtre dans les zones que l’on est pourtant contraints d’explorer pour des quêtes (ces dernières étant rangées par niveau, justement). Et s’il est toujours possible de fuir comme un lâche quand le combat s’annonce mal, les créatures continueront de nous suivre pendant longtemps avant de décider de retourner à leur ronde de départ, ce qui est très agaçant.
On pourrait aussi parler de l’organisation chaotique de la ville, qui sert de HUB, des relations entre les personnages manquant d’intérêt, d’une bande son sympathique mais un peu trop expérimentale ; et enfin du fait qu’il faille un sacré temps de jeu avant d’avoir accès aux méchas changeant radicalement la manière d’aborder le monde et les combats.
Pourquoi souhaiter un retour de Xenoblade Chronicles X ?
Du haut de ses 13,5 millions de ventes environ, la Nintendo Wii U fait pâle figure face à la Switch qui culmine à plus de 100 millions depuis quelques mois. Ainsi, peu de joueurs en ont une chez eux. Et au delà de ça, puisqu’elle succède à la Wii, on peut imaginer qu’elle a été achetée par beaucoup de familles, attirées par l’aspect bon enfant de sa grande sœur. Ainsi, bien qu’aucun chiffre exact ne circule sur le web, il y a fort à parier que Xenoblade Chronicles X n’a pas connu le succès commercial qu’il méritait. Il aurait peut-être mieux valu attendre un an et trois petits mois pour lui offrir une chance de débarquer au lancement de la Switch, aux cotés de The Legend of Zelda : Breath of the Wild…
Mais l’espoir de le voir revivre un jour n’est pas mort. Puisque la licence cartonne, en témoignent l’attente autour du troisième volet et les prix qui s’envolent pour l’édition boîte de Xenoblade Chronicles 2 et de son DLC, il ne serait pas idiot pour Monolith Soft de s’offrir quelques vacances en développant un simple portage de cet opus à destination de la Switch. Une version un brin améliorée qui, de toute façon, conserverait les qualités de l’original, ce qui serait bien suffisant pour lui permettre de briller dans la bibliothèque pourtant vaste de la machine.
Mais ce qu’on aimerait, évidemment, c’est que le studio aille un peu plus loin. Une grosse refonte visuelle ne serait pas un luxe, afin que les nombreuses textures baveuses ne soient plus qu’un lointain souvenir. Que les panoramas soient encore plus éblouissants. Une grosse optimisation graphique est indispensable aussi, pour éviter les chutes de framerate qui pouvaient compliquer quelques combats un peu trop chargés, ou qui endommageaient le sentiment de liberté induit par l’exploration de ce monde gigantesque. On pourrait même espérer une distance d’affichage améliorée, pour contrecarrer le clipping important de la version originale.
Enfin, il semble évident que, si portage ou remaster il y a, alors le choix de la facilité serait celui emprunté par le studio. Même si Xenoblade Chronicles Definitive Edition a bien connu des améliorations ainsi qu’un nouvel arc scénaristique en débarquant sur Switch. On ne serait pas contre un traitement similaire, cela va de soi. Mais il serait autant pertinent d’alléger cet opus en mécaniques, en enlevant quelques petites choses qui, de toute façon, ne manqueront à personne, comme la collecte de ressources par exemple… ou un bon tiers des quêtes annexes qui ont un mauvais goût de Fedex. Quant à l’aspect communautaire du jeu, il serait bon qu’il revienne et permette même de la coopération en local.
Mais l’idéal, ce serait encore que l’aventure soit repensée. Que l’on garde ce monde merveilleusement bien construit, ce contexte SF intéressant et tout le lore qui va avec. Mais que Monolith en fasse quelque chose de plus grand, de mieux écrit, de moins poussif dans ses relations entre les personnages. Que le studio n’ait pas peur de revoir sa copie en ce qui concerne la progression décousue de l’histoire, l’obligation frustrante et fastidieuse de devoir se taper différentes quêtes annexes pour débloquer la suite.
Ce n’est pas la première fois qu’on en vient à supplier à genoux, mais cette-fois, on vous le dit sans retenue : messieurs de chez Monolith, faites revenir Xenoblade Chronicles X sur Switch. Ça ne vous coûtera pas grand chose, et ça permettra aux fanatiques du J-RPG n’ayant pas eu la chance d’y toucher de se rendre compte de combien le troisième volet lui doit. De comment ses ambitions démesurées lui ont permis de frôler la perfection…
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Date de sortie : 04/12/2015