Clair Obscur: Expedition 33 – On a joué au RPG français pendant 3 heures et le charme fait toujours effet
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Rédigé par Jordan
Armée d’une ambition folle et d’un amour pour les JRPG, la petite équipe de Sandfall Interactive semble avoir réalisé un miracle avec Clair Obscur: Expedition 33. Comme s’il comblait un trou laissé par les Final Fantasy et autres, le jeu est aujourd’hui l’un des RPG les plus attendus de l’année et ne cesse de séduire à chacune de ses apparitions. Une position excitante pour le studio, mais qui s’accompagne également d’un poids sur ses épaules. Quand bien même les espoirs sont là, peut-être faut-il réévaluer ce que l’on attend de cette nouvelle licence qui n’a pas eu une production aussi coûteuse qu’un AAA lambda, et c’est dans cet esprit que l’on a approché le titre durant une démo de trois heures, qui a réussi à nous convaincre du fait que Clair Obscur: Expedition 33 a toutes les cartes en main pour réussir avec brio… du moment où l’on n’attend pas de lui qu’il nous décroche la lune.
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Conditions d’aperçu : Nous avons joué à Clair Obscur: Expedition 33 via sa version Steam sur un PC équipé d’un processeur AMD Ryzen 5 5600 6-Core 3.50 GHz, de 16 Go de RAM et d’une carte graphique AMD Radeon RX 6700 XT, soit un setup légèrement moins puissant que celui recommandé.
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Ce premier contact avec le jeu ne nous aura pas permis d’en savoir beaucoup plus sur ce qu’il va nous raconter en dehors du pitch que l’on connaît déjà. Dans Clair Obscur: Expedition 33, on suit la bien-nommée Expédition 33 qui a pour but de vaincre la Peintresse, une forme de vie inconnue qui semble capable de pouvoir effacer de l’existence n’importe quel humain ayant atteint un certain âge. Les habitants de Lumière, sorte de Paris fantasmée et fantastique, partent donc régulièrement en quête d’abattre la Peintresse et ses œuvres, expédition après expédition. La nôtre tourne mal suite à une mauvaise rencontre dont on évitera de vous parler.
Car après tout, la démo nous a directement plongé dans le bain avec un simple montage de cinématiques pour nous préciser ce qui s’était passé dans l’introduction. On reprenait ensuite le contrôle de Gustave, l’un des survivants de l’Expédition 33, qui part à la recherche de ses compagnons pour tenter de les sauver et décider s’il faut toujours avancer ou s’il est temps de mettre les voiles.
Difficile de s’immerger pleinement dans ce récit en le prenant en cours de route avec des personnages que l’on connaît peu, mais le caractère tragique qui se dégage du but de l’expédition fait son petit effet. On comprend que chacun s’embarque dans une mission suicide sans espoir d’en revenir, le plus important étant de paver la voie pour la génération suivante. Malgré des moyens techniques mesurés, la mise en scène sait ici faire son petit effet tout en restant relativement classique, mais c’est surtout l’acting qui aura su nous accrocher un peu plus.
En laissant la place à de longs silences et à un rythme très naturel dans les discussions, Clair Obscur: Expedition 33 semble maitriser sa narration. Ce qui est bien aidé par un casting VF impeccable, au même titre que la version anglophone qui comprend de nombreuses stars (avec une préférence assez chauvine pour la version du terroir). On avouera tout de même qu’entendre Charlie Cox hurler un « putain » en bon français ne procure pas la bonne émotion souhaitée, mais c’est pinailler face à l’ensemble de la proposition qui est plus que solide. Et tant qu’on est dans le pinaillage, peut-être aurait-il fallu avoir la main moins lourde sur le degré de saleté que nos personnages peuvent subir, tant on a parfois l’impression de retrouver le syndrome Dragon Age sur ce point précis.
Il y a moins à faire la fine bouche sur la bande-son qui orchestre notre aventure. Vous l’avez peut-être déjà deviné en écoutant les morceaux déjà mis en ligne par Sandfall Interactive, Clair Obscur: Expedition 33 promet de vous faire chanter « Clair-Obscur, Trouble de rature » et d’autres refrains pendant des semaines, tant les mélodies sont efficaces. Si l’on n’est pas encore tout à fait convaincu par chaque morceau (dont un thème de boss qui ne nous a pas fait forte impression), on reste assez épaté par la diversité proposée et par les envolées lyriques de certaines pistes. Surtout par les plus calmes, avec un thème de combat plus lent que les autres qui colle parfaitement avec l’ambiance des lieux dans lesquels on le rencontre.
Continuer de peindre
Si l’on prévient plus haut qu’il est nécessaire de savoir où l’on met les pieds pour éviter de se faire de fausses attentes, c’est parce que nos premiers pas nous ont permis de confirmer que Clair Obscur: Expedition 33 est un RPG assez linéaire, du moins dans ses premières heures de jeu. Les environnements que l’on traverse restent relativement clos, même si quelques chemin annexes commençaient à se dessiner vers la fin de notre progression.
Des petits détours qui vous donneront accès à des récompenses supplémentaires, comme à des costumes bonus très réussis (et parfois drôles), ou à des monstres pour le moins particuliers à combattre, comme ces mimes étranges qui pouvaient nous terrasser en un tour. Ces chemins peuvent aussi être trouvés via des points pour accrocher notre grappin, nécessitant ainsi de bien ouvrir l’œil pour ne rien manquer. Mais le gros de la progression dans chaque niveau reste très balisé.
Un choix peut-être assumé par le studio, qui lui permet une économie de moyens astucieuse pour mieux maitriser son moteur malgré cette sensation omniprésente de flou qui peut gêner (on vous conseillera de désactiver le flou cinétique). On évitera de trop juger le jeu sur cet aspect pour le moment étant donné qu’on ne tiendra pas rigueur des ralentissements que l’on a rencontré sur cette version encore non-finale (la configuration PC recommandée étant d’ailleurs assez gourmande), mais le jeu a ses petits moments qui vous font poser la manette pour admirer le panorama en face de vous.
C’est parfois beau à vous en laisser bouche bée, avec une direction artistique si fournie que l’on a qu’une envie, celle de marteler le bouton de screenshots pour immortaliser le paysage. Ce n’est pas juste beau, c’est aussi plein d’idées, comme cette zone où l’on se croirait au fond de l’océan alors que l’on respire normalement, et où les plantes/algues aux alentours offrent un véritable patchwork de couleurs au point qu’on en oublie vite le fait que l’on traverse un couloir.
Clair Obscur: Expedition 33 se décloisonne dès qu’il nous donne accès à sa world map, qui tapera en plein cœur les nostalgiques des JRPG du siècle dernier. D’autant plus que celle-ci ne manque pas de charme non plus (presque construite comme un diorama), ni de secrets. La démo nous bloquait forcément certains détours mais on a déjà hâte d’en voir plus dès lors que l’on pourra voyager plus librement.
Ceux qui viennent après
Si Clair Obscur: Expedition 33 renvoie aux JRPG avec lesquels beaucoup d’entre nous avons grandi, c’est aussi parce qu’il fait le choix de combats au tour par tour. Mais le jeu n’est pas bloqué dans l’immobilisme de la nostalgie et ne cherche pas non plus à prouver que « c’était mieux avant » en se contentant d’un simple système tactique qui se contenterait de l’hommage. Il reprend évidemment des éléments des jeux comme Lost Odyssey, avec une partie QTE (qui peut être désactivée), sauf qu’il va ici un peu plus loin. Sandfall Interactive a pensé qu’il ne fallait pas forcément rester passif devant son écran lorsque le tour de l’adversaire est là, c’est pourquoi tout repose ici sur la manière dont vous allez vous défendre, cette fois-ci en temps réel.
Quand un ennemi vous attaque, deux choix s’offrent à vous. Le premier est d’effectuer une esquive en appuyant sur une touche. Avec le bon timing, éviter complètement l’assaut de l’ennemi est assez simple, même s’il faut bien connaître les mouvements de chaque monstre. Plus difficile, l’option du contre, qui repose sur le même principe mais cette fois-ci avec une fenêtre d’action beaucoup moins large.
Contrer un ennemi est cependant bien plus gratifiant car il vous permet de récupérer facilement des points d’action (qui servent en quelque sorte de mana), tout en effectuant une attaque de contre dévastatrice. Une troisième mécanique s’ajoute ensuite avec une touche de saut, là aussi avec la possibilité de contrer en cas de réussite. De quoi rendre les combats très vivants, d’autant plus que les animations des attaques peuvent parfois se montrer assez impressionnantes.
Le studio veut bien vous montrer que Clair Obscur: Expedition 33 ne veut pas juste vous demander de choisir votre action et de la valider, il veut pleinement vous faire prendre part aux actions de vos personnages sans pour autant avoir recours à un gameplay entièrement tourné vers l’action. En témoigne cette mécanique de visée, où notre personnage peut attaquer à distance comme dans un Persona 5 mais avec une visée libre, pour essayer de toucher les points faibles adverses.
Empreinte de lumière
Sandfall fait aussi en sorte de rendre chaque personnage unique. Aucun d’entre eux ne partagera les mêmes capacités ici. Dans ce monde, personne ne partage des matérias ou des sorts identiques et chacun a sa propre façon de combattre. Toutes les attaques de Gustave tournent par exemple autour de son bras mécanique. En lançant certaines compétences, il va accumuler des charges sur ce bras qu’il pourra ensuite relâcher pour effectuer une attaque plus puissante. Maelle va quant à elle disposer de plusieurs postures avec des compétences qui auront des effets bonus selon la position dans laquelle elle se tient. Des positions qui vont également jouer sur sa défense et son attaque.
À cela s’ajoutent les Pictos, de l’équipement qui offre des effets passifs bonus. Chaque membre de l’Expédition peut en équiper trois, mais en maitrisant ces Pictos, il est possible de partager leurs effets avec d’autres membres du groupe, dans une certaine limite. Un système qui va donc remplacer l’aspect équipement traditionnel d’un RPG (même si l’on peut changer d’arme) et peut-être offrir des manières de construire nos personnages différemment, selon nos envies. L’interface aurait peut-être gagné à être ici un peu plus accueillante, même si elle reste lisible et fonctionnelle.
On a donc bien peu de reproches à faire à ce Clair Obscur: Expedition 33, qui ne nous montre ici que ses bons côtés en attendant de voir si son récit parviendra à nous surprendre et si ses décors s’ouvriront un peu plus (même si être sur des rails n’est finalement pas si gênant). En l’état, le RPG semble cocher toutes les bonnes cases et confirme la belle impression qu’il nous avait laissé, et c’est désormais avec un plus grand enthousiasme (mais contenu) que l’on attend sa sortie de pied ferme.