Super Mario Bros. : Un film qui n’a pas pas peur d’être une adaptation fidèle jusqu’au bout
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Rédigé par Quentin
Le film Super Mario Bros est sorti dans nos salles obscures de cinéma depuis quelques jours et semble avoir divisé la presse et les spectateurs. Mais pour quelles raisons ? Après l’avoir visionné, on vous propose notre propre critique, histoire de vous partager notre avis et notre ressenti sur cette adaptation qui nous a envoyés sur la route arc-en-ciel.
Super Mario Bros. Le Film est enfin dans les salles et cartonne comme jamais. Le long-métrage de Nintendo et Illumination est le plus gros lancement pour un film d’animation et confirme du même coup la place que peut prendre le jeu vidéo dans le 7ème art (un juste retour des choses tant le cinéma influence bon nombre de productions vidéoludiques).
Il n’est pas le premier à franchir cette frontière, mais c’est sans doute le seul à sortir une production de ce calibre avec autant d’audace. Selon nous, c’est en partie pour cette raison que les critiques de la presse spécialisée dans le cinéma ont autant divisé et que celles de la presse jeu vidéo sont au contraire unanimes et dithyrambiques. Nous avons eu l’occasion de le voir en salle, c’est donc le moment pour nous aussi d’apporter notre pierre à l’édifice en vous proposant notre critique du film.
Sommaire
ToggleUne adaptation qui parle d’abord aux fans ?
Rares sont les films qui prennent le risque de partir sur un rendu aussi fidèle au matériau de base car les différentes adaptations se sont souvent cassées les dents en voulant parler à un public le plus large possible. Cela donne la plupart du temps des résultats médiocres avec des productions américanisés à outrance et ridicules au possible (Monster Hunter) ou, dans le meilleur des cas, un film bateau reprenant les poncifs du film d’action ou de la comédie où l’on transpose les différents éléments d’un jeu, presque comme un skin que l’on applique à une formule prémâchée (Prince of Percia ou encore Hitman).
Il y a toujours eu cette impression que parler en premier lieu à la base, donc aux joueurs, était une approche trop risquée et impossible pour les producteurs et que de toute façon, ces derniers paieraient leur ticket quoi qu’il arrive pour observer les quelques références que l’on a bien voulu leur servir. Qu’il ne faut pas prendre de risque et gaver ces productions de codes bien ancrés pour ne pas perdre les spectateurs non joueurs.
Cela ne veut pas dire que c’est à chaque fois un flop, la preuve en est avec les films Sonic, mais même eux reprennent à fond les codes de la comédie familiale américaine en s’éloignant énormément des jeux d’origine. Il y a toujours ce besoin viscéral (et frustrant pour le fan de la première heure) de s’éloigner des fondamentaux, témoignant un certain dédain du cinéma envers le jeu vidéo en général. Il suffit de voir à quoi ressemblait le tout premier design de Sonic pour s’en convaincre.
Super Mario Bros. Le Film nous prouve le contraire en étant d’abord une adaptation fidèle de l’univers Super Mario. Cela ne veut pas dire qu’il ne fait pas d’effort pour parler à tous, qu’il n’intègre pas certains codes du film familial ou qu’il réussit tout ce qu’il entreprend, mais c’est un film qui parle d’abord aux fans des jeux Mario et cela fait franchement du bien.
L’illumination de Nintendo
Il faut saluer l’implication de Nintendo qui a fait les choses bien et à fait le bon choix en comptant sur le studio d’animation Illumination. On sait que Nintendo, et particulièrement Shigeru Miyamoto, sont très protecteurs envers Mario. Contrairement aux formules souvent creuses à base de « untel a supervisé le projet » pour donner un quelconque crédit, on sent que Nintendo n’a rien laissé passer en vérifiant chaque frame de cette production.
Le choix du film d’animation est également audacieux d’une certaine façon. Après tout, les aspirations de Nintendo sont légitimement immenses et quand on sait comment est traité l’animation dans le milieu du cinéma (il suffit d’assister chaque année aux oscars), on aurait pu penser à une voie différente bien que l’on imagine aussi une envie de s’écarter des productions live des années 80/90.
En tout cas, nous n’aurions pas pu rêver mieux pour retranscrire l’univers féerique et coloré de Mario. Le studio a fait un travail remarquable en matière de décors et de mise en scène. Elle détonne d’ailleurs particulièrement lors des séquences faisant référence aux phases de plateforme notamment celle du début à New York, mais aussi les moments mettant l’accent sur l’action. Si l’on ne devait en garder que deux, ce serait celles avec le duo Mario/Donkey Kong et bien sûr la bataille finale.
L’ambiance musicale joue un énorme rôle et particulièrement dans les séquences que l’on vient d’évoquer. Les réorchestrations de Brian Tyler des musiques de Konji Kondo sont largement à la hauteur des attentes. On regrette cependant une surutilisation de chansons pop et qui ne collent pas toujours à l’action surtout quand on sait désormais que des réorchestrations de la bande-son n’ont pas été utilisées dans le film.
Un rythme effréné et des tonnes de références
Super Mario Bros. Le Film n’est pas un film d’animation à la Disney/Pixar, il ne faut pas s’attendre à un scénario profond et des développements de personnages ultra poussés car Nintendo et Illumination ont bien compris comment exploiter les éléments des jeux sans partir dans de longues explications ou séquences émotions interminables.
Il n’y a pas de justifications rationnelles ou une quelconque leçon à en tirer, le long-métrage est simplement une énorme aventure bourrée d’action et d’humour du début à la fin. Comme pour les jeux, Mario n’a pas besoin d’une narration surdéveloppée pour nous emporter. De plus, tout le monde connaît au moins vaguement les personnages et même si ce n’est pas le cas, nous avons une introduction succincte pour chacun d’eux afin de ne perdre personne en cours de route.
C’est ainsi un très bon moyen d’inclure un grand public non-joueur, de même que l’introduction du cadre familial et du New York contemporain pour les deux frères fonctionnent bien mieux que ce que l’on avait imaginé. L’incorporation des voix suffit d’ailleurs à les rendre plus attachants et plus humains sous nos yeux de joueurs étant donné que l’on a surtout l’habitude d’onomatopée, cris et autres charabias. Nous l’avons d’ailleurs vu en version française et celle-ci fait un merveilleux travail même si le casting américain reste très impressionnant.
Ce qui pourra éventuellement diviser, c’est le rythme effréné que prend le film à partir du moment où Mario débarque dans le Royaume Champignon. Tout s’enchaîne très vite si bien que l’on prend rarement le temps de respirer. C’est aussi une tactique assez adroite (si c’est voulu bien sûr) car les créateurs ont été très malins en nous bombardant constamment de références aux jeux sans que l’on puisse prendre le temps de tous les voir. Un coup de génie pour s’offrir des ventes supplémentaires au box-office car l’envie de le revoir pour dénicher tout ce que l’on a manqué est grande.
D’ailleurs, on s’attendait à quelques déluges de références indigestes, mais force est de constater que ces moments sont finalement extrêmement rares. Encore une fois, la plupart sont cachées un peu partout dans le décor ou dans une séquence très dynamique, on nous en met rarement une sous le nez d’un air forcé. Un autre joli tour de force pour se faire apprécier des enfants ou des non-initiés qui ne seront pas frustrés de ne pas comprendre ce qu’ils voient en filigrane. Sachez qu’il y a beaucoup d’autres qualités que l’on aurait voulu mettre en avant ici, mais nous nous aventurerions alors dans le domaine du « spoil ».
Les séries Netflix (Castlevania, Arcane, Cyberpunk Edgerunner…) et dernièrement la série The Last of Us ont prouvé qu’une adaptation fidèle et réellement respectueuse du jeu d’origine peut offrir de véritables bijoux sur le petit écran. Qui l’eut cru ? Adapter presque brutalement un jeu vidéo en film peut fonctionner à merveille même sans prendre de gants en velours avec le grand public. Certains diront que seule une grosse licence comme Mario peut se le permettre, mais il ouvre plutôt la voie à des adaptations sur grand-écran beaucoup moins lissées et qui n’ont pas peur de d’abord parler aux fans. C’est avec cet état d’esprit que l’on peut en rameuter de nouveaux et on imagine que ce film Mario va engendrer de nouveaux adeptes et vendre « quelques » Switch tant il est réussi.
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