Licence appréciée de Capcom, s’il en est, Dead Rising a tout de même pas mal évolué depuis ses premiers pas sur Xbox 360. Pourtant, bien que les changements furent nombreux, la recette reste quasiment la même, et fonctionnerait toujours aussi bien sans quelques menus défauts qui collent à la série. Notamment un gameplay qui peine à s’émanciper de ses origines très lourdes, ou encore une platée de petits bugs parfois bien dérangeants. L’an dernier, les joueurs Xbox One et PC eurent l’occasion de retrouver ce cher Frank West, reporter de l’extrême et humoriste malgré lui, dans Dead Rising 4, un épisode spécial noël, si l’on puit dire. Grand retour du premier protagoniste de la série, après le personnage insipide du troisième volet, et ne parlons pas de celui du second… Mais comme annoncé, il ne s’agissait là que d’une exclusivité temporaire. Un an plus tard donc, le 5 décembre 2017, le titre débarquait fièrement sur PlayStation 4 dans une édition Frank’s Big Package au contenu sacrément alléchant, le tout à un prix réduit. Cette longue année de patience valait-elle la chandelle pour les joueurs Sony ?
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ToggleCapcom, ou la culture du portage
Chez Capcom, on aime beaucoup le recyclage. Ainsi, cela fait maintenant plusieurs années que l’on mange par platées des éditions remasterisées d’épisodes divers de la saga Resident Evil, mais aussi de plusieurs autres grosses licences de la firme japonaise, notamment Devil May Cry. Et bien que l’on pourra reprocher à bon nombre de ces versions remises aux goûts du jour de manquer parfois d’intérêt, principalement celles qu’on nous ressert à répétition, force est de reconnaître que Capcom a fini par faire du portage sa marque de fabrique. Ainsi, le résultat du côté de Dead Rising 4 : Frank’s Big Package était quasiment joué d’avance. Cette édition PlayStation 4 jouit exactement des mêmes qualités que la galette Xbox One, seuls le contenu et le prix changent (pour le mieux), mais souffre en contrepartie des mêmes défauts, dont aucun n’a été corrigé.
Cette édition PlayStation 4 jouit exactement des mêmes qualités que la galette Xbox One […] mais souffre en contrepartie des mêmes défauts
Le jeu n’est donc pas moche, mais loin d’être impressionnant, puisque le développeur a préféré mettre l’accent sur le nombre de zombies à l’écran, au détriment de la qualité graphique. Si d’un côté ce n’est pas dérangeant, et puis cela permet des balades en véhicules plutôt jouissives à rouler sur des tonnes de morts vivants sans en voir la fin, Dead Rising 4 se révèle toutefois blindé de soucis à ce niveau. Des petits… comme des gros. Le jeu souffre par exemple d’un certain clipping, ce qui signifie que les objets apparaissent parfois soudainement à l’écran lorsqu’on avance dans l’environnement, et il arrive même qu’il mette du temps à afficher certaines textures. Et puis qui dit hordes de zombies, dit ralentissements malheureusement. Quelques bugs sont aussi à déplorer, d’autant plus qu’ils reviennent très régulièrement, notamment les ennemis qui se coincent dans des objets du décor. Il n’est en effet pas rare de voir les bougres enfermés dans un mur, un meuble ou un véhicule… ce qui est certes drôle, mais casse pas mal l’immersion.
Fort heureusement, puisque le jeu est pensé comme un énorme défouloir irréfléchi, on ne fait que rarement attention à ces défauts qui auraient été nettement plus pénalisants dans un jeu plus sérieux. Et puis il faut dire que malgré cela on prend tout de même pas mal de plaisir, et on rigole beaucoup, parfois même grâce aux nombreux bugs auxquels on fait face, souvent clairement ridicules. Mais les dialogues n’y sont pas pour rien non plus. On regrettera certes le choix du doublage en français, qui est très inégal et ne rend pas le moins du monde hommage à l’humour cinglant de ce bon Frank West ; mais il faut bien reconnaître qu’en plus de situations souvent cocasses, Dead Rising 4 fait la part belle aux discussions loufoques, voire carrément hilarantes. Dommage que le scénario soit aussi plat, dans son ensemble.
Car retrouver Frank est bien un plaisir, d’autant qu’il n’avait pas fait grande impression lors de sa dernière apparition dans Off the Record, une relecture malhabile de Dead Rising 2 ; mais en dehors de ça le postulat est plutôt quelconque, et les rebondissements relativement prévisibles. Alors certes, la série n’est pas connue pour ses scénarios retors et ses retournements de situation invraisemblables, mais tout de même : on pourra très bien faire le titre sans suivre un seul instant son histoire. Un problème qui ne dérangera pas outre mesure les fans de la première heure, mais pourra peut-être rebuter ceux qui souhaiteraient découvrir la licence avec ce quatrième volet. D’autant qu’à l’instar de Dead Rising 3, les divers psychopathes que l’on pourra affronter, faisant office de boss optionnels, n’auront rien de remarquable, si bien qu’il devient parfois même trop ennuyeux de faire un grand détour pour aller en castagner un… et pour le coup, c’est fort dommage, quand on sait que ces mêmes fous furieux faisaient tout le sel des deux premiers épisodes.
les divers psychopathes que l’on pourra affronter, faisant office de boss optionnels, n’auront rien de remarquable
Le changement, c’est pas maintenant
Côté gameplay, Dead Rising 4 ne change pas grand chose, et se contente principalement de reprendre les avancées apportées par son prédécesseur. Le personnage est un peu plus maniable que dans les deux premiers opus, et il peut désormais courir, ce qui améliore quand même pas mal l’expérience de jeu (ceux qui ont joué aux précédents savent de quoi je parle). Plus besoin de passer par un atelier pour réaliser des armes ou des véhicules combos (c’est-à-dire bricolés, souvent pour faire plus de dégâts), et la map est beaucoup plus vaste que par le passé. D’ailleurs, avec le retour de Frank West, le jeu nous renvoie directement à Willamette, théâtre des événements de Dead Rising premier du nom. Avec son mall bien entendu, qui a d’ailleurs énormément changé, mais aussi et surtout le reste de la ville, qui bénéficie d’un level design tout à fait sympathique. Il y aura d’ailleurs pas mal de lieux à visiter, ne serait-ce que pour débusquer les divers plans d’armes combos, mais on regrettera tout de même qu’il y ait si peu d’activités annexes à y entreprendre.
D’un autre côté, ce quatrième épisode ne parvient pas à s’émanciper définitivement de ses origines, ce qui passe principalement par une certaine lourdeur dans les déplacements. Un détail qui a toute son importance, puisque l’action sera quasiment omniprésente. Et puis, comme d’habitude, si le gameplay est parfaitement adapté à des combats à grande échelle, contre un grand nombre de morts vivants, dès qu’il s’agit de s’attaquer à un ennemi seul c’est une toute autre histoire. Les attaques sont particulièrement imprécises ce qui, couplé au poids du personnage, donne souvent des affrontements brouillons. Ce qui ne sera pas aidé par une IA une fois encore à la ramasse. Heureusement, et c’est là l’une des plus grosses qualités de son game system, le titre se dote d’une dimension RPG plus poussée que par le passé. Rien de bien révolutionnaire, puisqu’il s’agira d’obtenir des améliorations via un procédé très commun de points de compétences. Mais tout de même, cela apporte un peu de profondeur à un ensemble qui, sans ça, se serait certainement révélé plus vite redondant. Quant à sa difficulté, mieux vaudra opter directement pour le mode difficile, sans quoi l’aventure principale n’opposera aucune résistance.
Les attaques sont particulièrement imprécises ce qui, couplé au poids du personnage, donne souvent des affrontements brouillons
Enfin, qui dit Frank West dit photographie, comme dans le premier volet. Une fonctionnalité qui avait disparu depuis un moment donc, et qui revient principalement pour amuser la galerie, puisqu’il sera désormais possible de réaliser des selfies… assez drôles il faut le reconnaître. L’ennui, c’est que l’appareil photo sera aussi utilisé lors de phases d’enquêtes particulièrement fastidieuses, tellement même qu’on aurait tendance à ne plus vouloir le sortir pour le fun.
Dead Rising 4 : Frank’s Big Package, du gros contenu à prix réduit
Bien sûr, l’intérêt principal de ce portage, outre le fait qu’il permette aux joueurs PlayStation de toucher à ce volet sympathique, c’est avant tout son contenu. D’où son nom étrange et à ralonge d’ailleurs. Et sur ce point, il va sans dire que l’on est gâté, puisque Frank’s Big Package comprend, en plus de l’aventure d’origine, les deux DLC parus jusqu’ici, ainsi qu’un inédit. « Héros de Capcom », de son doux nom, permettra carrément d’incarner des personnages clés de l’univers de la firme nippone, comme Megaman ou encore Dante de Devil May Cry, le tout en suivant la trame scénaristique de la campagne d’origine. Très fun, principalement parce que cela permet de changer de style de combat chaque fois que l’on enfile un nouveau costume. L’inconvénient c’est toutefois que toute la profondeur du système d’armement est sapée, pour laisser place à un déluge de sang encore plus irréfléchi que le jeu de base.
« Avènement de Frank », que les joueurs Xbox One et PC peuvent déjà faire depuis le mois d’avril dernier, sera l’occasion de révéler la véritable fin du jeu, en incarnant un Frank… zombie. Sans aller plus loin dans les détails, histoire d’éviter tout spoil inutile, cette suite directe à l’histoire de Dead Rising 4 s’avère amusante quelques minutes, mais perd vite de son intérêt à cause de l’absence du système d’armement, son faible nombre de coups, et son utilité scénaristique fort limitée… excepté en ce qui concerne sa toute fin évidemment. Quant à « Dead Rising 4 Mini-Golf Super Ultra », dernier contenu et de loin le plus délirant, il ne vous occupera pas excessivement longtemps, mais devrait vous procurer quelques bonnes séances de rigolade, surtout à plusieurs. De quoi faire exploser la durée de vie du jeu d’origine, déjà plutôt bonne, sans compter son mode multijoueur classique qui vous propulse à plusieurs dans Willamette, mais sans scénario.
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