Denjin N – Notre avis sur le tome 1 du manga de Pika
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Rédigé par Neomantis Dee
Après avoir terminé l’année 2021 en présentant un ouvrage sur One Piece, nous souhaitons vous présenter Denjin N afin de commencer l’année 2022 sur de bons rails. Il s’agit d’un manga scénarisé par Yuu Kuraishi et dessiné par Kazu Inabe, d’après un concept original imaginé par Kuu Tanaka. Publié en France par Pika Edition, la série est sortie en 2019 au Japon sur le site Comic Day de Kodansha. Par ailleurs, vous pouvez toujours lire quelques pages sur le site de l’éditeur afin d’avoir un premier aperçu.
Tenant sur seulement 4 tomes, Denjin N est un thriller policier plutôt violent et dans lequel l’influence de Death Note se fait ressentir sur quelques aspects, tout en s’en démarquant par des concepts différents, ainsi qu’un style graphique plus porté sur l’esthétisation de la violence, comme ce que l’on peut trouver dans Ichi The Killer.
Sommaire
ToggleDix mille volts
Nasu, un loser vivant chez sa mère alcoolique, travaille dans une supérette où il est totalement exploité. Son seul plaisir dans la vie est son admiration pour Misaki Kanzaki, une idole appartenant à un groupe de chanteuse sans grand succès. Il suit ses concerts et l’encourage via son casque de réalité virtuelle. Mais suite à un incident, Nasu devient capable de posséder tout type de système électrique. Surnommé « N », il décide d’utiliser ses nouveaux pouvoir dans le but d’éliminer tous ceux qui se dresseront sur la route de Misaki. Face aux différents meurtres commis par « N », la police décide de faire appel à deux frères médiums afin de traquer ce tueur en série.
Un concept sympathique qui peut faire penser aux pouvoirs que possède le héros de Goku Midnight, le manga de Buichi Terasawa paru en 1987. Ce qui est intéressant, c’est que le personnage introduit comme le héros, Nasu, qui devient donc Denjin (qui veut dire l’homme électrique) ne sera finalement que peu visible dans ce tome. Une fois sa transformation effectuée, on ne sentira sa présence qu’au travers de plans sur des caméras ou d’autres objets électriques.
Un parti pris intéressant qui, d’une certaine manière, nous rend tout aussi omnipotent que Denjin. Cela va aussi servir à créer un sentiment de distance, et peut-être un peu de voyeurisme, devant les scènes de meurtres, mais nous y reviendrons un peu plus loin. Le fil conducteur est donc les morts orchestrées par le héros afin d’aider la carrière de Misaki, l’idole qu’il admire. Tout cela va logiquement amener une enquête policière, rapidement menée par les deux frères médiums, et présage un récit policier avec une confrontation entre les médiums et Denjin. En outre, les actes de ce dernier soulignent un problème de société courant au Japon, abordé sous un angle plus réaliste dans l’excellent film d’animation Perfect Blue (1999) de Satoshi Kon.
Ascenseur pour l’échafaud
Cependant, il est un peu dommage que la phase de présentation du héros, mais aussi des personnages secondaires, soit si expéditive. De fait, Denjin possède des motivations peu justifiées et n’est pas assez approfondi sur ce volume pour qu’on parvienne à l’apprécier un minimum. Ceci étant, il se peut que ces informations soit distillées au fur et mesure des tomes et chapitres. Mais sachant que la série devrait se terminer après 4 tomes, on est en droit d’avoir quelques inquiétudes.
Il y a aussi la transformation de Nasu qui est plutôt décevante. En plus d’être abrupte visuellement, elle est assez anecdotique et narrativement elle n’est pas vraiment justifiée. La scène fait un peu penser à certaines transformations un peu grossière de super-héros et/ou de vilains de comics, à l’image de Barry Allen en Flash ou de la naissance du Joker dans The Killing Joke. Néanmoins, force est de constater que le dessin est clairement bon et nous accroche. C’est un des atouts de Denjin N. Entre les péripéties et le découpage on a un rythme soutenue, tout au long du tome, sans réel temps mort.
De surcroît, les scènes de meurtres sont clairement ce que l’on retient. Sans parler d’originalité, les mises à morts sont bien pensées, mais surtout très violentes. L’auteur prend le temps de nous mettre en scène les meurtres et nous gratifie ensuite de pages esthétiquement prenantes et impactantes. Le détail, notamment sur les expressions du visage, transmettent beaucoup d’horreur et de violence, le dessin est beau mais peut aussi déranger.
Faut-il craquer pour le tome 1 de Denjin N ?
Denjin N nous offre un premier tome intéressant et surtout accrocheur. Si l’on peut déplorer des potentielles faiblesses d’écriture vis-à-vis des personnages, particulièrement du héros, la proposition tient la route et peut s’avérer vraiment passionnante. Cependant, on a tout de même l’impression de survoler les chapitres. Accrocheur oui, mais pas forcément des plus immersifs quant à l’implication dans l’histoire et envers les personnages principaux.
D’un autre côté, cette distance se retrouve aussi avec un héros qui, comme on l’a dit, n’est jamais visible, seul son point de vue, par moment avec les caméras, est retranscrit. Ce faisant, l’angle de vue semble devenir le notre, créant un rapport de voyeurisme quand on est témoin d’une scène de meurtre. Intentionnel ou pas, ce sont des réflexions qui nous ont traversées à la lecture, et cela n’enlève pas le fait que le manga de Kazu Inabe et Yuu Kuraishi a ce petit truc qui le rend intriguant, malgré un récit et des personnages qui doivent être approfondis pour la suite. En outre, le dessin et le découpage font leur effet et participent grandement à faire de ce premier volume ce qu’il est.
Acheter Denjin N sur AmazonNous attendons la suite de Denjin N avec intérêt, curieux de voir où va nous mener cette histoire et s’il y a vraiment une réflexion en rapport avec le lecteur, la lectrice qui se dessine. Car ce n’est peut-être qu’une interprétation hasardeuse de notre part.
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