Destroy All Humans! – Notre avis sur la version Switch
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Rédigé par Nathan Champion
Parmi la multitude de remasters et de remakes en tous genres auxquels nous avons eu droit ces dernières années, certains étaient plus légitimes que d’autres. Bien sûr, difficile de cracher sur les exceptionnels Resident Evil 2 et Shadow of the Colossus, tant le premier transcende l’œuvre originale, tandis que le second est parvenu à offrir à son aîné un écrin tout bonnement sublime. Et soyons honnêtes, Destroy All Humans! n’est pas loin derrière. Autant parce que le remake de Black Forest Games apporte un lot délectable d’améliorations au titre de 2005, que parce qu’il était temps de redorer le blason de la licence après deux opus profondément décevants.
Alors bien sûr, et comme toujours dans un cas comme celui-ci, l’annonce de Destroy All Humans! sur Nintendo Switch suscite de nombreuses interrogations. À commencer par celle de la technique, puisque la console hybride n’est malheureusement pas aussi puissante qu’une PlayStation 4 ou une Xbox One. Mais aussi celle de la maniabilité, ses Joy-Con se révélant somme toute moins praticables que ce que propose la concurrence en terme de pads analogiques. Pour autant, faut-il passer à coté de tout portage du genre sur Switch ? La réponse est non ! Qu’en est-il concernant le titre de Black Forest Games ? Voyons cela ensemble.
Conditions du test : Nous avons joué près de dix heures à cette version, principalement sur un modèle de Switch classique et en mode TV. Nous avons aussi pratiqué un petit moment sur Switch Lite.
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ToggleUn remake qui fait du bien
Parmi les multiples licences hétéroclites qui émergèrent au cours de la sixième génération de consoles, nombreuses sont celles qui ont fini par disparaître après une poignée d’épisodes. Jak and Daxter périt douloureusement après un ultime opus PSP parfaitement médiocre ; Zone of the Enders s’arrêta après deux excellentes itérations, et idem pour Star Wars : Knights of the Old Republic. Nous ne les citerons pas toutes, évidemment ! Quant à Destroy All Humans!, son destin fut somme toute similaire. À trop vouloir tirer sur la corde, THQ finit par faire du tort à cette licence à l’ambiance incomparable. Ainsi, l’annonce d’un remake du premier volet fut très bien reçue, même si nous sommes nombreux à espérer un véritable reboot ou un nouvel opus à l’avenir !
Quoi qu’il en soit, notre test de la version PC parle de lui-même : le Destroy All Humans! de Black Forest Games est une réussite, dépoussiérant à merveille un titre vieillissant, mais dont les qualités ne sont plus à prouver. Si ce sont bien le caractère irrévérencieux de ses dialogues, ses situations cocasses et plus généralement son humour décalé qui marquèrent le plus les esprits, il faut reconnaître que son aventure jouit d’autres qualités. Variées, ses missions sont aussi généralement assez courtes, ce qui permet de ne jamais vraiment s’ennuyer. Quant à son gameplay, il remet au goût du jour celui de l’opus originel, qui avait pris un sacré coup de vieux. L’ensemble est maniable et assez jouissif. Restent quelques petits défauts pratiquement inévitables.
Parmi eux, on retiendra bien sûr la durée un peu courte de son aventure, qu’il est possible de boucler en à peine sept à huit heures en ligne droite. Ce qui n’est, remarquez, pas si problématique que cela étant donné que le titre est vendu environ trente euros sur PC, contre une quarantaine sur consoles. Sa difficulté très fluctuante, et parfois particulièrement frustrante, est directement héritée du jeu de 2005, et elle lui fait perdre un peu de sa superbe. Quant à sa progression par niveaux, il faut bien avouer qu’il aurait été bon de la changer quelque peu, ne serait-ce que pour y intégrer un semblant de scénario, plus consistant que ce que nous sert cette aventure reprise sans le moindre changement. Bref, un remake qui n’est pas parfait, bien sûr, mais qui remplit parfaitement son office malgré tout.
Finalement, on y retrouve surtout cette ambiance si spéciale qui faisait la force des deux premiers épisodes. Une parodie insolente de l’Amérique des années 50, mais aussi et surtout de la science-fiction old school, qui nous offrit quelques nanars cinématographiques des plus rocambolesques. On regrettera que la reprise des anciens doublages contraigne à un résultat vieillot coté dialogues, mais ceux-ci sont encore diablement bien écrits, et les gags y font souvent mouche. Notons aussi que le reste de la bande-son n’a pas vraiment pris de rides. Il aurait toutefois été agréable, ne serait-ce que pour rendre la mise en scène plus vivante, d’incorporer de véritables cinématiques ou bien de rajouter un peu de matière scénaristique. Enfin rien de dramatique.
Quid de cette version Switch ?
Comme toujours, ce que l’on attend le plus au tournant lorsque l’on parle de portage Switch, c’est l’aspect technique et graphique. Trop d’exemples nous ont prouvé que la transition est compliquée. Et malheureusement, Destroy All Humans! vient confirmer nos craintes. Ce qui nous a le plus surpris au cours de ce test, c’est que les premières heures de jeu se sont révélées plus difficiles à vivre que les suivantes. En effet, pour une raison inconnue et parfaitement étrange, les premières missions nous ont offert une réalisation complètement aux fraises. Avec un framerate en souffrance continuelle, des textures d’une pauvreté sans nom, un retard d’affichage catastrophique, un clipping et un aliasing atroces, et pour couronner le tout une myriade de bugs parfois très gênants.
Bref, on ne va pas vous cacher qu’après une petite heure de jeu nous étions déjà très déçus par cette version Nintendo Switch, qui nous rappela à plusieurs moments l’immonde portage de The Outer Worlds. Pourtant, il arriva un moment béni où la technique s’est ressaisie, et où le titre est devenu bien plus regardable. Alors n’allons pas jusqu’à dire qu’il était beau, ni même qu’il faisait honneur à son support. Mais il ne s’agissait désormais plus d’un portage totalement ingrat. Même le framerate s’est amélioré, et est parvenu à tenir une cadence plutôt confortable lors de plusieurs scènes d’action engageant de nombreux ennemis. Bref, un retournement de situation auquel on ne s’attendait absolument pas, et qui ne découle étrangement d’aucun patch…
Nous avons évidemment vérifié, et nous sommes encore sur la version 1.0.0 à l’heure où nous écrivons ces lignes. Nous ne chercherons donc aucune excuse à cette version Switch, mais notez bien qu’il est probable que vous viviez exactement la même expérience. Pourtant, nous serions bien mal avisés de ne pas recommander ce portage sous ce simple prétexte, puisqu’une fois ces quelques missions passées, le titre est bien plus jouable, et l’on y prend un plaisir fou. Autant que sur consoles de salon, quoique la technique est alors encore décevante il est vrai. Ce que rattrape quelque peu la direction artistique fort réussie. Mais il reste ennuyeux de constater des retards d’affichage à chaque scénette, de petits bugs de physique ou encore un clipping parfois grossier.
Quant à la différence entre les modes TV et portable, il est là encore assez étonnant de constater que le premier des deux est plus confortable que le second. Là où la résolution de l’écran de la Switch permet généralement d’affiner quelque peu le rendu, c’est globalement le contraire que l’on peu observer ici. En mode nomade, Destroy All Humans! souffre d’un flou constant qui lui fait du tort, et les différents défauts que nous avons pu constater sur TV n’y sont que plus flagrants. Reste la maniabilité, et à ce niveau nous serons une nouvelle fois sans appel : une manette pro sera bien plus confortable. Ou bien une Switch Lite, dans une autre mesure. Enfin contrairement aux FPS, ce TPS ne s’en sort pas trop mal avec les Joy-Con, ne soyons pas de mauvaise foi !
En conclusion
Comme beaucoup d’autres titres, Destroy All Humans! a beaucoup souffert de son portage sur Nintendo Switch. Il demeure jouable, mais sa réalisation globale est assez décevante. Surtout lorsque l’on a déjà vu tourner le titre sur PlayStation 4, bien évidemment. Reste ce problème étrange que nous avons rencontré, et qui nous a offert des premiers niveaux plus laids que les suivants. Le changement n’était bien sûr pas déplaisant, mais il va sans dire qu’il n’a pas manqué de nous surprendre.
Nous pourrions nous contenter de vous dire que cette version Nintendo Switch est simplement moins belle que ses homologues, et ce serait vrai. Mais il l’est aussi que le mode portable est très décevant et contraindra les possesseurs de Switch Lite à une résolution qui ne rend ni honneur au jeu de Black Forest Games, ni à la console en elle-même. Ainsi, si vous désirez l’acheter pour y jouer en mode nomade, alors il serait peut-être préférable d’attendre un patch, si tant est que les développeurs en préparent un.
Si c’est sur TV que vous souhaitez y jouer et que vous savez à quoi vous attendre, alors l’expérience peut valoir la chandelle. Parce qu’en somme, Destroy All Humans! reste ce qu’il est. En d’autres termes, un jeu très défoulant, mais aussi très drôle, dans lequel les américains et la science-fiction old school en prennent pour leur grade. Et d’une certaine façon, ce ton irrévérencieux, politiquement incorrect, est déjà un gros argument de vente en soi !
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