DIE : Présentation et avis sur le comics de Panini
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Rédigé par Ludvig Auvens
Aujourd’hui, et après un détour par la case artbook avec The Last of Us et livre biographique avec Nobuo Uematsu, nous allons nous tourner vers le comics avec DIE, dont le premier volume est sorti chez nous relativement récemment. Créée par Kieron Gillen, cette série est arrivée chez nous grâce à Panini, dont la branche comics est de plus en plus active ces derniers temps.
Dans son premier volume, sobrement intitulé « Mortelle Fantasy », Kieron est accompagné de Stéphanie Hans au dessins, le premier jouant ainsi le rôle de scénariste. Ensemble, ils sont accompagnés de Clayton Cowles, qui a déjà officié à de nombreuses reprises sur les projets de Kieron.
A trois, ils nous proposent une aventure captivante, dans un monde unique. Dans cette création aux allures de Jumanji, les retournements de situation sont foison, et les personnages intéressants. Mais cette histoire tient-elle la route de bout en bout ? N’importe quel fan de la création de Chris Van Allsburg, ou de son adaptation par Joe Johnston pourrait-il y trouver son compte ? Nous allons y répondre ci-dessous !
Sommaire
TogglePlongée dans un monde froid et inconnu
D’emblée, le rapprochement avec Jumanji s’explique. DIE nous plonge dans un environnement où un groupe d’adolescents est envoyé dans un monde étrange et bien différent de celui connu par les participants alors qu’ils s’apprêtaient à prendre part à une partie de jeu de rôle. Un bon dans le temps a alors lieu et le lecteur retrouve le groupe suite à leur aventure dans cet autre monde, un des membres du groupe n’étant pas présent avec eux.
Les années passent, mais le groupe ne parvient pas à oublier cette expérience traumatisante ni à vivre avec la perte de leur ami. Cependant, le jour de l’anniversaire de l’un des membres du groupe, ce dernier reçoit un cadeau particulier : le dé de jeu de son ami disparu. Réunissant ses vieux amis, tous ayant une vie déprimante, marquée par les échecs et le mal-être, ils se trouvent à nouveau tous happés dans ce monde hostile qui a lui aussi bien changé et évolué.
Sur place, le membre disparu du groupe les accueille, se présentant comme le maître du jeu, et obligeant ses anciens camarades à participer à une nouvelle partie sanglante. Avec l’envie de retourner dans leur monde, les membres du groupe décident de combattre leur ancien ami. Les motivations de ces adolescents devenus adultes sont variées, mais tous s’unissent dans le même but. Et commence alors une intrigue basée sur la manipulation, la trahison et la recherche/accomplissement de soi.
En effet, si le titre DIE peut faire penser à une série basée sur le combat et la mort à outrance, il n’en est rien. L’accent n’est pas sur l’épée et la magie, ni sur les combats comme on les imagine. Kieron nous sert plutôt une histoire centrée sur la psychologie des protagonistes, l’évolution de son monde, ainsi que sur la relation entre les différents acteurs de l’intrigue. Ce point permet de servir une trame narrative intéressante, où traumas du passé se heurtent à la réalité du présent, en traitant des sous-thèmes forts tels que la gestion d’un handicap ou la notion de transidentité. Et tous ces éléments sont suffisamment intégrés à l’histoire que pour rendre le tout fluide et compréhensible.
A univers complexe, personnages complexes
D’ailleurs, le scénariste n’oublie pas de nous présenter les éléments du passé des personnages. Leur première expérience dans cet univers est suffisamment dépeinte pour nous permettre de comprendre tout ce qui a construit les personnages au fil des années. Ainsi, c’est une aventure aux allures de RPG-fantasy mature qui nous est offerte. Et voir les personnages évoluer dans un monde qui a, lui aussi, évolué est un véritable plaisir puisqu’ils sont tout aussi surpris que le lecteur lorsqu’ils se retrouvent devant une mégapole qui leur était, jusqu’alors, inconnue.
Les personnages imaginés par Kieron, et illustrés par Stéphanie, servent également très bien l’intrigue, puisque ces derniers sont un mélange d’archétypes connus et d’éléments originaux parsemés ici ou là. Pensons, par exemple, à Ash qui incarne une femme (il s’agit d’un homme qui, selon les éléments diffusés à travers l’histoire, aurait aimé être une femme) de la classe du « dictateur ». Par ses pouvoirs, ce personnage peut lier les vivants du monde de DIE à des serments. Ces derniers ne pourront alors, JAMAIS, les transgresser. On retrouve également Isabelle, dresseuse de dieux. En passant des pactes avec les divinités, elle obtient des faveurs, à ceci près qu’elle doit payer un tribu en retour.
Ce comics nous propose donc un univers complexe, en constante évolution, où sont plongés des adultes qui n’ont jamais su s’accomplir et à la psychologie elle aussi complexe. La conclusion de ce premier volume montre très bien à quel point ces derniers ne répondent pas aux archétypes que l’on a l’habitude de croiser dans les œuvres de fantasy.
Mais, au-delà de tout cela, cette série peut compter sur l’excellent travail de Stéphanie Hans au dessin pour rendre chaque page sublime. Elle excelle dans son art et nous le prouve en parvenant à donner une personnalité distincte à chaque PNJ grâce à un dessin précis et varié. Les personnages principaux sont également réalisés de sorte à ce que les éléments importants de leur personnalité transpire du visuel qui leur associé.
En outre, son art donne aussi une saveur particulière à chaque action. Que cela soit la scène des tranchées, la mégapole ou la clôture du volume, son trait soigné rend tout agréable à parcourir et nous donne l’envie d’en voir plus. D’ailleurs, la « vitesse » de résolution des différentes situation sied très bien à son style, on sent très bien qu’elle est habituée à travailler sur des comics.
Faut-il craquer pour le premier volume de DIE ?
Vous l’aurez aisément compris, DIE propose une histoire captivante tout le long de ses quelques 180 pages. La proposition de ce premier volume (constitué au final de cinq chapitres), est de bonne augure pour la suite et le prix de lancement de 10€ (puis 22€) rend le tout accessible pour les amateurs de comics. Un prix, par ailleurs, plus qu’abordable quand on voit la qualité visuelle de l’objet et le travail d’édition sur les couvertures et la qualité du papier.
Si la conclusion du volume ne sera pas forcément du goût de tout le monde, cela met en avant la complexité de l’intrigue imaginée par Kieron Gillen. Et rappelons que l’univers dans lequel cette intrigue prend place est tout aussi intéressant que l’intrigue ou ses personnages.
Acheter DIE sur Amazon« Mortelle Fantasy » marque donc un très bon début pour la série. Le tout est passionnant et met en avant la créativité de Kieron et Stéphanie. Les retournements de situation sont nombreux et les personnages attachants à leur manière. Les amateurs de jeu de rôle n’auront aucun mal à se plonger dans cet univers, tandis que les amateurs de comics sauront apprécier les visuels proposés. Une œuvre qui, à moins que vous n’accrochiez juste pas, saura vous plaire !
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