Elden Ring : Que vaut l’immense DLC Shadow of the Erdtree ? Notre test après y avoir joué 30 heures
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Rédigé par Jordan
Elden Ring est devenu un tel monument qu’il peut désormais créer tout un événement autour de la sortie d’un simple DLC. D’accord, « simple » n’est peut-être pas l’adjectif qui convient le mieux pour décrire Shadow of the Erdtree, qui entend plutôt se présenter comme une extension majeure en bonne et due forme. Prenant compte de l’engouement généré par son dernier titre, From Software a décidé de s’accorder du temps pour fignoler tous les aspects de cette nouvelle aventure, sans se presser, dans le but d’aboutir au DLC le plus massif jamais créé par le studio. Après l’avoir parcouru en long et en large, après avoir sué du sang et après être retombé dans cette boucle infernale de rage, de désespoir et d’exaltation, on ne peut que remercier Hidetaka Miyazaki et ses équipes de ne pas s’être précipité.
Conditions de test : Nous avons joué à la version PS5 du DLC Shadow of the Erdtree après avoir fini le jeu de base dans son intégralité en 100h (sans Nouvelle partie +), en démarrant l’extension avec un personnage niveau 150 (build Dextérité/Intelligence). Notez qu’il est impératif d’avoir battu le boss optionnel Mogh dans le jeu principal pour avoir accès à Shadow of the Erdtree. Nous avons parcouru l’ensemble du DLC, dont les boss les mieux cachés, en environ 30 heures de jeu. Seul l’ultime boss de fin nous résiste encore, hélas. Ce test est évidemment garanti sans spoiler.
Sommaire
ToggleUne zone plus dense que jamais
Sans surprise, Shadow of the Erdtree se veut être une version d’Elden Ring « de poche ». Rien de péjoratif ici, bien au contraire, disons simplement que si le jeu de base était de taille raisonnable, il ressemblerait à ce DLC. Le Royaume des Ombres – le théâtre de vos nouveaux échecs – affiche une map plus resserrée que celle de l’Entre-Terre, avec une taille que l’on pourrait estimer comme étant équivalente à celle de Nécrolimbe combinée à celle de Caelid (à la louche). Ce qui donne tout de même de nombreux kilomètres carré à arpenter, d’autant plus que cette région se montre bien plus dense.
Vous y verrez presque autant de diversité et de biomes différents que sur la map du jeu principal, avec des zones qui détonent complètement du reste grâce à une identité bien unique. Comme d’habitude, il est tout à fait possible de passer à côté de 50% de ce nouveau terrain de jeu si vous ne faites pas appel à votre curiosité, et il serait bien dommage de manquer ne serait-ce qu’un seul recoin de ce Royaume tant il est riche en surprises. From Software ne fait pas dans la resucée de ses précédents environnements et sait encore nous interloquer en nous offrant des panoramas sublimes, qui demandent de nous arrêter pour bien prendre le temps d’admirer ce qui nous entoure. Entre des paysages plus fleuris qu’à l’accoutumée, remplis de couleurs et de contrastes et des régions plus arides qui donnent le vertige, le DLC montre qu’il a toujours ce petit quelque chose en plus qui rendait Elden Ring saisissant.
Tout n’est pas forcément aidé par la technique vieillissante du jeu de base, mais on ne refera pas le procès d’Elden Ring à ce sujet. Il est vrai que ce DLC n’est pas exempt de défauts avec des bugs de textures très visibles et des effets météorologiques pas toujours réussis, comme un brouillard discutable. Il n’empêche que lorsque tous les astres sont alignés et que la gestion de l’éclairage est parfaitement calibrée, Shadow of the Erdtree peut tout de même éblouir. On ne compte plus le nombre de captures d’écran à notre actif.
Histoire de rester sur le sujet des très rares reproches que l’on pourrait faire à cette extension, on se serait bien passé de nouvelles catacombes qui n’ont rien de très originales, même si le studio a fait l’effort de varier un peu plus les donjons souterrains dans leur globalité avec deux ambiances supplémentaires dans la lave et dans la glace, qui offrent des lieux plus travaillés et plus intéressants à explorer, même s’ils se répètent eux aussi.
Et puis, il faut bien lui pardonner un chouia de « recyclage » quand le reste du contenu se montre à la hauteur. Difficile d’attaquer From Software sur le terrain du level-design tant le studio a montré sa maîtrise du sujet. Il se permet même ici de tenter de nouvelles choses, avec une zone qui prend l’allure d’un donjon à ciel (presque) ouvert que l’on peut explorer avec Torrent, ou encore une sombre forêt qui n’invite pas à la bravoure mais à se la jouer Naked Snake en se cachant dans les fourrées pour éviter toute rencontre ennemie.
Des boss qui hypnotisent
Être brave, il le faudra pour affronter tous les challenges du Royaume des Ombres, qui se montrent sans pitié. On ne sait pas vraiment si cette impression sera la même pour tout le monde ou si elle nous est propre, après avoir repris le jeu en mains deux ans sans le toucher (et Elden Ring, c’est pas comme le vélo, ça s’oublie), mais on en a bavé.
Le nouveau bestiaire mis en place est particulièrement redoutable si vous n’êtes pas au niveau adéquat, avec des monstres lambdas aux patterns particulièrement agaçants, à l’image de limaces snipers d’élite ou des sbires de Messmer qui vont vous faire rager plus que certains boss. Comme remarqué lors de notre preview, les ennemis majeurs de cette extension n’ont rien à envier à ceux du jeu de base. Certes, on doute qu’ils soient aussi mémorables qu’une Malenia (si ce n’est le boss final, pour une raison particulière), mais ils ont malgré tout de quoi vous causer quelques crises de nerf grâce à leurs moveset très difficiles à cerner.
On n’entrera pas trop dans les détails afin que vous puissiez les découvrir par vous-mêmes, mais promis, le challenge est là. Seul l’un d’entre eux – que l’on ne nommera pas – nous a paru vraiment plus décevant que les autres, malgré un charisme qui crève l’écran. Et là encore, on n’aurait pas dit non à des boss intermédiaires un peu plus inédits pour ne pas se retrouver face à 48 nouveaux dragons ou des Sentinelles de l’Arbre. On chipote, car le plaisir d’affronter ces colosses est toujours là et le nombre de boss jamais vus à affronter est largement satisfaisant.
Les plus forts seront les plus curieux
Faire face à toutes ces menaces ne va pas uniquement vous demander d’avoir un build irréprochable ou d’être à un niveau ahurissant. Vous devrez aussi récolter de nouvelles ressources qui prennent la forme de fragments et qui vont vous offrir des bonus passifs permanents uniquement valables au sein du Royaume des Ombres. Il en existe de deux sortes différentes, avec d’un côté les fragments qui augmentent les statistiques de votre personnage, et de l’autre ceux qui augmentent la puissance de vos invocations. Ces fragments fonctionnent exactement de la même façon que pour vos fioles : après en avoir récupéré un certain nombre, il suffit de vous reposer au premier site de grâce venu pour les « dépenser ».
Il s’agit là d’un bonus global (vous n’aurez pas à choisir d’augmenter davantage telle caractéristique plutôt qu’un autre) qui est définitif. Une fois ces fragments dépensés, impossible de revenir en arrière, du moins à notre connaissance. Après tout, hormis les masochistes qui voudront se créer encore plus de difficulté, vous n’aurez pas de raison de ne pas dépenser ces fragments. Ce nouveau système apporte un vrai sentiment de progression à Shadow of the Erdtree, et il était nécessaire dans la mesure où l’évolution de votre personnage suit une courbe un peu plus plate une fois le niveau 150 dépassé.
Là où c’est encore plus malin, c’est dans la manière de récupérer ces fragments. Vous en aurez des dizaines et des dizaines à récolter à travers le Royaume des Ombres, et pour les trouver, vous devrez ouvrir l’œil. La plupart se trouvent au pied de croix géantes laissées par Miquella, l’énième enfant de Marika que vous poursuivez ici. Mais vous en trouverez aussi d’autres à des endroits moins visibles, plus cachés. Autant dire qu’avec ce concept, Shadow of the Erdtree encourage plus que jamais l’exploration en donnant une récompense satisfaisante à celles et ceux qui préfèrent vagabonder plutôt que de se heurter à des boss trop coriaces. Et comme dit précédemment, on ne se lasse pas de découvrir les nouvelles zones de ce DLC, surtout avec un but précis en tête.
C’est aussi l’occasion d’aller gratter encore un peu plus le lore du jeu, en gardant en tête qu’il se montre plus opaque que jamais. C’est encore une fois tout à fait cryptique, dans la grande tradition des jeux de From Software. Bien sûr, si vous êtes du genre à avaler des vidéos de 10 heures sur l’univers du jeu (pas comme nous, mais on vous comprend), vous allez adorer farfouiller chaque document même l’issue de cette aventure pourra ne pas satisfaire toutes les théories. Le DLC nourrit l’univers de base tout en posant de nouvelles intrigues, et si vous n’aurez pas les réponses à toutes vos questions, vous aurez droit à quelques scènes qui donnent un peu plus de profondeur à certains personnages que vous connaissez déjà. De tout nouveaux PNJ, avec leurs propres quêtes, font également leur apparition pour donner un peu plus de corps à l’intrigue de cette aventure, avec différents choix plus ou moins implicites qui vous seront proposés pour modifier l’issue de certains affrontements.
L’apprentissage recommence
N’allons pas jusqu’à dire que c’est cela qui vient apporter une rejouabilité à ce contenu, même si on reste curieux de voir quels autres chemins peuvent être empruntés. Ce qui viendra plutôt apporter une volonté de tout reprendre à zéro, c’est la richesse de nouvelles builds possibles. Ajouté aux dizaines d’armes en plus que vous trouverez dans cette extension, l’arsenal de votre Sans-éclat s’agrandit avec de nouvelles façons de combattre.
Ces familles d’armes complètements inédites sont parfois difficiles à trouver (de quoi encourager encore un peu plus l’exploration) mais certaines méritent que l’on se donne la peine d’aller les chercher. On pense à ce style de combat à mains nues idéal pour les moines, qui offre des attaques très rapides pouvant facilement interrompre les ennemis tout en rompant plus efficacement leur équilibre. On retrouve également des armes de lancer inépuisables pour adopter un style plus polyvalent, ou encore l’arrivée d’armes hybrides comme des très grands katanas ou des épées très longues à mi-chemin entre un espadon et un fleuret.
Repensez donc toutes les tier list ou les guides sur les armes que vous avez pu voir par le passé, car tout cela ne sera plus forcément d’actualité. Elden Ring ne manquait pas de possibilités sur ce terrain-là, mais le DLC pousse le curseur encore un peu plus loin. Des cendres de guerre inédites viennent évidemment s’ajouter à cela, tout comme des sorts supplémentaires pour ne pas mettre de côté les amoureux de la magie ou des builds Foi.
Explorer toutes ces possibilités vous demandera énormément d’heures de jeu en plus, sachant qu’il nous a fallu environ 25 heures pour accéder au boss de fin, tout en ayant vu 90% de la map (même des zones très bien cachées). Un temps de jeu tout à fait variable en fonction du style de jeu et des facilités ou non de chacun. Autant dire que du contenu, vous en trouverez à foison. Si vous faites partie des gens qui trouvaient qu’Elden Ring avait tendance à trop en faire et à s’étirer en longueur dans son dernier tiers, vous n’apprécierez peut-être pas cette nouvelle surenchère, mais pour celles et ceux qui en redemandent, il n’y aura aucune raison de bouder ce plaisir. Les personnes submergées par l’immensité du jeu de base pourraient même y trouver ici une formule plus digeste, qui a moins tendance à s’éparpiller.
From Software a su conserver le meilleur d’Elden Ring pour en proposer une version « miniature », presque parfaitement cisaillée en dépit de quelques reproches très accessoires. Shadow of the Erdtree s’inscrit dans la continuité du jeu de base tout en lui offrant un nouveau souffle grâce à un nouveau système de progression, des tas de boss qui nous feront accuser de mauvaise foi la manette, et des miettes de lore qui feront l’objet d’heures d’analyse. Le studio montre surtout qu’il est capable de proposer encore plus alors que l’on pensait qu’il nous avait tout livré. Impossible de ne pas recommander l’expérience à celles et ceux qui ont essuyé autant de larmes que de sueurs en Entre-Terre, qui pourront y aller les yeux fermés (et les muscles échauffés). Un immanquable.
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Date de sortie : 25/02/2022