Ubisoft : Bloomberg publie une nouvelle enquête, le rôle des personnages féminins diminué par certains dirigeants
Publié le :
2 commentaires
Rédigé par Jeremy Real
Apres les enquêtes de Libération et de Numerama c’est au tour de Bloomberg avec Jason Schreier de dévoiler d’autres pratique intolérables au sein d’Ubisoft. L’article en question nous révèle également des détails sur le développement d’Assassin’s Creed Odyssey, où l’on apprend que selon Serge Hascoët et d’autres dirigeants d’Ubisoft, « les héroïnes ne font pas vendre des jeux« .
Une pensée pour Ellie, Aloy, Lara, 2B et tellement d’autres…
Vous le savez, dans Assassin’s Creed Odyssey il est possible de jouer Kassandra ou Alexios. Jusqu’ici, pas de problème, puisque cette nouveauté a bien été accueillie lors de la sortie de jeu. En revanche, selon les témoignages recueillis par Bloomberg, il était normalement prévu que Kassandra soit le seul personnage jouable du jeu. La direction (donc Serge Hascoët) a rapidement déclaré que cela ne serait finalement pas possible mettant en cause l’éternelle ritournelle selon laquelle les héroïnes ne seraient pas assez vendeuses.
On peut facilement remettre en cause cette « affirmation » avec des jeux comme Horizon Zero Dawn , The Last Of Us Part 2 et les récents Tomb Raider qui se vendent par millions et qui mettent en premier plan des héroïnes.
Assassin’s Creed Syndicate a aussi fait les frais de ce sexisme à peine dissimulé, puisqu’il est révélé que Jacob et Evie devaient être égaux en temps de jeu dans ce opus, mais c’est finalement le personnage masculin qui a le plus été mis en avant. Même chose pour Assassin’s Creed Origins, ou Aya devait devenir au fil du jeu la véritable héroïne au détriment de Bayek.
De là à penser que cette « ligne éditoriale » a continué jusqu’à Assassin’s Creed Valhalla, il n’y a qu’un pas qu’on peut aisément franchir, étant donné que la version féminine d’Eivor n’a été dévoilé que via une figurine, dans un deuxième temps, avant d’être l’héroïne de la vidéo de gameplay de l’Ubisoft Forward.
Une preuve, s’il en fallait une, du sexisme ambiant qui régnait au sein d’Ubisoft, dont Serge Hascoët était la figure de proue :
« Les scénaristes devaient trouver des moyens de retenir son attention, et cela se résumait souvent en instaurant un personnage principal masculin puissant« .
Ce dernier est d’ailleurs très souvent cités dans les témoignages. Certains employés fraîchement arrivés chez Ubisoft aurait été avertis de son comportement, les encourageant à ne pas le fréquenter en dehors du travail lui et son groupe proche. Groupe qui était évidemment presque exclusivement composé d’hommes, qui jouissaient du pouvoir de Serge Hascoët au point d’obtenir des postes à haute responsabilité, comme creative director.
L’attitude de Hascoët envers les femmes est aussi mise en avant par un témoignage qui laisse sans voix :
« Lors d’un meeting dans les locaux d’Ubisoft Paris, l’une des têtes créatives majeures sur un gros jeu se présentait devant Hascoët et les autres décisionnaires de l’entreprise. Lorsque la dirigeante du projet, une femme, a quitté la salle pour aller aux toilettes, Hascoët a commencé à diffuser une vidéo YouTube, selon deux personnes présentes lors de cette rencontre. Cette vidéo jouait une chanson française grivoise avec la mention d’actes sexuels impliquant une femme du même nom que la dirigeante. Il a appuyé sur pause lorsque l’employée est revenue dans la salle, selon les deux personnes, qui ont demandé à ce que le nom de cette femme ne soit pas mentionné. Cela était le quotidien des réunions chez Ubisoft, lorsque aucune femme n’était présente. »
Serge Hascoët n’est pas le seul à être mentionné dans l’article, avec plusieurs témoignages qui démontrent du sexisme, de l’homophobie et du racisme de certains employés et dirigeants de l’éditeur, avec même des mentions de violences physiques dans les bâtiments d’Ubisoft Toronto.
Yves Guillemot présente ses excuses à ses employés
Malgré les changements opérés au sein de l’entreprise, la bataille contre les discriminations et les comportements toxiques est loin d’être terminée. Tout le monde attend des prises de positions fortes de la part d’Yves Guillemot, président d’Ubisoft, qui s’est apparemment adressé à ses employés via une vidéo publiée en interne, comme l’atteste Numerama.
Durant une dizaine de minutes, Yves Guillemot présente ses excuses, et parle également des mesures à venir pour que tout change. En dehors de partenaires indépendants, qui pourront réaliser des enquêtes sur ce genre de comportement, c’est surtout la refonte totale du système des ressources humaines qui a été abordée.
Le sujet du crunch a aussi été mise en avant, en souhaitant chercher d’autres solutions pour l’éviter. Enfin, la diversité est aussi l’un des focus majeur de l’éditeur à présent, qui souhaite recruter des femmes pour des postes de haute importance.
Une chose est sûre, l’article de Bloomberg devrait pas mal faire de bruits Outre-Atlantique, car il n’y avait jusqu’à aujourd’hui que que très peu d’articles anglophones traitant du sujet. On espère en tout cas pour les employés que les choses s’amélioreront du coté d’Ubisoft, avec des premières mesures qui vont pour l’instant dans le bon sens.
Cet article peut contenir des liens affiliés