Final Fantasy XVI : On y a joué plus de 3 heures, un épisode plus que Primordial
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Rédigé par Jordan
Tous les épisodes de la saga Final Fantasy sont singuliers et mettent en avant des particularités qui leurs sont propres, mais Final Fantasy XVI semble polariser encore plus les avis. Sa différence, Naoki Yoshida l’assume et la met en avant, puisque après tout, la licence a toujours cultivé ce besoin de changements entre chaque épisode canonique. Et si après y avoir joué 3 heures, nous sommes bien obligé d’admettre que cet opus ne devrait définitivement pas plaire à une frange de la communauté, force est de constater que l’on est peut-être en face de l’un des meilleurs jeux de toute la saga.
Conditions d’aperçu : Nous avons pu jouer au titre pendant plus de trois heures (3h30) lors d’un événement organisé par Square Enix sur Paris. Les sections du jeu qui nous étaient proposées se concentraient sur toute l’introduction du jeu, ainsi que sur une partie plus avancée nous permettant d’explorer une zone plus ouverte. Cette présentation est garantie sans spoil, puisqu’une démo vous permettra prochainement de découvrir cela par vous-mêmes.
Sommaire
ToggleDu sang, des larmes, de la sueur (et presque de la bagatelle)
Qu’il est difficile d’appréhender un aussi gros morceau en seulement quelques heures de jeu, mais ce premier contact nous a permis de vraiment comprendre la direction empruntée par cet épisode. On ne vous apprendra rien en vous indiquant que ce seizième opus se veut être bien plus sombre que ces prédécesseurs, à destination d’un public plus adulte, biberonnés aux séries HBO et aux romans de dark fantasy. Un ton plus sérieux qui se remarque dès l’introduction du jeu, avec des personnages plus posés qu’à l’accoutumée, sans les extravagances que l’on a l’habitude de voir dans un Final Fantasy.
Bien entendu, la direction artistique moins chatoyante installe un cadre plus sombre qui nous fait comprendre directement où l’on met les pieds, mais c’est véritablement le casting qui nous fait prendre conscience de ce changement de ton. Les personnages ne tardent pas à parler de chair (on a rarement vu des scènes de ce genre de la saga, pour ne pas dire jamais), de guerre et d’esclavage, le tout sous des intrigues politiques et des trahisons qui font couler le sang à flot avec des morts brutales. Un jeu de dupes parfait pour les rebondissements, même si le jeu n’en n’oublie pas pour autant ses racines et fait intervenir des éléments plus fantastiques. En dehors des Primordiaux, on retiendra surtout l’évocation d’une civilisation ancienne dont on peu voir les traces un peu partout dans le monde, et qui est encore tout à fait énigmatique.
Final Fantasy XVI veut instaurer un récit fort et va beaucoup s’aider de cinématiques pour cela. N’ayant joué qu’à l’introduction, il nous est difficile de dire si ce rythme sera maintenu tout au long de la partie étant donné qu’ici, il fallait bien présenter l’univers et ses personnages, mais c’est à noter. D’autant plus que les séquences auxquelles nous avons assisté nous montraient que le rythme des dialogues était relativement calme, laissant beaucoup la place au silence. Et ça fait du bien, même si cela à tendance à trop s’étirer en longueur. Reste à voir si cela est une question de sensibilité ou non.
Mais c’est bien le seul détail que l’on pourrait reprocher à la mise en scène, qui fait un sans-faute sur le plan technique (aussi bien en Performances qu’en Fidélité) et qui fait souvent preuve de moments époustouflants avec une vraie compréhension de l’action. Tout est épique et grandiloquant, dès le début de l’aventure. Seul les saynètes avec des PNJ lambdas apparaissent encore trop statiques, mais elles n’ont finalement que peu d’importance dans l’expérience globale.
On aime déjà tous ces personnages
On ne vous révèlera rien du passé de Clive Rosfield, ce protagoniste charismatique déjà adoré par les fans, même si vous avez certainement cerné son histoire via les différents trailers. Calme, courageux et discret, il ne vit au départ que pour protéger son petit frère, qui abrite en lui le Primordial Phénix. Sa destinée va l’amener à se retrouver en plein milieu d’un conflit entre les royaumes, bien qu’il ne soit animé que par un esprit de vengeance. Il a parfois des faux airs de Cloud, l’arrogance et la timidité en moins.
La démo qui nous était proposée nous montrait les raisons de son passage de jeune chevalier bienveillant à celui de loup solitaire mais on attend encore de voir jusqu’où son développement va le mener. Toujours est-il que l’on a désormais aucun doute sur le fait qu’il devienne définitivement un personnage qui fera l’unanimité auprès de la communauté, bien aidé par un doublage anglais (Ben Starr) qui est assez remarquable. D’ailleurs, si le jeu sera doublé en japonais et en français, on doit bien avouer que pour une fois, le doublage anglais s’en sort avec les honneurs grâce à cet univers qui permet d’installer plus facilement des accents british qui font du bien aux oreilles.
Cette démo ne nous a pas vraiment permis de nous attarder sur les autres personnages même si les Emissaires (les personnes qui possèdent les Primordiaux) promettent de voler la vedette. On est déjà particulièrement séduit par Cid, Emissaire de Ramuh, qui va prêter main-forte à Clive durant son voyage. Le personnage reste encore mystérieux, mais il est déjà hautement sympathique (son doublage anglais rocailleux aide aussi beaucoup).
Et comment ne pas dire un mot sur Talgor, ce loup/doggo qui va suivre Clive à la trace durant toute l’aventure. Outre sa bouille adorable de chiot, on retiendra surtout sa présence lors des combats où il apparaît comme le seul autre personnage à qui l’on peut donner des ordres. Des ordres certes très sommaires, comme attaquer, projeter les ennemis en l’air ou soigner, mais cela rajoute de l’attachement que l’on peut avoir pour ce futur good boy of the year. L’absence de contrôle sur les autres personnages ne s’est pas faite véritablement ressentir ici, à condition de les voir davantage comme un soutien que comme des alliés pouvant infliger autant de dégâts de Clive.
Des combats qui ont du cœur
Et les combats, justement, parlons-en. l’orientation plus action de cet épisode a déjà fait couler beaucoup d’encre, avec énormément d’approximations et de jugements hâtifs. Un simple ersatz de Devil May Cry pour certains, qui est en réalité bien plus que cela. Oui, les affrontements sont aussi spectaculaires qu’un DMC. Non, ça ne se joue pas comme un DMC. Final Fantasy XV avait déjà amorcé le virage de la saga vers l’action-RPG et ce seizième épisode y fonce sans retenue, mais en aucun cas Final Fantasy XVI ne peut être décrit comme un beat’em all.
A vrai dire, il nous aura parfois plus rappelé Kingdom Hearts que la licence de Capcom, dans la mesure où l’on est plus proche de cela manette en main. Rien de plus normal quand on sait que l’équipe Kingdom Hearts est venu au développement, mais s’il fallait vraiment trouver un rapprochement entre Final Fantasy XVI et un autre jeu, c’est davantage vers cette licence qu’on le situerait (sans parler de Final Fantasy VII Remake malgré les différences entre les deux systèmes), quand bien même Clive est moins flottant qu’un Sora tandis que l’impact des coups est plus prononcé. Pas de quoi calmer les griefs de tous les allergiques à l’action, mais c’est à noter.
Le gameplay est relativement simple à prendre en main en début de partie étant donné que Clive dispose de peu de pouvoirs. Durant la majeure partie de la démo, il ne pouvait bénéficier que du pouvoir du Phénix, associé à la touche Rond et à deux attaques accessibles via R2 + Carré ou Triangle. Appuyer sur Rond permettait par exemple de faire un grand dash vers les ennemis, mais cette touche aura une autre utilisation selon le Primordial sélectionné.
Plus tard dans la partie, Garuda était disponible, et avec cette même touche, Clive empoignait ses ennemis à distance pour les rapprocher de lui (tout comme il profitait de deux nouvelles attaques via les raccourcis précédemment nommés). Chaque compétence utilisée avec les raccourcis dispose d’un cooldown, ce qu’il faut donc combler en changeant de Primordial assez souvent, sachant que Clive peut bénéficier de trois Primordiaux en même temps. Si les options peuvent paraître peu nombreuses en début de partie, tout change lorsque l’on a accès à plus de Primordiaux et il nous tarde de découvrir tous leurs pouvoirs.
Le reste du temps, on attaque à l’épée avec un combo unique, que l’on peut rendre plus dynamique en appuyant sur la touche Triangle pour lancer une magie entre chaque coup. Aucune jauge de mana ici, vous pourrez lancer la magie liée au Primordial équipé à volonté pour tenir les ennemis à distance, mais c’est surtout le combo Carré + Triangle qu’il faudra maîtriser avec le bon timing pour réaliser plus de dégâts.
Un timing qu’il faudra aussi arriver à cerner pour les esquives étant donné que Clive doit se montrer très agile, aussi bien sur terre que dans les airs. On s’amusera beaucoup à lancer les ennemis en l’air avec Talgor pour ensuite dasher sur eux avec Clive afin d’effectuer des combos aériens, tout comme on devra apprendre à cerner le système de parade, ou plutôt de contre, qui demande d’attaquer pile au moment où l’on va se faire toucher pour déstabiliser l’adversaire.
Choc de volontés
D’ailleurs, tout repose sur le fait de faire chanceler vos ennemis. Si les monstres normaux que l’on appelle plus communément les trash mobs (le menu fretin) peuvent vite être décimés, les autres vont posséder une jauge de Volonté, qu’il faudra briser pour les immobiliser et leur infliger beaucoup de dégâts. Si vous avez joué à Final Fantasy XIII, vous connaissez déjà la mécanique. Une fois la jauge de l’ennemi brisée, il faudra faire monter le multiplicateur de dégâts pour vite entamer la barre de vie de l’adversaire. De quoi ajouter un peu plus de profondeur aux combats – déjà totalement grisants – étant donné que chaque compétence de Primordial va soit davantage grignoter la vie des ennemis, soit se focaliser sur le fait de briser sa Volonté.
En nous attardant sur ces compétences, on a pu vérifier que Clive dispose bien d’un arbre de capacités rien que pour lui, afin d’apprendre des mouvements de base en plus, mais chaque Primordial a aussi son propre coin à débloquer. Et débloquer une capacité ne représente que le début de l’apprentissage de Clive, qui devra dépenser d’autres points dans cette même compétence pour améliorer son efficacité. Avec cela, on ne sait pas s’il sera possible d’obtenir toutes les compétences de tous les Primordiaux en une seule partie, mais le jeu vous laissera réattribuer vos points à l’envie.
Avec toutes ces choses, les combats deviennent bien plus qu’un festival pyrotechnique, mais un problème subsiste. Il nous a semblé que l’équilibrage rendait les affrontements particulièrement long dès lors que l’on croisant un ennemi « imposant » avec une jauge de Volonté. On parle bien des monstres que l’on croise dans la nature, et pas des boss, dont les combats sont mieux maîtrisés. Ici, on appelle cela « les sacs à PV », et cette impression se fait surtout ressentir en mode Normal, en espérant que le jeu final corrige un peu tout cela.
Tout pour le style
Car oui, en dehors du mode Normal, vous disposerez aussi d’un mode Histoire rendant l’expérience plus simple. Nous avons aussi pu tester les fameux anneaux d’accessibilité, que l’on peut équiper sur Clive. Les effets fonctionnent bien et il est par exemple possible d’équiper un anneau pour esquiver automatiquement et un autre pour effectuer des combos impressionnants en une touche pour celles et ceux qui ne sont pas à l’aise avec les jeux d’action. On aurait tout de même aimé que ces options soient justement… dans les options, puisque ce système d’anneaux oblige à faire des choix, étant donné leurs emplacements limités.
On retrouve aussi un anneau permettant d’effectuer les QTE tout seuls, et on en voit déjà certains d’entre vous grincer des dents à la seule évocation de cette mécanique. Rassurez-vous, si Final Fantasy XVI se permet quelques QTE, elles reposent en réalité sur les mêmes touches afin de donner un sentiment plus naturel dans leur utilisation. Avant même que l’indication n’apparaisse à l’écran, il est possible de deviner sur quelle touche appuyer grâce à des effets de différentes couleurs qui s’imbriquent parfaitement dans le cadre. De plus, le sentiment de tension associé à ses phases fonctionne réellement et on prend plaisir à les effectuer.
Là encore, c’est parce que Final Fantasy XVI démontre une science de la mise en scène tout bonnement époustouflante. Elle atteint son paroxysme lors des affrontements de Primordiaux, que vous avez certainement pu voir en vidéo.
Un seul nous a été proposé ici, que l’on ne spoilera pas, mais qui nous a impressionnés. Il n’avait en soi rien de révolutionnaire puisque l’on était sur une simple phase de shoot’em up assez facile d’accès, mais ces affrontements brillent surtout par ce qu’ils dégagent et par la générosité de l’action dont ils font preuve. Le fait que l’on puisse vraiment prendre part à l’action durant ces joutes, avec une telle chorégraphique, est déjà hautement satisfaisant. On a désormais qu’une seule hâte, voir les suivants.
Et peut-être – non, c’est même certain – que ce sentiment est renforcé par l’incroyable bande-son composée par Masayoshi Soken. Le compositeur japonais a prouvé tout son talent avec Final Fantasy XIV, mais il semble ici s’être surpassé avec des thèmes forts qui restent en tête. Il arrive parfaitement à faire passer cette notion de grandeur à travers ces thèmes, notamment grâce à la grande présence de chœurs dans plusieurs mélodies. Le point d’orgue de cette OST est bien entendu lié aux combats de Primordiaux, mais on apprécie aussi les compositions plus calmes qui multiplient les références à toute la saga. Les frissons, on vous dit.
Pas de détours inutiles
Il reste évidemment encore beaucoup d’interrogations sur le titre, à commencer par sa structure. Même si l’on a pu toucher à la World Map très brièvement, on ne sait pas encore si le titre nous fera beaucoup voyager. Il nous donne tout de même l’impression que ce sera le cas, du moins dans la variété des décors qui seront proposés. La démo nous a permis d’arriver très vite au sein du bastion de Cid, un endroit qui servira de fief pour Clive. C’est là que vous y retrouverez forgerons, vendeurs et compagnie, avec des PNJ qui serviront d’encyclopédie pour ne manquer aucun détail de l’univers.
On y trouve aussi la Stèle d’excellence, qui vous servira basiquement de mode Entraînement pour perfectionner vos aptitudes. Cet endroit a aussi été l’occasion de tester quelques-unes des quêtes annexes. On ne pourra dire que le jeu semble particulièrement briller de ce côté-là étant donné la nature de ces dernières (comme livrer trois repas à des clients, bon), mais elles ont le mérite de creuser un peu plus le lore du jeu. Attendons donc avant de les juger.
L’autre point qui méritera un peu plus d’attention concerne les fameuses zones « ouvertes ». Pas de monde ouvert pour Final Fantasy XVI, ça on le savait, mais on nous avait promis des zones un peu plus grandes à explorer.
Nous avons pu voir l’une d’elles et s’il est vrai que l’ouverture était plus prononcée, ne vous attendez pas à des zones immenses. Disons plutôt que l’on est plus proche d’un Tales of Arise (avec des zones légèrement plus grandes) que d’un God of War, mais le faible temps qui nous était accordé dans cette zone ne nous a pas permis d’en juger pleinement. Est-ce grave pour autant ? Pas le moins du monde, si cela permet au titre de mieux gérer le rythme de son récit.
Tout cela pour conclure en vous disant que oui, à première vue, Final Fantasy XVI ne fait pas un sans-faute, mais que la somme de ses défauts apparents n’arrivera sans doute pas à occulter le fait qu’il est ensorcelant. Entre son univers prometteur, ses personnages déjà adulés, son gameplay aussi dynamique que maîtrisé, sa mise en scène qui laisse pantois et sa bande-son qui fait frissonner, il touche en plein cœur. Que vous soyez sensibles ou non à la proposition, c’est à vous de le juger, mais il y a ici une vraie proposition que l’on a hâte de découvrir dans son entièreté et qui mérite définitivement le coup d’œil.
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Date de sortie : 22/06/2023