Fortnite : Des conditions de travail insoutenables chez Epic Games
Publié le :
Pas de commentaire
Rédigé par Julien Blary
Alors que l’on évoquait il y a peu une collaboration avec Avengers : Endgame, Fortnite refait parler de lui, cette fois-ci, sous un angle totalement différent. Nos confrères de chez Polygon ont mené une longue enquête sur les conditions de travail au sein du studio Epic Games. Et autant dire que les déclarations des salariés et ex-salariés ne sont pas des plus élogieuses. On aimerait bien un petit claquement de doigt à la Thanos pour résoudre ces problèmes.
Un crunch soutenu pour Fortnite
Une douzaine d’employés et anciens employés ont ainsi pris la parole sous couvert d’anonymat. Une fois n’est pas coutume dans le milieu, les conditions de travail sont dénoncées. On nous explique alors que pour continuer à accueillir du contenu inédit et maintenir un rythme régulier au niveau des mises à jour de Fortnite, le rythme imposé aux salariés est effréné. Il est surtout question de nombreuses heures supplémentaires.
Bien que le crunch soit malheureusement une situation qui semble assez régulière dans le développement d’un jeu vidéo, certains studios en abusent. Cela avait déjà été pointé du doigt chez Rockstar Games pour la sortie de Red Dead Redemption 2. Mais ici, il ne s’agit plus d’une simple période de développement intensive. C’est un crunch continu qui dure des mois. Rappelons que le crunch est le nom donné à cette période qui est généralement associée avant le lancement d’un jeu pour que tout soit terminé en temps et en heure. Sur des jeux service comme Fortnite, le problème devient rapidement bien plus compliqué.
La plupart des développeurs travailleraient régulièrement plus de 70 heures par semaine. Certains seraient même à plus de 100 heures. Même si l’on nous évoque des heures supplémentaires effectivement payées, les salariés font mention d’une culture de la peur dans laquelle ils sont censés travailler de longues heures dans le cadre de leur travail régulier. Et il n’est pas question ici de rush sur une courte période. Non. Il s’agit ici d’un rythme tenu sur plusieurs mois consécutifs. Intenable pour beaucoup.
Une source explique « Je travaillais au moins 12 heures par jour, 7 jours par semaine, pendant quatre à cinq mois. Cela consistait en grande partie à rester au travail jusqu’à 3 ou 4 heures du matin ». Et nombreuses sont les personnes à évoquer le sujet. On nous explique que des projets sont continuellement sur le feu, au point même où l’équipe n’arrivait même plus à suivre. Certains n’étaient même pas au courant des choses en en cours de réalisation tellement que tout cela allait vite.
Contacté par Polygon avant la révélation de l’enquête, un porte-parole a déclaré : « Tous les salariés d’Epic ont une durée de contrat fixe qui est communiquée à l’avance, généralement entre six et 12 mois. Epic prend ses décisions concernant le renouvellement de contrat en fonction de la qualité du travail effectué et de la volonté de travailler aux moments nécessaires pour respecter les dates de publication critiques. » Selon ce porte-parole, les heures supplémentaires sont en moyenne de « moins de cinq heures par semaine ».
La culture de la peur alimentée
Le rythme soutenu, c’est déjà un fait déplorable. Mais pour garder ses salariés sur ce rythme, Epic Games n’hésite pas à alimenter une certaine culture de la peur. Une source a par exemple déclaré que les personnes qui refusaient les heures supplémentaires étaient souvent remplacées. Pour cela, le studio fait recourt à des contrats à durée déterminée, ce qui permet de ne pas renouveler si vous ne participez pas à cette folie.
C’est simple, une source explique : « Vous avez un contrat. Cela pouvait être trois mois, un an. Mais si vous ne faites pas le travail supplémentaire, il est fort probable que votre contrat ne soit pas renouvelé ». Une autre source déclare : « Un jour, ils pourraient se lever, sortir et nous ne les reverrions jamais. Personne n’en parlerait. Si je demandais: « Hé, cette personne travaille-t-elle encore ici? » J’ai eu des regards étranges ».
Polygon explique qu’un grand nombre de leurs sources ont déclaré que le fait de refuser de travailler à des heures tardives constituait un sérieux obstacle à l’avancement professionnel. Les patrons s’attendent à ce que les salariés restent tard et ne se plaignent pas « J’espère que vous n’avez pas de projets ce week-end parce que c’est ce qui doit être fait ». Voici une réponse typique des supérieurs donnée aux salariés : « Si vous aviez quelque chose à faire, il fallait que ce soit sérieux, sinon, ce serait négatif pour cette personne ».
Parmi toutes les déclarations, les employés et ex-employés évoquent le sentiment d’être menacé. Même si cela n’était pas forcément directement, ils sentaient que si le boulot n’était pas effectué, cela pourrait avoir des incidences sur leur place au sein du studio. Ils expliquent aussi le boulot devait forcément être fait. Si vous ne le faites pas, cela retombe sur un autre salarié. Et « personne ne veut être ce gars-là ».
L’enquête est édifiante. On vous invite évidemment à parcourir l’article hyper complet du site américain pour en savoir davantage. C’est en anglais, mais les témoignages sont poignants. Cette révélation viendra peut-être faire bouger les choses en interne chez Epic Games. Ou bouger le modèle de Fortnite. En tout cas, on l’espère pour les salariés.
Cet article peut contenir des liens affiliés
Date de sortie : 25/07/2017