Avec l’apparition de la 3D, qui a fini par devenir prédominante dans ce média, on aurait pu croire que le jeu en 2D allait disparaître quasi-définitivement. Pourtant, entre les développeurs réalisant volontairement du old school pour l’amour du vieillot, et les indés, c’est à croire que nous n’avons jamais eu autant de titres aux pixels apparents à sortir tous les mois. Chacun, ou presque, apporte sa pierre à l’édifice, fût-elle minuscule, notamment Galaxy Trail. Un modeste studio de développement indépendant, dont le but, à en croire les dires de ses membres, est de rendre hommage aux titres 16Bits, notamment ceux de la Megadrive. Premier jeu de leur concoction à nous parvenir, Freedom Planet débarquait sans grand bruit en 2014 sur PC, puis un an plus tard sur Wii U. En août, ce jeu de plateforme 2D aux allures de Sonic revient sur Nintendo Switch.
Du Sonic à l’ancienne…
Sonic : The Hedgehog sur Master System et Megadrive, c’était quand même vachement bien, on ne va pas se mentir. Pour l’époque, c’était le must, et on ne faisait guère attention aux problèmes de gameplay, notamment un manque de variété, ou un personnage qui a la fâcheuse tendance de patiner sur toutes les surfaces. Avec le temps, les épisodes en 2D se sont étoffés de nouveaux personnages, mais soyons honnêtes deux minutes : Sonic ne sait rien faire sinon courir, Tails n’a d’autre utilité que de planer quelques instants, et Knuckels… Oublions ce dernier voulez-vous ? N’allez pas mal interpréter mes propos, ces titres restent bel et bien de véritables chefs d’oeuvre du jeu vidéo old school, mais il est vrai qu’ils ont vieilli, et pâtissent par ailleurs d’une absence de sauvegarde caractéristique de l’époque. Aujourd’hui, on a appris des erreurs passées, et on fait mieux, fort heureusement.
À défaut de proposer des relectures des Sonic en 2D, à qui les petits gars semblent vouer un certain culte tout à fait compréhensible, le studio Galaxy Trail a décidé de leur rendre hommage via un titre en reprenant nombre des aspects. Ainsi, ne soyez pas surpris si les premières images de Freedom Planet vous font directement penser au hérisson bleu, c’est totalement assumé, et c’est finalement tant mieux, avec les petites déceptions provoquées par les derniers épisodes signés Sega en date, si ce n’est le sympathique Sonic Mania Plus. Ainsi, on se retrouve avec des environnements fort colorés et chatoyants, le tout revêtant un manteau de pixels apparents comme à l’époque, et mettant l’accent sur une certaine vision de la vitesse en scrolling horizontal. Avec bien sûr le ramassage de pièces, remplacées ici par des cristaux, inhérent à la formule.
Ne soyez pas surpris si les premières images de Freedom Planet vous font directement penser au hérisson bleu, c’est totalement assumé.
Mais qui dit hommage n’inclue évidemment pas le simple plagiat, et Freedom Planet a tout ce qu’il faut, où il faut, afin de différer suffisamment de ses modèles. Pour commencer, ses environnements sont moins retors que ne peuvent l’être ceux de chez Sonic. Et pour le coup, il s’agit bien d’un point positif, puisque l’on s’arrête peu, et on ne cherche jamais vraiment son chemin ; quoique, d’un autre coté, il est vrai que les différents passages secrets des cartouches de Master System et de Megadrive manquent un peu aux décors parfois monotones du titre. Tout du moins, ça va vite, on a l’impression de ne jamais faire de pause, et l’action reste, malgré tout, parfaitement lisible. Quant à sa bande son, celle-ci est en demie-teinte, avec une poignée de morceaux vraiment chouettes, et d’autres répétitifs et peu inspirés. Reste un doublage intégral en anglais des dialogues, plutôt bien senti.
… mais en mieux ?
Oui, en mieux, vous lisez bien. Et en premier lieu parce que Freedom Planet a la riche idée de proposer un véritable scénario. Alors bon, nous ne sommes pas face à un chef d’oeuvre d’écriture à la Hideo Kojima dans Snake Eater, mais tout de même : cet aspect du titre a le mérite d’exister. Le tout est bardé de moments de bravoure maladroits et de grands méchants un peu trop démoniaques, mais se suit avec un petit plaisir coupable. Par ailleurs, cette chouette histoire très manichéenne et mièvre met en scène les trois personnages principaux (ou devrais-je dire principales) du titre : Lilac, Carol et Milla. Trois jeunes filles de trois races différentes, qui ne manquent pas de cocher la case potiche à leurs heures (le jeu vidéo a encore de gros progrès à faire à ce niveau) mais se révèlent malgré tout attachantes. Et qui dit trois protagonistes, dit trois personnages jouables (ça fait beaucoup de « trois » vous ne trouvez pas ?).
Trois personnages pour trois types de gameplay différents, rien de moins, et on est assez loin de ce que proposaient les Sonic en 2D avec un changement minuscule par protagoniste. Non, ici on a droit à trois façons d’aborder les niveaux, de quoi gonfler le potentiel de rejouabilité du titre, et donc sa durée de vie, déjà plutôt conséquente dans son genre et pour son prix relativement honnête (une quinzaine d’euros).
Lilac est en quelque sorte l’archétype du Sonic. Cette demoiselle dragon (oui oui, dragon, on ne dirait pas hein ?!) de couleur violette court vite, dispose d’une attaque simple, d’un saut tournoyant qui inflige des dégâts et permet de planer ; enfin son pouvoir bien à elle est un boost puissant mais très court, permettant de foncer/voler dans une direction précise. Carol est quant à elle plus taillée pour la baston, avec un enchaînement au corps à corps rapide, et une attaque spéciale rouant de coup l’adversaire. Elle peut par ailleurs grimper sur sa moto lorsqu’elle récupère des bidons d’essence, dissimulés çà et là, ce qui se révèle vraiment fun. Quant à Milla, elle dispose d’un bouclier permettant aussi de tirer (en cas de pression rapide sur le bouton assigné), et peut créer un cube d’énergie qu’elle lancera ensuite pour infliger des dégâts (ou combinera à son bouclier pour tirer de grosses décharges). Pour finir, ses grandes oreilles lui permettent de voler quelques instants, à la manière d’un Yoshi.
Lilac est l’archétype du Sonic, Carol peut invoquer une moto, et Milla peut s’envoler avec ses grandes oreilles… C’est assez varié en effet !
Freedom Planet n’est toutefois pas parfait. Son gameplay est simple, offrant une prise en main immédiate et plaisante, à la manière des vieux plateformers 2D, sans les quelques imperfections. Notamment les phases sous l’eau, qui sont certes inspirées vaguement de ce que proposait le Sonic d’antan, mais se révèlent beaucoup moins stressantes et frustrantes. Toutefois, on regrettera quelques menus détails, comme une difficulté pas toujours très bien dosée, selon les niveaux, et une tendance à trop pousser à la confrontation, en opposant au joueur de trop nombreux ennemis. Les boss sont sympathiques dans leur aspect, et se renouvellent assez pour qu’on n’ait rien à reprocher au jeu à ce niveau… Si ce n’est des paternes prévisibles et basiques, dans la majeure partie des cas. Quelques exceptions cependant, notamment un combat contre un dragon géant vraiment dantesque.
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