Gamescom 2017 : Notre interview avec Stéphane Beauverger, directeur narratif de Vampyr
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Rédigé par Mathieu Corso
Sûrement attendu par bon nombre de joueurs, l’action/RPG Vampyr, et nous avons justement eu la chance et l’opportunité de nous entretenir avec le directeur narratif du soft, Stéphane Beauverger.
- Tout d’abord, pouvez-vous vous présenter pour ceux qui ne vous connaissent pas ?
Alors je m’appelle Stéphane Beauverger, et je suis le directeur narratif du projet Vampyr pour Dontnod.
- Vous avez donc développé Remember Me qui se déroule dans un néo Paris futuriste, puis Life is Strange qui se déroule de nos jours. Pourquoi avoir choisi le contexte de l’après guerre 14-18, et plus spécifiquement Londres pour le déroulement de l’histoire de Vampyr ?
Alors il y a deux raisons à ça. Tout d’abord, c’était dû à la nature du personnage dans lequel on allait évoluer. Nous, ce qui nous intéresse souvent, c’est de travailler un concept fort, et ce qu’on trouvait intéressant dans le personnage du vampire, c’était le personnage de dualité. Et dès qu’on a dit que ce serait intéressant de jouer un vampire qui était à la fois un humain et un monstre, comment pourrait-on aller encore plus loin dans ce concept ? Alors on a décidé d’en faire un médecin, qui tout à coup découvrait qu’il était une créature surnaturelle qui n’obéit pas aux lois de la science. Et du coup, on s’est dit « tiens c’est bien ça faudrait creuser encore un peu plus ». Puis le début du XXème siècle c’est une époque intéressante parce que c’est l’époque où les microscopes sont apparus, les lois de Darwin de l’évolution ont été découvertes, et la science est en train de prendre le pas sur les superstitions, sur une forme de crédo absolu dans la religion comme la seule forme de perception du monde. Et c’était très intéressant de prendre cette époque-là, surtout que comme les histoires de vampire sont des histoires tragiques, c’était bien de trouver un setting où il y avait un nombre d’événements très, très dramatiques qui faisaient que les vampires pouvaient s’amuser un petit peu plus que d’habitude et sortir beaucoup plus de leur tombeau. Et justement, la fin de la première guerre mondiale correspondait très bien à cette époque-là à la fois parce que c’est le début de l’ère industrielle, c’est l’arrivée de plein de découvertes scientifiques, c’est la fin de la première guerre mondiale qui a causé des millions de morts, et c’est en même temps l’arrivée de l’épidémie de la grippe espagnole qui a tué plus de gens que la guerre elle-même. Et donc, la ville de Londres est complètement ravagée par ces choses-là. Et du coup pourquoi Londres ? C’est d’abord parce qu’il pleut, parce qu’il y a de la brume, parce que c’est une ville qui est gothique, et parce que c’est là que se passe Dracula. Et puis parce qu’à l’époque, quand l’Angleterre était encore en guerre, il y a eu une censure et on n’a jamais parlé de l’épidémie de grippe espagnole dans la presse, ce qui fait que les gens ont été abandonnés à eux-même et ça a été vraiment dramatique parce que rien n’était fait par les autorités. Donc c’était l’environnement parfait pour nous pour pouvoir raconter une histoire bien glauque et bien tragique de vampire en fait.
- Quel est d’après vous, la plus grand force de Vampyr pour parvenir à se démarquer et à devenir un véritable succès ?
Ah je sais pas car normalement c’est pas aux créateurs de dire ça mais plutôt aux journalistes de répondre et de dire ce qui est à leur avis, le meilleur élément. Dontnod a toujours travaillé sur un tissu narratif qui est complexe et riche. On sait que c’est un des points forts du jeu. On est très fier d’avoir fait un jeu où le joueur est totalement libre de toutes ses décisions. Il peut décider de traverser le jeu en jouant un vampire humaniste qui essaye de ne pas tuer de personnes ou pas trop de personnes, ou il peut jouer une bête sanguinaire qui essaye de tuer tout le monde. Après, le jeu se finira de toute façon et il n’y a pas de jugement fait par le jeu car il ne va pas dire aux joueurs « ah t’as tué quelqu’un qui ne fallait pas » non, on a le droit de tuer toutes les personnes. Par contre, tu paieras toujours les conséquences et tu paieras le prix de tes actes. Il y a plusieurs fins qui sont proposées au joueur, selon la manière dont il va jouer, et ça c’est quelque chose dont on est très fier parce que c’est important de réussir à faire des jeux qui ont cette promesse là qui dise »oui oui, ça va impacter le monde la manière dont tu vas jouer ». La preuve, il y aura des fins différentes.
- Et justement, les choix feront partie intégrante de Vampyr et du coup, est-ce que vous pouvez nous dire combien il y aura approximativement de fins ?
Il y en a exactement quatre, dont une qui est très difficile à obtenir. Car c’est celle que l’on arrive à avoir si l’on ne tue personne et ça, c’est la version la plus difficile à faire.
- Avez-vous rencontré à un moment donné une grosse difficulté dans le développement de Vampyr, et comment avez-vous fait pour parvenir à la vaincre ?
Il n’y a pas eu de difficultés particulières. Fabriquer un jeu vidéo est difficile de toute façon. Je dis régulièrement : faire un jeu c’est sauter tous les obstacles à peu près dans le bon ordre un par un et le résultat final, ça fait le jeu qu’on a réussi à produire. C’est un projet qui est très ambitieux. On s’est donné des objectifs et là, on arrive bientôt à la fin du projet, et les objectifs on a réussi à les maintenir, donc c’est déjà une réussite en soi.
- On a pu voir que notre héros se battra assez souvent contre des chasseurs de vampires, entre autres. Est-ce qu’il y aura d’autres ennemis plus puissants à affronter au fil du jeu ?
Oui bien sûr. Les chasseurs de vampires eux-mêmes sont déjà très dangereux parce qu’ils ont eu des siècles pour affiner leurs techniques de combat pour se battre contre les vampires. Mais évidemment, il y aura des créatures surnaturelles. Je ne peux pas en dire beaucoup plus mais tout ce qui est en train de se passer dans Londres à l’époque du jeu, il y a des complots vampiriques un petit peu dans tous les coins. Et oui, il y aura des créatures très dangereuses et qui ne sont pas humaines qu’il faudra affronter.
- Nous savons qu’il y aura des quêtes annexes dans Vampyr. Ces dernières permettront-elles d’en savoir plus sur l’intrigue ou seront-elles à part et raconteront des histoires différentes ?
Alors, elles ne permettront pas d’en savoir plus sur l’intrigue. Ce sont vraiment des quêtes qui sont liées aux micro-causes mais qui permettent d’en apprendre un petit peu plus sur les secrets de chacun des citoyens. Par contre, pour en apprendre un petit peu plus sur la nature cette mythologie, il y aura des collectibles que l’on pourra trouver et que l’on pourra lire pour comprendre un peu mieux d’où viennent les vampires, comment ils se sont organisés etc…
- Vous avez dit que Vampyr sera un jeu à monde semi-ouvert. En sachant cela, avez-vous une information à nous donner en ce qui concerne sa durée de vie approximative pour un joueur lambda ?
Je crois qu’un joueur lambda il est parti pour au moins quinze heures de jeu et je crois que c’est le strict minimum. Et si tu veux prendre le temps de faire toutes les quêtes etc…, tu peux multiplier ça par deux.
- En revenant sur les divers choix que nous aurons à effectuer dans Vampyr, ces derniers seront-ils aussi marquants et flagrants qu’un Life is Strange par exemple ?
Je pense même qu’ils seront au moins aussi marquants. A partir du moment où l’on donne la capacité à un joueur de décider de ce qu’il va faire, et on n’est pas sur n’importe quel sujet on est sur le fait de prendre la vie de quelqu’un ou pas, bien sûr qu’il y aura des choix marquants. Le destin de Londres va être entre les mains du héros. Et donc, ça va vraiment être ses actions qui vont déterminer ce qu’il va se passer.
- On attend toujours une date de sortie pour Vampyr, et avez-vous des précisions à ce sujet ? Savez-vous quand est-ce que vous annoncerez une date de sortie plus précise ?
Alors en fait la date exacte et le jour précis c’est du ressort de Focus l’éditeur. On sait que ce sera pour la fin d’année ça c’est sûr. La date exacte c’est pas encore révélé pour l’instant.
- Est-ce qu’il y aura un type de compétences sur les trois qui primera plus qu’un autre dans certaines situations ?
Pas spécialement. En fait, chaque joueur va dépenser les points dans le style de combat et le style de compétences qu’il préfère. Est-ce qu’il va être plus agressif, plus discret et est-ce qu’il va être plus sur la gestion de sang et sur la gestion de foule etc… Il n’y a pas de méthodes particulières. Ce sera vraiment selon la manière dont le joueur préfère progresser dans le jeu en fait.
- Et du coup nous avions vu aussi pendant la présentation que l’on pouvait ramasser des ressources dans le jeu et du coup, il y aura des éléments de crafting mais qu’est-ce que l’on pourra crafter globalement ?
Il va y avoir trois éléments. Il y en a un premier qui est classique on va dire, car le joueur pourra améliorer ses armes pour qu’elles soient plus dangereuses face aux ennemis surnaturels qu’il doit affronter ça c’est une première chose. Il y aura aussi une amélioration de l’équipement. Et ensuite, un autre facteur de craft qui sera lié à la notion de choix avec les mêmes ingrédients de base puisqu’il est un docteur. Le personnage de Jonathan pourra créer des médicaments pour soigner la santé des gens et donc améliorer la santé des quartiers et faire en sorte de garder l’épidémie sous contrôle. Ou au contraire, garder les mêmes ingrédients de base en plus de quelques éléments surnaturels comme du sang de vampire par exemple, il peut fabriquer des sérums pour se soigner lui. Donc encore une fois, c’est un choix entre je décide plutôt d’être le docteur ou plutôt la créature.
- Est-ce qu’un new game + sera de la partie pour justement essayer les autres types de compétences ?
Non, il n’y a pas de new game +. Quand tu as fini la partie, tu peux décider de rejouer mais en remettant les compteurs à zéro et on va voir cette fois-ci si tu tues les autres personnes ou les mêmes.
- En tout cas, on a hâte de jouer à Vampyr parce que la présentation nous a beaucoup plu. Et avant de terminer cette interview, avez-vous une information exclusive pour les gens qui liront cette interview sur Actugaming.net ?
Une information exclusive ? Je ne sais pas, je vais partir en vacances et il est temps ! (rires) Non on va juste commencer à travailler sur un nouveau projet puisque Vampyr arrive à la fin. Mais voilà, je ne peux pas en dire plus.
- Merci en tout cas pour cette interview !
Mais de rien.
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Date de sortie : 05/06/2018