Si vous avez déjà possédé une Game Boy Advance, ce que je vous souhaite sincèrement, et que vous avez une petite sensibilité au RPG, alors le nom Golden Sun vous parle très certainement. Il faut dire qu’hormis du côté de Fire Emblem et de Pokémon, la console n’eut pas légion de grands représentants de ce genre pourtant taillé pour la portabilité. Au delà de ça, la licence de Camelot aura surtout fait du bruit au fil des années en devenant culte, la faute à sa grande qualité indéniable, mais aussi à son univers génial et très inspiré. Bientôt, les fans réclamèrent en masse le retour des guerriers de Val, ce qui ne semblait pas faire partie des projets urgents du développeur. Il aura tout de même fallut attendre six longues années après la sortie de l’immanquable Golden Sun : L’âge Perdu en Europe pour que Camelot parle enfin de la suite, avec l’annonce à l’E3 2009 d’un nouvel opus sur DS. Changement de console, et pour l’occasion changement de personnages principaux, qui ne seront autres que (pour certains) les enfants des héros des volets précédents.
Changement de console pour une nouvelle vie
Nouveau postulat donc, avec une histoire qui débutera non loin des ruines du village de Val, là où le soleil d’or s’est élevé. Cela fait trente longues années que Vlad et Garet sillonnent les environs, à la recherche d’effets néfastes de ce nouvel astre de psynergie, pourtant censé sauver le monde une bonne fois pour toutes. Dans les faits, celui-ci n’aura fait que rallumer la flamme de l’alchimie, ce qui rendit effectivement le monde un peu plus prospère, mais surtout aura beaucoup changé sa géographie. Mais oubliez les deux guerriers de Val précédemment cités, puisque dans Golden Sun : Obscure Aurore vous incarnerez avant toute chose leurs enfants. Ainsi vous voilà aux commandes de Matt, de Terry et de Kiara, respectivement les marmots de Vlad, Garet et Ivan, les trois premiers héros du volet originel.
Un premier point positif pour le titre de Camelot, puisque les fans auront déjà eu l’occasion de jouer très longuement en compagnie de la première génération de héros ; quant aux néophytes, ils auraient eu besoin de plus d’explications qu’on nous en donne au fil du jeu si cela avait été le cas ici. De plus, cette nouvelle histoire, que nous n’évoquerons pas plus longtemps, permet à ce troisième volet de se détacher de ses deux aînés, bien qu’il ne coupera jamais vraiment le cordon. Mais ne vous y trompez pas : nouvelle console, nouvelle histoire, nouvelles têtes ; Obscure Aurore reste toutefois très similaire à ce que proposaient les deux volets précédents sur GBA. Les personnages ne manquent donc pas de caractère, bien que cet épisode soit de prime abord bien plus mièvre que par le passé, et l’aventure revêtira pendant un temps un aspect très linéaire, avant de nous laisser, tardivement, déambuler plus librement. À la manière de L’âge Perdu en somme.
Nouvelle console, nouvelle histoire, nouvelles têtes ; Obscure Aurore reste toutefois très similaire à ce que proposaient les deux volets précédents
Jusqu’ici, tout va pour le mieux. Mais bien vite, les fans de la première heure pourront commencer à pester, notamment devant des dialogues qui s’éternisent trop souvent, et pour ne pas dire grand chose de surcroît. Et si le fan service fonctionne plutôt bien, avec le retour de quelques têtes marquantes, ou encore avec de petits clins d’œil çà et là à des événements passés, force est de reconnaître que la magie fait beaucoup moins effet. Difficile de dire pourquoi, étant donné que la recette touche de très près à ce que l’on connaît de la série. Peut-être est-ce là l’épisode de trop, un point c’est tout. Mais que les néophytes se rassurent, le jeu n’en demeure pas moins poignant, malgré quelques allez/retours parfois un brin ennuyeux. Et ces quelques petits défauts cités plus haut n’empêcheront pas les habitués de prendre eux aussi leur pied, quoique certainement un peu moins.
Peut-être est-ce là l’épisode de trop, un point c’est tout
Dommage que certains personnages aient été écrits à la va-vite, je pense particulièrement à un duo d’antagonistes que le jeu vidéo ne gardera pas en mémoire. À coté de cela, certains revenants sont, quant à eux, très proches de ce qu’ils étaient par le passé, ce qui n’est pas pour nous décevoir… bien que l’on aurait aimé en apprendre plus. Car les dialogues ont beau être longuets, ça ne signifie pas pour autant qu’ils seront blindés d’informations intéressantes. Ce sera même souvent l’inverse. Alors oui, le jeu nous en apprend un peu sur ce que sont devenus le monde, les héros des jeux précédents, et reparle même de certains méchants. Mais à terme, on en sort avec plus de questions que nous en avions à la fin de L’âge Perdu, et assez peu de réponses. La faute à la construction du jeu, qui aurait certainement dû être le premier d’un duo, en témoigne une fin largement ouverte… malheureusement l’histoire en a voulu autrement, et Camelot s’est depuis uniquement orienté vers le jeu de sport made in Nintendo.
La recette du bonheur
Bien que son scénario ne soit pas parfait, Golden Sun : Obscure Aurore est toutefois très plaisant à parcourir, notamment grâce à un aspect visuel très réussi. Les deux premiers opus comptaient parmi ce qui se faisait de mieux sur la petite Game Boy Advance, et l’arrivée sur DS de la série en fit tout autant. Ainsi, bien que l’on regrettera son bestiaire moins inspiré que par le passé, le titre est toutefois particulièrement joli sous tous les aspects, et s’offre le luxe de disposer d’un level design du même acabit. Les invocations ont elles aussi été retravaillées, pour un résultat qui claque, et qui met à l’amende bon nombre de concurrents sur la portable aux deux écrans de Nintendo. Reste son aspect musical, très proche là encore de ce que l’on a pu entendre sur Golden Sun et sa suite, avec une pincée de morceaux clin d’œil, et un ensemble délectable.
Quant à son gameplay, pas de surprise, puisque Obscure Aurore reprend trait pour trait la recette initiée par ses prédécesseurs, c’est à dire du RPG au tour par tour, ponctué de petits éléments originaux. On retrouve les Djiins, ces petites créatures élémentaires qu’il faudra assigner aux personnages pour leur conférer une force nouvelle, mais surtout pour les faire changer de classe. Ici, le principe a été un poil simplifié, mais rien de bien méchant, juste histoire de permettre même aux néophytes de se retrouver dans ce système difficile à assimiler de prime abord. Il sera aussi possible de les utiliser en combat, seuls ou bien via des invocations, de quoi faire varier les plaisirs lors des nombreux affrontements. Quant au reste du game system, rien de très surprenant, on est sur du jeu de rôle très classique, avec des mécaniques rodées. Rien à redire donc.
On est sur du jeu de rôle très classique, avec des mécaniques rodées
La grande force de la série réside dans son savant mélange de combats aux affinités élémentaires, et d’énigmes à résoudre en utilisant la psynergie, une magie inhérente à ce chouette univers. Rien de bien compliqué dans la majorité des cas, mais il arrivera toutefois qu’il faille véritablement se creuser les méninges pour récupérer un Djiin ou un coffre que l’on aperçoit mais que l’on ne peut pas atteindre. Le tout pourra être utilisé avec le stylet ou les touches directionnelles, le choix étant laissé au joueur, idem pour les déplacements et les combats. Dommage que ces énigmes mettent un temps fou à devenir intéressantes, avec un début de jeu fort aisé en tout point.
Bien qu’on verra le terme de l’aventure assez vite, comparativement à L’âge Perdu, avec environ vingt heures de jeu en ligne droite, le titre n’est toutefois pas avare en contenu. Récupérer la totalité des Djiins prendra un bon moment, d’autant que certains sont vraiment bien cachés, idem du côté des tablettes d’invocations et des équipements les plus puissants. Toutefois, là où les opus GBA disposaient d’une difficulté loin d’être ridicule, difficile d’en dire autant de cette aventure sur DS. Le jeu aurait en effet gagné à être un poil plus ardu, puisque même le boss final n’opposera pas vraiment de résistance. Reste un post game qui ne se moque pas de nous, avec quatre donjons beaucoup plus complexes à aborder que tous les autres, et bien sûr leur boss attitré. Autant être clair, c’est bien une fois l’aventure principale bouclée que Golden Sun : Obscure Aurore nous livre ses adversaires les plus consistants.
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