Hero Festival : Notre Interview de DominGo et Doigby
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Rédigé par Quentin
Parmi les nombreux invités prestigieux de ce Hero Festival en rapport avec l’univers du jeu vidéo (comme Marcus, Kayane, et quelques Youtubeurs), nous avons pu voir deux noms connus du streaming League of Legends. Il s’agit de DominGo et Doigby qui ont été très actifs ce week-end au salon situé à Marseille comme vous pouvez le voir, par exemple, ci-dessous lors de cette conférence.
Malgré un emploi de temps chargé et une petite fatigue que l’on comprend, nous avons pu effectuer une petite interview avec les deux streamers français. Dans un soucis pratique et de temps, nous avons réalisé cette entrevue conjointement avec d’autres médias : Notamment, Gamewave, Le Pixel Rond, et E-Gamerz Radio que l’on remercie tout particulièrement pour leur collaboration sur l’enregistrement audio.
- Pouvez-vous vous présenter en quelques mots ?
Doigby : Salut à tous, moi c’est Arif Akin alias Doigby, je suis streamer et youtubeur depuis quelques années, anciennement joueur pro et coach League of Legends, je me concentre maintenant sur le streaming et le divertissement sur internet.
DominGo : Bonjour, Pierre-Alexis Bizot alias DominGo, je suis aussi streamer et Youtubeur League of Legends. On fait un peu de tout, on fait des conneries sur internet et ça plaît aux gens.
- C’est votre première fois au Hero Festival. Qu’en avez-vous pensé ?
DominGo : Alors pour moi c’est déjà une première à Marseille, étant Parisien la ville est une belle découverte, c’est déjà un bon point. Après pour le Hero Festival, je trouve ça très cool qu’il y ait des gros festivals qui se développent dans le Sud pour que l’on puisse rencontrer notre communauté ici. Très bonne première pour moi au Hero.
Doigby : Pour moi c’est différent puisque j’ai eu l’occasion de vivre plusieurs années à Marseille vu que j’étais chez Millénium qui était domicilié ici à l’époque. Ça a été un énorme plaisir de revenir à Marseille pour cet événement, ça me donne une excuse pour revoir le soleil, et la « joviabilité » des gens, même si ça ne se dit pas. C’est le gaming, ça va vite, dans deux semaines c’est dans le dictionnaire ne vous inquiétez pas (rire). L’événement est bien, les gens qui viennent nous voir sont sympas et souriants. Il y a les petites vannes et les petits mots. Ça fait deux jours, mais on se sent déjà marseillais.
- Pour enchaîner sur League of Legends, avez-vous un concept de champion que vous aimeriez voir sur le jeu ?
DominGo : C’est intéressant parce qu’il y avait pas mal d’idées sur les concepts de nouveaux champions sur LoL. Récemment, nous avons eu Ivern qui peut poser des bush, ce qui est assez novateur. Le soucis c’est que, si c’est trop « what the fuck » ça va être très compliqué à équilibrer. Il manquerait peut-être un truc pour le drain de mana, après c’est compliqué parce que si l’on joue contre un champion qui ne possède pas de mana c’est un peu bloqué. En tout cas, on va bosser sur la question (rire).
Doigby : C’est vrai que c’est quelque chose auquel on ne pense pas forcément. Après, si on pouvait avoir un champion à mon effigie avec de grosses statistiques et pas mal de muscles histoire de me retrouver… (rire) Sinon je n’ai pas spécialement d’idées, mais j’aime les champions qui ont un style dynamique. Du coup, j’aimerais un champion avec beaucoup de dash et de dégâts, et il te casserait la gueule à chaque fois (rire).
- Que pensez vous de l’évolution du jeu avec la saison 7 ? Et si demain League of Legends n’existe plus, qu’allez-vous stream ?
DominGo : Pour l’évolution du jeu, le changement est toujours difficile à accepter, comme la refonte visuelle de la map, c’était bizarre on ne comprenait pas trop, mais au final, quand on revoit des trucs de l’époque, on se dit que c’est positif. Ce qui fait que League of Legends reste numéro un, c’est que ça bouge tout le temps, on a jamais l’impression de jouer au même jeu. Il y a 130 champions, mais il y a des métas fortes avec certains champions. D’un coup on repasse sur les assassins, les tanks… Ça bouge vraiment tout le temps et c’est ça qui permet de ne pas nous lasser.
Par rapport au stream, nous on stream LoL parce que c’est un kiff. On a beaucoup joué à un seul jeu dans notre vie. Moi j’ai déjà joué à Guild Wars et à COD, et quand je lance le PC j’ai envie de jouer à ça, j’ai pas vraiment envie de jouer à un autre jeu et d’aller me forcer. Il y a beaucoup de moments dans mes lives où je joue à d’autres jeux, avec des potes notamment, mais jamais je me forcerai pour avoir le côté multigaming. Il n’y aurait aucun intérêt et aucun plaisir. Pour l’instant, on ne se pose pas la question, on continue ce qu’on fait. Par exemple, on joue beaucoup à H1Z1 parce que c’est un jeu qui nous fait plaisir, et on a pas l’impression de le streamer. Comme LoL, on lance le truc et les gens aiment bien. Je ne peux pas vraiment répondre à la question, mais je pense que LoL a encore un bon petit avenir devant lui.
Doigby : C’est toujours difficile parce que moi avec League of Legends, je sais qu’il y a quelques années, on se disait déjà : « Dans cinq ans ça va mourir ». Et tous les ans, finalement, cette date de cinq ans reste la même. Tant que Riot ne fait pas de mauvais « move », League of Legends ne pourra pas disparaître du jour au lendemain. Ça veut dire qu’on a déjà une énorme marge de manœuvre jusqu’au moment où l’on sentira que le jeu devient de moins en moins populaire. Et s’il devient moins populaire, c’est qu’il devient moins sympa. Si les gens décrochent, nous aussi on décrochera forcément. Comme l’a dit DominGo, on joue et on streame du LoL parce qu’on aime League of Legends, et uniquement pour ça. En plus, maintenant, on arrive à le partager entre potes et avec une communauté qui nous suit et ça décuple l’émotion. League of Legends est un plaisir, mais ça n’empêche pas d’aller sur d’autres jeux parce que nous sommes des gens qui ont envie de passer du bon temps sur internet en jouant aux jeux vidéo entre potes. En ce moment? il y a H1Z1, SpeedRunners qui sont de bons exemples parce que nous sommes des joueurs compétitifs. Même si on est pas là pour aller aux LCS, nous sommes des compétiteurs dans l’âme. Moi j’ai fait beaucoup de sports collectifs comme le handball ou le football donc j’ai retrouvé ces valeurs là dans League of Legends. Il y a ce côté compétitif où l’on joue contre des êtres humains. En plus de ça? il y a le plaisir collectif quand tu gagnes et les défaites que l’on vie ensemble. C’est plutôt cool au niveau des valeurs.
Cette saison, il y a énormément de changements. Je pense, là, que c’est la saison qui a subi le plus de changements en terme de jeu pur. A part peut-être avec le changement de map même si c’était assez léger. En dehors de ça, il y a plein de choses qui ont bougé. La jungle a totalement changé sachant que c’est l’épicentre du jeu. Ça veut dire que toutes les lane vont devoir s’adapter aux nouveaux timing. Les joueurs pros, on les a vu, qui réagissent en mode : « C’est un gros bordel, on a peur de perdre notre place ». On sait très bien qu’il y a des métas qui correspondent à certains et pas à d’autres. C’est un gros changement, mais pour moi, Riot a besoin de faire ça et doit faire ça pour continuer de faire briller les yeux de leurs joueurs. Riot crée des champions pour passer le temps, mais c’est ces pré-saisons là où le jeu devient très intéressant.
- Que pensez-vous de la nouvelle dimension que prend l’esport, notamment avec des nouveaux arrivants comme le PSG ou l’OL?
Doigby : Pour moi c’est très positif, ça fait des années que l’esport est en train de grimper. Les grandes marques, les clubs, et énormément de gens fortunés s’y intéressent. Il y a un côté un peu dangereux à ça, et c’est à nous, acteurs de la scène, de surveiller tout ça puisqu’au départ, nous faisions ça par passion. Aujourd’hui, on a la chance de pouvoir gagner notre vie avec notre passion, du coup on doit faire attention à ce que les valeurs de l’esport ne changent pas. Mais en même temps, on ne peut pas leur fermer la porte parce qu’on a besoin de ce qu’ils vont nous apporter en termes de professionnalisme, de moyens… On ne pourra pas grossir sans eux.
DominGo : L’esport en Europe est super intéressant. On a vu deux modèles différents. Aux Etats-Unis principalement, ce sont des millionnaires/milliardaires qui possèdent des clubs comme Marc Cuban ou monsieur Fox (Rick Fox ndlr), qui possèdent également des clubs de NBA ou même de Baseball ect, qui vont donc créer des franchises esport comme NRG avec Shaquille O’Neal. Par contre, tu ne vois pas, par exemple, les Lakers posséder une équipe. En Europe, ça s’est développé autour de FIFA, c’est ça la différence. Du coup, les clubs se sont dis : « Mais attendez, il y a des gens qui jouent, qui gagnent des compétitions, qui sont vus par tout le monde, et qui jouent avec notre propre club. Pourquoi est-ce qu’on ne va pas aller là-dedans? ». Ils ont pris un peu ce marché de l’esport autour de FIFA, mais aussi sur d’autres jeux comme League of Legends. Mais il faut faire attention à ce que l’esport ne devienne pas un sous-sport ou une filiale. L’esport est quelque chose à part et de différent, il faut montrer le caractère de l’esport. On est pas du foot, on est quelque chose d’autre. C’est là-dessus qu’il va falloir faire attention et le modèle américain l’a bien compris. Il peut même y avoir certaines limites, mais je suis content que l’esport se développe et touche un nouveau public, et que le fait de pouvoir jouer aux jeux vidéo, de faire des tournois dessus, et même gagner sa vie avec les jeux vidéo deviennent de plus en plus normal.
- Pensez-vous que les modifications apportées par Riot délaissent les joueurs classiques au profit de l’esport ainsi que l’individualité au profit du teamplay ?
DominGo : C’est un jeu d’équipe, et Riot a deux choix : soit il pousse le côté très individuel, skill perso & co ou alors on pousse le côté « On joue à cinq », « On joue ensemble », » On joue à un jeu vidéo mais t’es pas tout seul dans ta chambre, t’es quand même avec des potes ». Notamment avec les clubs et la Dynamic Queue ou autre. (…) Du coup, oui le jeu devient de plus en plus un jeu d’équipe où tu as besoin des autres donc forcément pour la solo queue c’est frustrant. Rien que nous, récemment, on a rejoué en team et tu te dis : « Ah ouai c’est cool quand même le jeu en team, ça manque ». C’est deux plaisirs différents, mais en même temps, c’est difficile pour Riot de ne pas pousser le côté compétition. On vois peut-être moins d’outplay très mécanique en 1vs1, mais ça joue beaucoup plus sur le côté stratégique avec les rotations, le ShotCall… Tous ces petits trucs qui ont été vraiment développés, et maintenant t’as pas le droit à l’erreur. C’est ce qui fait que SKT gagne tout le temps. Une équipe moins forte en 1vs1 pur, il va pas être moins fort le gars, mais juste à un moment ils vont dire : « Tu vas bot, toi tu vas mid, et c’est fini ». C’est un peu plus ce côté stratégie, jeu d’échec qui est poussé. Oui ça devient plus facile mécaniquement, mais je ne trouve pas que ce soit une casualisation du jeu.
Doigby : Comme l’a dit P-A, c’est la voie qu’a voulu prendre Riot il y a plusieurs années. Moi je me rappelle, en saison 3 principalement et même avant, où tu pouvais faire la game solo. Pourquoi ? Parce qu’il y avait une répartition de l’expérience différente où tu pouvais deny de l’xp par rapport à la distance avec les creeps. Le jeu était fait de tel sorte que, si tu es meilleur que ton adversaire, tu puisses le défoncer, et éventuellement après défoncer tout le monde. Il y avait ce plaisir personnel où tu pouvais faire la différence pour ton équipe. Derrière, ils ont voulu moderniser le jeu et le rendre beaucoup plus teamplay pour le spectacle. Parce que League of Legends, c’est un spectacle, c’est streamable, et ça fait vivre des émotions à la personne qui regarde une game. On a pu le voir récemment avec les Worlds où nous avons eu la chance d’être à New-York. Ça vibre beaucoup dans les stades, voir plus que certains matchs de sports traditionnels, et ça Riot l’a très vite compris. (…) Une deuxième chose aussi, c’est pour moderniser le modèle économique. Si on était rester sur la méta précédente dont on parlait où un seul mec peut faire la différence, il faut savoir que le pouvoir était dans la main des joueurs avant. Ça l’est un peu moins maintenant. (…) Du coup tous les coachs, statisticiens, les analystes n’étaient pas du tout pris au sérieux parce que un seul mec faisait la différence, parce qu’il était meilleur mécaniquement ou bien il avait une meilleure vision de jeu. Aujourd’hui c’est basé sur le : « Toi tu dois être là à tel moment, toi tu dois faire ça quand lui il est là… ». Il faut donc plus de coordination, et on a besoin d’un plus gros staff. Ça ressemble de plus en plus à ce que l’on a besoin pour un club sportif. Ils s’inspirent beaucoup de la NBA ou la NFL je crois pour créer l’environnement.
Ce que l’on retient de l’interview
DominGo et Doigby ont, selon nous, répondu avec précision aux questions posées en plus de rappeler leurs parcours et quelques anecdotes sympathiques sur leur rencontre, et même des « move » qui portent leurs noms comme la célèbre « DominGo » du flash dans le mur. Leurs espoirs et leurs prudences sur l’évolution de l’Esport sont très intéressants, et nous avons hâte de les revoir pour approfondir tout ça surtout que, d’ici là, on imagine que l’esport se sera encore développé. DominGo soutient que l’esport se doit d’être quelque chose à part entière même si Doigby nous précise qu’il y a beaucoup de similitudes avec les sports traditionnels au niveau des valeurs, de l’organisation, et du spectacle. Toutefois, ils sont bien conscients du marché que l’esport représente et de l’ampleur qu’il prend à ce niveau-là. D’où cette fameuse prudence avec les énormes sommes d’argent en jeu qui pourraient, éventuellement, dénaturer le milieu, et on les comprend.
On retient aussi leurs avis sur l’évolution du jeu, et les modifications qu’ils considèrent bons dans l’ensemble et qui, malgré le fait que cela peut être un peu perturbant parfois, évitent une certaine lassitude du jeu. Ils se réjouissent également de la politique de Riot qui consiste à encourager le jeu d’équipe. Pour eux, une équipe avec une très bonne stratégie, de très bons mouvements sur la map, ect, a autant de chance (voire même plus de chance) de gagner qu’une équipe possédant uniquement des joueurs plus forts individuellement. En tout cas, on ne peut que leur donner raison quand on voit des équipes coréennes comme SK Telecom T1 (les vainqueurs des Worlds 2016) qui possèdent, à la fois, les deux atouts cités précédemment.
Nous les remercions donc tous les deux pour le temps qu’ils nous ont consacré. On espère les retrouver pour qu’ils répondent à d’autres interrogations pour continuer de discuter sur ce sujet primordial qu’est l’Esport. Nous n’hésiterons pas à interroger, si l’occasion nous est donnée, tous les acteurs (autres streamers, joueurs, casters…) du milieu pour que l’on puisse entendre le plus d’avis possible.
Pour finir, nous précisons que vous pouvez retrouver DominGo sur sa chaîne Twitch ainsi que Doigby également sur Twitch.
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