I’m Standing on a Million Lives : Présentation et avis sur le manga de Pika
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Rédigé par Neomantis Dee
Après The Fable, de l’éditeur français Pika Edition, nous restons chez le même éditeur avec I’m Standing on a Million Lives, écrit par Naoki Yamakawa et dessiné par Akinari Nao. La série, débutée dans le Bessatsu Shônen Magazine de Kodansha en 2016, aura le droit à son adaptation en animé à partir de décembre 2020, la saison 2 étant accessible sur Crunchyroll depuis juillet 2021.
Le manga de Naoki Yamakawa et Akinari Nao semble appartenir à la branche Isekai, un sous-genre de la fantasy, très populaire aujourd’hui. Le principe est d’avoir une intrigue axée sur un personnage qui va devoir évoluer dans un autre-monde, un monde alternatif, parallèle au sien. Des œuvres comme Moi, quand je me réincarne en slime de Fuse ou bien Dragon Ball Extra – Comment je me suis réincarné en Yamcha de Dragon Garow Lee et Toriyama Sensei, en sont de bons exemples.
Nous allons ici vous présenter rapidement les deux premiers tomes du manga I’m Standing on a Million Lives.
Sommaire
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L’histoire nous emmène dans un autre-monde reprenant les codes d’un RPG, le héros Yusuke y est transporté avec deux camarades de classe, Iu et Kusue. Tous les trois devront accomplir différentes quêtes qui auront des répercussions sur leur propre monde. S’apparentant à un jeu vidéo, ce monde va donner à chacun une classe de personnage avec des capacités propres et un système de points d’expérience et de montée de niveaux. De plus, les protagonistes sont immortels. Ils leur suffira d’attendre un laps de temps précis avant de pouvoir réapparaitre, cependant si toute l’équipe se fait tuer la partie sera terminée.
Un pitch plutôt intéressant et qui a le mérite d’être original. Si l’histoire démarre en fanfare sans prendre le temps de nous expliquer la moindre chose, ni même présenter comme il faut les personnages, on est rapidement mis dans le bain. On découvre très vite les règles principales qui régissent ce monde et on a un bon aperçu du rythme que va prendre le manga. En outre, on constate que le héros, Yusuke, est un personnage peu enviable et très égoïste. Un choix intéressant qui dénote avec les standards en vigueur, malgré une montée en puissance un poil rapide qui pourrait devenir problématique.
De manière générale, l’intrigue suit un fil conducteur relativement simple, l’accomplissement de quêtes, qui se ponctuera par de violents affrontements et autres surprises, comme les répercussions sur le monde réel. En effet, I’m Standing on a Million Lives semble vouloir relier les deux mondes afin d’avoir un rapport de cause à effet, et ainsi potentiellement servir un discours. Cette promesse vaut le détour et devrait prendre tout son sens dans les prochains volumes. Même si après 2 tomes, cette approche est plutôt sous-exploitée.
Un héros et des PNJ
Précisons qu’Im Standing on a Million Lives aime utiliser des schémas ou autres données statistiques. En adéquation avec son rapport au RPG, par moments on peut trouver cela un peu lourd avec des explications en pagailles qui, de notre avis, pourraient ne pas être présentes, mais certains les trouveront peut-être intéressantes. Autre fait notable, à la fin d’une quête, le héros peut retourner dans son propre monde, ce qui précise le lien tissé entre les mondes. Nul doute que les tenants et aboutissants ne tarderont pas à se dévoiler par la suite.
Néanmoins, la narration volontairement destructurée tend à desservir la continuité et l’immersion dans l’univers. Bien que ça puisse être pertinent, en l’état cela ressemble plus à un choix fait pour complexifier inutilement l’œuvre. Loin de nous perdre, puisqu’on finit par comprendre ce qu’il se passe et à quel moment, c’est assez déroutant d’entamer une scène et/ou une séquence en cours pour comprendre quelques pages plus loin comment on en est arrivé là. Et le plus souvent l’impact d’un tel choix n’est pas décelable.
Concernant le personnage de Yusuke, qui semble vouloir la mort de l’humanité, le rapport entre les deux mondes va sans doute avoir un rôle sur son parcours. Cependant, on déplore un flagrant manque de travail sur les personnages féminins qui l’accompagnent. Trop en retrait, l’essentiel du récit se concentrant sur les actions du héros. Si les auteurs ont le mérite de ne pas tomber dans le fan service, il est regrettable de délaisser les personnages secondaires. Nous sommes contraints de suivre l’intrigue par le seul regard du héros et cela n’aide pas pour alimenter les relations entre les personnages. La série ne donne pas le sentiment de vouloir s’attarder sur ce point. Affaire à suivre donc.
En demi-teinte
Pour parler de l’aspect graphique de I’m Standing on a Million Lives, notons que les dessins sont réussis, surtout pour le design du bestiaire vraiment convaincant. Vis-à-vis du chara design des personnages humains c’est un peu plus mitigé. Ils sont pour le moment peu mémorables et peu identifiables, ils manquent d’impact visuel. A contrario, les affrontements sont maîtrisés, mais aussi violents sans entrer dans la surenchère. Des séquences qui donnent beaucoup d’intérêt à la série, surtout au vu de la réussite de la modélisation des ennemis.
On ressent aussi un déficit de vie sur les planches, particulièrement pour le tome 1 où les variations de teintes sont trop rares et amènent, à notre sens, un dessin plutôt fade et peu consistant. Constat qui sera moins présent sur le tome 2. Le manque de profondeur des personnages secondaires et quelques dialogues pas des plus parlant, peuvent rendre la lecture fastidieuse pour qui n’est pas totalement embarqué dans l’histoire.
Enfin, le découpage et la mise en scène ne parviennent pas toujours à pleinement dynamiser le récit et les actions, même si cela est surtout gênant sur les phases calme de dialogue. Pourtant, difficile de dire que les dessins ne fonctionnent pas, disons plutôt qu’ils ne nous ont pas paru percutants.
Faut-il craquer pour I’m Standing on a Million Lives ?
Les quêtes et la dimension RPG sont intéressantes et font presque à elles seules tout l’intérêt de l’œuvre. Ceci étant, la fausse complexité narrative et le manque de poids des personnages secondaires dans l’histoire laissent un vide et rendent l’attachement aux protagonistes délicats, sachant qu’il est facile de ne pas adhérer au héros lui-même. L’univers regorge d’idées et le choix de relier les deux mondes, ainsi que la possibilité d’y retourner pour les protagonistes est pertinent, en plus de présager des faits intéressants pour la suite de la série.
I’m Standing on a Million Lives peut sans doute sortir du lot, surtout si on le compare aux Isekai actuels. Mais il va falloir consolider les promesses faites sur les rapports de causes à effets entre les mondes. Il faut surtout amener de la profondeur aux personnages. Leur offrir une évolution, ce qui ne semble pas au programme de ces deux premiers volumes. C’est en partie pourquoi nous avons personnellement eu du mal à nous projeter, à nous impliquer dans cet univers atypique. Et ce malgré un postulat de base qui nous attirait. La faute aussi à des redondances visuelles dues à la narration éclatée qui n’a cessé de nous alourdir l’expérience. Prenez également le temps de lire le contenu ajouté par les auteurs en fin de volume. On y trouve des réflexions sur notre époque actuelle qui valent le détour.
Acheter I'm Standing on a Million Lives sur AmazonQuoiqu’il en soit, adepte des Isekai et/ou fan d’univers de fantasy, mais aussi d’affrontements violents, vous devriez pouvoir trouver votre compte avec I’m Standing on a Million Lives. Le manga de Naoki Yamakawa et Akinari Nao a le mérite de tenter de proposer quelques idées nouvelles, du moins peu représentées dans les autres mangas du genre, particulièrement dans les Isekai. Les prochains tomes auront peut-être des choses intéressantes à raconter, notamment sur le rapport à la violence du héros qui peut facilement renvoyer au rapport que nous entretenons nous-mêmes dans les jeux vidéo.
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