« On veut laisser le choix à l’utilisateur » : Notre interview avec Cédric Mimouni, responsable de Xbox Europe du Sud
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Rédigé par Jordan
Comme l’année passée, Xbox a fait l’effort de mettre en place un stand immense à la Paris Games Week, notamment pour que le public puisse découvrir les jeux du Xbox Game Pass. Durant notre passage sur le salon parisien, nous avons eu l’occasion de faire un tour sur ce stand, mais surtout de nous entretenir avec Cédric Mimouni, responsable Xbox Europe du Sud qui gère aussi Xbox France depuis la réorganisation qui a eu lieu cet été. L’occasion pour nous de revenir avec lui sur la stratégie de Xbox en France, son rapport au marché du physique et bien d’autres sujets.
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ToggleUn changement à la tête de Xbox France qui s’est opéré naturellement
Avant toute chose, sachez que malgré l’actualité brûlante du moment, le sujet du rachat d’Activision-Blizzard-King était difficile à aborder ici étant donné que les équipes européennes ont autant de visibilité que nous sur la suite des évènements, autant dire presque aucune. L’acquisition est toute neuve et les changements qu’elle va apporter dans l’organisation de Xbox Europe (et Xbox tout court) sont encore flous, malgré les petits bouleversements qui se sont opérés au sein de l’organigramme interne du groupe.
Et c’est justement ce qui nous a amenés à demander à Cédric Mimouni de nous parler un peu plus de la transition entre Ina Gilbert – qui a passé 4 ans à la tête de Xbox France – et l’intéressé, qui vient rajouter le marché français aux autres secteurs dont il s’occupe aussi en Europe. Un changement qui s’est opéré en douceur et qui n’a pas vraiment chamboulé les équipes selon Cédric Mimouni : « Les équipes n’ont pas changé. La seule chose qui a vraiment changé, c’est que j’ai repris le marché de la France, que je connaissais étant donné que je faisais aussi dans le passé. On a regroupé plusieurs pays ensemble pour avoir cette force, cette traction au sein de Xbox Europe. Les valeurs que l’on a portées avec Ina – que j’adore, je rappelle qu’on a longtemps travaillé ensemble – sont les mêmes, il n’y a pas eu de rupture. Elle a beaucoup œuvré sur l’accessibilité, le rayonnement de l’industrie française, et tout ça on continuera à le faire. »
Présent chez Xbox depuis une décennie maintenant, il se souvient encore de son arrivée au sein du groupe en plein lancement de la Xbox One : « Moi je suis rentré chez Xbox en 2013. Donc le lancement de la Xbox One. Je venais d’Electronic Arts, donc passer d’un éditeur à un constructeur dans une telle période, c’étais assez impressionnant. Le lancement de la Xbox One était l’un des moments les plus intenses de ma carrière. On ne peut pas dire que c’était un moment facile, mais pour ce qui est du vécu de l’expérience au sein de l’équipe, c’était un moment exceptionnel […] Et ça permet de créer des liens que tu gardes plus de 10 ans après dans l’industrie. Après tu peux avoir plus ou moins de succès, c’est la vie d’une industrie. Mais c’était génial. »
La France, un marché à part ?
S’il y a bien une chose que l’on peut retenir de notre entretien, c’est la ligne directrice de Xbox Europe qui est évidemment aussi celle de Xbox tout court, à savoir : l’importance du choix pour l’utilisateur. Si le Game Pass est effectivement la carte maîtresse de Xbox dans notre industrie, il fait aussi écho à une consommation du jeu vidéo qui est tournée vers le numérique avant tout, aux dépens du marché physique. Pourtant, la dernière étude du SELL nous montrait l’appétit du public français pour le marché physique qui représenterait 72 % des achats sur notre territoire.
Un frein pour vendre le Xbox Game Pass ? Pas vraiment pour Cédric Mimouni : « Pour nous, c’est clairement un positionnement autour du choix. On en a toujours parlé, on veut laisser le choix à l’utilisateur de jouer où il veut, quand il veut, avec qui il veut, de la façon qu’il veut. Que ce soit via le Game Pass, le PC, le cloud… Toute la stratégie, elle est là. Continuer à œuvrer pour donner du contenu et du choix. ». Eduquer sur la question du Game Pass semble donc rester un point important et c’est justement pour cela que le stand Xbox de la Paris Games Week met avant tout en avant des jeux qui sont disponibles dans le service.
Et sur un marché porté sur le jeu en physique, comment s’en sort la Xbox Series S ? Impossible d’obtenir des chiffres sur le ratio de ventes entre cette console entièrement tournée vers le dématérialisé et la Xbox Series, mais elle semble avoir rencontré son public chez nous : « les deux ont leur audience et fonctionnent. On est hyper contents car on a une vrai distinction de produits. ».
Tout comme Starfield, dont aucun chiffre n’a été donné pour le public français, mais qui a fonctionné chez nous selon Cédric Mimouni : « On a vu une vraie énergie autour du titre, sur le Game Pass par exemple, sur les télémétries… C’est un platform seller. Ce qui est intéressant à voir c’est que des jeux comme Starfield ne sont pas destinés à durer un mois. Ce sont des jeux prévus pour le long terme et on est seulement au début de l’histoire. »
Comment vendre la marque Xbox en France ?
Pour montrer que ce choix existe, il faut en faire la promotion par tous les moyens possibles et il en vrai qu’en France, ces dernières années, il était plus courant de voir des publicités PlayStation ou Nintendo dans les autres médias que des publicités estampillées Xbox. La question du manque de marketing pour certaines sorties est revenue à plusieurs occasions ces dernières années, ce qui a cependant changé avec l’arrivée de Starfield. Le jeu a eu droit à une vraie campagne massive, avec des goodies, des publicités, des collaborations avec un groupe populaire… La nouvelle norme pour Xbox ? Pas forcément : « Pour nous, il n’y a pas une réalité absolue et permanente. On voit où est notre audience, on a fait des choix en investissant sur nos communautés, sur Twitch… vers des investissements et partenaires locaux comme celui avec la Fédération Française de Football. »
Un partenariat avec la FFF qui est toujours en cours, sans que l’on sache si d’autres opérations de cette même nature sont prévues dans un futur proche. Marc Issaly, Senior Communications Manager France chez Xbox, qui était aussi présent durant notre échange rajoute : « nous n’avons pas la même typologie que nos concurrents et peut-être qu’un jour, on proposera quelque chose de similaire. Si vous consommez un peu Twitch, les pubs sur Forza et compagnie vous les aurez vus 400 fois, et c’est ce public qui a le plus de chance de s’abonner au Game Pass, contrairement à vos parents s’ils regardent une pub au cinéma ou à la télé ». On pourra néanmoins se demander si cette stratégie n’amène pas rapidement à un plafond de verre, étant donné que le grand public est moins touché, mais il faudrait avoir les chiffres actualisés du Game Pass pour s’en rendre compte.
Cette publicité qui passe aussi par des émissions plus fréquentes aux formats différents chez Xbox (même si elles touchent le même public). En janvier dernier, le Developer Direct avait été bien reçu par le public, tout comme le dernier Xbox Partner Preview, contrairement aux émissions ID@Xbox qui ont le mérite de mettre en avant les indépendants, mais dans un format qui s’étire trop en longueur.
On a ainsi voulu savoir si un format allait être choisi pour être généralisé, à l’image du State of Play chez Sony, ce qui n’est pas dans les plans pour Cédric Mimouni, qui avance que Xbox veut s’adapter avant tout : « Je ne pense pas qu’il soit question de trouver un format parfait, mais de s’adapter. C’est un avis très personnel, mais on a la chance d’être dans une industrie qui a beaucoup de talent de création. Le Developer Direct, c’est leur laisser la parole pour aller au fond des choses, comme dans le Starfield Direct. Avoir autant de temps pour présenter le jeu… il faut prendre ce temps pour montrer en détails ce que les développeurs ont fait durant toutes ces années. Ce qui est important, c’est de donner l’espace aux jeux et aux contenus. »
L’industrie française au cœur du stand Xbox
Paris Games Week oblige, il était important d’évoquer le cas de l’industrie française. Et Xbox s’était conservé une petite surprise pour l’ouverture du salon avec l’arrivée de Wartales sur le Xbox Game Pass, qui faisait aussi suite à celle de Jusant ou encore Headbangers. Ce qui était important pour le groupe, comme le confirme Marc Issaly : « On a de la chance d’avoir ces annonces françaises. On a une super industrie. On a forcément des atomes crochus notamment avec ID@Xbox, mais aussi avec nos équipes de publication sur le Game Pass […] Du jour au lendemain, un studio français de petite taille a directement accès à X millions de joueurs [avec le Game Pass], rien que ça. Quand tu veux avoir du feedback et des retours, il n’y a pas mieux et tu as tout de suite de quoi améliorer ton jeu. Et ça, c’est un vrai sujet dans un monde où on a du mal à émerger. »
Ce à quoi Cédric Mimouni rajoute : « Pour nous, la Paris Games Week c’est le moment de confirmer nos engagements sur les valeurs comme l’accessibilité, avec la disponibilité des manettes adaptatives… Mais aussi notre engagement envers l’industrie française. Il y a beaucoup de productions françaises directement disponibles sur notre stand et on y tient. Vivons la Paris Games Week comme une célébration de l’industrie française. »
Nous remercions Cédric Mimouni ainsi que Marc Issaly pour leur temps et leurs réponses. Une autre interview en compagnie de Guy Richards, directeur de ID@Xbox, est en chemin, si vous souhaitez en savoir davantage sur le monde du jeu indépendant sur Xbox.
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