Ces jeux qui ont détruit nos enfances #2 – Les Aventures de Buzz L’éclair
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Rédigé par Nathan Champion
Toy Story, vous connaissez forcément, et je suis même près à parier que vous l’avez vu étant enfant. Il faut dire que ce film d’animation signé Disney et Pixar a tous les atouts pour plaire aux gosses, avec son univers haut en couleurs, mais surtout avec ses personnages incarnés par des jouets. Qui n’a jamais rêvé de voir ses figurines militaires ou ses poupées prendre vie ? Une question que s’est très certainement posé le géant américain avant d’accoucher de cet excellent premier volet. Un remarquable investissement commercial, par ailleurs, puisqu’en positionnant en héros des jouets, Disney s’assurait aussi un marché de produits dérivés florissant. Et c’est bien ce qui nous intéresse aujourd’hui. En effet, après avoir inondé les salles de cinéma et l’industrie du jouet, Toy Story s’empara vite du jeu vidéo, pour le meilleur et pour le pire. Mais, vous vous en doutez, ce n’est pas de réussites que nous allons parler. Attaquons nous aujourd’hui à la déception que fut le premier jeu, et le seul, dédié à Buzz L’éclair.
Après avoir adapté convenablement les deux premiers films sur à peu près toutes les consoles de l’époque, et bien évidemment sur PC, il fallut bientôt trouver de nouvelles idées pour tirer profit de cet univers diablement rentable. Comme souvent lorsque le manque d’inspiration se fait sentir, un ersatz de Mario Kart fut mis sur les rails. Mais ce n’est pas ce jeu de course passablement mauvais qui nous intéresse ici. Non, laissez moi plutôt vous parler de l’un des titres les plus pestilentiels du Game Boy Color, Les Aventures de Buzz L’éclair. Un véritable briseur d’enfance, comme on n’en fait plus.
Vers l’infini, mais pas au-delà
Si vous avez vu les films, et c’est très certainement le cas, alors vous savez bien évidemment qui est Buzz L’éclair, puisqu’il s’agit d’un des protagonistes. Un jouet astronaute qui se prend, au début de l’aventure, pour un véritable soldat au service de Star Command, une organisation destinée à réduire les ennemis de la galaxie en poussière. Arrêtez moi si je me trompe, mais on a tous rêvé d’en posséder la figurine, d’autant que ce bon vieux Buzz pue la classe intersidérale, ce qui est encore vrai aujourd’hui. Dans le même ordre d’idée, en faire le héros d’un jeu vidéo était loin d’être idiot, d’autant que le background du personnage tel qu’il est décrit dans le film, et dans la série animée (arrivée plus tard) est à la fois génial et intrigant. Ce pourrait être un moyen d’en apprendre plus l’histoire de ce ranger de l’espace, sur son passé, et d’en découvrir les ennemis récurrents… Ou bien de s’arracher les cheveux et de jeter sa console dans les murs, c’est au choix.
Les premières secondes de jeu vont vous faire regretter votre achat comme rarement. En effet, après un écran d’accueil pas très remarquable, l’aventure se lance sans aucune véritable explication, et laisse place à un environnement absolument immonde. Vous vous souvenez des décors de Shrek : Fairy Tale Freakdown, que l’on voyait la dernière fois ? Eh bien j’ai presque envie de croire que les fous furieux à l’origine de ceux-là sont revenus nous hanter dans ce Buzz L’éclair. Les couleurs ne sont pas trop criardes, il faut au moins leur reconnaître ça, mais l’ensemble est tout de même particulièrement dégueulasse. Au point que les développeurs ont même réussi à rater le modèle du héros, qui ne ressemble vraiment pas à grand chose. Enfin le pire à ce niveau reste sans doute le bestiaire, tout droit sorti de la tête d’un graphiste qui n’a visiblement aucune connaissance dans le domaine, qui manque cruellement d’imagination, et qui a par ailleurs oublié de regarder les films ou la série animée avant de se mettre au travail… Quant aux items sur le sol, les mots me manquent pour décrire leur laideur.
Mais passons sur l’aspect graphique. C’est dégueulasse, comme beaucoup d’adaptations de licences sur Game Boy Color, n’en faisons pas un drame. Parlons plutôt du concept du jeu, qui peut se résumer par avancer et tirer. Littéralement. En réalité, Les Aventures de Buzz L’éclair est quelque part à mi-chemin entre le jeu de course et le Shoot Them Up. Un mélange qui semble fonctionner sur le papier, mais qui donne ici quelque chose d’à la fois injouable, excessivement difficile, mais surtout d’incompréhensible. En effet, le but étant de mettre la main sur les ennemis de Star Command, la logique voudrait que l’on enchaîne les niveaux, que l’on finisse par atterrir sur un boss, et qu’on le zigouille. Mais le jeu ne fait rien comme tout le monde, et a décidé de rendre les chose plus « ludiques » (façon de parler) en faisant d’abord concourir le joueur face au personnage qu’il faudra ensuite combattre. Et si celui-ci arrive dernier, bien sûr, c’est le Game Over.
Les Aventures de Buzz L’éclair est quelque part à mi-chemin entre le jeu de course et le Shoot Them Up. Un mélange […] qui donne ici quelque chose d’à la fois injouable, excessivement difficile, mais surtout d’incompréhensible.
Pour gagner cette course contre la mort, il vous faudra passer au travers d’un nombre incalculable d’ennemis vous tirant sans cesse dessus, à une cadence digne d’un Shoot Them Up classique… les développeurs ont visiblement oublié que le titre se destine à un public d’enfants, pas à des pros des bornes d’arcades. Et c’est là que « l’amusement » prend forme. Il va donc falloir arriver à esquiver un maximum de projectiles pour rallier la fin des niveaux le moins amoché possible. Autant être clair, le seul moyen d’y parvenir, et avant votre adversaire de surcroît, sera de ne plus faire attention aux ennemis et de foncer tête baissée. Les Aventures de Buzz L’éclair est donc, aussi, un simulateur d’esquive. Autrement dit, un simulateur d’ennui et de frustration. Mais pire encore, le gameplay est totalement à la ramasse, le personnage est complètement mou et se coince dès qu’il frotte contre un mur…
Ce qui transforme ce qui devait être un jeu d’enfant en un véritable parcours du combattant, aussi fun qu’une partie de paintball sur votre visage, sans protection. Pour finir, les Boss ne ressemblent pas à grand chose, et je reste poli, mais surtout ils n’ont rien à voir avec le background du héros. Tous à l’exception de l’empereur Zurg bien entendu. Mais comme cette version Game Boy Color est totalement dénuée de scénario, on n’en sait pas plus sur celui-ci, ni sur le gentil ranger de l’espace d’ailleurs… Autant dire que, pour une fois, on ne pestera pas contre la durée de vie ridicule du jeu, que l’on peut finir en une petite heure, puisque pour arriver au bout il faudra à la fois beaucoup de chance, du courage, mais aussi une motivation parfaitement inébranlable. Et autant être clair : AUCUN enfant de l’époque, même un dérangé psychologiquement, n’avait ce qu’il fallait de folie pour parvenir au bout de pareille torture.
Oui je suis ton ami… ou pas
Alors que retenir des Aventures de Buzz L’éclair sur Game Boy Color ? Eh bien avant toutes choses, que vouloir innover lorsque l’on n’a pas les compétences nécessaires, c’est une mauvaise idée. Parfois, se cantonner à du jeu de plateforme basique, c’est bien aussi, et ça évite d’aller s’enliser avec des concepts mal foutus. Mais aussi, il faut parfois penser à essayer son produit avant de le commercialiser. Ça permettrait à certains de se rendre compte de combien leurs jeux sont infâmes, ou bien de prendre conscience que leur place n’est pas dans le développement de jeu vidéo. C’est bien dommage pour ce titre en tout cas, parce qu’il partait d’un bon sentiment, et je suis certain que beaucoup de gamins se sont fait avoir à l’époque. Malheureusement, sur GBC comme sur ses autres supports, Les Aventures de Buzz L’éclair est une véritable purge, qu’on aimerait voir s’envoler vers l’infini et au-delà, et ne jamais en revenir.
N’hésitez pas à nous faire part, dans les commentaires, de ces jeux qui ont gâché votre enfance. Peut-être les traiterons-nous à l’avenir. En attendant, rendez-vous le dernier dimanche du mois prochain pour retrouver un nouveau volume de cette chronique.
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