Jormungand : Notre avis sur les tomes 3 et 4 du manga de chez Meian
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Rédigé par Ludvig Auvens
En septembre dernier, nous vous présentions une série lancée aux éditions Meian. Il s’agissait de Jormungand. Aujourd’hui, nous nous intéressons à la suite de cette fameuse licence en nous attaquant aux tomes trois et quatre. Entre temps, nous avons eu l’occasion de nous faire la main sur plusieurs séries de l’éditeur, comme Les 7 Ninjas d’Efu ou encore Kingdom.
Rappelons-le, Jormungand est une série terminée en onze volumes dans son pays d’origine, le Japon, et ce depuis 2012. De son côté, son adaptation à l’écran ne compte toujours que vingt-quatre épisodes. Et, soyons honnêtes, ça ne risque pas de changer. Après tout, l’adaptation faisait plus ou moins le tour de tout ce que l’œuvre avait à proposer.
Malgré tout, il s’avère toujours intéressant de voir le travail effectué par Meian sur la licence et voir de quelle manière Takahashi Keitarô a évolué avec sa première création. Si, depuis, il a travaillé sur Destro 246 et Ordinary, Jormungand restera toujours sa première œuvre et voir les modifications apparaissant dans son style au fil des tomes est toujours intriguant.
Mais, si les deux premiers volumes avaient sur nous plaire grâce à ses personnages bien travaillés et sa thématique sombre, cette suite parvient-elle à garder le rythme et répondre à nos attentes ? C’est là tout le but de cet article, voir ensemble si les choses sont toujours sur les bons rails !
Sommaire
ToggleRetour aux côtés de Koko ?
Dans cette suite de deux tomes, Jonah va devoir faire face à son ennemi juré : Kasper Hekmatyar. Mais, coup du sort, ce dernier n’est autre que le frère de Koko pour qui il officie comme garde du corps. Dans l’ombre, d’autres personnages commencent à s’intéresser de plus en plus au groupe de trafiquants d’armes et récoltent donc quelques informations compromettantes. De leur côté, le groupuscule un loufoque va prendre la direction du sud du continent africain pour tenter de retrouver une personne bien particulière. Vous l’aurez compris, avoir lu les deux premiers tomes s’avère donc essentiel pour parcourir cette suite. Logique, non ?
Ainsi, le troisième volume de Jormungand reprend exactement là où le précédent s’était arrêté… sur un Jonah en rage. Malgré tout, ce tome va plutôt s’intéresser à l’un des éléments les plus intéressants pour comprendre la construction d’un personnage : son passé. Ainsi, Takahashi Keitarô va nous plonger dans la vie de notre « héros » avant qu’il ne rejoigne la troupe de l’excentrique Koko.
Ce flashback est très lourd, mettant en scène le jeune Jonah dans une base militaire où les sévices de la guerre sont bien présents. Dès lors, le tome devient encore plus sombre et sérieux que ne l’étaient les précédents, montrant des enfants pris par l’horreur des conflits armés. Il s’agit aussi là d’une occasion pour mettre en lumière toute la haine qui a pu se développer chez Jonah, tout en mettant sur le devant de la scène le mal et la souffrance que peuvent générer les marchands d’armes.
Bien entendu, ce retour en arrière n’est pas pour autant l’occasion de freiner le rythme effréné de l’œuvre. Tout se développe et se dévoile toujours à une vitesse folle, ne laissant pas toujours la place à une présentation posée et approfondie des choses et laissant parfois un peu dubitatif face à la construction psychologique de certains personnages, leurs réactions. Néanmoins, cela n’empêche pas Jonah de paraître pour un personnage très « humain », en proie à la rage et donnant une touche de crédibilité supplémentaire à la série.
En outre, ce flashback est aussi l’occasion pour l’auteur de mettre en exergue le sadisme inhérent à certains êtres humains, à l’image de Kasper. Monstre sadique qui, par la force de la peur, va nous montrer comme il est possible de briser un homme et d’user de moult stratagèmes pour parvenir à ses fins, même si cela requiert de blesser autrui.
Un développement toujours aussi haletant
En outre, ces deux tomes sont aussi l’occasion pour le créateur de Jormungand de montrer la dualité qui peut enserrer notre espèce. Si Jonah déteste les armes, il les utilise malgré tout pour parvenir à son but. Si l’on peut se plaindre d’une vitesse scénaristique trop hâtive pour permettre un véritable développement des personnages, l’auteur parvient quand même à nous montrer un Jonah complet et qui évolue au fil des pages. Dommage que cela ne soit pas le cas avec tous.
Et, après toute cette partie sombre mais diablement nécessaire, il est temps pour le lecteur de prendre la direction de l’Afrique du Sud où le groupuscule va se rendre. Là-bas, ils sont censés rencontrer la professeure Miami, où l’on découvrira une facette encore plus obscure du trafic d’armes : le détournement de jouets pour enfants. Youpi, comme si l’œuvre n’était pas déjà assez créatrice de malaise et sombre comme ça. Mais bon, au moins on peut dire que le mangaka atteint son but en faisant tout cela. Un petit plus indéniable qui fait que Jormungand tient son lecteur au fil des chapitres.
Finalement, cette virée en Afrique du Sud se clôturera plutôt vite. Le développement scénaristique ne cessant guère sa course à la vitesse. C’est dommage, beaucoup de points auraient pu gagner en approfondissement pour offrir à la série une autre dimension. Mais non, ce n’est pas le cas et c’est bien dommage. D’ailleurs, la suite qui met en scène la rencontre entre Koko et Amaria, une rivale en affaire ne va pas ralentir la cadence, mettant en scène un contexte qui n’est pas suffisamment étoffé pour offrir une claque narrative.
Néanmoins, ces deux tomes ont le mérite de soulever plusieurs questions chez le lectorat. Comment les personnages vont-ils pouvoir évoluer dans un tel contexte ? Quelles sont les motivations de Koko ? Quel réel message cherche à nous faire passer l’auteur ? Beaucoup d’interrogations encore sans réponses mais qui, nous n’en doutons pas, finiront par trouver une réponse dans les prochains volumes.
A cela, on peut ajouter que l’auteur reste également sur sa courbe niveau dessins. Pas vraiment d’améliorations mais pas de régression non plus. Le tout reste toujours agréable à regarder, à lire, même s’il faut s’accrocher dans les virages scénaristiques pour parvenir à suivre le rythme soutenu imposé par Takahashi Keitarô. En bref, Jormungand reste une expérience plutôt agréable dans son ensemble, mais attachez bien votre ceinture !
Faut-il craquer pour la suite de Jormungand ?
Dès lors, on peut dire que Jormungand reste une bonne continuité. Le rythme des deux premiers tomes est respecté et l’auteur reste fidèle à ses propres débuts dans cette suite. Tant au niveau scénaristique qu’au niveau dessins, l’œuvre reste agréable à parcourir malgré une vitesse de développement un peu trop élevée.
Les thématiques matures et l’univers sombre de la série mettent bien en avant le message du créateur, qui cherche à nous montrer à quel point le trafic d’armes est néfastes. Et ce, à travers le monde entier. Les jeux de pouvoir entre les divers marchands et leurs groupuscules sont aussi bien présents, amenant ainsi plus de profondeur à la thématique globale du titre.
Acheter Jormungand sur AmazonEn conclusion, nous pouvons dire que les tomes trois et quatre de Jormungand sont dans la continuité de ce que nous ont offert les deux premiers. L’oeuvre dans sa globalité est intéressante et le coup de crayon de Takahashi Keitarô sert bien ses thématiques sombres et matures. Une jolie addition à la série qui ne manquera de consolider la base déjà acquise de lecteurs, en amenant peut-être aussi de nouveaux amateurs de seinen autour de la table.
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