Just Dance 2023 : Une enquête dénonce une culture du crunch intense au sein d’Ubisoft Paris
Publié le :
Pas de commentaire
Rédigé par PikaDocMaster78/PikaDoc42
Si la grande majorité des regards sont braqués sur le rachat d’Activision-Blizzard, une autre entreprise est également au cœur de l’actualité depuis des mois et des mois : Ubisoft. Investissement décrié dans l’IA, réorganisation de sa branche Edition en Europe, chamboulements internes dans son studio montpelliérain… la liste des polémiques enregistrées par la société française ne cesse de s’allonger depuis les premières révélations sur sa culture d’entreprise toxique faites au cours de l’été 2020.
Et, malheureusement, ce n’est pas fini. Plus tôt cette semaine, le New Musical Express a publié une enquête dans laquelle plusieurs membres d’Ubisoft Paris affirment avoir été victimes d’une culture du crunch intensive et d’une gestion de projet douteuse de la part des dirigeants, notamment dans le cadre du développement de Just Dance 2023 l’an dernier.
Des journées de treize heures qui sont devenues la norme
Réalisée suite à la diffusion d’une infographie du syndicat Solidaires Informatiques indiquant par exemple que la conception du jeu de rythme avait poussé plus de 10% des effectifs du studio parisien au burnout, l’enquête de NME s’appuie sur plusieurs témoignages anonymes pour étayer ses informations.
Dans un premier temps, on apprend que la pré-production du titre aurait été un véritable « gâchis » à cause d’un changement de moteur imposé onze mois avant sa sortie et validé à 100% seulement deux mois plus tard, soit neuf mois avant le lancement, ainsi que des patrons poussant les équipes à intégrer leurs idées « à tout prix » alors qu’elles étaient « déjà sous l’eau ».
« Une fois que la vision créative est claire, elle est présentée à des experts techniques et souvent « impossible » à réaliser. Soit ils n’ont d’autre choix que de réaliser l’impossible, soit nous sommes obligés de tout changer. C’est moralement et physiquement épuisant pour les salariés. »
Face aux délais qui devenaient de plus en plus serrés (et on le suppose à la grogne grandissante des employé(e)s), Ubisoft Paris aurait alors assuré à son équipe principale l’embauche de bras supplémentaires et que celle-ci ne serait pas encouragée à effectuer des heures supplémentaires rémunérées. Une promesse qui n’aurait jamais été tenue.
Pire encore, ces dernières seraient devenues la norme au point d’enchainer les journées de treize heures, allant de 9h à 22h. Des horaires de 10h à minuit voire plus pour certains testeurs Assurance Qualité et d’autres personnes sont aussi évoquées dans l’article : « Lors des réunions quotidiennes, certains employés étaient explicitement encouragés à faire des heures supplémentaires. Le message était clair : « faites des heures supplémentaires ». »
Toujours d’après ces mêmes sources, ce genre de propos étaient communiqués uniquement par l’intermédiaire de « petites réunions » entre des personnes « identifiées comme timides » et d’autres au caractère « intimidant ».
Afin d’essayer de se sortir de cette situation pour le moins oppressante, les développeurs du studio parisien aurait proposé au siège d’Ubisoft une nouvelle feuille de route « réaliste » dans le but d’atteindre les objectifs de conception fixés par leurs dirigeants. Impliquant à priori un report du jeu pour 2024, la demande a été rejetée : « Just Dance doit être sous les sapins de Noël. »
Tout un studio impacté
Sachez que, si c’est surtout la mauvaise gestion de Just Dance 2023 qui est pointée du doigt ici, « chaque projet d’Ubisoft Paris » aurait été affecté par la culture du crunch. Pour rappel, l’entreprise a également travaillé sur des titres comme Mario + The Lapins Crétins: Sparks Of Hope, Watch Dogs ou encore Beyond Good And Evil 2.
Notez aussi que, malgré le portrait bien sombre décrit par l’enquête de NME, il semblerait que la nomination de Marie-Sophie de Waubert en tant que Directrice Générale en mars 2020 (et qui est aussi membre du comité exécutif d’Ubisoft grâce à son poste de Senior Vice President of Studios Opérations depuis mai 2022) ait été un changement positif pour le studio. De plus, les équipes parisiennes auraient une « véritable cohésion » les uns avec les autres et un « grand amour » pour leurs productions et leurs fans.
Une façon comme une autre pour ces sources d’essayer de relativiser un minimum leur situation professionnelle actuelle on imagine, même si cela ne vient en rien excuser le traitement qu’elles ont subi en interne pendant tout ce temps. Espérons que cela change à l’avenir. A suivre.
Cet article peut contenir des liens affiliés
Date de sortie : 22/11/2022