Kaguya-sama – Love is War : Présentation et avis sur le manga de Pika
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Rédigé par Neomantis Dee
Véritable succès au Japon avec plus de 4 millions de copies écoulées, Kaguya-sama : Love is War a rapidement été adapté en animé, avec actuellement deux saisons, une troisième saison étant en préparation. Notez également qu’un fan-game non-officiel a été annoncé et devrait voir le jour sur PC, à moins d’une annulation pour des questions de droits, et qu’un OAV vient tout récemment de sortir.
Kaguya-sama : Love is War est un seinen scénarisé et dessiné par Aka Akasaka. La série, qui a vu le jour en 2015, est publiée en France par Pika Edition depuis Mars 2021. En premier lieu, la mangaka souhaitait réaliser une série plus dramatique avant de se tourner vers la comédie-romantique poussée par son éditeur. De l’aveu même de cette dernière, l’idée était de se rapprocher des duels intellectuels et psychologiques de Death Note. Pour fêter la sortie du troisième tome de la série en France le 26 mai dernier, nous allons vous présenter les trois premiers tomes du manga et vous délivrer notre avis.
Sommaire
ToggleL’amour est une guerre
Kaguya-sama : Love is War se déroule dans l’académie Shuchiin, une prestigieuse école composée d’élèves destinés à devenir les futurs élites du pays. L’histoire va se concentrer sur le Bureau des élèves (B.D.E) au sein duquel le président, Miyuki Shirogane, et la vice-présidente, Kaguya Shinomiya, conçoivent l’amour de façons différentes. S’ils sont attirés l’un envers l’autre, leur fierté et leur égo surdimensionnés ne leur permettent pas de dévoiler leurs sentiments. Pour nos deux héros, déclarer son amour est un acte de faiblesse qui conduira à être soumis à l’autre.
Dans ce contexte, nous suivons le quotidien des deux protagonistes qui, après 6 mois sans qu’il ne se soit rien passé, vont multiplier les subterfuges et stratagèmes farfelus pour forcer l’autre à avouer son amour. Un pitch intéressant qui va se transcender dans sa structure épisodique. En effet, Aka Akasaka nous livre un manga à sketch, chaque chapitre étant l’occasion de mettre en avant une confrontation entre Kaguya et Miyuki avec pour fil conducteur la question de l’amour.
Les deux personnages sont très intelligents, c’est pourquoi les affrontements vont systématiquement se dérouler par le biais de défis et/ou situations qui vont mettre à l’épreuve non pas leur amour, mais littéralement leur propre égo. Des bulles contenant la voix-off du narrateur vont également ponctuer les pages afin d’appuyer les sujets abordés et de scruter plus en détails les réflexions des personnages.
Dès lors, il ne sera pas rare d’avoir un chapitre qui se lance sur un élément perturbateur tout ce qu’il y a de plus banal mais qui va subitement susciter la méfiance et le désir chez Kaguya et Miyuki. Sans parler du troisième personnage important de cette histoire, Chika Fujiwara, la secrétaire du B.D.E, qui va faire lien entre les deux héros, en plus d’être un facteur déterminant dans l’évolution des épreuves. Cette dernière est elle aussi atteinte d’une certaine folie bien qu’elle se rapproche plutôt de la normalité en comparaison des deux représentants du B.D.E.
Humour tranchant
Kaguya-sama : Love is War, c’est un humour efficace qui se retrouve tout autant dans les dialogues très bien écrits que dans les situations rocambolesques qui servent de terrain de jeu au deux personnages principaux. Le statut prestigieux des protagonistes permet d’opérer un décalage bien amené entre leur caractère hautain et l’absurdité de leurs comportements et attitudes.
Les situations d’affrontement seront l’occasion d’apporter leur lot de tensions et de combats psychologiques, des défis peuvent même solliciter, dans une moindre mesure, les lecteurs, lectrices qui voudraient se prendre aux jeux. Une autre force du manga va se trouver dans ses retournements de situations bien amenés et pertinents qui terminent efficacement les chapitres. Il y a beaucoup de créativité dans l’imagination des différents stratagèmes utilisés.
Les dessins ne sont par ailleurs pas en restes, avec cette touche très sobre ne s’embarrassant pas de beaucoup de détails, notamment sur les décors, cela appuie l’aspect comique de l’œuvre. Le design des personnages est charmant et se rapproche de ce que l’on peut trouver habituellement dans les Shônens ou bien dans les Shôjos, avec des traits fins et arrondis, ainsi qu’une certaine sobriété qui, couplés à la mise en scène collent très bien au ton de Kaguya-sama : Love is War.
En outre, il est facile pour les lecteurs, lectrices de s’identifier aux réflexions et attitudes des héros dans certaines situations, des parallèles avec des pensées et/ou moments de nos vies personnelles peuvent être faits et renvoyer à ce que que vivent les personnage de cette histoire. De plus, comme tout personnage correctement écrit, Aka Akasaka a su affubler les deux héros de faiblesses pertinentes, permettant à ces deux individus d’élite de nous montrer qu’il y a toujours plus compétent que soi, et surtout de les rapprocher de la réalité du lectorat.
Maîtrise narrative
Malgré une approche épisodique, les chapitres débutant systématiquement par une situation qui amènera une nouvelle confrontation, cela n’empêche pas d’avoir des personnages avec de la profondeur. Certains éléments vont se suivre dans des sous-intrigues encore légères mais qui se développent un peu plus dès le tome 2 et s’intensifient dans le tome 3 avec l’arrivée d’un nouveau personnage important. Avec Ai Hayasaka, le scénario prend aussi quelques envolées, toujours en mêlant suspens et combats psychologiques.
Qui plus est, la mangaka réussi à se servir de toutes ces péripéties et mises en situations pour proposer des réflexions personnelles autour de concept lié à l’amour et à l’adolescence, sans oublier la découverte de la sexualité à l’école, ici au lycée, des personnages qui fait écho à toute une jeunesse. Malgré un discours ancré dans le Japon, les thématiques et sujets mentionnés dans Kaguya-sama : Love is War arrivent à avoir une portée universelle. Un discours qui va potentiellement s’enrichir au fil des tomes.
Il est important de souligner que le tome 2 s’ouvre sur un chapitre déjà connu des lecteurs, lectrices ayant lu le premier tome. Cela est en fait dû au fait que Kaguya-sama : Love is War a été lancé dans le magazine Miracle Jump en 2015 avant d’être transféré dans le Weekly Young Jump en 2016. Un changement qui obligea Aka Akasaka à refaire une introduction à l’histoire et aux personnages pour présenter les enjeux du récit aux nouveaux venus. Mais rassurez vous, cela ne concerne qu’un chapitre, ensuite le scénario reprend son court normal. De surcroît, le côté sketch permet de ne pas porter préjudice au rythme ou à la narration.
Faut-il craquer pour Kaguya-sama : Love is War ?
Entre manipulation, fierté et paranoïa, les chapitres s’enchaînent avec aisance et jouissent d’un rythme à la fois soutenu et sous tension qui n’est pas sans rappeler des affrontements visibles dans des mangas de sport à l’image de Blue Lock, ou des confrontations psychologiques comme dans Death Note de Takeshi Obata et Tsugumi Oba ou encore dans le manga Liar Game de Shinobu Kaitani. Car une des forces de l’œuvre éditée par Pika c’est de ne pas tomber dans la niaiserie mais plutôt de profiter d’une écriture de qualité pour imposer de véritables enjeux psychologiques, non sans omettre la touche humoristique qui donne sens à la folie égocentrique des protagonistes.
Enfin, le titre de Pika Edition parvient en seulement 3 tomes à poser les bases d’un concept rafraîchissant qui semble intarissable, capable de délivrer un message à son lectorat tout en lui offrant une lecture à la fois fluide et amusante. Il nous tarde de découvrir qui sera le grand gagnant de cette guerre romantico-psychologique et de nous plonger dans les prochains tomes.
Foncez, Kaguya-sama : Love is War est un vent de fraicheur dans le paysage du manga, et même si vous n’êtes pas adepte de comédie-romantique vous pourrez y trouver une satisfaction tant le concept est maîtrisé, drôle et intelligemment mis en œuvre.
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