Kingdom Come Deliverance II – Premier avis après 10 heures de jeu sur le monde ouvert médiéval
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Rédigé par Quentin
2025 sera une grande année pour le jeu vidéo et particulièrement pour les mondes ouverts. Kingdom Come Deliverance II est le premier gros titre à venir dans le genre. Après un premier opus particulièrement bien reçu, cette suite est très attendue par les fans de RPG. Caractérisé par un univers médiéval réaliste, une certaine rigueur historique et des mécaniques de RPG très riches, le jeu de Warhorse Studios reprend évidemment ce qui a fait son succès. Mais à quel point s’est-il amélioré et est-ce qu’il propose réellement une expérience plus avancée que Kingdom Come Deliverance premier du nom ? Voici un premier avis sur le titre après plus de 10 heures de jeu.
Concernant les conditions de cette preview, nous avons joué à une version complète du jeu sur Steam avec la configuration suivante : AMD Ryzen 7 5800X3D, 16 Go de RAM DDR4 et AMD Radeon RX 6700 XT. Si vous avez des inquiétudes à propos de la stabilité du jeu, ce qui est légitime sachant que le premier Kingdom Come Deliverance était truffé de bugs à sa sortie, on peut d’ores et déjà vous rassurer sur son état à l’heure actuelle.
Tout d’abord, Warhorse et Plaion se sont permis d’avancer la date de sortie d’une semaine, et nous avons eu accès au jeu un mois en avance, ce qui est assez rare pour être souligné. Bien qu’il subsiste quelques soucis, mentionnés par le studio dans un document qui nous a été fourni, l’état du jeu à un mois de la date butoir est plus qu’encourageant. De plus, un gros patch day one est prévu pour corriger ces problèmes. Nous y reviendrons évidemment lors du test final, mais il y a en effet de quoi être pleinement confiant à ce sujet.
Sommaire
ToggleDe zéro en Henry
Pour beaucoup d’entre vous, Kingdom Come Deliverance II représentera un premier contact avec la licence, et il est légitime de se demander s’il faut avoir terminé le premier opus pour pleinement apprécier celui-ci. Pas forcément, mais c’est tout de même préférable, puisqu’il s’agit d’une suite directe aux événements précédents. Heureusement, le jeu commence par une bonne piqûre de rappel, détaillant les grandes lignes de l’histoire. En résumé, vous incarnez à nouveau Henry, le fils d’un forgeron de Bohême en 1403. Sa vie bascule lorsque les mercenaires du roi Sigismond attaquent son village, Scalice, et massacrent paysans comme parents d’Henry. Contraint de fuir pour échapper à la mort, il jure de venger sa famille, de récupérer l’épée volée de son père et de ne plus jamais reculer.
Recruté par Sir Radzig Kobyla, noble engagé dans la résistance contre Sigismond, Henry progresse dans la hiérarchie pour devenir un serviteur compétent et atteindre ses objectifs. Dans Kingdom Come Deliverance II, l’histoire démarre sur une mission diplomatique : Sir Hans Capon, accompagné d’Henry en tant que garde du corps, est envoyé au château de Trosky pour rallier d’autres nobles face au prétendant au trône. Si vous n’avez pas joué au premier opus, vous pourrez malgré tout profiter de l’aventure et en comprendre les enjeux principaux. Cependant, vous manquerez peut-être de contexte pour saisir immédiatement les subtilités politiques de la Bohême de l’époque, sauf lorsqu’elles sont explicitement expliquées dans les quêtes principales. Il en va de même pour certaines relations, comme celle entre Henry et Sir Hans Capon, qui se développe progressivement dans le premier épisode.
À l’image du premier opus, l’ambiance démarre sur un ton assez jovial avant de virer rapidement au vinaigre, mais Henry n’est plus le simple paysan démuni qu’il était. Malgré cette « remise à zéro » (nécessaire et plus ou moins justifiée dans la narration) Warhorse a pris soin de préserver une certaine cohérence : Henry se comporte désormais en accord avec son expérience passée. Par exemple, il sait déjà lire dans cette suite, alors qu’il fallait acquérir cette compétence dans le premier jeu, ce qui ouvre désormais l’accès à une nouvelle aptitude liée à l’érudition. Même dans les dialogues, on perçoit clairement qu’Henry n’est plus aussi naïf, bien que les statistiques de base que vous sélectionnerez lui permettront de briller dans certains domaines plutôt que d’autres.
Sans trop en dévoiler sur la quête principale, sachez que vous vous retrouverez littéralement abandonnés au pilori, avec pour seul objectif de vous introduire à un mariage dans l’espoir de rencontrer le roi et de lui transmettre un message capital. Pendant ce temps, les mouvements suspects de mercenaires coumans laissent présager de nouveaux troubles dans le royaume. Pourtant, après quelques heures passées dans la première grande région du jeu, ce n’est pas tant l’intrigue d’Henry qui vous happera, mais bien l’ambiance et la richesse de ce monde ouvert aussi varié que captivant. Et dire que nous n’avons même pas encore mis un pied dans l’immense ville de Kuttenberg.
Gueux simulator
Ce qui va sans doute en dérouter plus d’un, c’est la complexité des mécaniques de jeu et la multitude d’informations à assimiler, qui risquent de mettre à mal les néophytes. Cependant, c’est aussi ce qui fait tout son charme et en fait un vrai RPG qui ne vous tient pas la main à tout bout de champ. Que ce soit son système de combat réaliste (reprenant de véritables techniques et postures du Moyen Âge), son système de réputation ou encore ses mécaniques de survie comme la faim, la propreté ou le sommeil, le réalisme de Kingdom Come Deliverance II est à la fois frustrant et grisant.
On le ressent également dans la liberté accordée au comportement d’Henry. À travers vos actions et vos choix de dialogue, vous pouvez être le parfait chrétien au grand cœur, un malfrat sans scrupule ou opter pour une approche plus nuancée selon les situations. Cette orientation se reflète aussi dans le gameplay, puisqu’il est possible de résoudre la plupart des conflits par la force, l’éloquence ou encore la réputation. Bien qu’il faille encore approfondir cet aspect, le système de crime semble nettement plus abouti, avec des habitants qui se souviennent de vous en fonction de vos actions passées. Si jamais vous avez participé à une bagarre dans une bourgade, les gardes vous avertiront de ne pas faire d’esbrouffe la prochaine fois que vous les croiserez.
De même lorsque l’on est sale ou couvert de sang après un combat. Dans l’ensemble, le titre est bien plus juste, notamment via le comportement des PNJ. Même si nous avons eu quelques couacs à de rares occasions, notamment une gérante de taverne qui nous a demandé de calmer un groupe de Couman pour éviter une bagarre alors que celle-ci se déroulait pendant le dialogue, l’IA est bien moins frustrante et nuit moins à l’immersion par rapport au premier opus. Ce sera à vérifier sur le long terme mais nous sommes très satisfaits pour le moment. Ainsi, le vol et l’assassinat sont bien plus satisfaisants puisque l’on peut étudier la routine et le comportement des PNJ pour les assassiner ou dérober leur biens aux meilleurs moments.
De plus, les garde n’apparaissent plus par magie lorsque vous commettez une infractions sans vous faire repérer. Même si l’on peut faire une overdose des mondes ouverts ces derniers temps, Kingdom Come Deliverance II a bien saisi les codes de ce qui plaît dans le genre avec un univers organique, bourré de surprise et de quêtes annexes très bien écrites. Le studio semble avoir écouté les critiques du premier opus qui proposait des quêtes annexes banales et répétitives. De plus, bien qu’il soient présents par défaut, on apprécie que le déroulement des quête soit suffisamment riche en indications dans les dialogues pour que l’on puisse les résoudre sans l’aide de marqueurs. La dimension pédagogique, grâce à la rigueur historique, est également à saluer.
Un coup de maître
Malgré une courbe d’apprentissage toujours aussi abrupte, Warhorse a ajusté le système de combat pour le rendre plus accessible. Pour rappel, celui-ci repose sur la précision et le timing : vous verrouillez un ennemi et choisissez différentes directions pour attaquer ou parer, tout en gérant votre endurance, cruciale pour frapper, bloquer ou esquiver. À l’épée, vous disposez désormais de quatre directions d’attaque (contre cinq auparavant), ce qui varie aussi selon le style adopté. Le combat à mains nues, lui, profite de trois directions différentes.
Difficile d’affirmer à ce stade si cela signifie un réel assouplissement du système, mais il est clair que les premiers affrontements se révèlent moins éprouvants que dans le volet précédent. Les combos enseignés par des épéistes chevronnés et les contres en « coup de maître » sont plus intuitifs en pratique. Même en situation de un contre trois, l’IA fait preuve d’une certaine clémence et n’exploite pas toujours son avantage numérique, même si vous êtes mal placé. En tant que RPG à la première personne, le jeu vous laisse par ailleurs adapter la difficulté selon les armes que vous privilégiez. L’épée demeure l’arme la plus raffinée et la plus satisfaisante à manier à haut niveau, mais aussi la plus exigeante, tandis qu’une massue vous autorise de gros dégâts sans trop de contraintes.
La présence de votre chien Cabot (issu d’un DLC du premier opus) facilite également les affrontement en permettant de porter des coups mortels sans difficulté. L’équipement joue toujours un rôle central dans votre style de jeu : une armure lourde et robuste mise sur la défense et les parades, tandis qu’un équipement plus léger offre une meilleure mobilité pour l’esquive. L’un des ajouts majeurs de cette suite est la possibilité d’enregistrer trois tenues distinctes, permettant de basculer facilement entre un attirail de combat, une tenue de noble pour être présentable et un ensemble discret pour l’infiltration. L’intégration de l’arbalète s’avère également une bonne alternative à l’arc, historiquement plus délicat à prendre en main.
On retrouve par ailleurs l’alchimie, qui gagne en intérêt grâce à la possibilité de concocter des potions de différentes puissances, dont le fameux Schnaps du Sauveur, indispensable pour sauvegarder la partie (un choix qui, une fois encore, ne fera pas l’unanimité). Aussi surprenant que cela puisse paraître, la préparation de potions ou le travail à la forge, autre nouveauté de Kingdom Come Deliverance II, renforcent non seulement l’immersion, mais offrent aussi une pause bienvenue entre deux combats ou quêtes. Mieux encore, vous pouvez produire votre propre équipement ou le revendre pour amasser quelques Groshens.
Une bonne optimisation pour Kingdom Come Deliverance 2 ?
Pour une suite lancée sept ans plus tard, force est de constater que les nouveautés majeures se font plutôt rares. Certes, les fans impatients d’un titre plus abouti y trouveront leur compte, et il n’est pas forcément nécessaire de tout réinventer pour séduire, néanmoins on pourra sans doute lui reprocher aussi une structure trop identique au premier opus. À bien des égards, il rappelle Dragon’s Dogma 2, qui n’était pas vraiment une suite, mais plutôt l’aboutissement d’un concept et d’une vision initiale, avec davantage d’expérience et de moyens.
En revanche, la modernité s’exprime pleinement du côté des graphismes. Le CryEngine du studio offre un rendu très convaincant, avec des décors somptueux, des textures détaillées, une belle profondeur de champ et des jeux de lumière réussis. Les plus exigeants relèveront sans doute une évolution relativement timide entre le premier et le deuxième opus au vu du temps écoulé, d’autant que la comparaison avec l’Unreal Engine 5, désormais omniprésent dans le secteur AAA, s’impose fréquemment. Quoi qu’il en soit, le titre reste visuellement splendide, riche en couleurs chatoyantes et en environnements variés, bien loin des clichés visuels du cinéma.
De plus, l’optimisation sur PC est très satisfaisante. Avec la configuration mentionnée en introduction, nous atteignons nativement les 60 FPS stables en qualité élevée et sans chutes intempestives en dehors de rares occasions. Grâce aux technologies d’upscaling comme le FSR (ou le DLSS pour les cartes NVIDIA), on gagne encore davantage en fluidité. Un résultat d’autant plus remarquable que l’univers ouvert est particulièrement riche et peuplé de PNJ disposant chacun de leur propre routine. Cependant, il faut reconnaître un certain retard au niveau des visages et des expressions faciales, qui apparaissent un brin datés.
Le doublage français, quant à lui, s’avère plutôt inégal et constitue l’une des principales déceptions de Kingdom Come Deliverance II. En réalité, on distingue deux types de personnages : les protagonistes, comme Henry et Capon, qui retrouvent leurs voix françaises issues du premier volet (dont Alexandre Gilet, connu pour être la voix de Sonic et de Chris Evans, entre autres) et les personnages majeurs qui profitent d’interprétations convenables. De l’autre côté, nous avons les PNJ secondaires et les villageois lambdas qui affichent un jeu d’acteur proche de l’amateurisme, ce qui se remarque surtout en début de partie avec Pavlena, la fille de l’herboriste Bohzehna. Le décalage est assez déroutant.
Après une dizaine d’heure à parcourir Trosky , on peut affirmer que Kingdom Come Deliverance II s’annonce comme l’un des grands RPG de 2025. En ayant joué au premier opus, on se rend compte qu’il s’agit d’abord de l’aboutissement d’une vision plutôt que d’une véritable suite en dehors de la narration. Ce n’est pas une mauvaise chose car le jeu original était excellent, mais plombé par de nombreux soucis qui soulignaient surtout un manque de moyen. Plutôt que de tout réinventer, ce deuxième épisode peaufine donc cette expérience médiévale réaliste en monde ouvert, avec moins de frustration à la clé. Les améliorations du système de combat semblent prometteuses, même si l’on espère qu’elles ne s’essouffleront pas sur la durée, à l’inverse du précédent volet. Bien qu’il persiste encore quelques bugs et couacs dans le déroulement des quêtes, l’état du jeu à un mois de sa sortie est plutôt rassurant. Les versions consoles seront néanmoins à surveiller.
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Date de sortie : 04/02/2025