La Saga Shin Megami Tensei : D’Apocalypses en Renaissances – Notre avis sur le livre de Third Editions
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Rédigé par Nathan Champion
Si vous êtes amateur de jeu de rôle nippon, alors vous avez très certainement suivi la sortie de Shin Megami Tensei V avec un certain intérêt. Loin des standards imposés par des mastodontes de l’industrie, comme Final Fantasy et Dragon Quest, la licence d’Atlus jouit d’une aura toute particulière et inimitable. Pourtant elle revient de loin et il n’était pas gagné non plus qu’un de ses épisodes voit le jour en dehors du Japon. Alors comment SMT s’est frayé un chemin jusqu’à nos consoles ? Et par quel moyen cette licence peu accessible est-elle parvenue à se construire une solide communauté de fans fidèles et dévoués à travers le monde ? Des questions auxquelles le livre que nous vous présentons aujourd’hui est destiné à répondre, entre autres.
La Saga Shin Megami Tensei : D’Apocalypses en Renaissances, par Ludovic Castro chez Third éditions, se présente comme un véritable compendium (clin d’œil, clin d’œil) de connaissances sur la licence. En partant de son commencement, alors qu’elle n’était pas encore destinée au monde du jeu vidéo, jusqu’à SMT IV : Apocalypse. Pas de Shin Megami Tensei V, c’est bien dommage, mais qu’à cela ne tienne, il y a déjà fort à faire avec la saga avant l’opus paru il y a quelques mois de cela, c’est peu de le dire ! Plongeons ensemble dans cet univers pavé de démons sanguinaires et de choix moraux, en faisant un crochet par les locaux d’Atlus pour en apprendre plus sur la création des différents épisodes qui composent la licence principale.
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ToggleDu roman à la multitude
Ce qu’il y a d’assez surprenant avec la série Shin Megami Tensei (et même son spin-off le plus célèbre, j’ai nommé Persona), c’est qu’une fois que l’Europe y a goûté, en 2003 sur PlayStation 2, alors elle n’a plus raté une sortie sur le vieux continent. À quelques exceptions près, bien évidemment, quelques titres assez obscurs dont nous n’avons, de toute façon, jamais entendu parler, restant dans des sphères déjà assez privées au Japon. Enfin notez qu’il en est finalement de même avec Final Fantasy qui, après l’arrivée de son septième épisode chez nous, a établi un canal de diffusion systématique vers l’Occident. Coïncidence ?
Eh bien non ! Final Fantasy VII est un véritable classique du RPG nippon qui a connu un succès phénoménal, et ce à juste titre. Il était assez novateur comparativement à ce à quoi nous jouions à l’époque, autrement dit du RPG occidental. Quant à Shin Megami Tensei III, qui portera le doux nom de Lucifer’s Call par chez nous avant son remaster, on est clairement face à un titre d’exception là encore. Quoique moins accessible, il est vrai, autant à cause d’une difficulté très relevée que pour son aspect nébuleux, son scénario presque cryptique, et son ambiance parfaitement lunaire, proche du malaise par moments.
Mais ce qui est encore plus surprenant, et ça vous ne le savez que si vous êtes un fan de la première heure, c’est que Shin Megami Tensei n’était absolument pas destiné à investir le monde du jeu vidéo en premier lieu ! D’ailleurs, le mot Shin évoque la renaissance, et ce n’est pas pour rien, puisque les premiers jeux développés par Atlus porteront le nom de Megami Tensei. Il faudra attendre la Super Nintendo, ou plutôt la Super Famicom qui est son pendant japonais, pour que ce préfixe apparaisse, et ne quitte plus jamais la série d’ailleurs.
En effet, et La Saga Shin Megami Tensei : D’Apocalypses en Renaissances débute sur ce fait qui a de quoi faire sourire, il s’agit à l’origine d’un roman écrit par Aya Nishitani, publié exclusivement sur le sol nippon en 1986. Une œuvre de fiction assez noire, narrant les mésaventures d’un étudiant japonais dans les années 80, véritable prodige de l’informatique, qui fera descendre sur Terre le démon Loki via un programme. Par la suite, il va évidemment partir en chasse pour sauver le monde, un grand classique.
Les deux premiers romans donneront lieu à deux titres sur NES, ou plutôt sur Famicom, très librement adaptés. Puis les jeux vont prendre une direction bien différente de celle dépeinte par Nishitani dans ses écrits. C’est ainsi que Shin Megami Tensei est né. La suite est une succession de productions à la qualité certaine, en général, mais au succès commercial moyen et parfois décevant.
Influences et univers
Si vous avez déjà été au bout d’un Shin Megami Tensei, ou même d’un MegaTen, et d’une certaine façon d’un Persona aussi, alors vous savez. Vous savez que ces titres ont un rapport tout particulier avec la religion, ou devrait-on dire LES religions d’ailleurs. Parce que bien que les références au christianisme soient parfois évidentes, notamment avec des démons directement inspirés par des anges ou que des personnages fassent directement écho à la bible, l’œuvre dans sa globalité regorge en vérité de détails empruntés aux différents cultes que l’on trouve sur notre planète.
Ce que nous explique très bien le livre de Ludovic Castro, plongeant volontiers dans des explications qui ont visiblement nécessité une recherche approfondie. Sujet intéressant, qu’il n’était pas évident de placer dans un ouvrage sur le jeu vidéo, mais qui offre tout un angle d’analyse pour la licence, qu’on n’aurait peut-être pas imaginée aussi riche en premier lieu.
Après cela, La Saga Shin Megami Tensei : D’Apocalypses en Renaissances s’attelle à déconstruire les différents épisodes de la série principale, en incluant Strange Journey et SMT IV : Apocalypse. Le tout englobant leurs histoires, leurs personnages, le rapport avec les choix impactant l’aventure… bref, il y a de quoi faire, et il faut reconnaître que chaque chapitre est très dense. C’est d’ailleurs un constat qui touche le livre dans son ensemble. Clairement, il faut s’accrocher pour en faire le tour exhaustif, et être un grand fan de la série semble indispensable à son appréciation. Ce qui est le cas de votre serviteur et qui ne l’a pas empêché d’étaler sa lecture sur plusieurs mois.
Enfin, et c’est certainement la partie la plus intéressante de cet ouvrage, Ludovic Castro a entrepris de « décrypter » tous les aspects des jeux principaux de la licence. En commençant par les thématiques principales, dont nous avons déjà eu un aperçu quelques centaines de pages plus tôt et en dressant un rapide constat historique sur le Japon qui a pu inspirer SMT ; puis en s’attaquant aux systèmes de jeu (incluant le gameplay), à la musique et aux visuels. On retrouve des références à de nombreuses choses, pas seulement d’autres œuvres de fiction d’ailleurs, mais on pourra noter la présence de Devilman, qui semble définitivement avoir inspiré beaucoup trop de monde au pays du soleil levant.
Cette partie s’interroge aussi sur le message véhiculé par les références à la religion. SMT serait-il anti-chrétien ? Rien n’est moins sûr, en apparence, et pourtant la question est légitime, et trouve une nouvelle fois réponse dans le travail de Ludovic Castro.
Enfin, juste avant sa conclusion, La Saga Shin Megami Tensei : D’Apocalypses en Renaissances fait un rapide crochet par la réception de la licence à travers le monde, sur sa place dans l’industrie du jeu vidéo actuelle. Et en profite pour dresser une sorte de bilan de l’évolution qu’elle a connue, faisant pourtant face à d’énormes représentants du J-RPG, tels que Suikoden, Grandia, et bien sûr Final Fantasy. Peut-être la partie la plus courte, mais pas la moins intéressante si vous aimez la saga.
Faut-il acheter cet ouvrage ?
Contrairement à d’autres livres de chez Third Editions dont nous avons pu parler dans nos colonnes, il est absolument nécessaire de connaître un minimum la série Shin Megami Tensei, et de l’apprécier, pour pouvoir trouver son compte dans le travail de Ludovic Castro. Ce n’est pas que celui-ci manque d’intérêt, loin de là, mais il va creuser en profondeur dans cette œuvre d’une richesse incroyable, excluant d’office les simples curieux qui n’ont jamais pris la manette pour s’essayer à un épisode. S’il fallait faire un reproche à La Saga Shin Megami Tensei : D’Apocalypses en Renaissances, c’est bien son hermétisme.
Mais il était complexe d’aborder une licence pareille, surtout du point de vue de l’Europe, qui ne l’a découvert que trop tard. Le travail de recherche est impressionnant, et le résultat, à condition d’avoir les reins assez solides pour tenir sur la durée, est très intéressant. Conseillons-nous La Saga Shin Megami Tensei : D’Apocalypses en Renaissances ? Bien évidemment ! Mais à qui le conseillons-nous ? À ceux qui connaissent déjà un peu la série, suffisamment pour ne pas être rebutés par cette mer d’informations pas toujours très digeste. Idéalement, ouvrez le en parallèle de votre exploration de l’un des jeux principaux, car c’est un excellent complément de compréhension.
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