Le PDG de Saber Interactive défend Embracer Group et son président malgré tous les licenciements
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Rédigé par Jordan
La séparation entre Saber Interactive et Embracer Group a en quelque sorte été le bouquet final d’un grand plan de restructuration au sein de l’entreprise suédoise. Les vagues de licenciements se sont multipliées, mais Saber a sans doute évité le pire en se rachetant lui-même pour gagner son indépendance. Pour autant, les deux entreprises restent des partenaires et ce n’est pas la dernière interview de Matthew Karch, PDG de Saber, qui va nous prouver le contraire.

Embracer vu de l’intérieur (de la tour d’ivoire)
C’est à la suite de la séparation entre Saber et Embracer que GamesIndustry.biz s’est entretenu avec Matthew Karch, qui a sa propre vision de ce qui se passe autour du géant suédois en ce moment. Et qui a aussi sa propre opinion sur Lars Wingefors, PDG d’Embracer, qu’il tient visiblement en haute estime.
« Il fut un temps où Lars était une sorte d’enfant prodige. Il ne pouvait rien faire de mal, il faisait la couverture des magazines et Lars est un gars plutôt humble […] D’abord, il a été décrié parce qu’il était réellement riche, puis il a été décrié pour le fait que les actions d’Embracer n’ont pas vraiment tenu au cours de la dernière année. En fait, ils ont chuté de manière significative et précipitée et je pense qu’ils ont chuté plus sur une base relative que presque n’importe qui d’autre, principalement parce qu’il semble que ce soit une entreprise de nos jours que tout le monde aime à critiquer. Mais dans mon esprit, personne n’est autant guidé que Lars par un sentiment de justesse et de raisonnabilité. »
Une vision peut-être un peu simpliste de la chose, dans la mesure où la méfiance du public vient surtout du fait que la consolidation de l’industrie n’est pas vue d’un bon oeil, surtout à l’échelle opérée par Embracer. Et surtout lorsque des licenciements arrivent dans la foulée. Le sujet est évoqué par Matthew Karch : « Le processus que nous avons dû suivre pour fermer les studios a absolument été… il nous a tué. »

Pourquoi Embracer symbolise t-il toutes les grandes dérives actuelles de l’industrie du jeu vidéo ?
Embracer coupable, mais aussi victime
Pourtant, l’origine de ce plan de licenciements aurait pu être évité. Même Karch le reconnait en indiquant que la volonté de conclure le fameux deal à 2 milliards de dollars avec Saavy Group n’était sans doute pas nécessaire pour l’entreprise :
« Je crois que nous nous sommes en quelque sorte mis dans une impasse. L’entreprise n’avait pas vraiment besoin de cet accord. Il y a des pressions de la part du marché pour une croissance continue et rapide, et cela peut parfois avoir un impact sur la façon dont vous percevez les choses et les jugez. »
Comprenez par là que c’est un peu de la faute d’Embracer, mais c’est surtout la faute de l’industrie, et même du monde de l’actionnariat en général, puisque le PDG croit que c’est surtout ceux qui voulaient saper l’image publique d’Embracer qui a entrainé tout cela :
« Je blâme le fait d’être une société cotée en bourse pour certains des malheurs d’Embracer. Et je blâme le fait que les gens essaient de profiter de la misère des autres en vendant des actions à découvert, car cela a entraîné une baisse du cours de l’action de l’entreprise et donc certains licenciements. »
Ou alors, autre hypothèse, Embracer a été trop gourmand de base et la faute revient en premier lieu à celui qui prend ces décisions. La responsabilité première de Wingefors dans les échecs d’Embracer n’est en tout cas pas ce dont a envie de parler Karch, qui souhaite montrer que le PDG d’Embracer peut tout à fait redresser la barre aujourd’hui :
« Mais je ne parierais pas contre Lars pour le moment. Il est vraiment au top. Je ne l’ai pas entendu aussi confiant depuis longtemps et je pense qu’ils ont rendu l’entreprise suffisamment petite – toujours grande, mais suffisamment petite – pour qu’elle soit gérable… Ils ont d’excellentes choses que je connais en préparation et je pense que les gens vont adorer. Je suis donc optimiste à leur égard. »
Un Wingefors décrit en position « d’underdog », soit un statut que le PDG d’Embracer connaît bien et semble apprécier. Tout cela commence à ressembler à un éloge et pour cause. C’est surtout avec la déclaration suivante que l’on comprend pourquoi le chef de Saber est si soucieux de l’image de son ancien patron :
« Quand je dis « nous » alors même que je ne fais plus partie de l’entreprise c’est parce que j’ai l’impression que… Je veux dire, j’ai toujours des actions, j’ai toujours des relations proches et de bons amis, et évidemment je leur souhaite bonne chance pour qu’ils réussissent là-bas. Mais je dirais qu’Embracer a fait plus d’efforts que quiconque pour sauver autant d’emplois que possible. »
Forcément, avec des actions en poche chez Embracer, Karch est moins enclin à critiquer l’entreprise dont il a fait partie. Une langue de bois qui va encore plus loin lorsqu’il prend l’exemple de Gearbox (en affirmant que personne n’avait été viré là-bas), vendu par Embracer car selon lui, Lars Wingefors voulait conserver le plus d’emplois possible :
« Regardez Gearbox. Gearbox vient d’être vendu, non ? Les employés qui étaient au sein de cette entreprise sont restés dans cette entreprise jusqu’après l’annonce, n’est-ce pas ? Parce que Lars ne voulait laisser personne partir, il voulait vraiment garder tout le monde. »
Sauf que ceci est faux, puisqu’il y a bien eu des licenciements chez Gearbox quelques jours après l’annonce de la revente. En bref, il ne faut pas tant prendre ce discours pour celui du PGD de Saber Interactive que pour celui d’un actionnaire d’Embracer. Et ce n’est pas avec cette défense que le groupe parviendra à se racheter une image après avoir été l’une des entreprises ayant le plus licencié au cours de la dernière année fiscale, avec Epic Games, Unity, Sony et Microsoft.
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