Like a Dragon : Infinite Wealth – Que vaut la version old-gen ?
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Rédigé par Nathan Champion
Plus qu’à la passation de pouvoir entre la septième et la huitième, la neuvième génération de consoles ne parvient pas à s’imposer pleinement, en accaparant l’intégralité des sorties nouvelles. Pas que cela soit un problème fondamental, au demeurant, dans la mesure où l’investissement n’a jamais été aussi coûteux à l’achat d’une machine inédite. Néanmoins, trois ans après l’arrivée d’une Xbox Series X et d’une PlayStation 5 fort attendues, rares sont les jeux pensés exclusivement pour ces supports surpuissants, qui semblent comme constamment sous exploités par des développeurs rivalisant pourtant d’inventivité.
Les exemples ne manquent pas, sur PlayStation 3 et Xbox 360, pour désapprouver la pratique cross-générationnelle. Ne serait-ce que du côté de Call of Duty, avec un Black Ops III et un Advanced Warfare à vomir, ou encore du regrettable faux pas qu’était L’ombre du Mordor sur septième génération… Mais le contraire existe bel et bien, notamment chez les studios First Party de Sony, qui nous ont pondu des versions PS4 irréprochables de God of War Ragnarök ou Horizon Forbidden West. Quelle est donc la limite à cette mouvance qui donne presque l’impression que l’industrie rétro pédale à grand renfort de versions souvent limitées techniquement ?
Une question légitime, que l’on s’est posée en s’essayant à Like a Dragon : Infinire Wealth sur Xbox One, après avoir testé le dernier né du Ryu Ga Gotoku Studio sur nouvelle génération. Le titre ne manque pas de qualités, sur lesquelles nous ne reviendrons pas en détail ici, mais son aspect visuel n’en fait assurément pas partie. Parce que le développeur s’entête à l’utilisation d’un moteur vieux de dix ans, initialement conçu pour un Yakuza 6 sorti en 2016 au Japon. Ce qui laissait finalement présager une version old-gen plutôt proche de la current-gen. Mais qu’en est-il vraiment ? Vous allez voir que le résultat est malheureusement assez décevant…
Conditions de test : Nous avons passé environ six heures sur la version Xbox One du jeu, en reprenant des sauvegardes réalisées à l’origine sur Xbox Series X. Cet article est garanti sans spoiler majeur.
Un argument en faveur de la nouvelle génération ?
S’il ne fallait retenir qu’une seule chose de Like a Dragon : Infinite Wealth, que vous pouvez aussi bien appeler Yakuza 8 si vous avez du mal avec le changement, c’est bien sa générosité hors normes. Le titre du Ryu Ga Gotoku Studio déborde d’un contenu immense, presque trop vaste tant on aurait tendance à oublier certaines mécaniques moins mises en avant, ou activités présentées brièvement. Une générosité qui fait plaisir à voir, et passe autant par une profusion de choses à faire qu’à observer, dans la mesure où le titre propose plusieurs maps distinctes. Avec, en tête d’affiche, un Hawaï plutôt vaste où prolifèrent véhicules et piétons.
C’est d’ailleurs là que cette version Xbox One nous a particulièrement frappés : peu de piétons, une circulation automobile fort limitée, et le tout est encore pire lorsque l’on se met à se déplacer un peu vite, que ce soit en courant ou en utilisant la trottinette électrique. Pire, ce faisant le jeu ralenti, saccade, et affiche avec un retard considérable les objets du décor, que ce soient les poubelles sur la chaussée ou les bandes blanches sur la route. La plupart du temps, d’ailleurs, lorsqu’on s’est servi de notre trottinette, toute la circulation disparaissait purement et simplement de notre champ de vision, au même titre que les piétons, pour ne réapparaître qu’au compte-goutte une fois notre déplacement terminé.
Un détail fort décevant, qui s’accompagne d‘un framerate, hors déplacements, qui n’est jamais au beau fixe non plus. Les combats ne sont pas particulièrement fluides, et on ressent comme une latence désagréable (surtout lorsque l’on sort de la version Series X) au moment de parer une attaque en appuyant au bon moment sur le bouton affilié. Une lacune en fluidité qui touche aussi les combats de Sujimon, d’ailleurs, alors que ces derniers sont parfaitement statiques, dans la plus pure tradition des RPG japonais au tour par tour. Bref, en lançant cette version old-gen, nous n’avons pas tardé à déchanter, et ce n’est pas terminé.
Parce qu’à côté de cela, Like a Dragon : Infinite Wealth souffre, sur Xbox One, de temps de chargement trop fréquents, et particulièrement longs, atteignant parfois la bonne quarantaine de secondes montre en main. Ceux-ci surviennent dès qu’une cinématique se lance ou se termine, lorsqu’on capture un Sujimon, ou encore quand on descend d’un taxi. Mais le pire reste lorsqu’on charge sa sauvegarde. On a finalement toujours l’impression que le jeu est en souffrance, qu’il charge quelque chose, et c’est souvent vrai. Au point qu’il lui faut parfois plusieurs secondes pour charger l’image d’un PNJ dont on voit pourtant déjà s’afficher l’interaction, ou inversement.
On est aussi frappé par un aliasing constant, touchant autant les ombres que les modèles de personnages, qui semblent pixeliser à vue d’œil lorsqu’on regarde un peu trop longtemps le menu pause. Et si les décors japonais font un peu moins ressortir ces défauts, sans doute grâce aux étroites ruelles qui empêchent les panoramas trop voraces, nous ne faisons néanmoins jamais face à un jeu pleinement fluide. Quelque chose tourne constamment en retard, on souffre toujours d’une petite latence ou d’un aspect visuel indigne du support…
Cela ne rend pas Like a Dragon : Infinite Wealth injouable sur old-gen, loin s’en faut. Néanmoins, il est vrai que le titre fait de la peine à voir dans cet état. On est loin de ce à quoi ressemblait Cyberpunk 2077 à sa sortie sur le même support, mais tout de même, le résultat est difficilement acceptable. On a la désagréable impression d’être devant un travail bâclé, qui n’excelle finalement qu’en cinématique, ou sur l’île Dondoko qui est miraculeusement épargnée. Bref, si l’on établissait, dans notre test de la version Xbox Series X, qu’il était grand temps que le Ryu Ga Gotoku Studio change de moteur et vise l’avenir, cette version old-gen assoit définitivement ce constat. Autant l’éviter !
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Date de sortie : 26/01/2024