Metal Gear Solid – Une oeuvre culte de Hideo Kojima : Présentation et avis du livre de Third Editions
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Rédigé par Neomantis Dee
Après la sortie récente du livre de Third Editions, Entre les mondes de Death Stranding – Créer le lien par le jeu, dont vous pouvez retrouver notre avis, nous allons revenir sur le volume du même éditeur cette fois-ci consacré à la saga historique Metal Gear Solid du développeur japonais. Metal Gear Solid – Une œuvre culte de Hideo Kojima est ressorti et il est temps de vous dire ce que l’on en a pensé.
Initialement publié en 2015, et du fait qu’il n’y a pas vraiment de raison de présenter à nouveau en détail Hideo Kojima et sa franchise d’espionnage, nous nous concentrerons sur le vif du sujet, l’ouvrage co-écrit par Denis Brusseaux, Nicolas Courcier et Mehdi El Kanafi. Les auteurs proposent un retour complet sur l’ensemble de la saga, traitant à la fois de la genèse des différents opus, proposant des analyses des scénarios, ainsi qu’en agrémentant les pages de quelques anecdotes.
Sommaire
ToggleIl était une fois Kojima
Ce qui frappe en premier lieu avec l’ouvrage de Third Editions, c’est la qualité du produit. Assez rare pour être souligné, le livre arbore une couverture rigide et solide, en plus d’avoir une magnifique première de couverture tout en sobriété, mettant en avant un superbe design à l’effigie de Snake. De plus, la qualité du papier utilisée est exemplaire et agréable au touché. Des petites attentions d’apparence anodines mais qui méritent d’être soulignées.
En terme de structure, Metal Gear Solid – Une œuvre culte d’Hideo Kojima privilégie l’approche chronologique. Au nombre de 8, les chapitres scindent un ouvrage d’environ 255 pages en plusieurs sections plus ou moins longues. En effet, chacun des chapitres va s’attarder sur un objectif des auteurs. Le premier sera brièvement consacré au studio Konami, le deuxième à Hideo Kojima lui-même, avant d’entamer la genèse des jeux dès le chapitre 3. Le reste des chapitres sera l’occasion de rentrer plus en profondeur dans l’univers de la licence. Ouvrage complet bien que non exhaustif, tous les jeux s’inscrivant dans l’univers MGS seront un minimum traités, de Metal Gear à la fin des années 80 jusqu’à revenir sur l’affaire de licenciement de Kojima par Konami. Ce dernier point, surnommé Kojima-Gate, mènera au virage Metal Gear Solid V et cristallisera l’avenir de l’artiste japonais qui fondera son propre studio, Kojima Productions. Des sujets importants pour la compréhension des cheminements créatifs qui ont menés à la réalisation des différents opus, en plus d’aider à cerner un temps soit peu le caractère et les relations du papa de MGS.
Cette mise en bouche va amener les auteurs à entrer dans la partie la plus fournie du livre, le chapitre sur l’univers global de la saga. D’une centaine de pages, cette partie a pour objectif de retracer avec précision tout ce qui compose l’histoire fictive de la franchise. Aucun oublie apparent, nous apprenons alors d’une façon claire et concise les tenants et aboutissements qui régissent le monde fictif créé par Hideo Kojima et ses équipes. Une clarté importante quand on sait le calvaire que ça peut être pour les joueurs et joueuses qui essayent de recoller les morceaux d’un jeu à l’autre dans l’espoir de comprendre précisément ce qui se trame en fond. Avec des thématiques tournées sur la génétique, le nucléaire et les notions d’héritages, sans parler de l’attitude auteuriste d’un Kojima calculateur et perfectionniste, ce n’est pas une mince affaire de résoudre le puzzle narratif qu’est Metal Gear Solid. On parle ici d’une histoire qui s’étale sur environ un siècle d’évènements. Un chapitre IV qui impose le standard à suivre dans le reste du livre, du texte et encore du texte. En effet, il n’y a malheureusement aucune illustration pour venir soulager la lecture et habiller l’ouvrage, grande habitude de Third Editions.
Le chapitre suivant est un autre gros morceau et peut être le plus attrayant. Il s’agira ici de découvrir une analyse d’éléments des jeux et d’en apprendre plus sur les intentions qui ont pu façonner le travail de Kojima sur ses œuvres vidéoludiques. Par ailleurs, les auteurs se permettent d’apporter des pistes de réflexions pertinentes et bien amenées, réussissant à impliquer mentalement les lecteurs dans la mesure où ce seraient des connaisseurs de Metal Gear Solid, ce qui pourra éclaircir certaines de leurs interrogations.
Les parties d’après se voudront moins conséquentes, avec un chapitre consacré aux Hors-Séries, s’attardant sur les jeux non-canoniques et dont Kojima n’est pas vraiment l’instigateur, bien que ces œuvres soient issus de l’univers MGS. Une section logiquement moins intéressante, cependant elle a le mérite de brasser l’essentiel sans omettre les données les plus importantes. Les deux derniers chapitres du livre vont concerner des analyses plus pointues des jeux avec la mise en lumière des thématiques inhérentes à la franchise, et de leur approche dans le gamedesign. Des faits qui complètent subtilement les premières pistes de réflexions amorcées sur les jeux et ouvrent clairement la porte à l’interprétation, mais cela vaut amplement le détour. Puis, vient tout ce qui a attrait à l’aspect sonore de l’œuvre, avec l’importance du cinéma entre autre. Une partie tout aussi travaillée et efficace que les autres. Ce dernier point termine ce panorama sur une œuvre qui appartient maintenant à l’histoire du jeu vidéo, laissant la place à une rapide conclusion qui respire la passion et légitime la démarche des auteurs.
Comprendre un monument
L’intérêt principal de ce Metal Gear Solid – Une œuvre culte de Hideo Kojima, c’est de décomplexifier un univers extrêmement riche et technique qui se réapproprie des faits historiques pour les réinterpréter dans un monde vidéoludique fictif, et ancré dans thématiques liées à l’espionnage et au complexe-militaro-industriel, etc… Découvrir tout le pan d’histoire qui structure la narration de la saga, c’est comme s’intéresser à l’histoire du monde sous un prisme géopolitique. Grâce à l’écriture efficace et à la précision des informations recueillies par les auteurs, on se rend mieux compte de l’ampleur de l’œuvre érigée par Hideo Kojima. On prend conscience que la place accordée à l’artiste et à son œuvre n’est pas déméritée et que le monsieur est bel et bien une figure atypique dans le monde du jeu vidéo.
Plus qu’un hommage, cet ouvrage de Third Editions est une porte d’entrée non négligeable pour la compréhension du lore de Metal Gear Solid. Un nombre conséquent d’informations sont condensées en moins de 300 pages afin de rendre l’œuvre plus accessible. Néanmoins, il faut avouer qu’il est peu évident de connaître la véritable cible du livre. Les fans les plus passionnés n’apprendront certainement que peu de choses, même si la précision des informations et le travail minutieux des auteurs reste une plus value. Tandis que d’un autre côté, les moins informés auront du mal à s’approprier la richesse d’une saga qui a toujours su délivrer de l’information par son gamedesign et son gameplay.
Malgré tout, il faut avouer que certains passages sont relativement lourds à lire, probablement plus difficile encore pour un non connaisseur. Fort heureusement, les paragraphes aèrent efficacement la narration, puis la structure du livre fini par appeler des pauses dans la lecture, évitant d’avoir le cerveau qui fume. Quoiqu’il en soit, le travail d’accessibilité effectué est admirable et bien senti, pour ne pas dire obligatoire quand on veut comprendre une œuvre aussi foisonnante et qui s’étend sur plusieurs décennies.
De surcroît, après avoir lu ce livre, les passerelles effectuées entre la franchise et notre monde réel, métaphorisé par le prisme de Kojima, semblent plus évidentes encore. De nouvelles perspectives d’analyses et d’interprétations émergent et permettent de prendre conscience des liens que Kojima façonne entre les deux arts/médias que sont le cinéma et le jeu vidéo.
Faut-il craquer pour Metal Gear Solid – Une œuvre culte de Hideo Kojima ?
Qu’on se le dise, l’ouvrage rédigé par le trio Brusseaux, Courcier et El Kanafi est nécessaire. Nécessaire parce qu’il a été fait avec attention et passion. Les informations sont précises et pertinentes, elle fournissent assez de matière pour permettre aux lecteurs et lectrices d’apprendre des choses, et ce même si ces derniers peuvent être des grands connaisseurs de la saga et de Hideo Kojima. Nous l’avons dit plus tôt, jusqu’au papier lui-même, l’ouvrage fait montre de qualité et de respect envers le monument vidéoludique qu’il traite. D’une certaine manière, la simple présence du livre est déjà un bon point.
Que vous soyez documenté ou non sur le sujet, le contenu du livre de Third Editions vous permettra de mieux appréhender l’univers de Metal Gear Solid. Complexe et dense, ce lore se dévoile aux lecteurs, lectrices comme on aurait aimé que ce soit le cas dans les jeux eux-mêmes, ces derniers obligeant généralement à se retourner le cerveau pour espérer comprendre les enjeux d’un titre à l’autre, sans parler de la non linéarité de la narration qui complexifie encore un peu plus les choses. Dès lors, le choix de segmenter le livre en plusieurs chapitres et d’opter pour une structure chronologique est des plus légitimes, il amène ce sentiment de lire un morceau d’histoire, nous faisant découvrir l’un après l’autre les évènements politico-militaire qui jouent un rôle primordial dans le scénario de la franchise.
Acheter Metal Gear Solid sur AmazonDans le fond, la réelle plus-value de l’ouvrage est à trouver dans cette vocation à faciliter la compréhension et dans ce désir des auteurs d’amener des pistes de réflexions et d’analyses sur divers aspects des jeux. Néanmoins, il est difficile de ne pas pester contre l’absence d’illustration et du fait que le livre se concentre quasi exclusivement sur Hideo Kojima, délaissant ses équipes, plus particulièrement Yoji Shinkawa sur qui tout connaisseur aurait probablement voulu en savoir plus. Denis Brusseaux, Mehdi El Kanafi et Nicolas Courcier on choisi de concentrer leur travail de recherche sur Kojima, faisant ressortir un réel sentiment d’avoir à faire à un auteur vidéoludique. Pourtant, le duo formé avec Shinkawa reste une donnée importante qui aurait méritée plus d’attention, tant son influence sur la franchise est indéniable depuis l’opus sorti sur PlayStation 1 en 1998. C’était pourtant l’occasion de mettre un peu de lumière sur cet artiste de l’ombre, véritable deuxième homme.
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