Ninja Gaiden 2 Black – Les différences avec l’original et ce qu’on en pense
Publié le :
2 commentaires
Rédigé par Neomantis Dee
Nous les pensions oubliés. Une caste de mystérieux guerriers que l’on sait pourtant imprévisible. Les ninjas sont toujours là, quelque part, et se tiennent prêts à attaquer férocement. Terminée la discrétion, après plus d’une décennie d’absence, Ryu Hayabusa revient tout casser. En attendant le retour tant attendu avec Ninja Gaiden 4, attardons-nous sur Ninja Gaiden 2 Black. Un classique du beat’em all 3D dans son jus, certes, mais encore unique en 2025. L’occasion parfaite pour (re)découvrir la licence, de surcroît si Ninja Gaiden : Master Collection ne vous a pas encore séduit.
Notre retour d’expérience se base sur une partie terminée en Difficile (Voie du Guerrier). Notez, à toutes fins utiles, qu’un petit guide de survie fut rédigé par nos soins. Cela devrait vous aider si vous êtes nouveau sur la licence.
Sommaire
ToggleMuso Gaiden
Revenons d’abord sur les diverses versions existantes des jeux, notamment le deuxième opus et ses deux itérations principales. Pour faire simple, le premier Ninja Gaiden, réalisé par la Team Ninja et Tomonobu Itagaki, est sorti en 2004 sur Xbox première du nom. Malgré sa difficulté significative, incomprise par beaucoup aussi, l’équilibrage demeurait perfectible. Ainsi, rapidement, les équipes corrigèrent le tir avec l’opus Ninja Gaiden Black, considéré comme un monument.
Cette version brillait par un équilibrage revu, ainsi que par une difficulté rehaussée, particulièrement dans les niveaux supérieurs, cœur de l’expérience de jeu. C’était l’affirmation d’une vision et d’un game design à son service. Le titre, exclusif à la console de Microsoft, ressortira dans une nouvelle version, Sigma, afin de satisfaire les joueurs PlayStation. Un peu moins exigeante que son aînée, cette version reste une excellente adaptation, plus jolie aussi, bien que réalisée sans le game designer principal de la série, ce qui se ressent.
Avec Ninja Gaiden 2 et Sigma 2, c’est un peu la même idée. Néanmoins, Sigma 2 opère plusieurs changements notables, créant une expérience de jeu différente de Ninja Gaiden 2. Le gros problème, c’est la censure présente. Le sang disparaît au profit d’un piètre effet violet. Un choix qui ternit la vision originale, en plus d’anéantir l’esthétique de certains niveaux. La profusion d’hémoglobine ajoutait un charme et une symbolique (le chapitre dans une ville enneigée ou la séquence dans le cimetière de katana, par exemple).
Sigma 2 ajoutait également plusieurs boss, clairement dispensables, et rallongeait la durée de vie avec trois personnages jouables, possédant leur propre chapitre. Plusieurs modes de jeu et de nouveaux costumes complétaient les ajouts de cette version. Enfin, les fins connaisseurs reconnaîtront un système de combat remanié. En gros, l’opus Ninja Gaiden 2 d’Itagaki visait la violence et l’acharnement. Chaque affrontement devait être une guerre pour la survie, ce que les gerbes de sang appuyaient. Les décors jonchés de cadavres et les murs tachés témoignaient de cette férocité. Ce que l’on perd dans Sigma 2 à cause de la censure. Mais pas que.
Les Vertus Insoupçonnées de l’Ignorance
Ninja Gaiden 2 est chargé en ennemis. Peu de vagues à subir, mais des vagues blindées. Itagaki et ses équipes souhaitaient que l’on suffoque. Le jeu devait nous pousser dans nos retranchements (mentaux et physiques). On ne pouvait parfois plus respirer, jusqu’à l’aberration, il faut le dire. La nouvelle Team Ninja, séparée de leur trublion de game designer, a opté pour une réduction des ennemis, tout en multipliant les vagues et en augmentant leur santé.
Une manière de ne pas casser le challenge, sans pour autant accepter la vision radicale de l’opus original sur Xbox 360. Il en découle deux manières de jouer différentes, Sigma 2 va se montrer plus tactique. Le rythme est un peu plus « posé » dans ce dernier, si tant est que le terme fasse sens ici. Au contraire d’un Ninja Gaiden 2 purement chaotique et éprouvant. Dans Ninja Gaiden : Master Collection, c’est bien la mouture censurée qui est présente. Forcément, bien qu’accessible aux possesseurs d’une Xbox Series, le second volet n’est pas disponible sur les autres plateformes.
C’est dans ce contexte d’accessibilité, dans le sens d’accès au jeu sur un support, qu’intervient Ninja Gaiden 2 Black, en plus de rappeler l’existence de la série, ni copiée ni égalée dans son gameplay. Mettons d’ailleurs les choses au clair pour les fans éperdus de la première heure : Tomonobu Itagaki n’est plus à l’œuvre sur la licence depuis le très bon épisode DS, Ninja Gaiden : Dragon Sword. Il a également quitté la direction de Dead or Alive après le quatrième épisode.
Certes, sans ses équipes les jeux n’auraient jamais été aussi excellents. Néanmoins, on ne peut nier le manque de vision et d’exigence depuis son absence. Pas de quoi renier les propositions conçues sans lui pour autant, loin de là. Tout ça pour dire que cette ère est révolue à présent. En revanche, si l’on veut que la série puisse continuer d’exister, il va falloir l’accepter. Accepter une idée de la modernité, sous peine de disparaître. Et puis, finalement, les épisode de la trilogie diffèrent les uns des autres, même ceux d’Itagaki.
La Voie du Sang
Donc, non. Ninja Gaiden 2 Black n’est pas la version ultime et parfaitement équilibrée de Ninja Gaiden 2. Nous sommes plutôt devant un réajustement de Sigma 2. Tout est Sigma 2, jusqu’à l’ajout de Momiji, Rachel et Ayane avec leurs chapitres respectifs, au même titre que les missions en équipe. Cela étant dit, l’aventure se cale sur celle de l’épisode de 2008, excluant les boss ajoutés. Par contre, moins de costumes sont présents dans Ninja Gaiden 2 Black et deux modes de jeu disparaissent (l’un issu de Sigma 2, l’autre de NG 2). Etonnant.
Saluons au moins le retour du gore, rapprochant esthétiquement le titre de l’original. D’autant plus qu’avec l’Unreal Engine 5 les environnements sont magnifiés, le gap graphique est bien visible. Pas de quoi en prendre plein la vue pour autant. Les décors en intérieur sont aussi vides qu’à l’époque, de nombreuses textures accusent leur âge, au même titre que les cinématiques pouvant piquer les yeux. De toute manière, l’écriture n’a jamais été une préoccupation des développeurs. Un lore existe pourtant, mais il faut se tourner vers les jeux Dead or Alive.
La refonte visuelle de Ninja Gaiden 2 Black passe majoritairement par les designs de personnages et du bestiaire. Les menus ont aussi été modernisés, les rendant plus lisible, tandis qu’un soin tout particulier fut accordé aux jeux de lumière. Des ajouts de particules apparaissent pour embellir des lieux, dont une poignée fait son effet. Le résultat convainc et n’est que plus value, il n’ y a qu’à comparer avec Ninja Gaiden 2 ou Ninja Gaiden : Master Collection.
Concernant la difficulté, c’est toujours costaud et jouissif. Cela dit, pour les habitués, de ce que l’on a pu entrevoir et, accessoirement, comptabiliser, le nombre d’ennemis à l’écran tend davantage vers la quantité de Sigma 2. Et ce, malgré plusieurs passages, assez rares, qui paraissaient mieux fournis. Globalement, Ninja Gaiden 2 reste Ninja Gaiden 2 sur ce point. En revanche, la santé des adversaires est sensiblement plus proche de l’original, pareil pour le taux de démembrement (le débat reste ouvert).
Difficile de reprocher à la Team Ninja de rendre l’expérience moins suffocante et chaotique qu’en 2008, sachant que le challenge est au rendez-vous, quoi qu’on en dise. La philosophie dans Ninja Gaiden 2 Black c’est, semble-t-il, de garder un challenge plus appréciable, tel Sigma 2, mais en essayant de reproduire, à minima, la frénésie à l’œuvre dans la sacro-sainte version Xbox. Il n’y aura que les puristes hardcore, les véritables maîtres ninja, pour s’en plaindre.
En l’absence de son géniteur principal, il faut oublier l’épisode 2 original, par ailleurs toujours disponible sur le store Xbox. Le jeu était un parti pris aux choix infernaux (bonnes ou mauvaises choses, vous êtes seuls juges). Cela faisait sens, mais pouvait terrifier la majorité du public. Tomonobu Itagaki n’avait que faire des considérations extérieures, il suivait sa vision singulière. Aujourd’hui, Team Ninja essaie d’écouter les fans reniant Sigma 2, sans pour autant pouvoir, ou vouloir, honorer la radicalité du second opus. Cependant, comment refuser ce genre de cadeau ? Parce que, force est d’admettre que Ninja Gaiden 2 Black est un excellent compromis entre NG 2 et son pendant censuré. Aucun n’est renié, et la licence s’ouvre à un nouveau public, elle essaie de survivre, tout en s’approchant des sensations originales. Un classique incontournable qu’il faut absolument essayer.
Cet article peut contenir des liens affiliés
Date de sortie : 23/01/2025