Palworld : Que vaut vraiment ce jeu controversé ? Notre avis sur ce « Pokémon avec des flingues »
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Rédigé par Quentin
Véritable carton depuis sa sortie ce 19 janvier, Palworld est devenu le premier phénomène surprise de l’année. Propulsé par un concept aguicheur (Pokémon avec des flingues), plusieurs controverses et un bouche à oreille très efficace, nul doute que le studio Pocketpair a réussi son coup, pour ne pas dire braquage. Mais que vaut vraiment le titre à l’heure de sa disponibilité en accès anticipé sur Steam et Xbox. Notre avis après avoir passé plus d’une trentaine d’heures sur la version PC.
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ToggleUne « Pal » copie ?
Palworld se distingue avant tout par son ambiguïté délibérée vis-à-vis de la franchise Pokémon. Bien qu’il propose un mélange de monde ouvert et de jeu de survie, éloigné des RPG de Game Freak, son gameplay s’articule principalement autour des créatures nommées Pals. Evidemment, il n’est pas le premier à reprendre ce concept de captures et de collection de monstres, mais on ne peut nier les similitudes flagrantes dans le design des Pals avec Pokémon qui vont au-delà de la simple inspiration. Pour bon nombre d’entre eux, l’image d’un Pokémon nous vient spontanément à l’esprit au premier coup d’œil.
Cette stratégie a suscité des réactions variées parmi les fans de Pokémon : certains, déçus par le manque d’innovation et les lacunes techniques de la franchise, se réjouissent de l’émergence de Palworld, tandis que les puristes y voient un affront, reprochant à ce dernier de frôler le plagiat. Un joli coup de maître en matière de marketing à n’en pas douter.
En jouant à Palworld, on ne peut s’empêcher d’y voir une sorte de forme finale du pure produit suivant les tendances du moment et minutieusement conçu pour se vendre. Outre son aspect Pokémon-esque, le jeu repose principalement sur sa dimension survie, un genre qui cartonne tout particulièrement sur PC, et les emprunts évidents à The Legend of Zelda : Breath of the Wild et Elden Ring. En 2020, Pocketpair avait lancé Craftopia, qui exploitait déjà le concept de monde ouvert et de survie. N’ayant jamais quitté sa phase d’accès anticipé, ce jeu a suscité des doutes quant à la fiabilité du studio.
Il y a aussi les inquiétudes en matières d’IA et de plagiat. À ce jour, aucune preuve formelle n’indique que Palworld utilise du contenu généré par IA ou des modèles 3D basés sur ceux de Pokémon, mais des doutes persistent. Takuro Mizobe, PDG de Pocketpair, a exprimé à plusieurs reprises son intérêt pour les jeux générés par IA et pour une évolution des lois sur le droit d’auteur en faveur du contenu basé sur l’IA. En 2022, le studio a lancé AI: Art Impostor, utilisant cette technologie. Il semblerait également que Craftopia emploie l’IA pour les interactions avec les PNJ.
Au vu de ce que l’on peut lire un peu partout sur les réseaux sociaux et du sujet désormais sensible de l’utilisation de l’IA dans le domaine artistique, nous nous devions de clarifier les choses avant de passer à une critique purement axée sur le jeu.
Un Melting Pot fascinant
Il faut néanmoins reconnaitre un certain génie au studio. Assembler des ingrédients de jeux à succès ne garantit pas la création d’un hit, mais Palworld a su tirer parti de sa plus grande innovation : l’intégration des Pals dans tous les aspects du jeu, en particulier les mécaniques de survie. Pocketpair saupoudre le tout d’éléments « Edgy » (provocateur) comme l’usage d’armes à feu contre des créatures toute mignonnes pour en faire une sorte de « Pokémon interdit » que Nintendo ne fera sans doute jamais. Il est possible de capturer des humains, de faire de la contrebande de Pals en les revendant au marché noir ou encore exécuter les Pals au couteau afin de récupérer des ressources.
Pour les novices du genre survie, Palworld initie efficacement aux principes de base à travers des objectifs guidés et un système de niveaux débloquant progressivement les options de gameplay. Chaque niveau gagné par votre avatar dévoile une nouvelle ligne de votre arbre de technologies. Des technologies nécessaires afin de fabriquer de nouvelles installations pour développer votre base, de nouvelles armes ou encore des équipements pour développer les capacités spéciales de certains Pals.
Hors de la base, l’exploration du monde ouvert pour capturer de nouveaux Pals reste un aspect addictif du jeu à l’image de ce que propose Légendes Pokémon : Arceus. Les Pals sont au cœur de l’expérience, servant à la fois pour le combat, le transport et le travail. Leur types et leurs formes les prédisposent à des tâchent bien précises. Les Pals de type eau pourront par exemple arroser les champs de baies, tandis que les Pals de feu pourront faire tourner la forge. Si l’on n’est pas trop sensible à la violence gratuite et à l’exploitation abusive, on prend un certain plaisir à tout mettre en place pour que les rouages fonctionnent comme on le souhaite. Il est tout de même nécessaire de prendre soin d’eux en leur donnant de la nourriture ou en les soignant lorsqu’ils sont blessés ou dépressifs.
Malgré cela, Palworld souffre d’un rythme très lent et devient rapidement très répétitif. Vous passez le plus clair de votre temps à collecter des ressources pour débloquer ce qui est indispensable à votre progression comme l’équipement ou les sphères pour capturer de nouveau Pals. Même chose en ce qui concerne les combats. Certes, il y a des idées très amusantes comme l’utilisation de Pals en tant qu’armes. Mais le gameplay se résume souvent à tirer sur les ennemis pendant que notre Pal attaque de manière autonome. Sans parler du gameplay de notre avatar au corps à corps qui est lamentable. On constate d’ailleurs un pool d’attaques peu élevé alors que le jeu compte pour le moment 115 Pals au total. On retrouve ainsi très souvent les mêmes animations d’attaques.
Un beau jeu sans âme
Malgré son statut de jeu en accès anticipé, Palworld impressionne par son optimisation et ses beaux environnements sous Unreal Engine 4. Techniquement réussi, le jeu manque néanmoins de charme, avec un style général très générique, à l’exception du design attrayant des Pals (même si l’on sait réellement d’où ça vient). Cependant, le jeu est encore imparfait, souffrant de bugs et d’une IA des Pals qui nécessite des améliorations. Il n’est pas rare de les trouver coincés dans les recoins de notre base pour un rien.
En outre, malgré quelques efforts d’architecture ici et là, le monde ouvert de Palword est affreusement vide. Au-delà de la collecte de coffres, d’œufs de Pals et de ressources, les environnements semblent disposés aléatoirement, servant principalement de vastes étendues pour les Pals sauvages.
La tentative d’imiter des jeux comme Zelda ou Elden Ring révèle ici ses limites étant donné que la cohérence d’un monde ouvert exige un travail considérablement plus important. Les notes de piano lorsque l’on explore des ruines, l’arbre géant à l’horizon, les journaux dispersés un peu partout pour donner une impression de lore… pour l’instant ces artifices ne prennent pas. Il reste à voir si les futures mises à jour ou la version finale enrichiront l’histoire et l’univers du jeu.
Pour l’instant, malgré la présence de boss de tours, de PNJ, de Pals sous forme de World Boss et de factions ennemies, le monde de Palworld manque de profondeur et de substance. On espère également des donjons plus variés car pour l’instant, ils se ressemblent tous. Précisons enfin qu’il propose du multijoueur avec des serveurs pouvant accueillir jusqu’à 32 joueurs sur PC et 4 sur Xbox. Nul doute que son caractère atypique est bien plus amusant à plusieurs.
Pour le moment, il est difficile de voir Palworld autrement que comme un petit plaisir éphémère bénéficiant d’une exposition phénoménale. Il est certes divertissant, étrangement addictif et habilement conçu autour du concept des Pals, cependant il tombe rapidement dans la répétitivité et pâtit de lenteurs inhérentes au genre survie, ce qui pourrait ne pas séduire tous les joueurs. Il sera intéressant de suivre son évolution : va-t-il capitaliser sur son succès pour approfondir son concept, ou restera-t-il un phénomène passager reposant sur son impact initial ?
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Date de sortie : 19/01/2024