Il fut un temps où les jeux de gestion étaient avec les point’n’click les rois du PC. À cette époque, les city-builder tels que Caesar étaient considérés comme des sorties majeures. Parmi l’ensemble des développeurs réalisant ce type de jeux, Impressions Games était la référence du genre, avec notamment Pharaoh.
Aujourd’hui, Triskell Interactive et Dotemu nous proposent le retour de cette formule de city-builder aujourd’hui quasi unique dans le milieu, avec un remake de Pharaon, nommé sobrement Pharaoh : A New Era. C’est d’ailleurs la seconde proposition du studio dans le monde des city-builder inspirés de la formule de Impressions Studio, le précédent ayant été Lethis : Path of Progress, un jeu de gestion inspiré des cadors du genre dans un cadre steampunk.
Conditions de test : A l’occasion de ce test, nous avons eu le temps de jouer une grosse quarantaine d’heures à Pharaoh: A New Era. L’occasion de faire une grande partie du mode carrière et effectuer certaines missions beaucoup plus avancées du jeu afin d’explorer les évolutions durant la progression du joueur. Au moment où nous avons écrit le test, l’éditeur de carte n’était pas présent. En effet, l’équipe de développement a décidé fin janvier de décaler la sortie de l’éditeur à une date indéterminée, afin d’avoir plus de temps en amont de la sortie pour corriger l’équilibrage du jeu en lui-même.
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ToggleLa gestion, la vraie, comme avant
Difficile d’expliquer le sentiment que l’on a en lançant pour la première fois Pharaoh : A New Era. L’impression du retour d’un vieux copain que l’on n’a pas vu depuis longtemps, mais qui est passé par la chirurgie esthétique et un changement de personnalité. Car oui, ce nouveau Pharaoh, ce n’est pas simplement un lifting visuel du titre de 1999, mais une nouvelle conception totale du jeu.
Et tout comme l’histoire nous l’a appris, nous commençons notre aventure avec les premières fondations de la civilisation égyptienne. L’occasion pour le jeu de nous proposer au fil des premières missions, les fondations des mécaniques de jeu. Faites d’ailleurs très attention car si les habitués du genre et plus particulièrement des jeux de Impressions Games de l’époque auront la sensation de retrouver leurs marques, l’ensemble du système de jeu de ce Pharaoh a évolué, avec certaines mécaniques qui sont totalement ajustées, retravaillées.
On peut donc se retrouver facilement au bout de 4-5 missions de campagne à se demander comment marche tel ou tel système de jeu, qui dans nos souvenirs fonctionnait un poil différemment d’aujourd’hui. Mais si vous suivez le tutoriel des premières missions, vous n’aurez aucun souci. Un tutoriel d’ailleurs qui, par moments, va sembler aller très vite, peut-être même trop vite pour les plus débutants du genre. Pharaoh: A New Era est un jeu exigeant qui demande beaucoup de précision.
Mes villageois, ces exploités
Mais comment se passe réellement une partie de Pharaoh : A New Era ? Cela commence bien entendu par regarder la carte. Il est important pour bien débuter chaque mission de repérer où se trouve chaque ressource afin de pouvoir se constituer en amont une carte mentale des zones industrielles et résidentielles.
Une fois ce repérage effectué, on va pouvoir commencer à bâtir notre cité. Les zones résidentielles pour nos habitants vont être l’un des points cruciaux à penser en amont. Très exigeants, ils vont nous demander de posséder à la fois le beurre et l’argent du beurre en matière de service et de luxe. Être proche d’un point d’eau, accès à la médecine, proche, mais pas trop de la police et des pompiers… Il faut qu’ils aient tout à proximité, mais pour certains bâtiments comme ceux constituant toute l’industrie (agricole, industrielle, artisanale), il faudra toujours faire attention à ce qu’ils aient peu de déplacement, mais ne pas avoir non plus leur logement collés.
Une fois votre premier quartier résidentiel créé, il faudra bien entendu développer votre économie et également faire en sorte de posséder les ressources primaires nécessaires à la bonne vie de vos habitants. Pour cela, dépendant de votre mission et de la carte, vous pourrez autant exploiter des mines d’or, récolter de l’orge pour brasser de la bière, ou tout simplement cueillir des baies. Mais pour développer votre économie, en plus de la potentielle présence d’or sur votre carte, vos deux armes principales seront l’export de vos ressources mais aussi l’équilibre financier de votre cité entre les salaires de vos travailleurs et les impôts que vous collectez.
Comment continuer à attirer de la main d’œuvre, tout en s’assurant que vous continuerez à être rentable ? Tout sera mesure d’équilibre tandis que le pharaon sera là pour perturber le bon fonctionnement de tout cela en vous demandant des dons, monétaires comme de ressources. Si on ajoute à cela la gestion de la partie militaire, ou encore architecturale, Pharaoh : A New Era est là pour vous donner du fil à retordre et de quoi vous creuser la tête.
Bien entendu, vous aurez de plus à gérer la religion afin de faire plaisir aux divinités de la région pour éviter leur courroux, mais aussi développer votre armée, soit pour envoyer les troupes au combat, mais aussi défendre vos propres murs. Tout cela menant à une finalité, faire rayonner votre ville pour plaire au pharaon. L’occasion également de construire une pyramide ou un obélisque ?
Des nouveautés et améliorations modernisant la formule
Si pour l’instant, les grandes lignes sont similaires à ce que Pharaoh pouvait proposer en 1999, les choses ont tout de même évoluées. D’abord visuellement avec un travail pour rendre l’ensemble similaire à la proposition de l’époque, mais bien entendu beaucoup plus agréable à un œil de 2023. Au niveau des musiques, le constat est similaire avec une bande-son entièrement réorchestrée et enregistrée de nouveau pour nous proposer de belles sonorités.
Mais, et c’est ce qui constitue ici le premier grand changement du jeu, c’est bien entendu le travail d’interface effectué par Triskell Interactive pour transporter Pharaoh : A New Era dans l’ère moderne des city-builder. Tout est ici beaucoup plus simple qu’auparavant, on comprend immédiatement à quoi servent tel et tel bouton, et on trouve très facilement l’ensemble des informations que l’on souhaite, notamment avec les différents calques proposés permettant en quelques clics de savoir exactement où est-ce qu’il y a un manque en eau, ou quel quartier n’est pas encore totalement prélevé en terme d’imposition.
L’autre grande évolution, elle est davantage mécanique, et va à la fois complexifier l’ensemble, mais rendre également la gestion globale beaucoup plus personnalisable permettant ainsi une plus grande maîtrise de l’ensemble. On peut tout d’abord désormais voir par où arrivent et repartent les travailleurs de n’importe quel bâtiment. Cela peut paraître tout bête, mais c’est en réalité extrêmement important à partir du moment où l’on cherche à optimiser l’ensemble de nos chemins de distribution, nous permettant par exemple d’assurer un meilleur rendement de l’ensemble.
Tout comme dans l’original, les barrages routiers sont présents et seront primordiaux pour s’assurer de cette rentabilité. C’est un élément crucial qui peut faire vaciller totalement une partie de la victoire à l’inévitable défaite.
Le second gros aspect lié justement aux travailleurs, c’est la possibilité de fixer le ratio de travailleurs dans chacun des domaines. Cela permet notamment en cas de crise de pouvoir tout de même assurer la priorité des tâches de la cité. Mais encore une fois, et c’est très bien vu par les équipes, ce sont de nouvelles mécaniques qui, si elles sont présentes, ne sont pas nécessaires pour remporter les différentes missions qui vous seront données.
Dans un effort même d’accessibilité, il est même rendu possible d’activer/désactiver de nombreuses mécaniques. Mais les mécaniques principales de Pharaoh, autant le titre original que le remake, resteront présentes et primordiales pour la bonne réussite de votre cité.
Une campagne culte et dense
Si Pharaoh : A New Era propose bien entendu un mode bac à sable, le mode principal du jeu est sa campagne, proposant de vivre 4000 ans d’histoire de la civilisation Égyptienne au travers de plus d’une cinquantaine de missions principalement issues et similaire au jeu de 1999 et son extension Cléopâtre : Reine du Nil.
Chose intéressante, il est bien entendu possible de lancer dans le mode mission personnalisée n’importe laquelle des missions in médias res. Mais nous ne pouvons que vous conseiller de débuter au moins par réaliser les 6-8 premières missions du jeu tant elles sont nécessaires afin d’aborder au moins une première fois l’ensemble des mécaniques et évolution de ce remake.
Tout comme pour le jeu original, la campagne de Pharaoh est très complète et surtout très variée. On va se retrouver tout autant avec des missions ayant des objectifs économiques, que militaires ou encore de civilisation. C’est ce qui donne tout le relief à l’ensemble, cette impression qu’au final, nous ne faisons pas la même chose d’une mission à l’autre. Et ceci, grâce aux différentes cartes du jeu, et du coup ces objectifs qui vont orienter notre développement de cité en fonction des ressources disponibles et objectifs.
Si par exemple, aucune évolution d’habitation n’est exigée pour remporter la mission, nous n’aurons aucun scrupule à mettre des habitations partout sur la carte même si l’ensemble des ressources essentielles de survie ne sont pas présentes. Il suffira ainsi de monter les salaires pour attirer le chaland et le tour sera joué.
Autant de contraintes que de solutions. Si on pourra regretter que pour le coup la dimension religieuse et militaire soient beaucoup plus simples à gérer que la production en elle-même, ces deux autres notions ne seront jamais à oublier sinon les conséquences seront grandes.
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