Pourquoi on aimerait un retour de Chroma Squad ?
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Rédigé par Neomantis Dee
Le Tokusatsu est un terme un peu fourre tout qui signifie « effets spéciaux ». Parmi les licences qui s’en réclament, japonaises d’origine, on retrouve Ultraman ou encore Kamen Rider, pour les plus connues. Deux franchises cultes au pays du soleil levant qui ont eu le droit, tout récemment, à un retour inspiré sur grand écran avec Shin Ultraman, réalisé par Shinji Higuchi, ainsi que le Shin Kamen Rider du talentueux Hideaki Anno (Evangelion). En occident, ce sont les reprises américanisées de Saban que l’on connait bien, avec en tête Power Rangers.
Même si la popularité des rangers n’est plus celle qu’elle était dans les années 90 avec la première génération devenue culte, Mighty Morphin, au point d’inspirer des comics de qualité scénarisés par Higgins, après avoir érigé son acteur principal au rang de véritable célébrité, il faut voir l’engouement qu’il suscitait en Comics Con, le regretté Jason David Frank. Il reste des fans accrochés à ces premières heures glorieuses. D’ailleurs, le jeu de combat Power Rangers : Battle for the Grid va lui aussi reprendre le ton plus mature et la trame scénaristique des comics de Kyle Higgins centrés sur le Ranger Vert.
Avant Battle for the Grid, qui reste une expérience convaincante pour la franchise, pas mal d’autres jeux virent le jour, quasi tous dispensables, même si je me souviens avoir personnellement pris du plaisir sur le Beat’em Up Mighty Morphin Power Rangers : The Movie sorti sur Megadrive. J’étais gosse et représentais le cœur de cible. Et puis, vint l’année 2015 et la découverte de l’improbable Chroma Squad financé par Kickstarter. Un soft auquel je pense souvent et qui devrait vous parler si vous aimez les délires Tokusatsu, sauf qu’ici le ton diffère.
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Sans être une adaptation officielle, l’inspiration de Power Rangers et Kamen Rider, entre autres, est explicite et revendiqué par les développeurs désireux de laisser la passion les guider. Un amour sincère qui ne manquera pas d‘attirer l’attention du groupe Saban, propriétaire de Power Rangers. Un accord fut conclu et Saban récupéra un pourcentage sur les recettes en plus d’avoir exigé la mention « Inspired by Saban’s Power Rangers ». Développé par les brésiliens de Behold Studio, le jeu est édité par Plug In Digital et Bandai Namco, en plus d’être disponible sur à peu prés toutes les consoles.
Chroma Squad est un Tactical RPG au tour par tour dans lequel votre équipe de personnages se déplace donc via des cases de damier. Loin de reprendre le ton plus mature des productions japonaise comme Kamen Rider, ou même des comics sur le Ranger Vert, le soft ne lésine pas sur l’humour. Nous incarnons le manager d’une émission de TV inspirée des Tokusatsu, type Power Rangers donc, et l’intro nous met rapidement dans le bain avec un tutoriel nous montrant le parti pris surprenant de Chroma Squad.
Les rangers costumés ne sont finalement que des acteurs, les ennemis des cascadeurs, tandis que tout est tourné sur fond verre et que l’absence de scénario et le n’importe quoi des productions du genre sont pointés du doigt par les acteurs accusant ouvertement leur employeur. Dans son scénario comme dans son gameplay le jeu de Behold Studios créé la surprise et n’aborde pas l’univers de la manière à laquelle on penserait de prime abord. Ce qui est rafraîchissant. Déjà, le gameplay va se diviser en deux parties distinctes. Une première qui se réfère au combat.
Nous incarnons une équipe de guerriers costumés avec chacun un rôle spécifique, octroyant des boosts de stats, que l’on va devoir déplacer sur le terrain pour éliminer les méchants pas beaux. Rien d’original ici, on trouve des attaques au sabre, au pistolet ou au corps à corps, ou encore des compétences de statut et de soin. Quant au déroulement des affrontements, c’est à la fois simple et agréable, tout en étant englobé de la touche Tokusatsu. L’avantage de Chroma Squad, c’est qu’il n’a pas d’autre prétention que de nous faire passer un bon moment en compagnie de ces héros aux couleurs de nos rangers préférés.
Go Go Chroma Rangers!
Pas de challenge à proprement dit ni de profondeur de gameplay qui obligerait à élaborer des stratégies. Mais entre les capacités à débloquer, certaines étant quand même cool visuellement, l’excellente OST qui nous met dans l’ambiance, on passe un bon moment malgré tout. D’autant plus que le gameplay use d’une mécanique de coopération entre les personnages, ce qui est plutôt sympa malgré ses limites. Le principal intérêt sera de s’aider d’un partenaire pour se déplacer plus loin ou d’exécuter de puissantes attaques combos à plusieurs, ce qu’il faudra d’ailleurs prioriser.
Néanmoins, c’est bien l’ensemble qui fait sens. Du fait d’être le manager d’une émission de TV nous rend dépendant de l’audimat et des fans qu’il faut combler. Or, chaque combat étant en fait un épisode de série (nous choisissons d’ailleurs le nom de notre équipe, le cri de transformation, du megazord, etc), par conséquent, en plein combat il y aura des défis à accomplir. En plus d’apporter un peu de variété lors des affrontements, les réussir fera grimper l’audience et fidélisera les fans. De quoi faire le lien avec la seconde partie de gameplay, la gestion du studio.
Manager oui, mais pas que. Pour des raisons de conflits d’intérêt créatifs entre les acteurs et leur ancien employeur, ces derniers ont finalement décidé d’ouvrir leur propre studio. Nous aurons donc à répondre à certains mails, qui pourront influer sur les boss rencontrés au cours de l’aventure, améliorer les locaux moyennant finance aussi, ce qui aura pour effet d’offrir des bonus à l’équipe en combat, ou encore souscrire à des partenariats marketing. Au studio il est aussi possible de crafter armes et équipements, comme d’améliorer le mini arbre de compétences.
Bien entendu, tout cela se veut une fois encore relativement restreint. Simple et efficace, là encore il ne faut pas chercher de complexité. Chroma Squad reste un petit jeu et n’ira malheureusement pas aussi loin qu’espéré dans l’exploration de son potentiel. Néanmoins, les développeurs ont le mérite d’avoir confectionné un soft à la fois généreux et totalement fonctionnel. A la rigueur, c’est surtout son côté répétitif et le rythme global de de l’aventure qui sont vraiment préjudiciables. Sans compter les duels de Megazord…
Pourquoi on aimerait un retour ?
… très bonne idée sur le papier, marrant manette en main… du moins, les deux premières minutes, ensuite la lassitude s’installe assez vite. Pour le coup, les situations de ce type ne sont pas légion, mais tirent sur la longueur inutilement. Pas de quoi flinguer l’expérience, en l’état la présence de ces combats vaut mieux que leur absence, mais le constat montre des lacunes plus évidente que sur le reste du jeu. Car ce qu’il faut savoir, c’est que si la formule du soft fonctionne, c’est en partie parce que le game design est régie par un but précis.
Chacun des éléments va servir cet objectif. Celui de retranscrire fidèlement l’essence du Tokusatsu, tout en jouant de ses codes reconnaissables. En outre, un point non mentionné reste assez marquant dans Chroma Squad, l’écriture. Non pas que ce soit la claque, tout ne brille pas dans les dialogues ou dans le récit conté, nous sommes et restons dans de la série B. Par contre, la multitude de références balancées et la métatextualité omniprésente dans le jeu ne laissent pas indifférent. L’intrigue en devient franchement sympathique à suivre, avec quelques rebondissements bien vus. L’angle choisi amène une certaine originalité sans trahir le charme des séries dont le soft se réclame.
Pour toutes ces raisons j’aimerai un retour de Chroma Squad. Et quand je dis retour, j’entends par là un nouvel opus, qu’il porte le même nom ou qu’il s’agisse d’une adaptation officielle d’une licence appartenant au Tokusatsu, d’un Chroma Squad en version amélioré et bien plus ambitieuse. Peu m’importe. Le parti pris méta reste d’ailleurs intéressant à explorer mais, surtout, en nous mettant dans la peau d’un manager de série tv j’y vois l’occasion pour des scénaristes inspirés de parvenir à aborder divers thèmes autour de ce milieu. Parler des rapports entre choix créatifs et impératifs commerciaux, des conditions de production des œuvres sérielles et de la place du public, etc.
Il y a matière à donner davantage de consistance à la partie écrite d’un jeu comme Chroma Squad. Qui plus est, en reprenant exactement la formule de ce dernier, c’est-à-dire le gameplay gestion et la partie Tactical RPG, mais en enrichissant le tout, nous aurions aisément un très bon jeu. L’essentiel est déjà là, ne manque que du temps et de la main d’œuvre pour voir plus loin. Et puis la proposition est une réussite, tout en prenant le risque de s’éloigner des habitudes des jeux estampillés Power Rangers, généralement axés sur le Beat’Em Up. Alors si vous ne connaissez pas Chroma Squad, jetez-y un œil. Le trailer de lancement du jeu traduit bien le cœur mis à l’ouvrage par les équipes de Behold Studios, et c’est bien ce que je retiens de cette expérience : la passion et l’envie de bien faire.
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