Pourquoi on aimerait un retour de Spectrobes ?
Publié le :
Pas de commentaire
Rédigé par Neomantis Dee
Noël approche. Pour les plus jeunes, il s’agit là d’un grand moment. L’esprit divague, tous les rêves semblent permis. À une époque pas si lointaine, les enfants de ma génération étaient susceptibles d’acquérir un jeu Pokémon sous le sapin. Ce qui n’était pas rien. Il faut dire que la franchise a toujours su plaire aux plus jeunes, mais pas seulement, et le simple fait de pouvoir vivre une aventure et collectionner des monstres pour combattre y est pour beaucoup. Aujourd’hui, on aurait bien du mal à conseiller un des derniers titres de Game Freak tant la recette s’épuise et s’infantilise plus que nécessaire, entre autres soucis. Pas de Digimon non plus, pour rester dans le genre aventure avec des monstres à collectionner, la licence préférant embrasser une voie différente, légitime, mais dépourvue de cette recette si attirante. Et Dragon Quest Monsters : Le Prince des ombres a un peu manqué l’essai, malheureusement.
À croire qu’un vide subsiste. Je suis donc dans l’attente d’un concurrent de plus gros calibre que les intéressants « Pokémon-like » de la scène indépendante: Cassette Beast, Nexomon ou Beastieball, actuellement en accès anticipé, pour venir bousculer plus sérieusement Game Freak. Et, soyons fous, peut-être réveiller le studio japonais pour qu’il relève le niveau, au lieu de se rabougrir sur son trône de billets. Le concurrent existe même déjà, si tant est qu’une nouvelle chance lui soit laissée. Je veux parler de l’oublié Spectrobes.
Sommaire
ToggleExcavez-les tous !
Trois jeux, dont deux sortis sur Nintendo DS et le dernier sur Wii, ont vu le jour entre 2007 et 2009. Trois jeux au potentiel évident mais, malheureusement, bien loin de l’exploiter. Néanmoins, nous avions là une licence originale, la première de Disney Interactive – branche vidéoludique de la compagnie mère – jusqu’alors cantonnée à l’adaptation de licences existantes et possédées par la maison aux grandes oreilles. Le premier opus étant même admis comme succès, permettant la production d’une suite dans la foulée.
Concept original, Spectrobes c’est le pari d’une franchise transmédia lorgnant du côté de Pokémon et Digimon, mais disposant de sa propre singularité. Via l’univers de science-fiction et l’aventure se déroulant dans l’espace, puis, surtout, par le gameplay. En effet, la licence a toujours été pensée comme un action-RPG en 3D, même sur DS – ce qui ne va pas aider les deux premiers jeux – avec des combats inspirés des beat ’em all. Là où Pokémon comme Digimon privilégient systématiquement, pour leurs opus principaux du moins, des combats tactiques au tour par tour.
L’autre aspect qui diffère grandement, ce sont les monstres à capturer. Dans Spectrobes, les créatures, qui donnent leur nom aux jeux, sont d’abord des fossiles à récupérer sur diverses planètes. Plus que les combats, c’est bien l’excavation qui est au cœur de la proposition. Et si cela participe grandement à alourdir l’expérience au fil des heures, la faute à la durée du processus complet et sa répétitivité problématique, l’idée reste pertinente et bienvenue. La recherche de fossiles fait sens avec l’exploration recherchée par la licence, et le fait de parcourir des planètes visuellement et biologiquement différentes, toute proportion gardée, participe à nous engager dans le processus.
Surtout qu’au fil des jeux, la galerie de créatures à dénicher ne cessera de s’enrichir avec une bonne centaine de monstres issus de la culture japonaise. L’excavation est d’abord plaisante, de surcroît sur DS, puisque les spécificités de la console sont exploitées (micro et tactile). Le problème, c’est que l’entreprise est fastidieuse. Il faut d’abord sortir le fossile de terre, avec la minutie d’un archéologue, pour ensuite l’incuber, ce qui prend un certain temps. Il y a également des ressources à utiliser pour nourrir la créature, afin qu’elle atteigne sa forme adulte et puisse rejoindre notre équipe. Les idées sont là, en revanche, l’exécution laisse à désirer d’un point de vue ludique.
Le reste du gameplay, c’est la partie combat avec un résultat discutable. Bien que l’opus Wii, Spectrobes : Origins, s’en sorte beaucoup mieux, notamment sur la lisibilité et l’esthétique. En outre, peu importe la console, les joutes ne laissent pas un souvenir impérissable. Loin de là. Impossible pour la licence d’espérer convenablement rééquilibrer son expérience de jeu. Pour autant, les bonnes intentions étaient là, le projet se voulait plutôt ambitieux et la prise de risque des studios ne pouvait qu’être saluée. Et plus les années passent, et plus je trouve dommage que de tels efforts pour se montrer originaux ne payent pas. En tout cas, cela n’a pas permis à la licence Spectrobes de se maintenir en vie.
A l’ombre des regards
Pour les deux opus exclusifs à la Nintendo DS, la réalisation fut confiée au studio Jupiter, surtout connu pour la licence Picross et ses collaborations avec Square Enix sur The World Ends with You (l’opus DS) ou encore Kingdom Hearts : Chain of Memories. L’influence de ce dernier semble apparaître lors des combats dans Spectrobes. Avec seulement une année d’intervalle entre les deux épisodes, les similarités sont évidentes, et la suite, Spectrobes : Les Portes de la galaxie, fera à peine mieux que son aîné, malgré des ajustements non négligeables.
Il faut attendre l’épisode intitulé Origins, développé pour la Wii, afin que la licence reprenne un peu de couleurs. On notera que le studio de développement change, le méconnu Genki prend ici les rênes. La 3D profite enfin d’une console suffisamment puissante pour mieux transmettre l’univers. La direction artistique, inspirée de l’animation japonaise, possède un certain charme, et elle peut davantage s’exprimer dans cet opus.
Toute la composante fossile avec l’excavation, l’incubation, l’alimentation, est d’ailleurs simplifiée afin de gagner du temps et d’assouplir la redondance inhérente à cette composante du gameplay. Tandis qu’un mini-jeu spatial vient renouveler la boucle de gameplay lors des transitions entre deux planètes. Spectrobes s’améliorait constamment, par petites touches, même si la cadence soutenue de production a pu être contreproductive. Cela étant dit, j’estime l’époque propice au retour de la licence dans un tout nouvel écrin.
Un retour à zéro sous forme de reboot ou de remake complet. Les succès relatifs de certains « Pokémon-like » témoignent de la présence d’une brèche dans laquelle s’immiscer. Un angle mort à l’abri du concurrent Game Freak. A condition de jouer sur ses spécificités, ce que Spectrobes sait faire, et d’avoir un jeu solidement réalisé. Ce que la licence va devoir apprendre. De surcroît, nous avons là un potentiel transmédia tout à fait exploitable. À l’époque déjà, une série de livres éditée par Disney Press vit le jour, ainsi qu’une websérie d’animation destinée à promouvoir les jeux.
Pourquoi on aimerait un retour ?
Une formule en partie inspirée par Pokémon, à base d’exploration, de capture et de collection de monstres, de combat aussi, qui avait su séduire un public. En Occident du moins, les ventes sur l’archipel furent plutôt décevantes en comparaison. Ce qui a sans doute joué sur l’avenir de la franchise. Ceci étant dit, l’univers imaginé par les équipes créatives avec les voyages spatiaux d’une planète à l’autre, la menace extraterrestre des Krawls, demeure relativement intemporel et son impact pourrait même être bien plus prononcé de nos jours.
En y regardant de plus près, Spectrobes pourrait même s’inspirer d’un Astral Chain pour son système de combat. Si, dans le soft de PlatinumGames, nous contrôlons notre personnage en plus d’un familier au bout d’une chaîne, Rallen, héros de Spectrobes, peut lui aussi combattre. Sauf qu’au lieu de contrôler en même temps un monstre tenu en laisse, il les invoque comme un assist, ce qui peut garantir un combo derrière. Un solide système de combat offrirait une autre saveur à la partie exploration. Un moment de calme après l’effort.
Quant aux biomes que sont les planètes, et que l’on rejoint en vaisseau via une séquence spatiale, cela fait très « aventure », et c’est ce que l’on attend de la licence. On pense inévitablement à Ratchet & Clank, d’autant que dans Spectrobes : Origins, Rallen est accompagné de sa sœur, Jeena. L’univers peut aisément servir à distiller quelques notions de science, de physique et de biologie, de quoi ajouter de l’intérêt, autre que ludique, à l’exploration. Ou même sensibiliser les plus jeunes joueurs à des domaines redécouverts sous un nouveau jour, à l’instar d’un EVO, d’un Spore, à leur échelle. D’un Pokémon aussi, qui capitalise sur notre attrait naturel pour la nature et les animaux.
Tout est déjà là, dans Spectrobes. Il ne reste qu’à déblayer le terrain et prendre le temps de produire un jeu à la hauteur. Un projet qui fasse honneur aux ambitions et au potentiel de la franchise, ce que Disney peut se permettre, même si argent ne rime pas constamment avec qualité. Parce que, finalement, c’est sans doute par manque de temps de développement, de gestation aussi (les trois jeux sont sortis respectivement en 2007, 2008 et 2009), que la licence n’a pas pu atteindre sa maturité. En plus d’un changement de studio. Alors, n’est-il pas temps de ramener Spectrobes à la vie ?
Cet article peut contenir des liens affiliés