Pourquoi on aimerait un retour de Strider Hiryu ?
Publié le :
Pas de commentaire
Rédigé par Neomantis Dee
À la fin des années 80, les ninjas ne se cachaient plus et, successivement, une sainte trinité vit le jour. Ninja Gaiden s’est déjà montré, en plus de nous préparer d’autres interventions sanglantes, à commencer par l’hommage assumé aux origines 2D de la franchise débutée en 1988. Quant au Shinobi de Sega, sa modernisation est d’ores et déjà actée. Pourtant, 1988, c’est aussi l’année de parution du manga Strider, rapidement suivi par une adaptation vidéoludique, le Strider Hiryu de 1989.
Sommaire
ToggleShinobi no mono
Strider Hiryu est né de la fructueuse collaboration entre Capcom et les mangakas du collectif Moto Kikaku. Un projet multimédia finement pensé et que le jeu vidéo saura parfaitement embellir. Nous ignorons si le manga fut un succès ou non, mais force est de constater que le soft a su séduire le public. En témoigne les divers prix reçus, ainsi que les retours dithyrambiques de la presse et des joueurs de l’époque.
Avant que Street Fighter fracasse les salles d’arcade à coups d’hadoken, la licence phare de Capcom, bien qu’incluant qu’un titre à cette période, était bien Strider Hiryu. Une œuvre importante, dont l’influence perdurera un moment. Que ce soit au travers de Shinobi, Ninja Gaiden, en 2D comme en 3D d’ailleurs, ou même du côté de Mega Man, l’influence est palpable.
Pour ce dernier, son créateur, Keiji Inafune, ne s’en cache d’ailleurs pas. L’univers futuriste, au même titre que le personnage de Zero, se réclament de l’univers de Strider. Pour le guerrier rouge d’Inafune, outre son nom faisant référence à celui d’un personnage, c’est bien dans sa prise en main et le dynamisme qui le caractérise que l’on retrouve l’influence du ninja. Aussi, Street Fighter doit sa Chun Li à l’artiste martiale Tong Pooh de la licence.
Malgré les éloges manifestes et des concurrents, Shinobi et Ninja Gaiden, capables d’évoluer et d’explorer leur potentiel, Strider tardera à battre le fer. Une suite vit bien le jour dès 1990, mais elle n’avait rien d’officiel, puisque le développement du projet fut laissée à la charge d’équipes occidentales. Il faudra attendre 1999 pour que le shinobi du futur réapparaisse.
Art Ninjutsu de la Duplication
Sobrement intitulé Strider Hiryu 2, ce dernier s’apparente plutôt à un remake du premier épisode, de l’aveu même des développeurs. Le jeu réutilise donc des environnements issus du premier titre, quelques boss également, tout en profitant de meilleurs graphismes, ainsi que d’un gameplay enrichi. En somme, l’expérience originale est bonifiée.
Ce deuxième opus, par ailleurs arrivé chez nous sur PS1, pu voir le jour suite à l’incursion du ninja de Strider dans Marvel vs. Capcom. C’est devant cette réappropriation du personnage, profitant d’un gameplay plus riche et visuellement impressionnant, jeu de combat oblige, que les équipes créatives prirent conscience du potentiel latent à exploiter.
Dans la pratique, Strider est un hack’n slash classique, brillant par son dynamisme et le soin apporté aux décors comme aux animations. Jouissif, Strider 2 l’est davantage que son prédécesseur, même si, à l’évidence, le reboot de 2014 va lui porter un sérieux coup. Parce que oui, une fois n’est pas coutume, Strider est revenu des limbes, sans pour autant prendre pleinement son envol.
En 2014, la décision de faire renaître le ninja se fera sous forme de reboot. Des libertés scénaristiques sont prises, tandis que la course en avant caractéristique des deux épisodes antérieurs est délaissée. Cette version s’inspire de Shadow Complex, notamment dans sa patte visuelle, et lorgne vers une expérience metroidvania. Bien que surprenante, la décision ne choque pas manette en mains, et sied bien à Strider Hiryu, finalement.
Maestro Ninja Strider
Une expérience sympathique, à défaut d’être transcendante et mémorable. La faute au manque de diversité dans les environnements et au rendu fade des décors. Ses aînés dégageaient plus de personnalité. La faible durée de vie n’empêche pas le titre de trop rapidement lasser. Strider, c’est plaisant à jouer, c’est énergique, néanmoins, la richesse de gameplay n’a jamais été une qualité.
Ce qui pèse ici, sachant que le jeu embarque deux modes de jeux dépendant d’un gameplay peu engageant sur le long terme. Mais comme dit plus haut, malgré des écueils, l’action convainc. L’évolution est significative et l’on sent l’influence des opus Marvel vs. Capcom sur le jeu. En résulte un Strider enfin capable de bouger avec la vivacité que l’on s’est toujours imaginée. Pour une fois, oui, nous nous déplaçons comme dans le jeu de combat et la sentiment de puissance est palpable.
Une interview mentionne une vitesse d’action huit fois supérieure à l’opus de 1999. C’est dire. On bourre sans réfléchir, ce qui fait du bien. Une mécanique de furie augmente même nos dégâts si l’on ne se fait pas toucher, de quoi exiger un peu de skill. Cependant, on ne peut qu’espérer un avenir où la licence amènera davantage de profondeur et de technicité. Le reboot prouve au moins que Strider possède des ressources, qu’il sait procurer de bonnes sensations vidéoludiques.
On ne lui demande pas de réitérer ses prouesses du passé, mais au moins de continuer d’exister, histoire d’enfin faire honneur à son potentiel. Et peut-être que la route du metroidvania fait sens, allez savoir. La série doit revenir, et le soutien des fans peut faire pencher la balance. Ce fut le cas 10 ans plus tôt, sans quoi le redémarrage n’aurait pas été envisageable. Aujourd’hui, Strider Hiryu affiche un petit million de copies vendues, ce qui reste lot de un consolation satisfaisant.
Pourquoi on aimerait un retour ?
10 ans depuis le reboot, et rien à l’horizon. Tout porte à croire qu’il reviendra d’abord dans le prochain opus Marvel vs. Capcom, comme à chaque fois. L’espoir, c’est qu’une équipe se rassemble pour en faire quelque chose. La dernière aventure du Strider n’était pas mémorable, mais elle restait agréable et ne cherchait pas à s’éterniser pour rien. Le studio prit un risque, pour un résultat honorable et qui ne demande qu’à se réitérer. Pour s’améliorer.
C’est une occasion pour se démarquer de ses concurrents ninjas, en jouant sur l’agilité hors du commun du Strider. Les combats vifs et rapides doivent continuer d’exister, mais ajouter une forte composante plateforme à la manière des challenges proposés par un The Messenger, par exemple, fait sens à mes yeux. On aime ce gameplay simpliste, loin des soucis de combo ou de quelconques techniques visuellement spectaculaires.
En revanche, compte tenu de son agilité impressionnante, il y a sans doute matière à capitaliser sur ce terrain. Bâtir un level design efficace, afin d’offrir suffisamment de challenge en sollicitant l’agilité du ninja. Enfin, j’aimerais que la licence essaie des choses sur la narration, comme ce que tentait un Vengeful Guardian : Moonrider, ou encore la richesse thématique que possède Mega Man Zero.
Je ne doute pas que Strider puisse relever un peu le niveau et apporter de la nouveauté au genre sur ce point. Son univers le permet et, outre l’existence du manga, le reboot de 2014 proposait des documents de lore à dénicher. Preuve en est que les velléités sont là. Strider Hiryu est loin d’avoir dévoilé tous ses talents au grand jour. Or, il est grand temps de le faire, maintenant que les rivaux d’antan s’apprêtent à ressurgir de l’ombre.
Cet article peut contenir des liens affiliés