Pourquoi on aimerait un retour de The 3rd Birthday ?
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Rédigé par Neomantis Dee
Les collections remasterisées et les remakes, nous en mangeons continuellement. Si tout le monde ne voit pas cela d’un bon œil, force est de constater que, dans certains cas, la démarche vaut le coup. On pense évidemment au travail de Capcom sur la licence Resident Evil ou encore à des collections comme avec Legacy of Kain : Soul Reaver 1 & 2 Remastered. Cependant, des absences sont notables et n’apparaissent toujours pas dans les petits papiers des studios. Tandis qu’une grosse communauté attend de revoir du Dino Crisis modernisé, quelques-uns, comme moi, prient pour des remasters de la duologie Parasite Eve. Une licence que j’estime incroyable mais qui n’a pas atteint le succès mérité. Un troisième volet existe et se nomme The 3rd Birthday, il est même chapeauté par les équipes de Yoshinori Kitase. Un jeu qualifié de spin-off et qui se démarque pas mal de ses prédécesseurs pour un résultat à la fois réussi et… sujet à débat, dirons-nous. Un très bon TPS pour un P.E plus discutable.

Parasite Eve, précisément le premier, fut déjà traité lors d’une ancienne chronique datée du 3 avril 2022, il y a trois ans presque jour pour jour. Un curieux timing non calculé. Je ne vais donc pas m’attarder sur la duologie. De surcroît, The 3rd Birthday, comme l’indique son nom, n’a jamais eu l’ambition de suivre fidèlement la proposition de ces prédécesseurs. Ici, nous avons à faire à un TPS dynamique et au gameplay que l’on peut qualifier d’arcade. Un démarche qui vise avant tout à remettre Aya Brea sous le feu des projecteurs, tout en proposant une autre vision.
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À l’origine, l’idée de faire revenir Aya Brea provient du chara designer Tetsuya Nomura qui la proposa vers la fin du développement de Crisis Core : Final Fantasy VII. Bien que The 3rd Birthday fut développé sur PSP, le support mobile était d’abord envisagé. Puis, devant la réalité des ambitions techniques du projet, la console portable de Sony fut finalement choisie. Les équipes connaissaient bien l’architecture de cette dernière, ce qui permit de ne pas perdre de temps.
Le développement du soft se déroula en parallèle de Final Fantasy Type-0, les deux œuvres étant sous tutelles de l’équipe menée par Yoshinori Kitase et Tetsuya Nomura. Une situation complexe pour le personnel qui n’aura d’autres choix que de réutiliser des éléments d’un jeu à l’autre. Il suffit de comparer les deux jeux pour constater des similitudes : positionnement de la caméra, HUD, ambiance dramatique et mature, physique et animations des personnages.
Malgré un Final Fantasy dans les cartons, Square Enix obligea les équipes de Kitase à se focaliser sur un seul titre, en l’occurrence The 3rd Birthday. Une décision qui compliqua la production de Type-0, débutée en 2006, qui faillit mourir durant le processus. Fort heureusement, le jeu sortira un an après le spin-off à Parasite Eve, exclusivement au Japon (2015 pour le reste du monde lors du portage PS4/Xbox One et PC), mais les séquelles demeurent ostensiblement présentes. Un Final Fantasy une fois de plus victime d’un développement difficile, pour Kitase et quelques collègues aussi, qui sortaient d’une chaotique expérience sur FF XIII. Quoi qu’il en soit, Square Enix comptait visiblement sur le retour d’Aya Brea.
Dans le but d’honorer les ambitions du game design ouvertement tourné vers l’action à la troisième personne, le studio HexaDrive a été démarché. Disposant d’un personnel expérimenté, le créateur du studio, Masakazu Matsushita, est un ancien programmeur de Capcom affichant plusieurs jeux de combat ainsi que DMC 3 sur son CV, tandis que certaines personnes ont travaillé sur E.X. Troopers (opus dérivé de la licence Lost Planet) dans lequel nous retrouvons des idées réutilisées dans The 3rd Birthday. On doit aussi au studio les portages HD de Rez, Okami ou encore les versions PS4, Xbox One et PC de FF Type-0.
Overdive Crisis
S’il n’est clairement pas le Parasite Eve 3 désiré et, qu’au fond, il peut se voir comme un mauvais épisode de la licence, le soft a au moins le mérite de ne pas usurper ouvertement le nom pour se vendre dessus. Au risque de trahir les attentes des joueurs. Sachant que l’expérience n’a plus grand-chose à voir avec les épisodes précédents, l’appellation diffère donc également. La duologie se compose de deux opus sensiblement différents, précisément sur le gameplay. Néanmoins, nombreuses sont les similitudes et les liens sont évidents. Du point de vue des mécaniques de jeu comme du récit.
The 3rd Birthday, quant à lui, ne s’embarrasse pas de la chronologie et peut donc s’appréhender individuellement, sans avoir besoin de connaître les opus antérieurs. On ne s’étendra pas sur les qualités et les défauts de cette itération PSP, on soulignera seulement l’évidence : c’est foutrement répétitif et les décors ne font pas rêver malgré des visuels convaincants. La faute à une direction artistique qui manque de folies, quand bien même des niveaux finaux plus intéressants esthétiquement parlant.
En revanche, même si l’intrigue déçoit et qu’elle ne nous implique pas du tout (en cause, la narration éclatée et non-chronologique, ainsi que la dimension sérielle souhaitée compliquant le suivi), le jeu est joli et la technique solide. The 3rd Birthday se rattrape grâce à son ambiance si particulière. Les enjeux dramatiques et l’aspect horrifique de la licence, ici diminuée cela dit, sont une fois de plus présent. L’ambiance fonctionne, notamment via le soutien de l’incroyable univers musical.
La bande-son fut composée par Mitsuto Suzuki, Tsuyoshi Sekito et Yoko Shimomura. Cette dernière célébrait pour l’occasion son retour sur la licence après avoir délaissée les musiques du deuxième opus au profit de Naoshi Mizuta. Parasite Eve reste une expérience importante et significative dans la carrière de Shimomura. En effet, son travail sur le premier opus fut sa première composition en solo pour un jeu vidéo. Jusqu’à présent elle travaillait en étroite collaboration avec d’autres artistes, y compris sur Street Fighter 2. Pour Parasite Eve la donne changeait.
Par conséquent, c’est bien à elle que l’on doit l’identité musicale de la licence. En outre, son absence sur P.E 2 n’empêcha pas l’opus d’être bercé par d’excellentes musiques. Et ce, sans renier l’identité précédemment forgée par la compositrice. Dès le début du projet, quand la sortie mobile était encore envisagée, Yoko Shimomura fut impliquée. Elle devait composer seule une fois de plus, sauf que des problèmes d’agenda compliquèrent son implication et elle prit l’initiative de rameuter deux nouveaux compositeurs, qu’elle suggéra au studio, pour l’épauler.
Parasite Arcade
The 3rd Birthday néglige des qualités propres à la duologie. Pourtant, il parvient à en retrouver l’identité musicale et c’est important ici, sans doute davantage que dans les épisodes précédents. Non pas pour servir l’immersion comme cela pouvait l’être auparavant. Mais afin de soutenir une expérience qui se veut bien plus arcade. Une courte expérience sans grand intérêt narratif, malgré un scénario existant et qui prend une place non négligeable, ce qui pourra rappeler des œuvres du genre.
C’est en tout cas ce que je retiens de l’expérience. Il faut bien comprendre, et accepter, que l’opus ne souhaitait pas s’imbriquer dans la duologie, plutôt de proposer autre chose niveau gameplay. Le gameplay est une force de la licence, particulièrement pour le premier Parasite Eve, selon moi en tout cas, The 3rd Birthday ne déroge pas à la règle. TPS oblige, les sensations comme le rythme du jeu n’ont plus rien à voir, la dimension horrifique n’impacte plus autant non plus. Le mix de genres vidéoludiques, au sein de laquelle l’influence Resident Evil dominait fièrement, laisse place à de l’action pure et dure.
Disons que si les deux premiers volets se la jouaient Alien, le huitième passager (1979), The 3rd Birthday c’est le Aliens (1986) réalisé, et revisité, par James Cameron. Plus dynamique, nous sommes aussi moins seule. Dans ce spin-off, Aya Brea est constamment accompagnée d’une escouade militaire en combat. Plus qu’un simple soutien, il va s’agir de mettre en avant la mécanique principale de l’opus: L’overdive. C’est une capacité spéciale consistant à voyager d’un corps à l’autre afin d’augmenter les dégâts de nos tirs, mais aussi de survivre aux assauts ennemis (un peu à la manière de ce que propose Slitterhead ).
Une mécanique aussi simple qu’efficace, et jouissive de surcroît. Il y a même un système de ciblage multiple permettant de synchroniser les tirs sur une cible, avant d’infliger un coup surpuissant. Une fois qu’on se prend au jeu, des sensations insoupçonnées émergent. Dans une certaine mesure, cela convoque chez moi des réminiscences d’un shooter arcade du style Time Crisis ou House of the Dead. C’est un ressenti difficile à exprimer mais il y a quelque chose de cet ordre là. Malgré la manette dans les mains au détriment d’une arme factice, évidemment.
Chaque session que je lance se ressemble et décrocher demande un effort certain. Merci aux développeurs d’avoir pris conscience de cela, en plus de la rejouabilité du soft, en nous permettant de passer les cinématiques pour profiter d’une expérience plus direct, plus arcade, et sans artifices. Entre la personnalisation, ici moins poussée qu’auparavant, le rythme, les sensations de jeu et/ou la propension du soft à nous récompenser avec des armes et des costumes, on prend plaisir à enchaîner les runs et les difficultés. Même après avoir terminé dix fois l’aventure, du contenu se débloque encore. Rien de transcendant, mais si, comme moi, le gameplay et l’ambiance vous happent, vous y retournerez et apprécierez les doses de dopamine procurées par ces petites récompenses.
Pourquoi on aimerait un retour ?
Je ne vais pas mentir, c’est avant tout une chronique faite dans l’urgence et qui surfe sur mon désir incontrôlable de parler de Parasite Eve. Je suis hanté par cette licence. Et si The 3rd Birthday n’est pas un bon P.E à mon sens, qu’il se départit d’une partie de ce que l’on est en droit d’attendre d’un jeu de la sorte, on ne peut que l’accepter. On ne peut que l’accepter car le soft ne s’est pas vendu sur le nom de la licence. Les équipes ont pris le pari de vendre un nom peut évocateur et de soutenir le projet avec quelques fondations solides : une équipe talentueuse et inspirée, ainsi que des artistes présent lors de la création du tout premier Parasite Eve.
Parce qu’il n’y a pas tant trahison que ça au final. Le réalisme de l’univers et l’ambiance sombre sont toujours là, même si l’action redéfinie le rythme de l’aventure et qu’elle supprime l’impact horrifique pourtant à l’œuvre dans la duologie. Seulement voilà, retrouver une ost sur laquelle ressurgit Yoko Shimomura ainsi qu’un gameplay au moins aussi prenant que celui des aînés suffisent à me séduire. La démarche est différente mais assumée, revendiquée également. Je regrette tout de même les soucis narratifs qui, si l’on se réfère aux interviews, sont plus un échec des équipes qu’une envie délibérée d’en faire fi.
Est-ce que je souhaite que Parasite Eve revienne sous cette forme ? Pas vraiment, sauf dans le cadre d’une collection remasterisée regroupant les trois épisodes. Là, c’est un grand oui. Que la licence réapparaisse via cet opus ne me semble pas pertinent. En revanche, je retiens un gameplay addictif et terriblement jouissif. Je connais peu de titre parvenus à me saisir de la sorte, à convoquer des sensations autant arcade sans être un jeu du genre. Je désir ressentir à nouveau de telles sensations de jeu, et si cela doit inévitablement passer par un Parasite Eve du même acabit, il faudra davantage convaincre sur l’écriture et la narration.
Je ne pense pas que cela soit incompatible avec le côté arcade de la proposition. Tout ça pour dire que, aussi improbable que cela puisse paraître, en tout cas pour moi compte tenu de mon amour pour le Parasite Eve original, j’adore The 3rd Birthday que je relance souvent sans jamais me lasser du gameplay. Ne serait-ce que pour la catharsis offerte, j’ai besoin d’une dose régulière.
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