Pourquoi on aimerait un retour de The Walking Dead : Survival Instinct ?
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Rédigé par Nathan Champion
Si certaines séries télévisées ont plus de mal que d’autres à se tourner vers le milieu du jeu vidéo, même lorsque leur succès n’est pas à démontrer (et que leur audience se revendique ouvertement geek, coucou Stargate), cela n’a jamais été le cas de The Walking Dead. Alors oui, on sait bien que l’œuvre originale est un Comic Book, imaginé par Robert Kirkman. Néanmoins, il serait crédule de croire que c’est la bande dessinée qui a amené à une pareille foule de projets vidéoludiques. Oui, The Walking Dead au format papier est un succès, quoique tardif, mais la série TV n’a rien à lui envier, bien au contraire, en témoignent des audiences absolument ahurissantes, et des projets toujours plus vastes.
Nonobstant, s’il n’est pas à démontrer que la série (et dans une certaine mesure la bande dessinée) a fait germer nombre de projets vidéoludiques, leur qualité demeure toutefois parfaitement aléatoire. Pire, seule la déclinaison développée par Telltale peut se targuer d’être vraiment bonne, tout le reste oscillant entre le passable et le colossal doigt d’honneur adressé aux fans. Dans la première catégorie, on trouve quelques sympathiques mais dispensables First Person Shooters, tels que le titre VR Saints & Sinners, ou le PayDay-like Overkill’s The Walking Dead. Dans la seconde, ce sont différents free-to-play mobiles qui mènent la barque, mais aussi des titres premium tels que le regrettable Destinies.
Maintenant que l’on a posé le contexte, vous vous demandez peut-être de quel côté de ce spectre peu engageant se situe The Walking Dead : Survival Instinct, pour peu que vous ne le connaissiez pas déjà de réputation. Eh bien, au risque de vous surprendre, on va aujourd’hui parler d’un mauvais, et même d’un très mauvais jeu. La raison ? Derrière la déception absolue que représente ce First Person Shooter chez qui rien ne va, se cachent une bonne quantité d’excellentes idées qui auraient pu mener à une expérience complètement différente, et même très bonne. Sur le papier, tout y est, mais manette en mains c’est un calvaire. Laissez nous vous expliquer pourquoi on aimerait un retour de The Walking Dead : Survival Instinct.
Note : Puisque dans l’impossibilité de réaliser des captures du titre sur notre version PS3, les images que vous trouverez dans cet article ont été grappillées sur le net.
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Pour The Walking Dead, ce n’était pas gagné d’avance. D’abord parce que Robert Kirkman, le créateur et scénariste de la bande dessinée, avait initialement pensé à un projet de Science-Fiction, avant de faire machine arrière pour s’inspirer plus ouvertement des œuvres de Romero, notamment. Ce qui plaisait beaucoup moins à Image Comics, l’éditeur, qui a bien failli ne pas adhérer. Ensuite, parce que le premier tome, paru en 2003, ne créera pas la surprise, sortira dans un calme plat, et qu’il faudra attendre un moment avant que la sauce prenne. Ce qui sonne comme un mauvais départ.
Pourtant, The Walking Dead a fini par taper dans l’œil de quelqu’un chez AMC. Sept ans après la parution du premier tome du Comic Book, la chaîne américaine annonce et sort une première saison, adaptant les premières pages du travail de Kirkman. Le résultat est mitigé, mais il prend plutôt bien, notamment grâce à un sentiment de tension palpable, rappelant certains grands films de morts vivants, notamment 28 Jours Plus Tard et Dawn of the Dead. On sent néanmoins que le budget est serré, le huitième épisode se terminant sur des effets spéciaux absolument infâmes.
Après cela, on peut néanmoins parler de succès absolu pendant un long moment. Les audiences ne cessent de croître à mesure que la série se rapproche de sa sixième saison, et AMC met rapidement en chantier d’autres projets dans le même univers, avec notamment Fear the Walking Dead (qu’on ne recommande personnellement pas) et The Walking Dead : World Beyond (qu’on vous conseille de fuir comme la peste). Malgré une audience en chute libre sur les dernières années, la série principale s’achève sur la promesse de trois nouveaux projets.
Au milieu de tout cela, Survival Instinct débarque à la fin de la période de diffusion de la troisième saison de la série principale. Une période charnière pour le format de AMC, qui enregistre des audiences record (qui vont continuer de grimper). Le titre profite de l’amour des fans pour le personnage de Daryl Dixon, en le plaçant en tête d’affiche de ce First Person Shooter, et en n’oubliant pas de le coller de manière ostensible sur la jaquette du jeu. À noter que l’acteur Norman Reedus, son interprète, lui prête aussi sa voix et ses traits dans cette adaptation.
Néanmoins, ne vous attendez pas à des révélations scénaristiques concernant la série ou même le personnage de Daryl. Dans The Walking Dead : Survival Instinct, l’histoire prend place au tout début de l’infection zombie, et donc longtemps avant les événements dépeints dans le programme télévisuel de AMC, ou même la bande dessinée d’ailleurs. Daryl va chercher à retrouver son frère, Merle, au milieu de hordes d’infectés décharnés qui en feraient bien leur goûter, et c’est tout ce qu’il faut retenir de cet aspect de l’aventure, qui n’a absolument rien de notable, et encore moins de mémorable.
L’éléphant dans la pièce
Mais que le scénario ne soit pas mémorable n’est finalement que le cadet des soucis de The Walking Dead : Survival Instinct. Dans l’absolu, le simple fait de nous faire incarner Daryl Dixon était prometteur, surtout quand le but premier est de venir en aide à son frère, Merle, autre figure importante de la série. Malheureusement, cela va avec une narration globalement absente, qui donne à elle seule l’impression de jouer à un jeu non terminé, et surtout des choix d’écriture absolument infects, notamment la fin abrupte et frustrante. On ne s’attendait à rien, puisqu’il s’agit d’une préquelle, mais difficile de ne pas être déçu malgré tout…
Enfin, bien sûr, ça ne concernera que ceux qui parviennent à passer outre la multitude de problèmes sautant aux yeux pour arriver jusqu’au bout de l’aventure. À commencer par l’aspect visuel, puisqu’il faut bien aborder l’éléphant dans la pièce, qui donnerait presque des maux de tête tant il est raté. Rappelons que l’on est sur PlayStation 3 et Xbox 360, deux consoles qui ont pu prouver à de multiples reprises qu’elles étaient capables du meilleur. Et surtout, nous sommes en 2013, année qui voit naître Bioshock Infinite, Metro : Last Light, The Last of Us, GTA V ou encore Battlefield 4. À côté de chacun de ces titres, Survival Instinct est à vomir.
Passons sur la bande sonore absente, les bruitages risibles, et le Level Design ridiculement mauvais, pour nous concentrer plutôt sur les intentions de gameplay. The Walking Dead : Survival Instinct se veut, comme son nom l’indique, proche du jeu de survie. Ce qui est tout à son honneur, quand la série TV et la bande dessinée sont justement tournées vers cet aspect précis, notamment pour accentuer le sentiment de tension émanant de leur univers post-apocalyptique. Le jeu s’insère donc dans la même logique, en privilégiant l’approche furtive (nous annonçant notamment que les morts vivants nous repèrent plus aisément si l’on fait du bruit), la récupération de ressources, et la fuite face à des hordes parfois nombreuses de morts vivants.
Enfin ça, c’est sur le papier. Car dans les faits, lesdites ressources sont extrêmement limitées, le jeu n’embarquant aucun système de craft ou de commerce par exemple, et se contentant de nous faire ramasser quelques items de soin et des munitions. La furtivité est quant à elle complètement annihilée par une IA qui ne fonctionne pas correctement, nous repérant parfois miraculeusement alors que l’on se cache plutôt habilement, ou ne levant pas même la tête alors qu’on traverse une horde en courant. Et, de toute façon, le Level Design abordé plus tôt ne permet jamais vraiment l’infiltration au sens propre, tant les niveaux s’avèrent dirigistes et vides d’éléments de décor.
Mais le plus grave, c’est bien sûr tout ce qui tourne autour du gameplay en lui-même. Le jeu privilégiant l’approche furtive, et offrant assez peu de munitions, on est très souvent contraint de se battre au couteau, ce qui mène à une quantité ahurissante d’exécutions par derrière qui n’ont rien de fun. Rien de rédhibitoire à première vue, sauf que les sensations manette en mains sont comme absentes, et que la précision fait souvent défaut à nos coups au corps à corps. Par ailleurs, les armes se comportent toutes de la même manière, ce qui est dommageable dans la mesure où l’arsenal est plutôt bien garni.
Days Gone
Mais le plus dommageable, c’est que The Walking Dead : Survival Instinct ne manque pas de bonnes idées, dont pas une seule n’est exploitée convenablement. À commencer par son système de progression, sous forme de road-trip, nous demandant de récupérer du carburant à chaque arrêt pour pouvoir progresser, et plaçant parfois des surprises sur notre route. L’ennui, c’est que les trajets ne sont pas mis en scène, ce qui nuis beaucoup à l’immersion, à fortiori dans la mesure où ils sont remplacés par des temps de chargement d’une longueur affligeante. Quant aux « surprises » en chemin, elles se ressemblent toutes un peu trop, puisque nous propulsant toujours sur les mêmes maps…
Comme dans un Dead Rising avant lui, Survival Instinct nous mène à venir en aide à différents survivants. Dommage, là encore, que ceux-ci soient parfaitement inutiles, et n’aient par dessus le marché aucune personnalité. On en vient à complètement les snober, ce qui est quand même problématique dans un jeu de survie, d’autant plus quand l’entraide est au cœur du récit original. Le pire étant que, puisque l’on voyage en voiture, les places sont limitées à la fin de chaque niveau, et qu’il faudra parfois faire un choix… ce qui sera parfaitement sans conséquence, et ne mène à rien d’autre qu’à un petit sentiment de frustration.
Enfin, côté gameplay, les sensations sont absentes, certes, mais les intentions demeurent louables. On sent que les développeurs voulaient parvenir à un résultat immersif, et ont travaillé dans ce sens, notamment en incorporant des actions contextuelles (ou QTE) pour se débarrasser d’un mort vivant qui nous aurait sauté dessus. L’ennui, c’est que ladite action contextuelle (relativement ratée elle aussi) s’enclenche un peu trop souvent, et qu’elle mène régulièrement à des situations ridicules. En effet, lorsqu’un mort vivant nous agrippe et qu’on parvient à le tuer, ceux qui sont tout proches prennent le relais dans ce QTE, qui tend, dans 80% des cas, à une mort certaine, puisque l’on perd inévitablement de la vie ce faisant.
Pourquoi on aimerait un retour ?
Si nous n’avons pas toujours parlé de très bons jeux dans cette chronique du dimanche, notamment lorsque nous avons abordé le regrettable Dead Space 3, The Walking Dead : Survival Instinct est assurément le plus mauvais de tous. Malgré des intentions louables, rien n’est à sauver dans ce First Person Shooter désastreux, si ce n’est un doublage convenable… Ce qui est d’autant plus déplorable quand on constate qu’il débarquait au moment d’un pic de popularité pour la série TV, ainsi qu’en plein cœur d’une période prolifique en FPS sublimes et mémorables.
Le problème, et il saute aux yeux, c’est qu’Activision, l’éditeur, a commandé un titre ambitieux dans les délais les plus courts qu’il est possible de négocier. Or, un jeu vidéo pareil ne s’improvise pas, et les équipes de Terminal Reality, que l’on connaît pour les sympathiques BloodRayne ou le très chouette SOS Fantômes : Le Jeu Vidéo, n’avaient aucune chance de parvenir à un résultat jugé de bon par la majorité. À noter, pendant qu’on y est, que ce sera le dernier projet du studio, qui fermera ses portes six mois après la sortie de Survival Instinct.
On ne refera pas l’histoire, et c’est bien dommage, parce que nous n’avons, depuis, pas eu droit à un seul excellent jeu dans l’univers de The Walking Dead. Finalement, la seule adaptation mémorable restera celle de Telltale. Et encore, seulement sa première saison, les autres n’apportant rien de bien neuf, et tombant dans une certaine routine qui fera, par la suite, partie intégrante de l’ADN du studio. Mais ceci est une autre histoire. Ce qui est déplorable, avec The Walking Dead : Survival Instinct, c’est qu’avec le temps et les moyens nécessaires, il aurait pu être bon, et même très bon.
Sans se départir de son idée de road-trip, le titre de Terminal Reality et Activision aurait mieux fait de s’inspirer de ce qui marchait bien dans le genre. On imagine par exemple une recette plutôt tournée vers ce que faisait Left 4 Dead, autrement dit du multijoueur coopératif, avec des niveaux courts et des séquences moins scriptées, menant à une véritable rejouabilité. Mais le titre aurait aussi pu partir sur une expérience plus proche du FPS solo de l’époque, et donc très scriptée, mais en scénarisant plus efficacement son aventure, un peu à la manière d’un Metro 2033 par exemple. Le très chouette ZombiU aurait aussi pu être un exemple à suivre.
Les possibilités étaient nombreuses, et on sent bien que l’on n’est pas passé loin d’un bon jeu. Cela s’est sûrement joué à quelques mois de développement près, et à quelques pièces aussi, dans la mesure où l’aspect technique était lui-aussi à revoir complètement. Alors que retenir de toute cette histoire ? Eh bien, pour commencer, qu’il vaut mieux fuir les adaptations de The Walking Dead, de manière générale. Mais aussi, et surtout, qu’un titre annoncé à la hâte, et sorti aussi rapidement, ne présage jamais rien de bon, et implique souvent des conditions de travail abominables chez les équipes de développement, avec du crunch à gogo.
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