Idéalement situé entre les sorties des deux grands challengers du jeu de baston de ce premier semestre 2019, j’ai nommé Dead or Alive 6 et Mortal Kombat 11, le 26 mars débarquait Power Rangers : Battle for the Grid. Un titre annoncé en janvier dernier, à la surprise générale, et qui promettait monts et merveilles aux fanatiques de la licence. Avec notamment un roster incroyable, 20 ans d’histoires et de personnages condensés, et pour finir une sortie rapide. Dans les faits, il n’y a finalement que sur ce dernier point que les petits gars de chez nWay n’auront pas menti. Faut-il tout de même jeter la pierre à ce jeu de combat ?
Du contenu ? Quel contenu ?
Ceux qui ont suivi l’actualité autour du titre le savent déjà, celui-ci n’embarque qu’une poignée de combattants. Neuf pour être plus précis, un chiffre tout à fait risible, d’autant plus lorsque l’on constate qu’il s’agit d’un jeu de baston en 3 VS 3. On est bien loin de la vingtaine annoncée de prime abord, mais aussi des promesses concernant son univers et la couverture de ce dernier par ce misérable roster. D’emblée, comment ne pas être déçu, fan de la licence ou non, et ce même avec un prix aussi attractif ?! Power Rangers : Battle for the Grid est en effet disponible (exclusivement en dématérialisé) à 19,99 euros en édition simple, contre 39,99 pour la collector. On ne saura que trop vous conseiller d’éviter l’achat de la seconde, qui n’offre qu’une minuscule liste de costumes exclusifs en supplément au season pass, proposé quant à lui pour 14,99 euros et offrant l’accès à trois nouveaux challengers (dans un avenir non défini)… ça part plutôt mal, vous ne trouvez pas ?
Ne vous attendez pas à vous retrouver aux commandes d’un Mégazord.
Et ce n’est pas fini ! Avec ceci, le titre de nWay n’a droit qu’à cinq arènes, dont la très neutre (et laide) du mode entraînement. Les quatre autres n’étant pas beaucoup plus agréables à l’œil, du reste, à l’image de l’ensemble du titre. Un effort a été fait sur les animations des personnages, mais rien de remarquable. Quant à sa bande sonore, là encore on pourrait croire que les développeurs ont été pris d’une avarice maladive. Mais le plus décevant reste certainement les modes de jeu. La première arrivée sur le menu principal laisse bouche bée : seulement cinq modes, dont Entraînement et Versus (ici nommé Contre pour des raisons que nous expliqueront par une flemme générale chez l’équipe chargée de la localisation). Reste, pour la section solo, l’habituel Arcade qui se bouclera en une poignée d’heures, pourvue de rares et misérables dialogues tenant en trois à cinq mots, n’apprenant rien sur l’univers. Quant aux modes résolument multijoueurs, nous avons droit à Normal (comprenez « combat online classique ») et Classé.
Le mode online nous a semblé totalement désert.
L’ennui, c’est que pour le moment les serveurs du jeu sont presque (si ce n’est complètement) vides. Pas un chat lors de notre test, à l’exception d’un ou deux spammers en partie classée… Remarquez, ce n’est pas si étonnant que cela. Le matchmaking est en effet plutôt mal fichu, et renvoie carrément à l’écran d’accueil passé trente petites secondes d’attente. Ce qui signifie que, lorsque vous souhaitez jouer en ligne mais que vous ne trouvez personne (autant dire chaque fois que vous voudrez jouer en ligne), vous devez inexorablement vous cogner à nouveau le choix de vos combattants pour relancer le matchmaking. On aurait apprécié un simple bouton « chercher encore », mais c’était visiblement trop demander… Espérons que les serveurs se remplissent dans les prochaines semaines, mais après une publicité pareille on aurait tendance à en douter.
Tout miser sur le gameplay
Il est fort dommageable que le contenu de Power Rangers : Battle for the Grid soit aussi rachitique, et que son mode online soit aussi désert, car coté gameplay il s’avère franchement réussit. À la croisée des chemins entre la dernière itération de la série Marvel VS Capcom et de Blazzblue (ou même, plus spécifiquement de Under Night In-Birth EXE : Late[st]), le titre de nWay est donc un jeu de baston 2D avec des arrière-plans en 3D. Coté prise en main, on est sur quelque chose d’assez basique, avec quatre touches correspondant respectivement aux attaques légères, moyennes, puissantes et spéciales (sur Switch : Y, X, A, B). D’autres coups spéciaux sont par ailleurs disponibles en pressant deux touches à la fois, ou en optant pour la simplicité avec l’une des gâchettes. La sempiternelle jauge dédiée est évidemment de la partie. Quant à la parade, elle s’effectue le plus simplement du monde en reculant, à la manière d’un Tekken (histoire de citer tous les grands noms du jeu de baston).
Mais là où Marvel vs. Capcom Infinite décevra par son manque cruel de technicité, ce Power Rangers offre quant à lui une belle petite liste de combos et d’attaques spéciales. Le tout étant toutefois à découvrir par le joueur, la liste de mouvements disponibles via le menu pause n’affichant que les bases. Jeu de combat en 3V3 oblige, Battle for the Grid intègre aussi un système d’assistance, que l’on utilise, comme partout ou presque, en appuyant sur une gâchette. Enfin, les grands absents du roster, j’ai nommé les robots géants, ont tout de même une place dans le game system. En appuyant sur deux gâchettes à la fois, il sera en effet possible de louer les services de l’un d’entre eux, qui viendra marteler à plusieurs reprises le champ de bataille, déstabilisant l’ennemi et lui infligeant de lourds dégâts. Là encore, malheureusement, on regrettera la faible liste de robots, composée de deux Mégazords et de la version géante de Goldar (l’un des grands méchant de l’univers).
Il n’est certes pas possible de combattre dans la peau des Mégazords, mais on peut louer succinctement leurs services en plein combat
Le résultat, c’est un jeu de baston super dynamique et plutôt technique, mais aussi parfaitement accessible et équilibré (en même temps, difficile de se rater à ce niveau avec seulement neuf personnages non ?). N’importe qui pourra prendre la manette et s’amuser instantanément, et les joueurs les plus exigeants n’auront aucun mal à se retrouver dans ce système de combat plutôt complet. Reste encore quelques écueils qu’on aurait préféré éviter, notamment une IA pas très futée, qui a une fâcheuse tendance au spam, et qui n’hésite pas à bloquer le joueur contre un bord de l’arène. Une situation dont on aura d’ailleurs beaucoup de mal à se sortir, même contre un ami. Enfin, un petit mot sur le multijoueur local, que l’on peut pratiquer à deux sur le même écran. Sur Switch, il est bien entendu possible de se servir chacun d’un Joy-Con, une façon de jouer plutôt maniable. Heureusement d’ailleurs, car le multijoueur compose le plus grand intérêt de Battle for the Grid.
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